C’est vrai qu’elle est aussi jolie qu’au jour de leur mariage. Les années ont passé sur elle sans dommage. Des joues fraîches comme celles d’une petite fille. Une peau blanche et si fine qu’il a l’impression de voir la vie circuler en transparence. Non vraiment, Marguerite n’a rien perdu de son éclat. Et les maternités, loin de la fatiguer, l’ont épanouie et arrondie.
Être choisie par un roi n’est pas à la portée de n’importe quelle jeune fille. Elle n’ignore pas qu’un mariage se fait à partir d’alliances politiques. Elle se doute aussi que ce qu’elle apportera dans sa corbeille de noces n’est pas à dédaigner, même si elle ignore les discussions serrées qui ont eu lieu à ce sujet. Et le fait quelle soit jolie lui est un avantage précieux, sa mère l’en a assurée. C’est maintenant à elle de savoir se faire aimer de l’homme qui lui a été destiné.
Le pourquoi et le comment des choses ne la préoccupent pas. Elle vit dans une réalité bien palpable. Il y a ce qu’elle voit, ce qu’elle entend, ce qu’elle sait, ce qu’elle veut. N’ayant aucune imagination, Isabelle se contente de celle des autres. Troubadours et trouvères suffisent à enclencher ses rêveries.
Tous les jeunes couples passent par des moments de discorde. Rien de mieux qu’une séparation temporaire pour ramener un époux à de meilleurs sentiments.
Cette enfant est encore bien jeunette, et elle me paraît bien frêle. Mieux vaudrait plutôt l’instruire des charges et des devoirs qui lui seront bientôt impartis. Car elle sera jugée tout autant sur sa conduite que sur son apparence.