En effet le quatrième de couverture n'a pas tort . Cet ouvrage est à la hauteur des textes de Vance et de Ursula le Guin , personnellement , je rajouterais de ceux d'Orwell et d'Huxley.
Ces deux derniers auteurs : toutes proportions gardées et pour l'emploi des univers comme moyens d'expression à part entière.
Donc comme cadres et comme medium pour l'énoncé de la thèse du texte et de la réflexion qu'il contient .
L'univers de ,
Passerelles pour l'infini, est dense et palpable .Il est une voix et une voie en même temps. Cet univers a du sens et il participe activement à l'expression des postulats du roman.
Sur cette planète autoritaire règne la censure et en corolaire ;l'autocensure intense noyée dans la grisaille de ce monde naturellement terne .
L'ambassadeur s'expose et s'acculture à des fonctionnements qu'il découvre . Il sera confronté à un dilemme autour de la résistance .
Pourrait-il rester neutre alors qu'une résistance héroïque s'affaire et s'essaye à découvrir la liberté autant qu'à créer les conditions de son avènement ?
Il n'est pas facile de refaire le monde et c'est difficile et pas toujours souhaitable. Souvent cela se fait à ses risques et périls .
C'est un texte fluide qui embarque le lecteur vers sur un monde dense, terne , glacial et étranger.
Des passerelles permettent de relier des mondes avec facilité et de confronter des altérités importantes entre elles Il autorise ainsi la navigation à contrecourants .
Enfin ce n'est pas que la politique qui est pensée dans ces pages , car dans cet univers le puritanisme écrase aussi fort la liberté que ne le fait la rigueur de la politique de l'état.
Mais la liberté épanouie repose également sur des bases étouffantes et normatives à sa manière difficilement consensuelle.
Des questionnements riches et des paradoxes nuancés , sont présents dans ce roman agréable qui garde une indéniable légèreté avec son univers animé par des personnages fonctionnels et réalistes.
Du même auteur , je vous recommande les yeux fermés, La mer des tempêtes, qui est excellent