Parfois inégale (on se souviendra – ou pas, justement, tant il a peu marqué notre mémoire – du très moyen quatrième tome), cette série plébiscitée des lecteurs pour son humour caustique et son héroïne à contre-emploi n'avait cependant pas fait l'unanimité avec ce sixième opus lors de sa sortie. Les blogueurs avaient effectivement partagé en masse leur déception, remarquant apparemment avec ce titre une baisse de régime notable dans la qualité des intrigues et témoignant même d'un "avant" et d'un "après" dans la série.
Verdict? On ne se ralliera pas à la majorité ! S'il y a évidemment quelques faiblesses dans la construction de l'intrigue, aucune ne diffère franchement des petits défauts qu'on peut reprocher à n'importe quel tome d'Agatha Raisin enquête, une série à percevoir résolument comme un pastiche de polar plutôt qu'en représentante rigoureuse du genre policier.
Agatha est certes extrême en tout et en toute occasion, mais c'est là une caractéristique du personnage véritablement constitutive de l'identité de la série, de même que les nombreux atermoiements provoqués par ses frasques et sa maladresse. Pour autant, l'équilibre entre éléments policiers et éléments humoristiques est bien dosé et, si le décor des Costwolds nous manque un peu, il n'est pas désagréable de voir notre héroïne catapultée dans une contrée exotique le temps d'une enquête. On pense alors à
Agatha Christie, qui s'amusait à délocaliser de temps à autre ses héros so british (ou so belgian) dans des cadres orientaux ("
Mort sur le Nil", "
Rendez-vous avec la mort"...) ou exotiques à souhait ("
Le major parlait trop"). On se dit alors qu'il serait sympathique de suivre notre détective de choc dans quelques autres pérégrinations à l'étranger, histoire de la voir encore sortir un peu de sa zone de confort et à condition qu'il y ait des meurtres à la clef, évidemment.
Le seul vrai défaut que l'on peut reprocher à "Vacances tous risques", ce sont les véritables rapports touristiques et culturels que dresse l'auteure du patrimoine chypriote. Les passages pendant lesquels Agatha visite tel ou tel site historique, guide en main, retracent beaucoup trop méthodiquement le passé de l'île, dans un style emprunté qui dénote beaucoup trop de l'écriture sans chichis de
M.C. Beaton. Ces paragraphes entiers, très académiques, donnent l'impression d'avoir été recopiés mot pour mot sur un guide du routard et viennent casser le rythme de l'histoire de même que le ton propre à cette série.
En bref : Exceptés les passages qui donnent l'impression d'être plagiés sur un guide touristique, ce sixième opus, majoritairement décrié par ses lecteurs, est finalement une lecture fort agréable. Les codes de la série sont respectés, l'équilibre entre éléments polarisants et humour est maintenu, et on apprécie de suivre Agatha dans un décor exceptionnellement exotique. Parfait pour les vacances!
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