Publié en 1948 "
le diable prend la mouche" peut tout à fait être qualifié de précurseur dans le registre du thriller psychologique. Et c'est bien la seule qualité que je lui reconnais.
La raison d'être du thriller, c'est le suspense. Sans lui, le thriller ne fonctionne pas. Et pour créer du suspense, il faut en premier lieu imprimer un bon rythme au récit, ce que Bardin ne parvient pas du tout à faire. "
Le diable prend la mouche" est complètement plat du début à la fin, pas de changements de tempo, pas de montées d'adrénaline qui succèdent aux moments de calme, juste un récit linéaire, limite en mort clinique. Et c'est d'une lenteur ! Ca met du temps à démarrer et... ça met du temps à continuer. Une histoire soporifique, aucune scène pour réveiller le lecteur, aucune tension , des passages oniriques insupportablement mous et inintéressants... Je me suis profondément ennuyée. Tant et si bien que j'ai fini par lire des passages en diagonale. du coup, est-ce à cause de ça ou est-ce un défaut du roman lui-même, en tout cas l'intrigue m'est apparue très confuse. Mener une intrigue en alternant allers et retours entre passé et présent demande un grand savoir-faire et une certaine maîtrise narrative. Manifestement, Bardin n'a pas ces qualités. On est très loin d'une intrigue implacable qui se déroulerait façon rouleau compresseur.
Bardin connait bien le sujet de la schizophrénie, sa mère ayant été atteinte d'une des formes de cette maladie. On ne peut pas lui nier cela, il sait de quoi il parle, son roman est documenté. Mais maîtriser un tel sujet ne suffit pas à donner vie à des personnages. Que les personnages secondaires soient plats et sans intérêt, c'est gênant mais ça passe encore, ils ne servent que de "décor", le roman est centré sur Ellen et son effondrement psychologique. Oui mais voilà, le personnage d'Ellen est totalement raté. Inintéressante, fade, transparente, elle ne suscite que l'indifférence. Jamais je n'ai été touchée par son destin. Dommage pour un personnage qui aurait dû occuper tout l'espace, dont l'angoisse aurait dû peu à peu envahir tout le livre et finir par contaminer le lecteur.
Voilà encore un bouquin qui traînait dans ma PAL depuis des lustres sans que je sache pourquoi il se trouvait dedans. Cette lecture assommante m'aura permis de libérer une nouvelle place dans ma bibliothèque.