Quand le roman commence,
Daphné Adeane est déjà morte, mais elle ne cessera de hanter les vivants qui l'auront connue ou auront entrevu son personnage. Fût-ce sur un portrait dans une exposition.
Michaël Choyce est un jeune homme bien sous tous rapports... et a une maitresse, Hyacinthe Wake, qui rompt avec lui au début du roman. Michaël Choyce décide de se marier et rencontre une ravissante jeune fille, accomplie, Fanny Weston, qui rappelle
Daphné Adeane à plusieurs personnes.
Ils se marient et le mariage n'est pas heureux. Fanny Choyce finit par ouvrir les yeux, son mari aime toujours Hyacinthe Wake. Après une profonde période de dépression, elle commence à vivre pour elle, tout en secondant son mari dans sa carrière politique. Ils ont deux enfants. Hyacinthe Wake meurt, son mari reste seul (Basil Wake) et petit à petit, Michaël Choyce l'oublie et tombe amoureux de sa femme. Qui a cessé de l'aimer.
Fanny Choyce sort de son marasme et devient aussi attirante et appréciée que naguère Hyacinthe.
Elle se lie d'amitié avec Leo Dettrick, un écrivain qui a bien connu
Daphné Adeane. C'est une période heureuse. Puis arrive la guerre. de 14-18. L'enchaînement des faits et l'entrée en guerre de la Grande Bretagne sont très bien décrits. Un grand dîner qui a lieu à
Londres, peu avant la déflagration, est assimilé au bal de la duchesse de Richmond, qui eut lieu à Bruxelles à la veille de Waterloo. Vraiment à la veille.
Fanny Choyce s'engage comme infirmière, en France, et rencontre un médecin dont
elle s'éprend (et réciproquement. ) Michael Choyce disparaît en mission et elle décide de se remarier avec le Dr Francis Greene (encore un ami de
Daphné Adeane et de Leo Dettrick. )
Mais à la libération, Michael Choyce est retrouvé dans un couvent belge, amnésique.
Fanny Choyce n'a d'autre solution que de rompre avec Francis Greene et attendre le retour de son mari. Elle a beau s'être convertie au catholicisme, la pilule n'en est pas moins amère à avaler, d'autant que Francis Greene se rend compte qu'il n'a jamais cessé d'aimer
Daphné Adeane (en voilà une idée!)
C'est le roman des amours à contretemps, des malentendus, de l'amertume, des faits qui grippent la machine, la font s'enrouer, c'est le principe de la fatalité grecque qui ruine des vies humaines. La seule manière de surmonter l'adversité étant de faire son devoir (quitte à en mourir...)
Virginia Woolf aimait les romans de Baring, même si
Léonard Woolf lui avait dit qu'elle en aurait vite assez.
Daphné Adeane est certainement celui que je préfère, suivi de
la Princesse Blanche, et de C*** (tellement triste...) mais je ne suis jamais arrivée à lire En passant, de
Maurice Baring, roman épistolaire dont les personnages apparaissent aussi dans
Daphné Adeane.