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EAN : 9782490991013
210 pages
N&B Editions (11/12/2019)
4.83/5   6 notes
Résumé :
"Alors quoi? L'humanité? La fraternité? Concepts magnifiques qui resteront des mythes, que chacun brandit pour la gloire de prononcer ces mots, se rengorger en les disant."

Voilà la citation des "Noyés" reprise dans l'avant-propos du rapport de la Commission d'Enquête Parlementaire sur les migrations, présidée par le député Sébastien Nadot.

Ce récit est un choc. Sur un sujet que nous imaginons connaître, il renouvelle notre perception d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Je suis surprise ,étonnée ,après la lecture de ce roman du peu de lecteurs sur ce site: 1 critique,et pourtant:
C'est un livre choc,ou chaque phrase vous envoie un coup de poing.
Un style abrupt,brutal,sans aucune concession,une histoire en quatre tableaux:
L'enfant
L'homme
La femme
L'autre homme .

1er tableau:L'enfant
Réfugiés dans un couloir sombre,souffles retenus,ils attendent ,la peur au ventre,la fin de l'alerte.Dehors :cris, tirs de mitraillettes.Parmi eux,le père,la mère et l'enfant qui se met à hurler.Le regard des autres ,menaçant: Faites le taire,avant que nous ne soyons decouverts,difficilement le père calmera l'enfant.De retour dans leur petit appartement,leur décision est prise : leur enfant ,depuis sa naissance n'a connu que les bruits de la guerre,ils partiront .Avec détermination ils retrouveront le nom du passeur.Apres un voyage de nuit en camion ,un arrêt dans un camp de transit et le jour J arrive.!Discrètement la nuit ils se faufilent en dehors du camp ,après c' est le clapoti des vagues qui endormira l'enfant.
2ème tableau:L'homme
L'homme se lève péniblement, après une nuit agitée il n'arrive plus à dormir,ne mange plus depuis deux jours.Pourquoi a -t -il fallu qu'il accepte ce travail ,ces missions: retrouver et identifier les cadavres des noyés que la mer a rejetés sur les rochers.Ce matin ,il sent une sourde appréhension, il ne parvient pas à avaler quoique ce soit,dans un silence pesant ,sa femme à ses côtés,lui glisse rapidement un sandwich enveloppé ,dans la poche de son uniforme.Les lieux sont difficiles d'accès, cadavres repèrés par l'hélicoptère, l'homme peine , derrière lui une journaliste le suit.Il n'y aura qu'une photo: une photo qui fera le tour du monde: un homme dont le visage hurle de désespoir,tenant serré contre lui ,le corps d'un bébé d'un an environ, mort.
C'est le trop,hospitalisé,sa femme sait qu'elle a perdu son mari ,elle ne retrouvera plus le père de ses 3 enfants.
Il est détruit , une mission ,oui ,mais une de trop!.
3ème tableau : La femme
Tout la journée, cette photo la hantera,elle pleurera toute la journée .Irritable, elle supportera difficilement sa petite fille et son ado récupérés à la sortie d'école.Reprendre les choses courantes comme faire le souper du soir sera une dure épreuve pour elle,et loin de trouver du réconfort auprès de son mari le soir ,elle s'éloignera de lui: 2 points de vue différents : elle sait que l'on peut arrêter cela elle crache sur l'égoïsme des gens et son mari lui dira la même chose en se réfugiant hypocritement auprès de ses enfants dans son petit confort de vie ,en répétant : Que pouvons - nous y faire ,et là j'arrive au 4ème tableau :L'autre homme,nous supposons que l'homme décrit est le président d'un pays ,peut-être du nôtre ?.Il a une conférence de presse,et l'auteure analyse ses réactions avec de nombreux retours en arrière le concernant.Mais il lui faut ,il lui faudra parler de la photo,de cette photo.
Un livre dur,cinglant,qui me suivra longtemps ,je n'en sors pas indemne ! Un style tranchant,sans fioritures ,c'est du brut dans toute l'horreur des descriptions ,d'où mon étonnement du peu de retombées sur ce roman.
Je vous invite à lire ce livre d'une auteure dans la lignée de Jeanne Bénameur avec un peu plus de dureté , l'écriture de Jeanne Bénameur étant plus enrobée,plus suave.⭐⭐⭐⭐⭐

Critique rédigée sur la musique de: Zbigniew Preisner: Diaries of Hope,From the Abyss,featurig Lisa Gerrard and Archie Buchanan.
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.Sur un sujet que nous imaginons connaître, ce livre renouvelle notre perception du sort des
migrants en nous plaçant au plus profond des sensations et des sentiments de personnages de plus en plus inattendus. L'épisode initial se propage par ondes concentriques :
Le point de départ c'est le cri d'un bébé, né au coeur de la guerre et qui réagit à un
ensemble de signaux de manière instinctive. Puis on découvre le patrouilleur, l'homme
dont c'est le quotidien de ramasser les cadavres sur les plages .Dans une 3ème partie, c'est
le spectateur qui, face aux tragiques images d'actualité réagit avec empathie mais se
retranche derrière un sentiment d'impuissance, « Qu'est-ce-que j'y peux ? »
Et au bout de cette chaine c'est l'homme politique, qui serait en mesure d'agir et qui choisit
de ne pas le faire, "On ne peut pas accueillir toute la misère du monde"
Ce roman qui nous interpelle sur notre rapport aux autres a aussi capté l'attention de Sébastien
Nadot (député de la 10eme circonscription de la Haute-Garonne et président de la
commission d'enquête parlementaire sur les migrants) qui cite ce livre dans le
le récent rapport à l'Assemblée Nationale.
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Une belle capacité à décrire des états moraux en les reliants à des états physiques, avec un grand souci du détail et dans un style précis et acéré. Une contribution sensible et intelligente à la question des réfugiés passant par la Méditerranée. Une forme originale, hybride, entre roman et recueil de nouvelles.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Quand elle a pénétré dans la pièce, le dégoût dominait.Pas l'amour,ni la peine,ni même l'empathie.L'écoeurement.La nausée. Sa saveur acide parasitant sa bouche.Elle s'est assise sur la chaise en plastique rangée contre le mur,et dans un premier temps ,ne s'est pas approchée. Elle le voyait très bien de là où belle était. Et même sans examiner ses traits ,elle aurait su.Parce que comme la moitié du monde ,elle a vu la photographie.Elle a vu l'homme ,cet homme qu'elle ne peut plus appeler son mari,pas pour le moment,elle a vu l'homme brisé,le visage ravagé de douleur,et elle a su que cette douleur -là laisserait des cicatrices.Visibles de loin,ces sortes de zébrures.Plis nouveaux apparus dans la peau,plis qui rident la surface de l'homme,comme s'il s'était vidé de sa substance,qu'une part de lui-même avait été mangé ,là-bas sur les rochers.Oui,le visage s' est émacié l'homme a maigri,comment est-ce possible ,de fondre ainsi ,en quelques heures à peine? La douleur l'a consumé. Un feu intérieur qui a rongé ses os ,ses muscles ,et qui insidieusement ,s'attaque maintenant à sa peau.
La femme à vu cela et à conservé ses distances,assise sur cette chaise en plastique,raide et immobile,présente,contrainte d'être là, et pourtant si lointaine,volontairement absente.Trop, simplement trop.
Pas voulu cette vie,jamais souhaité qu'il aille faire ce qu'il fait ,qu'il ramasse des noyés,que cela le détruise.
Cette photographie.
Elle n'y a pas cru quand on lui a montré l'image.Pas cru la monstruosité, et pendant un moment,son esprit à refusé d'assimiler l'identité de l'homme qui tenait le bébé contre lui.Elle voyait son mari,elle le voyait,mais la compréhension ne se faisait pas complètement, l'information butait quelque part dans sa tête, maintenue à l'écart ,comme pour se protéger.Puis elle a admis. Elle s'est habillée à la hâte, à quitté ses amies,s'est réfugiée chez elle.Il a fallu plusieurs heures pour trouver le courage de parler à sa soeur qui l'appelait toutes les dix minutes,et même au téléphone, les mots ne sortaient pas.
L'image à déjà fait le tour du monde.
Le monde entier a vu l'homme au visage tordu,les yeux rentrés dans la tête, la bouche grande ouverte sur un chagrin sans fin.Le monde entier a compris que cet homme a sombré du côté des absents, à moitié mort déjà. (Page 102/ 103).
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Photo brandie,et l'homme est soudain pris de vertige,un vertige du ventre une rage existentielle,celle qui donne envie de jeter son assiette à la gueule des racistes égoïstes assis sur leur confort,jardinière, bourguignon,tropézienne pleine de crème, celle de l'exécration de la honte de ce que nous sommes ,représentons ,une rage schizophrène comme ce monde névrosé,devant son impuissance,sa propre impuissance,qu'il va finir par embrasser dans un baiser funeste en prononçant la phrase.Qu'il était aisé d'en prendre le contre- pied quand il était adolescent,de charger sa poitrine d'une révolte sourde,de claquer la porte de sa chambre et de la ravager.Il va l'employer la formule,il va la dire,la bête griffue s'accroche ,arrache l'intestin ,commence à le manger.Le poncif,le cliché, déjà expulsé par tant de bouches,il va le radoter lui aussi,apportez-moi une soupe,apportez-moi du pain ou une salade de chou,que je la crache au moins ,que je l'accompagne d'un jet de salive colorée par des aliments mal mâchés, que je la dise mais d'une façon si immonde,si simplement immonde ,que paradoxalement, on puisse me pardonner. Que je les dégoûte tous comme ils me dégoûtaient.Qu'ils veuillent me vomir.Alors quand enfin vient le moment d'ouvrir la bouche et de prononcer la sentence fatidique, l'homme se raidit,redresse son menton,plante ses yeux dans ceux,hésitants,de la femme-carotte et de la manière la plus ferme qui soit,scelle en une triste phrase le sort de milliers d'autres gens:
-- On ne peut pas accueillir toute la misère du monde ( Page 201/202).
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La femme ne dort pas.Elle est allongée sous la toile de tente près du bébé assoupi,et pour la énième fois ,elle rejoue dans sa tête la suite du parcours .Ce qu'il faudra faire lorsque ce sera l'heure ,se lever ,prendre l'enfant ,le rassurer assez ,pour que ,comme la fois précédente ,il conserve son calme,se laisse porter d'un danger à l'autre,puis sortir de ce maigre refuge,quitter de nouveau un semblant d'abri pour aller vers l'inconnu,et accepter de s'en remettre au balancement des vagues.
La femme n'a jamais vu la mer autrement qu'en photo.Elle ne sait pas réellement à quoi s'attendre, si ce n'est à la crainte qui grandit dans son ventre depuis qu'elle s'est couchée.
La peur l'épuise maintenant.( Page 51).
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L'enfant

L'enfant tente de se dresser,les mains en appui sur le mur lézardé.Voilà plusieurs jours qu'il parvient à se déplacer assez pour s'en approcher.Une fois qu'il l'atteint à quatre pattes il plie ses jambes ,s'assied les fesses sur les pieds,bascule son torse vers l'arrière et relève la tête. Ensuite ,il pose ses paumes contre le mur ,et ainsi stabilisé, passe à genoux ,le dos droit,les cuisses dans l'alignement.Sa victoire le ravit.De joie il remue le haut de son corps et se tourne vers sa mère. Assise près de lui à même le sol, elle regarde ailleurs.S'il tombait ,malgré sa main toute proche placée derrière lui comme à la parade,elle ne réagirait pas assez vite pour l'empêcher de se cogner.L'enfant émet un babillage, l'interpelle, mais elle reste immobile,tête baissée,regard absent.( Page11).
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