Sous la plume d'une conteuse contemporaine
Le soleil a rendez-vous avec la lune ---
et se racontent les souvenirs des temps anciens
qui tendent la main aux temps nouveaux
Dambre et Beausoleil, c'est l'histoire d'une rencontre inattendue,
ce sont souvent les plus belles, à la
Rue du Rendez-vous
Entre un bottier de 87 printemps, Marcel qui a tant vécu
et une jeune boulangère sous la pluie, Alice qui s'est perdue
Un soir d'orage, lorsque Paris se retrouve paralysée par les grèves sauvages
Alice trouve refuge chez Marcel qui vit en reclus dans sa boutique vouée à disparaître, la dernière du quartier.
Entre les deux solitudes qui s'y rencontrent s'instaure un dialogue fait d'observations, de silences bientôt complices, de souvenirs des temps anciens qui jaillissent en flots et viennent réconforter la jeune Alice qui elle essaye d'échapper aux siens.
Ils s'effleurent du bout des yeux, du bout des doigts,
s'apprivoisent l'un l'autre et peu à peu se racontent.
D'abord Marcel qui se souvient tellement bien, trop bien
de la guerre, de sa mère, des départs, les siens, ceux des autres
et peu à peu Alice qui se dévoile aussi, rongée par les siens.
Un récit étonnant rempli de nostalgie, de sourires doux, de quelques larmes où le soleil rencontre la lune et la laisse lui raconter son passé, ses souvenirs.
Peu importe le temps qu'il lui reste à Marcel, la rencontre sera belle.
Les temps anciens s'y racontent et s'y transmettent de cette façon sans larmes de crocodile
Une auteure que je ne connaissais pas et dont j'avais entendu parler pour ses romans plus noirs.
C'était donc une première fois, un premier rendez-vous, réussi.
Tendresse et émotions se sont donné rendez-vous dans une rue un peu abandonnée et pourtant si riche.
Un récit qui fait appel à tous les sens, olfactifs, visuels, tactiles et à nos souvenirs personnels.
Les descriptions des pieds (il est bottier), des mains, des paysages, des arrières de cabarets, de la guerre, des mère et grand-mère, des trains, des belles étoffes
Les odeurs du vivant (le pain, la boulangerie), le goût de la pluie, l'air des chansons, le rire d'Audiard, le gramophone, les sourires perdus et retrouvés
Les chansonniers, poètes, artisans, ville et campagne y ont une part belle tout comme la psychologie des personnages principaux, Marcel et Alice et ceux des personnages si peu secondaires, Nini, Avril, Suzanne et tant d'autres --- Georgette, Jean, Lucien, ...
Comme l'enfant que nous restons tous quelque part,
Se laisser bercer par ces jolies chansons
au charme suranné de l'accordéon du bal musette,
et par des souvenirs qui recèlent bien des meurtrissures,
des blessures dont il faudra attendre la fin du roman
pour que telle une photo, un polaroid ici, elles se révèlent
Laisser courir les papillons de son imagination
comme l'Auteure a su y laisser voler les siens.
La présentation esthétique, couverture, est superbe.
Le crayonné de la ruelle, la pluie que l'on devine et les parapluies rouge Vie qui s'envolent comme certains souvenirs trop lourds à porter donnent tout de suite envie de s'engouffrer dans cette
Rue du Rendez-vous.
Raison pour laquelle j'ai choisi cette lecture loin de mes rivages habituels
et peu importe quand le voyage est joli sans être mièvre
et qu'on en sort le sourire aux lèvres
C'est le feeling de ce roman qui parle de choses graves et plus légères
avec de l'humour aussi (Audiard sort de ce chien, Lucien)
C'était une petite rue sans histoires,
C'était une petite rue désertée
c'était une petite rue appelée à disparaître
Rien ne s'y passait plus
C'était un vieux bonhomme sans espoir
C'était un vieux bonhomme plein d'histoires
C'était un vieux bonhomme appelé à disparaître
Rien n'y venait plus
C'était une jeune femme au sourire dérisoire
C'était une jeune femme perdue dans son histoire
C'était une jeune femme appelée à se disparaître
Rien ne la touchait plus
Et puis après
l'orage et la pluie vint l'arc-en-ciel
Ses couleurs racontées illuminèrent à nouveau le ciel
"Le cycle ne s'arrête jamais. Nous repoussons toujours.
Comme on peut, mais toujours"
Quand on se pardonne, quand on oublie le passé, quand on le raconte
Quand quelqu'un vous tend la main et vous éclaire d'un jour nouveau
Il fait tout de suite beaucoup plus beau
Bien sûr il faut du temps pour s'apprivoiser sans se noyer dans un verre d'eau et en retournant chacun à sa vie après cette belle parenthèse
« C'est une époque où tout le monde gueule de solitude et où personne ne sait qu'il gueule d'amour. Quand on gueule de solitude, on gueule toujours d'amour. Et je ne vous dis pas que l'on ne peut pas vivre sans amour : on peut, et c'est même ce qu'il y a de si dégueulasse. »
Romain Gary,
Clair de femme
en épigraphe du roman 'en tonne' le ton
Mots-clé :
# Contemporain # Emotions # Transmission # Solitudes
# Réconfort # Pardon
# Des années 30 aux années 2020 # Souvenirs # Boulangerie
# Paris # La pluie # Sourire # Photographie
# Accordéon # Bal # Humour # Chansons # Les Farfelus
#
Rue du Rendez-vous
@
Editions Plon que je remercie pour cette belle éclaircie