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sur 7146 notes

Critiques filtrées sur 2 étoiles  
Ravage est un roman que Barjavel a écrit en 1942 ; il a été publié en 1943. Bien loin des préoccupations de son temps (la Guerre) de prime abord, l'écrivain nous plonge dans un récit futuriste très pessimiste et qui s'avère bien faire écho à certaines préoccupations du milieu du XXe siècle.
Nous sommes en 2052 et, alors qu'une catastrophe est imminente, voilà qu'une autre, inattendue, s'écrase sur Terre de façon assez littérale. En effet, la planète se retrouve tout d'un coup dépourvue de la moindre électricité (sauf les corps humains et animaux) et tout le monde se retrouve alors plongé dans le noir, sans moyen de créer un peu de fraîcheur (l'histoire se déroule lors d'un long été caniculaire), et les véhicules ne freinent plus, les parachutes des avions, ne pouvant plus voler, ne s'ouvrent pas et les engins volants tombent, s'écrasent, les gens paniquent, etc. le drame est là.
Notre héros, François (quel nom bien français! cela a une importance certaine, je trouve), est un jeune homme d'une petite vingtaine d'années. de passage à Paris pour chercher ses résultats d'examen à un gros concours, il en profite pour voir son amie d'enfance, la belle Blanche, pleine de pureté, à la voix magnifique. Mais Blanche se lance dans la chanson et se fiance avec son manager ; rien de tout cela n'est pour plaire à François qui sait que lui et Blanche sont destiné·es – et d'ailleurs, dans leur village natale, tout le monde est de son avis. Alors, quand l'apocalypse se met en branle, le brave homme est bien décidé à sauver son aimée de la catastrophe et de ce monde de richesses voué au néant. Il n'est pas sans idée : dans le sud de la France, d'où lui et Blanche viennent, les gens sont réfractaires aux technologies et continuent à labourer leurs champs avec des charrues tirées part des chevaux, les gens continuent à cultiver céréales et légumes en pleine terre. Pour se faire, Blanche étant en plus atteinte d'un mal étrange, apparu suite à la disparition de l'électricité, notre héros décide de constituer un petit groupe qui s'entraidera et dont il sera le chef.

Introduction terminée ! C'était long mais il était important pour moi de mettre tout cela en place pour mieux vous parler de Ravage.
Ce livre, vous l'aurez probablement deviné, critique l'industrialisation du monde, met en garde contre le danger des technologies, la dépendance que celles-ci peuvent créer… Ce n'est pas du tout amené de façon subtile puisque c'est le coeur de l'apocalypse ; le fait que ce soit un roman d'anticipation accentue l'évidente dénonciation, mais il faut dire aussi que Barjavel nous fait bien comprendre que le travail = la force, les technologies = la faiblesse. Qu'importe, cela a un certain charme désuet, malgré les gros sabots utilisés pour mettre l'intrigue principale en place : la survie, le voyage vers des terres gardées de toute technologie. Tout cela, c'est une partie très chouette du roman. Pour le reste, j'en ressors globalement très déçue.
Dès le début de Ravage, on note quelques points sexistes et racistes. J'ai bien sûr remis dans le contexte de l'époque, me disant que le livre a été écrit en 1942, ce n'est donc pas étonnant. Sauf que plus l'histoire avance, plus l'histoire est sexiste (et moins raciste puisqu'il n'est plus question des méchant·es Noir·es – d'ailleurs, des Noir·es, il n'y en a pas dans cette France du XXIe siècle). Ravage est un roman d'anticipation, fortement emprunt du pessimisme de son auteur, mais c'est surtout une réécriture (partielle) de la Bible (l'exode, la fin que je ne peux pas dévoiler ainsi mais bon, je vous donne tout de même le titre de la dernière partie : « le patriarche ») et la conclusion du roman, grosso modo, c'est « travail, famille et Dieu » ; les hommes doivent travailler aux champs, les femmes doivent être fécondées et nourrir leur progéniture, et Dieu, c'est celui qui a aidé notre bon François. Je vous mets quelques citations sur mon blog, pour vous faire une idée (il faut les surligner pour les lire, comme ça aucun risque de divulgation involontaire!).
Concernant l'impression générale, si on enlève tout cela, j'ai trouvé Ravage très étrange, frôlant parfois l'absurde. Je pense au vieux ministre qui, suite au cataclysme, se met en tête de descendre de la tour et ça n'en finit pas, perdant totalement le pauvre homme. Surtout, je pense à l'hôpital psychiatrique dans lequel notre groupe de survivant·es fait une pause. Je n'ai toujours pas compris l'intérêt de ce passage et, même s'il est vrai que tout ne doit pas nécessiter un intérêt, ce n'est juste, pour moi, qu'un événement pour accentuer le côté biblique du récit. C'est vraiment très particulier parce qu'il y a pourtant des réflexions intelligentes, qui côtoient des passages loufoques, et ça a terminé, pour moi, par ressembler à un amas d'idées entassées indifféremment, sans logique si ce n'est la chronologie des faits. Pour le coup, je ne saurais dire si j'ai aimé ou non cela tant c'est embrouillé dans mon esprit, qu'il y a des ressentis contradictoires en moi.
Il y a tout de même quelques points positifs dans Ravage : c'est bien écrit et la psychologie des personnages secondaires, quoiqu'elle puisse parfois être grossière, est pertinente en cette période de panique, ou les protagonistes perdent leur vie, leur famille, leurs repères… Toutefois, cela m'a rendu François encore plus antipathique.

Ravage est donc pour moi une déception. Je ne m'y attendais pas car j'avais aimé La nuit des temps et, hélas, ce ne sont pas les deux points positifs que j'ai trouvé à Ravage qui sauvent ce roman. Je ne doute pas qu'il puisse plaire à certaines personnes mais, si vous suivez mes conseils de lecture, fuyez le Ravage.
Lien : https://malecturotheque.word..
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C'est un sentiment très mitigé qui me reste après cette lecture.

L'idée de l'histoire est tout bonnement géniale, surtout quand on le replace dans le contexte de l'époque. Ce livre est sorti en 1943 !! C'est quand même fou et extraordinaire tout ce qu'il a imaginé comme technologies et inventions dans ce livre, même s'il est vrai avec le recul de nos années 2000 que certaines sont franchement ...risibles.

Pour cela j'ai beaucoup aimé la première partie du roman, où l'on apprend comment la civilisation vie en l'an 2052, avec cette surindustrialisation, cela fait tout de même réfléchir malgré certaines désuétudes.
Du coup cette idée de catastrophe liée à l'arrêt total des fonctionnements de ces "machines" dont les humains sont devenus complètement dépendant, est superbe!

Ça, c'est donc pour le coté positif du livre: c'est une super bonne histoire de SF anticpative et apocalyptique, parmi les précurseurs du genre je suppose, en tout cas pour le côté francophone. Mais... mais.... parce que oui il y a un gros "mais"... les personnages sont vraiment nullissimes !!
Et pour couronner le tout comme cela a été dit déjà, il y a ce machisme omniprésent (j'aurais bien dis misogynie, mais c'est un poil exagéré), qui m'a vraiment exaspéré et ne m'a pas aidé à m'attacher aux personnages.

En bref, je suis vraiment déçue, je m'attendais à beaucoup mieux de la part de l'auteur de " La nuit des temps", cela n'entache en rien cependant mon envie de découvrir les autres de ses oeuvres.
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Roman futuriste guère optimiste sur notre avenir.

Je ressors de cette lecture avec des sentiments mitigés. Barjavel est un visionnaire ; il est étonnant qu'il ait pu envisager une telle évolution : les transports, l'organisation des villes, le confort des habitations, les vêtements, et même l'alimentation, mais aussi la chaleur étouffante des villes, parlait-on déjà de réchauffement climatique dans les années 40/50 ?
Ce qui m'a dérangé, aussi lucide et visionnaire soit-il, est qu'à aucun moment il n'a envisagé l'émancipation de la femme, que ce soit dans la société du début du roman et celle de la fin. La femme n'est réduite qu'au rôle d'épouse et de reproductrice. Blanche est prête à se marier à un homme qu'elle n'aime pas pour échapper à la vie d'épouse qui l'attend auprès de François.
La nouvelle société mise en place m'a aussi interpellé : retour au travail de la terre, importance de la famille et augmentation de la natalité, la communauté prime sur l'individu, sont des notions dérangeantes. Quand le patriarche a tout pouvoir sur son peuple, ses enfants comme les nomme-t-il, et n'hésite pas à tuer au nom du bien de la communauté, toute personne allant à l'encontre de ses idées, ça fait peur. En fouillant sur internet, il remonte que Barjavel se serait inspiré des idées politiques de l'époque pour créer cette nouvelle société, en l'occurrence, le gouvernement de Vichy.

Petite lueur d'espoir dans ce roman pessimiste, est qu'au final, même en le briguant, l'Homme de par son intelligence et sa nature curieuse, tendra toujours à évoluer, le pauvre forgeron en fera les frais.

Je ne dénigre pas le talent de l'auteur mais ces derniers points font que j'ai moyennement apprécié Ravage, roman qui a tout de même dû faire son effet à sa parution en 1947
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J'avoue avoir été déçue par ce roman de Barjavel. J'avais adoré "La Nuit des temps" et "L'enchanteur"...
Si je trouve cette histoire d'effondrement d'une société hyper-technologique intéressante (et plutôt réaliste), je n'ai pas aimé la suite.

Bref, je n'ai pas aimé !
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L'apocalypse selon (Saint) Barjavel, tout commence à Paris, l'électricité tombe en panne définitivement, détruisant au fil des jours la vie de tout un chacun. Nous suivons le périple de quelques personnages fuyant la ville, dans des conditions atroces, tout n'est plus qu'incendies, canicules, cendres mortelles, rixes, meurtres, pillages. Ces personnages vont finir par s'établir dans une campagne quelque peu sauvegardée pour y recréer une vie rurale, où règne le patriarcat, la polygamie (afin de perpétuer la race humaine), le rejet de tout centre urbain, l'abolition des livres (qui représentent le savoir par lequel le malheur est arrivé). Ce roman a été écrit en 1942, il est absolument visionnaire, notamment en ce qui concerne le tout électrique, les énormes concentrations d'habitants dans les villes, la climatisation dans les appartements, la densification, influence des médias, la célébrité vite fabriquée, le rejet même de l'idée de la mort, en conservant les ancêtres tels quels dans des salles de congélation à l'intérieur des habitations.
On pense à un film catastrophe, et on ne s'attache pas franchement aux personnages, tant il ya une avalanche d'évènements. Pour le sujet de la fin d'une civilisation, mieux vaut lire toutefois "La route" de Mc Carthy.
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Je ne comprends pas ce qu'il s'est passé avec ce livre. Honnêtement, j'ai eu l'impression qu'on avait changé d'auteur en cours d'écriture.

Le début était superbe, bien écrit, créatif. L'auteur prenait son temps pour mettre en place son univers et n'hésitait pas à ajouter quelques touches d'humour, même lorsqu'il décrivait des événements tragiques.
L'idée était intéressante et il n'est pas bien difficile d'imaginer les horreurs qui pourraient survenir si une telle catastrophe s'abattait sur le monde régi par les technologies que Barjavel avait imaginé (et qui n'est pas si différent du nôtre si on considère uniquement notre dépendance aux technologies modernes).

Toutefois, les personnages étaient peu développés et assez agaçants. François et sa "virilité" et les femmes bonnes uniquement à être vénales et jolies, à pleurer, crier ou s'évanouir. Même pour l'époque à laquelle ce roman a été écrit, c'est franchement décevant.
En outre, au fil du roman, le style de l'auteur est devenu de moins en moins agréable à lire. Beaucoup de passages étaient confus, presque brouillons. L'humour a presque disparu (ou ne me convenait plus) et la fin m'a vraiment fait me demander si l'auteur nous présentait sa "solution idéale" ou si au contraire il imaginait qu'une telle suite d'événements entraînerait la situation cauchemardesque (selon moi) dans laquelle on se retrouve à la fin du roman. Malheureusement, j'ai bien peur que l'auteur n'imaginait pas François et la situation finale comme des cauchemars.

Un vrai gâchis...
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Si l'on passe par dessus le manque de détails techniques, l'idée de l'auteur du déplacement des villes vers les campagnes, suite à une catastrophe (panne permanente d'électricité) qui rend les villes inopérantes, n'est pas farfelue. Toutefois, l'idée de faire du roman un appel au retour à la terre m'a profondément dérangé.

Pour l'excuser, on pourra dire que c'est un roman de 1943. L'auteur n'avait peut-être pas le choix. Mais, pour moi, cela ne rend pas le roman meilleur. Au contraire, s'il a été contraint idéologiquement, cela rend le roman pire. Et que l'auteur soit pour ou contre, le résultat est le roman.

D'ailleurs, le fait que cette oeuvre soit qualifiée, par certains, de dystopie (à la place, par exemple, d'utopie) est révélateur. La situation de catastrophe ne débouche par sur la formation d'une utopie involontaire, mais d'une société machiste et hiérarchique. Pourtant, je suis peut-être aveugle, mais je n'ai pas de souvenirs de critiques cachés contre l'idéologie du retour à la terre ou du conservatisme. En fait, l'auteur semble peindre positivement cette nouvelle société.

Le côté politique était franchement agaçant, trop pour en faire abstraction.
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Barjavel imagine la France en 2052 : des villes au-dessus des villes, des télévisions en relief, la visiophonie à grande échelle, des légumes qui poussent sans terre et sans soleil, et une « longue conservation » des morts ne sont que des parcelles de ce que ce nouveau monde a à « offrir ». C'est dans cet univers que François aime Blanche et que Blanche rêve de renommée. Jusqu'au jour où tout s'éteint, où la Terre subit une panne d'électricité généralisée. Débute alors une longue débâcle où chacun sera prêt à tout pour sauver sa peau. Des gens « bien » se transforment en brutes épaisses ; la mort et la folie deviennent le lot quotidien. François prend alors la tête d'une petite troupe qui devra échapper à la famine, aux incendies, aux pillards, à la maladie, à la chaleur accablante et à cette soif galopante…

Barjavel est l'un des grands – en tout cas l'un des premiers – auteurs français de science-fiction. Et si depuis nous avons lu des descriptions futuristes qui nous paraissent autrement plus délirantes, nous devons lui reconnaître la primeur de l'idée, puisqu'il écrit Ravage en 1943. Cependant… je n'ai pas du tout accroché. Ni au style, qui pourtant est de qualité, ni au propos, qui m'a pour le moins interpellée. Car Barjavel prône un retour aux valeurs de la terre et de la famille et, mis en regard de la date d'écriture, ça fait un peu mal – même si les Pétainistes n'ont pas l'exclusivité du « travail, famille, … ».

Alors certes sa réflexion quant au progrès est intéressante et fait échos à bien des interrogations que je peux avoir. Mais peut-être est-ce parce que je n'ai pas été sensible à sa manière de présenter les choses et que je n'ai pas saisi les ironies sous-jacentes, mais cette lecture m'a mise mal à l'aise, et pas pour les bonnes raisons. La représentation de la femme m'a surtout mise sur les nerfs tout du long, et ceux qui me connaissent sauront que c'est une raison suffisante pour ne pas réussir à capter mon attention et mon intérêt !

Alors oui, il ne faut pas oublier que ce roman a aujourd'hui 70 ans, qu'en son temps il a été novateur et qu'il aborde de nombreuses thématiques de première importance. Et pourtant… non, décidément.
Lien : http://auxlivresdemesruches...
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J'ai un malaise avec ce livre (et avec Barjavel en général) lu et aimé à mon adolescence qui prône des valeurs nobles de courage depuis que j'ai appris qu'un certain régime en avait fait un de ces étendard du 'travail, famille, patrie'...
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Je voulais depuis longtemps lire Ravage, qui a été à l'origine du développement de la science-fiction au sein de la littérature française. Au final ... bilan plutôt mitigé.

"Parfois le vent tombait, et la chaleur de l'enfer traversait la Seine. D'un seul coup elle touchait au visage toute la foule qui reflétait cent mille fois, sur ses joues suantes, la danse du feu. La foule criait et se contractait vers la nuit, poursuivie par l'odeur incandescente. Tout ce que ce peuple connaissait, ce qu'il aimait, ce qu'il touchait, ce qu'il mangeait, chair, étoffes, bois, murs, la terre, l'air, tout, transformé en flamme, en lumière, était dans cette odeur. Une odeur dont nul ne pourra se souvenir, car rien ne la rappelle, mais que personne n'oubliera, car elle a brûlé les narines, séché les poumons. C'est une odeur de monde qui naît ou qui meurt, une odeur d'étoile."

Milieu 21e siècle. La société française, hyper urbanisée, ne peut plus se passer de l'électronique à partir duquel fonctionne l'ensemble des activités humaines, production alimentaire, transport et culture compris. Mais là, catastrophe, à la suite d'une attaque - surprise, l'électricité disparaît totalement ... et ne revient plus. C'est alors la plongée dans la violence et le chaos, avec un degré de désorganisation qui va croissant. Face à l'anarchie et ses dangers, François, un jeune provincial "monté" à Paris, rassemble une petite bande qu'il va essayer de conduire, sous sa houlette, jusqu'à son village d'origine, en affrontant la faim, la soif, les pillards, les chauve-souris et la distance.

Tout d'abord c'est un roman assez vintage, pour ne pas dire daté, ce qui a un certain charme. Bon, d'accord, admettons. du point de vue de l'écriture, Barjavel a quand même fait mieux, même le dénuement voulu de la prose sert la brutalité du récit. Cela dit, la description du basculement dans la fin du monde où règnent la violence et la loi plus fort est très réussie, presque aussi bien que celle de l'(excellent) Aveuglement de Saramago. Pour autant, le propos sur le fond, avec ses accents anti-modernistes, m'a plutôt déçue ...

Lien : http://le-mange-livres.blogs..
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