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Les Enquêtes de l'inspecteur Cadin tome 1 sur 5
EAN : 9782207245484
224 pages
Denoël (21/02/1997)
3.66/5   77 notes
Résumé :
Dans Mort au premier tour, l’inspecteur Cadin enquête sur l'assassinat d'un militant écologiste retrouvé mort sur le chantier d'une centrale nucléaire, en Alsace, le lendemain même des législatives de mars 1977. Après l'inculpation d'un notable, il est muté « en récompense de ses bons services ». Le premier roman de Daeninckx est réécrit par son auteur vingt ans plus tard, qui n'en a conservé que les quatre premières lignes… car il le laissait insatisfait !
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Mars 1977, Cadin fait ses débuts d'inspecteur dans un commissariat de Strasbourg. le 13 du mois se tient le premier tour des élections municipales. Sa hiérarchie l'envoie à à Marcheim surveiller un bureau de vote. La tranquillité du village a été bouleversée il y a quelques années par la construction d'une centrale nucléaire. Un projet qui divise les habitants : ceux qui espèrent trouver un emploi s'opposent à ceux qui craignent la dangerosité du site. C'est dans ce contexte tendu que la liste écologiste remporte les élections à Marcheim. Mais l'euphorie est de courte durée : le cadavre d'un membre de la liste est découvert le lendemain sur le chantier de la centrale. La victime, surnommée l'Indien, a été abattue d'une balle en plein coeur. Cadin enquête sur ce meurtre au volant de sa Renault 4 à la mécanique capricieuse sous une pluie battante et glacée. Il part à la rencontre des mouvements alternatifs de la capitale alsacienne : communauté hippie, militants écologistes, artistes underground… Un milieu à la fois pacifiste et belliqueux.

J'ai longtemps hésité à me lancer dans les romans de Daeninckx. J'ai eu tort, car je termine ce livre conquis. J'ai aimé la personnalité de Cadin, un solitaire qui rechigne à frayer avec la meute policière. le jeune inspecteur mène une vie modeste peuplée d'amours fugaces et de cafés instantanés. Daeninckx décrit les faubourgs et les quartiers industriels de l'agglomération strasbourgeoise. Il réussit à dépeindre une usine en friche, une zone commerciale ou une écluse avec beaucoup de poésie. Des faits divers sont retranscrits dans le récit qui sont tous un témoignage criant sur notre société. Daeninck évoque aussi des événements historiques dont je n'avais pas connaissance. J'ignorais par exemple que l'Alsace avait connu des troubles révolutionnaires à la fin de la Première Guerre mondiale.

De belles phrases, un personnage emblématique, une ambiance réussie, une quête pour la justice et la vérité, ce roman a décidément tout pour me plaire.




Deux anecdotes pour les auteurs en herbe. 1/ Daeninckx a envoyé le manuscrit de ce roman (son premier) à dix éditeurs. Il a reçu neuf réponses, toutes négatives. La dernière était positive mais elle est arrivée quatre ans et demi plus tard alors qu'il avait cessé d'écrire. 2/ L'auteur a totalement réécrit le roman, quinze après sa première publication.
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Roman emblématique de Didier Daeninckx, écrit en 1997, il se déroule en 1977, en France sous Giscard, au moment où après le vertige du jeune président et de sa société libérale avancée, la population éprouve les premiers doutes qui conduiront après les municipales de 1977 et les législatives de 1978, en dépit du discours de Verdun sur le Doubs et l'appel à la raison du bon choix, à la victoire de la gauche en 1981.
Roman d'atmosphère, dans lequel, le héros (mais peut-on qualifier l'inspecteur Cadin de héros ?) alors qu'il est de permanence à Marcheim pour assurer le déroulement sans troubles du premier tour des municipales dans cette petite ville où Emile Loos est assuré de l'emporter, se retrouve empêtré dans une enquête pour meurtre. La Liste Verts Demain l'a emporté dès le premier tour avec une majorité confortable mais, le soir même, le premier de la liste Alain Dienta, surnommé l'indien, est retrouvé mort sur le chantier de la centrale nucléaire.
Les mobiles ne manquent pas. Les suspects non plus. Dienta opposé à la construction de la centrale, malgré son succès « franc et massif », compte beaucoup d'ennemis. Ceux dont les intérêts seraient mis à mal si d'aventure la centrale ne voyait pas le jour.
Au premier rang, se bousculent : les entrepreneurs et sous-traitants locaux, les commerçants de la commune, EDF, les politiques locaux défaits qui avaient soutenu le projet, enfin l'état et ses officines de l'époque, le SAC notamment. le roman fait état plusieurs fois de l'assassinat de Pierre Overney le militant maoïste, à la sortie des usines Renault en 1972 et l'exécution en 1977 du vigile Tramoni par les NAPAP (Noyaux armés pour l'autonomie populaire)
Après avoir suivi toutes ces pistes, le plus souvent mises en cause ou refusées par sa hiérarchie, Cadin s'intéresse aussi aux mouvements libertaires dans la région, et aux lecteurs d'Actuel de la Gueule Ouverte et de Barabajagal…Plusieurs membres de la liste les Verts Demain y furent des militants actifs. le journal libertaire Klapperstei 68, son homologue Vroutsch continuent à faire du prosélytisme pour la lutte contre l'establishment.
Cadin est familier de ces mouvements. Il est à peine sorti de l'Université, et s'il a choisi la police, après avoir brillamment réussi le concours d'inspecteur, il ne défend pas l'ordre au sens où la plupart de ses collègues et la hiérarchie l'entendent.
Le personnage éprouve une certaine empathie pour ceux qu'ils interrogent au cours de l'enquête, mais ceux-ci ne la lui retourne pas, voyant d'abord le Flic avant de voir l'homme.
Qu'importe. Cadin va louvoyer entre les récifs idéologiques des deux bords. Lui se définit comme n'appartenant à aucun. Il a ses propres failles, il fréquente assidûment les prostituées du quartier de la gare et vit dans le dénuement le plus total.
Mais qu'importe, c'est un excellent flic et il dénouera les fils de cette enquête contre vents et marées.
Comme toujours chez Daeninckx, le récit emprunte à la fiction, mais repose sur des faits réels retranscris et flirte sans arrêt avec la philosophie et la sociologie.
Du grand Daeninckx. A lire pour ceux qui veulent se replonger dans les années 1970 et leurs lubies. Dépaysement garanti. Trip assuré.
Pour les curieux j'ajoute quelques liens vers la presse libertaire de l'époque et les personnalités politiques citées dans le roman :
http://klapp68.over-blog.com/album-1042775.html
Le sobriquet « l'Indien » était celui de Eric Pétetin militant écologiste de la Vallée d'Aspe figure de la lutte contre le percement du tunnel du Somport :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Éric_Petetin
Enfin, le maire de Strasbourg Pierre Pflimlin : https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Pflimlin
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Marcheim 1977 - Au lendemain des élections municipales, qui ont vu, à la surprise générale, la victoire au premier tour de la liste écologique "Verts Demain", Alain Dienta, militant écologiste fraîchement élu, est retrouvé assassiné sur le chantier de la centrale nucléaire en construction, où il travaillait.
Par qui et pourquoi ?
Serait-ce lié à l'élection ? à ses convictions ? aux remous causés par la construction très controversée de la centrale ? ou à toute autre chose ?
L'enquête est confiée au jeune inspecteur Cadin, qui va sillonner la région de Strasbourg à Mulhouse en quête d'informations et d'indices susceptibles d'éclairer cette ténébreuse affaire.

Nous sommes au milieu des années 70, en période post-soixante-huitarde et baba cool,
où moult groupuscules revendicatifs se réunissent pour reconstruire le monde, en pondant quelques feuillets destinés à bousculer l'ordre établi, en vivant en communauté réglées par l'usage planant du hasch et prônant la liberté sous toutes ses formes !

Nous sommes surtout dans un polar social et Didier Daeninckx promène son inspecteur dans cette Alsace mal remise de son passé tourmenté, encore troublée par les vestiges et les blessures du demi-siècle d'annexion à l'Allemagne, de 1870 à 1918, et de l'occupation durant la 2è guerre mondiale.

Plus que la quête de vérité, c'est la longue errance de l'inspecteur Cadin, portant un regard ironique et désenchanté sur cet environnement déprimant, qui importe au lecteur.

Et Didier Daeninckx de mettre, avec talent, l'accent sur les plaies mal cicatrisées de cette Alsace endolorie par presque un siècle de chamboulements, que l'auteur prend la peine d'analyser avec finesse.
Et à mon avis, c'est cela qui fait le suc de cet ouvrage sans complaisance sur les qualités de l'être humain !
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Un livre à relire dans le contexte actuel... Non pas pour adhérer à un "tous pourris" un peu nauséabond, mais plutôt pour constater que rien n'a vraiment changé: les arrangements entre politiques et industriels, le conflit entre l'écologie et ceux qui veulent avant tout que des emplois restent dans leur région. L'enquête de l'inspecteur Cadin le mène sur des chemins qui ne sont pas manichéens, et on plonge au coeur de nombreux débats qui secouent encore notre société...
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C'est tout simplement le premier roman de Didier Daeninckx qui emmène le lecteur en Alsace en mars 1977. le jeune inspecteur de police Cadin vient d'être nommé dans la capitale alsacienne, c'est son premier poste. A travers son regard le lecteur découvre Strasbourg et sa région et l'année 1977. Strasbourg et son port autonome, l'Alsace et ses mines de potasse qui ferment. L'auteur présente la vie quotidienne à travers des faits divers : vols, bagarres, violences conjugales, suicides en se jetant sous un train, contestation des appelés dans l'armée. Mais la police veille sur la démocratie notamment sur le bon déroulement des élections municipales. Cadin est envoyé au bureau de Marcheim sur la route de Colmar. Je n'ai pas trouvé trace de cette commune, elle est fictive mais aurait pu s'appeler Fessenheim puisqu'on y construit une centrale nucléaire dont une première phase de travaux doit s'achever en 1979.

Didier Daeninckx donne à son roman une tournure résolument sociale avec les critiques qui vont avec. Les élections locales permettent de mettre en avant les tendances politiques de l'époque. A Marcheim avec sa centrale pas étonnant de trouver une liste écologiste ( le mot n'est pas encore d'usage courant ). La liste Verts Demain prône l'arrêt des travaux de la centrale, l'organisation d'un référendum, la mise à disposition de vélos gratuits pour enrayer la progression des gaz d'échappement. A priori les mêmes combats continuent aujourd'hui.

Surprise électorale, la liste Verts Demain est élue dès le premier tour ( en fait la première élection d'une liste écologiste a lieu à Triel-sur-Seine en région parisienne durant ces mêmes élections de mars 1977 ). Mais revenons à Marcheim où la surprise du premier tour est suivie le lendemain d'une découverte macabre sur le chantier de la centrale, un ouvrier, Alain Dienta surnommé l'Indien, délégué CFDT, a été tué par balle. L'Indien avait été élu la veille sur la liste Vers Demain.

Cadin commence son enquête, ses recherches et interrogatoires parmi les proches de la victime. Et Didier Daeninckx poursuit son portrait de la société de l'époque qui revêt aujourd'hui près de cinquante ans après un grand intérêt historique. Cadin va s'intéresser à la communauté utopiste qui s'était installée entre 1972 et 1975 sur les terrains agricoles promis à la centrale ( pour être claire, c'était une ZAD ). L'Indien en faisait partie. Il y avait des végétaliens et des libertaires, on y fumait du shit, on y éditait des fanzines.

Cadin est un flic solitaire que l'on devine déjà désabusé alors que sa carrière ne fait que commencer. Il ne fait aucune confidence sur son passé et ne recherche pas les relations en dehors de son boulot. Il est tenace lorsqu'il enquête, un brin perspicace et bien aidé par tout ce que les Renseignements Généraux recueillent et conservent sur le moindre agissement suspect et sur les citoyens. L'infiltration est une véritable institution à l'époque.

Il n'est jamais trop tard pour lire un polar d'autrefois. Je ne regrette pas mon choix, en cela guidé par une prochaine rencontre de l'auteur. Son premier roman est solidement encré dans la réalité sociale de l'époque. le lire aujourd'hui c'est découvrir un pan récent de notre Histoire qui continue d'influencer notre présent. C'est aussi un bon polar avec une enquête bien racontée et un flic qui n'a pas son pareil pour fouiller dans un quotidien décrit sans concession. Quatre autres enquêtes de l'inspecteur Cadin ont été écrites par Didier Daeninckx et attendent les lecteurs curieux et friands de roman noir et social.

Mort au premier tourDidier DAENINCKX. Parution en 1982, Librairie des Champs Élysées, collection le Masque, n°1692. Réédition dans une version réécrite en 1997, Éditions Denoël, ISBN 9782207245484. Exemplaire lu : réédition en poche, Folio Policier ( n°34 ) en novembre 1998, ISBN 9782070405664.
Lien : http://romans-policiers-des-..
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Mars 1977. J'habite Strasbourg où je finis tout juste le stage probatoire d'inspecteur de police. La réussite vient couronner mes efforts la semaine qui précède les élections municipales...
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Une fois seulement, gamin, il avait assisté à un éclusage de nuit, près de Saint-Omer, aux Fontinettes. (...)Les lampes aux vapeurs chimiques trouaient le brouillard épais et répandaient une lueur jaune sur le canal, tandis que les mariniers s’échinaient au treuil et au cabestan. Le fracas des eaux noires qui se déversaient dans la fosse couvrait le rythme métallique des cliquets sautillant sur les rouages. En amont une autre péniche faisait donner sa corne de brume à laquelle répondaient les cloches et les klaxons des quelques bateaux engagés sur le chenal. Il s’en souvenait comme d’un Noël.
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Une troisième liste venait troubler le jeu bipolaire en vogue dans tout le pays. Elle figurait sous l'appellation Verts demain et axait sa campagne sur l'arrêt immédiat des travaux de la centrale nucléaire, proposant l'organisation d'un référendum sur la reconversion des gigantesques cheminées de refroidissement en cinémas, patinoires, piscines ou cuves à riesling. Elle réclamait également la mise à disposition de vélos municipaux gratuits pour enrayer la progression des gaz d'échappement, l'interdiction des pollutions, sauf nocturnes, ainsi que l'installation d'interupteurs sur les réverbères afin de préserver l'intimité des amoureux.
P29
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- Pour en revenir aux grèves, c'est un peu le rôle des syndicalistes...
- Je crois que dans la police c'est un droit que vous n'avez pas, et j'ai la faiblesse de penser que tout irait mieux si c'était le cas partout. J'admets qu'on rechigne, qu'on revendique. Le problème avec l'Indien c'est qu'il remettait en cause la centrale! Il voulait tout arrêter. Je suis tenu par un planning aussi serré qu'une robe de mariée: tous les contrats sont passés au forfait, et le moindre retard nous coûte une fortune. Son travail de sape portait ses fruits. Huit communes des environs ont voté des arrêtés de défiance envers la centrale (...) Ils ont gobé cette légende selon laquelle les champs magnétiques seraient responsables de certains cancers... Et hier, l'apothéose! La ville la plus importante du secteur qui passe entre les mains de ces irresponsables...
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Les grandes surfaces grignotaient les espaces libres des banlieues, macadamisaient les champs de la première périphérie pour y tracer des places de parking. Des panneaux criards, immenses loupes rectangulaires plantées au bord de la route, détaillaient les produits en promotion. Puis d’un coup, le dernier échangeur passé, la campagne reprenait ses droits. Villages nichés dans les creux, maisons à colombages, clochers joufflus, rangs de vignes striant les collines. De loin en loin, de petits groupes vêtus de sombre se hâtaient vers les messes matinales.
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