Les Éditions Milady Thriller ont la bonne inspiration d'offrir au grand public de belles découvertes, en publiant de jeunes auteurs. Et avec Un sac, de Solène Bakowski, ils ont fait fort!
L'histoire d'Anna-Marie Caravelle est noire, violente, glauque et lourde.
Elle n'est pas un enfant désiré. Son père s'est suicidé car il ne voulait pas de cette responsabilité parentale... ni du côté marital de la chose, en fait!
Sa mère la rend silencieusement responsable de son malheur et en devient folle.
Elle ne sortira pas de ses quatre murs avant l'âge de 10 ans et même après, le stigmate sanglant de sa naissance la poursuivra toute sa vie de marginale.
Si la plume de Solène Bakowski est volontiers lyrique, poétique à certains moments, elle n'en est pas moins acide et cynique, désincarnée parfois par la folie...
N'espérez pas sourire durant cette lecture pesante. On n'est pas dans un conte de fées moderne! le poids de la naissance conditionne toute une vie dans cette analyse des rapports maternels absents ou déviants, quand l'enfant n'est pas une personne mais un chose, un objet de haine ou une compensation à la solitude. Un enfant réceptacle des tourments de femmes, trop lourds pour ces frêles épaules qui a toujours senti, obscurément qu'elle n'avait pas de vie propre.
De relations familiales en désert affectif, en violences psychologiques, Anna-Marie va exprimer son mal-être dans la violence et le sang, par des pulsions incontrôlables. Vivre en marginale, tombant dans les excès de la drogue, de l'alcool et du sexe, ne l'aidera pas à se construire. Elle ne cherche que l'amour dans les yeux de l'autre. Mais de l'amour à la haine, la frontière est mince.
Elle s'y perdra peut-être...
Ayant deviné de suite ce que cachait ce sac mystérieux, je n'ai pas été happée par l'histoire, je n'ai pas été émue par ce parcours de vie et cette déchéance annoncée... et le ton du récit m'a même parfois ennuyée...
Une lecture difficile et sans bleu à l'horizon pour une jeune femme traînant un lourd fardeau... et pas seulement dans son sac!
Une écriture efficace et sombre, incisive, profonde et juste dans l'analyse du chaos de l'héritage, du sentiment maternel selon les femmes, de l'amour obsessionnel pour combler ses propres manques et de la psyché d'Anna-Marie.
Un style hypnotique dans le rythme, dans de longs monologues à la limite du dramatique et du sordide, d'une jeune femme étrangère à son propre corps, dans la non-acceptation de soi.
Des personnages sombres, torturés et marginaux et qui s'enferrent dans de mauvais choix, ballottés et malmenés par le jeu des attractions-répulsions, incapables pour certains de retrouver le rivage...
Une lecture qui ne laisse pas indifférent mais qui ne respire absolument pas l'optimisme et l'espoir...
À ne pas lire un soir de déprime!
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