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4,09

sur 422 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
David aime les hommes, et se déteste pour ça. Chaque fois qu'il succombe aux charmes d'un jeune homme, il tremble de peur à l'idée d'être découvert, pense aux blagues salaces et aux propos injurieux qui accompagnent les gens de son espèce et craint de les incarner. Pour se tranquilliser, le jeune américain part à Paris. À l'abri de la foule, et des regards connus, il peut fréquenter les milieux homosexuels en relative tranquillité.

Cette tranquillité ne le pousse toutefois pas à s'affirmer, même pas dans ces cercles fermés. Il clame à qui veut l'entendre qu'il aime les femmes, et les quelques aventures qu'il a ne comptent pas vraiment. D'ailleurs, il a une petite amie, et il vient de la demander en mariage. Si ça, ce n'est pas une preuve ! le fait qu'elle soit partie seule en Espagne pour faire le point avant de répondre ne semble pas le troubler outre mesure.

Pendant cette absence, David rencontre Giovanni, un immigré venu d'Italie. Giovanni est tout le contraire de son nouvel amant : il se donne à 100 % dans cette nouvelle relation, sans crainte des regards, sans peur des préjugés. Dans la chambre de Giovanni, coupée du monde extérieur, avec ses rideaux toujours tirés, une petite bulle d'amour pur peut exister. En dehors, David ne peut tout simplement pas supporter le poids de cette relation. « Tu veux quitter Giovanni parce qu'avec lui tu pues. Tu veux mépriser Giovanni parce qu'il n'a pas peur de la puanteur de l'amour. »

L'ambiance de ce livre est très oppressante : dans la description du milieu homosexuel de l'après-guerre déjà, et la chape de plomb de la condamnation morale à supporter ; la haine de soi est omniprésente, tout comme la haine de l'autre, qui a contribué à vous faire chuter une nouvelle fois. S'ajoute encore à cela un rapport prostitutionnel qui ne contribue pas à adoucir les rancoeurs, car seuls les très riches, ou les déclassés, peuvent être à l'abri des poursuites.

On plaint également Giovanni, pour qui l'amour semble si facile, et le poids du regard des autres si léger. Jusqu'au bout, il croira à la victoire des sentiments contre l'obligation de conformité ; prêt, même, à sacrifier une grande partie de la vie de son amant à la société des gens biens comme il faut. Mais pour ça, il faudrait que David arrête de fuir ce qu'il a fuit toute sa vie. Et la partie est loin d'être gagnée…
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J'avais si souvent entendu parler de James Baldwin et de son engagement pour les causes à défendre à son époque. L'auteur aborde le thème de l'homosexualité dans l'après-guerre.

David, un américain en voyage dans le Sud de la France, vient de se fiancer avec Hella. Mais quelque chose le fait hésiter, avant de s'engager dans le mariage, c'est pourquoi il décide de faire un séjour seul à Paris. En effet, il veut s'éloigner d'Hella pour réfléchir, car au fond de lui, il connaît son attirance pour les hommes.

Une fois à Paris, il fait la rencontre d'un barman séduisant, Giovanni, dont il tombe amoureux et avec qui il passe une saison entière. Mais il craint la société, parce qu'elle n'accepte pas du tout l'homosexualité, à cette époque-là.

David voit Giovanni souffrir de son inertie, mais il ne fait rien pour en sortir. Idem pour sa petite amie qui attend un signe de lui depuis le Sud français, ou son père en Amérique qui s'interroge sur la longueur de son séjour. Pendant qu'autour de lui ses proches vivent des moments tourmentés à cause de son silence, David, vit dans la chambre de Giovanni, un moment à la fois de transition et de métamorphose, et trahit les uns et les autres.

Ce livre est profond et philosophique, avec un côté mélancolique, fataliste. Il parle de lâcheté, d'impuissance, de pression sociale et familiale. On sait dès les premières pages que Giovanni connaîtra un sort dramatique et que cet amour aura une fin. C'est pourquoi ce couple est fascinant, et mystérieux, surtout le personnage de Giovanni qui semble davantage attachant, également dans ce qu'il exprime au travers des dialogues très justes de mon point de vue. J'ai passé un excellent moment de lecture.
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Ce roman est paraît-il un sommet de la littérature homosexuelle. C'est surtout un sommet de la littérature tout court.
Certes le thème de l'amour entre hommes est superbement traité mais la force de l'auteur est d'avoir su exprimer la quasi impossibilité de la rencontre amoureuse, la peur d'être abandonné suscitant son corollaire : l'effroi de ne pouvoir donner assez, qui confronte à sa finitude et à son impuissance finale celui des deux qui peut-être aime moins, ou différemment.
Aragon le dit " Rien n'est jamais acquis à l'homme ni sa force ni sa faiblesse ni son coeur et quand il croit ouvrir ses bras son ombre est celle d'une croix ".
Et La Mort, réelle ou fantasmée, de suivre le cortège des amours inachevées...
Ce petit livre m'a beaucoup émue et je n'oublierai pas de sitôt David et Giovanni.
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Lorsque la porte de la chambre de Giovanni se referme comment ne pas penser au condamné à mort de Jean Genet ? «  On dit que la Guyane est une terre chaude. Il se peut qu'on s'évade en passant par le toit... ». Cette chambre deviendra pour le narrateur l'anti-chambre de sa vie.
Giovanni est beau, et c'est par ses mots, par cette langue particulière de James Baldwin que Giovanni devient tout au long du roman si tragiquement beau.
Splendeur et décadence d'un ange.
Giovanni est, tout simplement. le narrateur fut sans doute... , deviendra peut être....
Son errance identitaire, qu'il nomme voyage, fera sombrer dans son sillage tous ceux qui ont tenté de l'aimer.
La chambre de Giovanni : voilà la véritable scène du crime.
Se réfugiant derrière un choix qu'il croit possible , il ne réussit que très maladroitement à ne pas s'avouer que le seul mal dont il souffre et qu'il répand derrière lui n'est en fait que son incapacité d'aimer. Tout choix alors lui est dès le départ impossible. Comment peut on choisir entre deux êtres que l'on croit aimer alors que ces deux amours en fait n'existent pas.
Le mensonge de l'un génèrera la violence de l'ange. C'est beau, c'est magnifiquement écrit, une véritable tragédie.
En dormant sous les toits, il se peut que certains anges n'en réchappent pas. Peut être que la Guyane , en fait, n'existait pas...

La traduction d' Elisabeth Guinsbourg nous permet de découvrir ce Paris des années 50 sous les lumières particulières de Baldwin. Cela faisait vingt cinq ans que ce classique de la littérature afro américaine ne nous avait pas été présenté dans la langue de Carco.

Astrid SHRIQUI GARAIN
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Escape room

Le désordre de la chambre de Giovanni, intemporelle figure d'amoureux transi et les désordres de l'amour. L'ordre et la morale, le coeur et ses soubresauts, les certitudes qui flanchent. Ici c'est l'histoire d'un impossible choix qui mène au pire.

Vous connaissez l'histoire : David, le narrateur vit une histoire d'amour aussi brève qu'intense avec le jeune et beau Giovanni. Une histoire d'amour homosexuel dans le Paris d'après-guerre… et puis dans les coulisses il y a Hella, la fiancée du narrateur, dont le retour, tel l'orage que l'on voit venir de loin, amorce la déchirure tragique.

Ce résumé ne dit rien de la complexité des situations et des sentiments telle que Baldwin la décrit, cette justesse, cette limpidité. L'équilibre parfait entre la narration des faits et l'introspection torturée du narrateur.

L'écriture est belle, élégante. Elle diffuse une ambiance lumineuse et virevoltante, mais fait aussi dans la pénombre ou le poisseux, elle distille ce qu'il faut de nostalgie, par ce temps merveilleusement distendu, entre les déambulations et les errements dans la ville et le confinement dans la chambre de Giovanni. C'est simplement très beau.

Traduit par Elisabeth Guinsbourg

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C'est la lecture du roman de Tomasz Jedrowski, Les nageurs de la nuit, qui m'a donné envie de me lancer dans la lecture de la chambre de Giovanni. Et je me félicite de l'avoir fait ! Ce petit roman de 200 pages est un vrai bijou littéraire, et une réflexion toujours aussi pertinente sur la difficulté pour certains hommes à accepter leur homosexualité. Car David a beau être objectivement amoureux de Giovanni, être attiré par le corps masculin, il ne parvient pas pour autant à assumer cette situation. Ecrit en 1956, ce roman reste très actuel, même en 2023 où il est pourtant plus simple de vivre ouvertement son homosexualité. Car la difficulté n'est pas seulement liée au regard des autres, elle tient aussi au fait d'accepter soi-même son homosexualité. Porté par une écriture simple mais puissante, et un rythme enlevé, le roman rend manifeste cette dualité chez David : en ne parvenant pas à s'assumer, il se condamne et condamne indirectement Giovanni. La scène finale, hautement symbolique, des petits bouts de papier rapportés par le vent, conclut le roman sur l'idée d'une certaine fatalité. Une lecture coup de coeur !
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David, jeune américain, passe le temps dans le Paris d'après guerre en attendant le retour d'Hella, sa fiancée partie en Espagne pour réfléchir à l'avenir de leur relation.

Au cours d'une soirée entre amis, il rencontre Giovanni et tombe sous son charme.

Ce roman est le récit d'une passion amoureuse que les tabous de l'époque ne laisseront pas se muer en amour.

Le texte est magnifique, à la fois fort et tendre, et l'histoire de Giovanni, personnage auquel il me paraît difficile de ne pas s'attacher, est bouleversante.

Un superbe roman pour commencer l'année.

A lire dans une chambre de bonne désordonnée.
Lien : https://lucioleetfeufollet.c..
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De la difficulté d'être homosexuel.

L'architecture du roman est construite de telle sorte que toute l'intrigue est recouverte d'un voile funeste, ce qui provoque un sentiment de malaise tout au long de la lecture.

Résonances lointaines de la notion de destin.

Le chapitre dans lequel l'action se déroule dans la chambre de Giovanni est magistral. L'écriture y est floue, suffocante ; on ressent la sensation d'oppression vécue par le personnage au plus profond de notre chair. "C'est une métaphore" disent souvent ceux qui n'y comprennent rien mais veulent faire croire qu'ils y comprennent quelque chose. Je crois que j'y comprends quelque chose et je ne veux rien faire croire du tout, mais ce chapitre "est une métaphore".

Le thème de l'homosexualité fait l'objet de diverses variations, décliné sous différents motifs rappelant au lecteur la difficulté d'être homosexuel, plus spécifiquement à cette époque.

Un grand livre.
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J'adore les livres sur l'homosexualité du XXe siècle. Je trouve que l'enjeu de leur parution les rend particulièrement intéressants. Les personnages sont touchants et nuancés. J'ai tout de même eu un peu de mal au début à rentrer dans l'histoire, mais une fois rentrée, l'histoire est très émouvantes et donne à voir les difficultés du sujet, c'est à dire choisir entre amour et conformisme, entre la sécurité d'une épouse et la passion d'un amant. J'ai réellement découvert un auteur à la suite de ma lecture de ce roman et j'ai vraiment hâte de lire d'autres oeuvres écrites par lui.
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Dans ce récit, James Baldwin met en scène un jeune homme face à son homosexualité cachée et refoulée. Très rapidement, le lecteur comprend que David est seul dans la maison, que Hella est partie, et que l'histoire d'amour entre David et Giovanni connaîtra une issue tragique. David est dépeint comme paumé, perdu entre une éducation et une culture qui réprouve et condamne les relations entre hommes et ses désirs profonds qu'il tente d'étouffer sous la conviction de son hétérosexualité aux côtés de Hella.

Avec beaucoup de subtilité, James Baldwin raconte cette histoire d'amour qui déstabilise David, qui le confronte à ses pires visions. le personnage oscille entre fascination et mépris pour ceux qui ne sont jamais nommés comme "homosexuels" mais comme "tantes", "folles", "tapettes"... le temps d'une nuit, David se souvient de sa vie bouleversée. Que deviendra-t-il ? Comment trouvera-t-il sa place, tiraillé entre ses désirs profonds et ce que son éducation et la société estiment "bon" pour lui ?

Un roman qui se lit en apnée, avec une émotion forte au creux du ventre.
Lien : http://croqlivres.canalblog...
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