AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782746762879
192 pages
Autrement (13/10/2021)
3.33/5   3 notes
Résumé :
Figure phare des « Années folles », la garçonne a gravé dans l’imaginaire collectif sa silhouette androgyne et ses cheveux courts. Symbole d’une émancipation controversée, elle cristallise les tensions d’une société ébranlée par la guerre, partagée entre fièvre de liberté et retour à l’ordre moral.
En nous propulsant au cœur d’une décennie fantasmée, Christine Bard analyse une révolution des représentations. Elle en saisit les déclinaisons, de l’univers de la... >Voir plus
Que lire après Les garçonnesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Surgie dans l'entre-deux guerres, figure mythique des années folles, la garçonne symbolise la volonté d'émancipation de la femme qui a conquis une certaine autonomie durant la première guerre mondiale. Elle n'est d'ailleurs pas sans ambiguïté : revendication d'un modèle féminin imitant l'homme, volonté d'affirmer l'homosexualité féminine, jeux de rôles érotiques, mais également récupération par la mode qui fait de la femme une fashion victime. Cheveux courts et robes raccourcies, nombreux accessoires, bijoux, écharpes, chapeaux, écharpes, chaussures, teintures, manucures, reféminisent en effet la garçonne pour exacerber le désir masculin…et faire marcher le commerce d'une société de consommation naissante.

Or de nombreuses femmes, beaucoup dans le milieu artistique mais aussi dans des milieux plus populaires, revendiquent une vie plus libre et s'affranchissent fièrement de ce qui entravaient leurs ancêtres : corsets, jupes longues, chignons, fichus, chapeaux, voilettes. Car « sortir « tête nue » sera, aussi, une libération. » Elles veulent être actives, dans des tenues pratiques et n'hésitent pas, à développer des allures androgynes et pour certaines, à porter le pantalon, malgré l'interdiction faite aux femmes de porter des vêtements masculins. La garçonne remet en question la notion de genre telle que la construit la société en cassant les préjugés liés aux rôles assignés aux deux sexes.
Donc figure majeure qui a marqué un tournant pour les femmes, très bien analysée dans ce petit ouvrage de Christine Bard, et dont le message, qui n'a pas été sans provoquer scandales et oppositions, demeure toujours d'actualité.
Commenter  J’apprécie          301
La "garçonne" est avant tout synonyme de liberté à une époque où les femmes ont montré qu'elles étaient capables de vivre seules, de travailler à des postes souvent réservés aux hommes durant la première guerre mondiale. Tout d'abord méprisée par des auteurs comme Huysmans à la fin du 19e siècle ou ceux du groupe des surréalistes, cette figure phare des années 20 aura gravé dans les esprits l'image d'une silhouette androgyne, oscillant entre lesbiannisme et pluri-amours comme si, et c'est encore le cas au moment où j'écris, une femme aux cheveux courts est forcément lesbienne ou anti-hommes. C'est pourquoi ces "garçonnes" revendiquent tout d'abord la liberté de mouvements qui s'inscrit dans le droit à porter des vêtements d'hommes et des cheveux courts, bien plus pratiques pour travailler, se déplacer (notamment à bicyclette). Mais si l'égalité en droits des hommes et des femmes passe par la tenue vestimentaire, il est aussi question de la liberté de moeurs et celle relative à la vie sociale et politique. Qu'il s'agisse de sexualité, de l'usage du langage, des études ou du droit de vote, les "garçonnes" revendiquent le droit de jurer, fumer en public, d'aimer qui elles veulent, de sortir non accompagnées et de décider d'avoir ou non des enfants, à l'instar des hommes. Et contrairement à l'image que les détracteurs veulent donner de ces femmes (des hommes et des femmes, mais aussi les différents partis politiques, de gauche comme de droite, des écrivains), celles-ci ne sont pas nécessairement lesbiennes, droguées ou débauchées : "La femme émancipée, dont les moeurs sont aussi suspectées, transpose cette masculinité dans sa vie et ses ambitions féministes : l'égalité des sexes apparaît pour le plus grand nombre comme une négation de la "féminité" et comme une volonté d'imiter les hommes jusque dans leurs prérogatives politiques et sociales. L'offensive antiféministe confond délibérément ces deux "dénis" de féminité dont la "monstruosité" se lit dans des apparences jugées contre nature et disgracieuses".
Ainsi, la mode et le cinéma n'ont pas aidé ces femmes à se libérer : en se saisissant de l'image de la "garçonne", des artistes ont fait d'elles de nouvelles "femmes fatales", en ajoutant à leurs tenues des quolifichets, du maquillage, du parfum : "Une nouvelle féminité s'invente alors et la haute couture, hostile à la "masculinisation", ne manque pas d'y contribuer. Les bijoux féminisent la silhouette d'éphèbe des garçonnes. le cou et la nuque dégagés mettent en valeur de grandes boucles d'oreilles. Les robes simplifiées se couvrent de bijoux fantaisie, broches [...]". le cinéma s'est emparé de la "garçonne" pour créer des personnages glamours là où ces femmes auraient pu tout simplement être considérées pour leurs qualités. Ainsi, a-t-on affaire à Greta Garbo et Marlène Dietrich, mises en scène pour répondre aux fantasmes masculins, desservant les revendications sérieuses des femmes. Après les années 30, "l'éternel féminin", la "femme fatale" retrouvera toute sa puissance, rassurant les uns et les autres quant à la place de la femme : au foyer, dans le lit des hommes, maman ou putain.
Cet essai richement documenté montre le cheminement de certaines femmes pour accéder à leurs droits, non pas pour égaliser les hommes, mais pour être reconnue comme être humain à part entière. Et comme le dit l'auteur à la fin de son ouvrage, l'histoire des garçonnes n'est pas terminée !
Commenter  J’apprécie          20

Citations et extraits (1) Ajouter une citation
La garçonne, fille des villes, naît à la croisée des espérances et surtout des incertitudes que provoque l'entrée dans le véritable XXe siècle, au moment "où le traumatisme social se mue en traumatisme psychique". Son invention relève de l'exorcisme. aussi peut-on se demander si elle n'a pas été crée pour mieux être détruite.
Commenter  J’apprécie          110

Videos de Christine Bard (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Christine Bard
8 avr. 2022 Conférence de Christine Bard, Professeure à l’Université d’Angers (Temos), autrice de La révolution féministe et Les garçonnes. Avec la participation de Sabine Lambert et Héloïse Morel, membres du Planning familial. Animation : Louise Fromard.
autres livres classés : sciences socialesVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (15) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (5 - essais )

Roland Barthes : "Fragments d'un discours **** "

amoureux
positiviste
philosophique

20 questions
853 lecteurs ont répondu
Thèmes : essai , essai de société , essai philosophique , essai documentCréer un quiz sur ce livre

{* *}