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Histoires extraordinaires d'un ordinaire commun. Quel est donc cet ordinaire que nous partageons ?
Est ce peut être notre imaginaire que nous projetons en nous, sur nous, en et sur d'autres. Cet ordinaire que nous sublimons, parfois à raison, ou souvent sans raison, ordinaire que nous élevons, et qui nous mène parfois vers ce plus grand qui se rêve en nous , et cela malgré le risque, le danger d'une irrémédiable chute – chute, qui tout bien considéré n'est, chez Bello, jamais une fin.
Fous peut être, martyres parfois, héros perdus dans une autre galaxie...Courageux ? Géniaux ?..stupides ? Mégalomanes ?
Changer le monde….changer le cours des choses ou simplement le suivre.
Ces nouvelles d'Antoine Bello sont drôles, touchantes, pleines de poésies, et percutantes.
Cinq histoires extraordinaires. La nouvelle est un art qui exige la perfection. « Les funambules » en sont un très bel exemple.
Vous aimez les livres d'Italo Calvino ? Alors sans aucun doute, vous aimerez Antoine Bello.

Astrid Shriqui Garain
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N°498– Janvier 2011.

LES FUNAMBULESAntoine Bello– Gallimard.





L'art de la nouvelle est difficile, celui de concocter un recueil qui ait une unité l'est encore davantage. Pour l'auteur, il s'agit de capter l'attention de son lecteur avec des textes assez brefs, une action resserrée avec un minimum de personnages et une fin souvent inattendue. Elle favorise une lecture « d'une traite » censée procurer au lecteur un souvenir plus pérenne que le roman nécessaire plus long. Elle est soit réaliste soit fantastique. de plus, le recueil de ces textes se caractérise, en principe par une unité de ton. Baudelaire fait prévaloir une nouvelle courte à un plus longue précisément pour sauvegarder cet effet.

Est-ce cette préoccupation qui anima l'auteur dans la dernière nouvelle intitulée « l'année Zu » ? Il s'agit de l'histoire d'un romancier dont le premier roman est composé de 6 pages soit 1400 mots. Il y parle d'un jeune garçon qui s'intéresse aux rats de son quartier parisien au point de tenter de percer le secret de leurs dialogues et de devenir lui-même cet animal. Suivent d'autres oeuvres qui ont pour caractéristique de s'inscrire dans « le minimalisme » qui part du principe simple que, puisque la plupart des mots sont galvaudés et donc dévalués, il est plus simple de s'exprimer par des mots rigoureusement pesés, en privilégiant l'ellipse et la ponctuation. Poussant au bout ce raisonnement, Zu pensa qu'il pouvait résumer un roman en un mot, le dernier ! Ainsi, au fur et à mesure des publications, Zu s'attacha-t-il à réduire progressivement le nombre des mots employés, sa dernière nouvelle n'en comptant que 14 et que sa trilogie pouvant être rassemblée en 4 pages !

Que dire de l'histoire de Soltino, ce funambule qui marche rapidement et sans aucune hésitation sur une corde, sans balancier, au mépris du vide et qui n'a de cesse d'améliorer sa précédente performance ? Il dit lui-même que ce qui l'intéresse n'est ni le succès ni l'argent mais d' « aller voir ce qu'il y avait au bout ». Sa quête le mène de plus en plus loin, jusque sur le toit du monde et à la mort.

L'histoire de l'exégète Fiodor Sadanov n'est pas moins étonnante. Il a consacré sa vie à étudier tout ce qui a été écrit autour d'Igor Kribolski [coupures de presse, extraits d'études, de journaux intimes...], joueur de quilles russe de l'ancienne URSS. Si son enfance a été quelque peu perturbée, sa vie a été celle d'un sportif de haut niveau choyé par le régime, celle aussi d'un simple citoyen qui ne voulu jamais s'engager en politique. le commentateur a néanmoins réussi à extraire des écrits de Kribolski, des messages subliminaux de nature contestataire en bouleversant complètement la structures des phrases.



Que penser du sculpteur de mannequins Kreuzer dont la laideur fait peur. C'est pour cela sans doute qu'il poursuit la beauté dans son oeuvre, chacune de ses sculptures étant l'ébauche de la suivante. Toute la longue série des « manikin » commencée en 1938 devra se terminer par le n°100 qui représente le summum de sa démarche artistique et au bout du compte son corps lui-même devient du bois !



Quant à l'histoire qui nous projette en 2058 de ce cosmonaute américain, Jim Mute (au nom prédestiné), qui accepte de faire partie du programme spatial d'exploration de la planète Jupiter tout en sachant pertinemment qu'il n'en reviendra jamais. Dans une société qui a besoin de martyrs, Il se sacrifie pour la grandeur de son pays et les détracteurs de ce projets finissent par se taire.



A travers ces témoignages, Antoine Bello transporte son lecteur dans une sorte de monde parallèle où il est permis de se demander si ces fictions n'ont pas été des réalités tant les références « historiques » sont précises. A l'occasion de ces destins quelque peu hors du commun, l'auteur nous invite à la recherche de la perfection sous toutes ses formes et parfois des plus inattendues. Cette quête fait d'eux des « funambules » qui marchent au-dessus du vide de leur existence. Ils la dépassent, la transcendent, l'oublient pour aller au bout de leur idéal. Il le formule avec ces mots « Arrive un moment où les intérêt d'un astronaute et ceux de son employeur se rejoignent et se confondent. Alors la vie d'un homme devient un paramètre modélisable, en l'occurrence, important, mais non essentiel ».





©Hervé GAUTIER – Janvier 2011.http://hervegautier.e-monsite.com
Lien : http://hervegautier.e-monsit..
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J'apprécie cet auteur, il sait donner vie à des personnages décalés pour lesquels on éprouve de l'intérêt, il a surtout, un regard original sur ses contemporains. Dans ce recueil de « nouvelles » (chaque récit est un peu plus long qu'une nouvelle habituelle) nous sommes pris par le destin extraordinaire d'êtres épris de perfection. Mais à travers eux on s'amuse du regard caustique de l'auteur sur notre monde. Si j'ai aimé la mise en place des récits j'ai, à chaque fois, été déçue, par la chute. Or c'est souvent la chute qui fait la saveur des nouvelles. Ça tombe un peu à plat
Lien : http://luocine.over-blog.com..
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Il y a de vraies pépites dans ce recueil.
Des nouvelles très originales par un futur très bon romancier (comme quoi, commencer par des nouvelles semble être une formation).
Des idées neuves, un style déjà formé, un vrai auteur dans le sens indépendant du terme.
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Il s'agit du premier livre publié par Antoine Bello. Recueil de nouvelles on retrouve les prémices de ce qui nourrira ses futurs romans : distordre la réalité et la poussée à l'absurde, la poésie, le rêve; raconter une histoire au travers de compte rendu, de rapports, d'interviews, d'extraits d'article.
Chaque histoire de ce recueil relate une quête d'absolu, l'ultime perfection pour le sculpteur de mannequin, le ciel et les nuages pour le funambule, le silence et la solitude pour l'astronaute, la pensée cachée pour l'exégète et l'écriture minimale pour l'écrivain.
Au travers de ces personnages et des situations extraordinaires, étranges et absurdes, Bello nous dévoile l'une des facettes de l'homme: toujours chercher plus loin, pousser les limites; une quête permanente qui a permis les grandes avancées de l'humanité.
J'ai apprécié tout particulièrement la nouvelle Go Ganymède. On lit les divers articles qui constituent une lettre d'information annuelle d'une association supportant le voyage vers Jupiter de l'astronaute Jim Mute. Au travers de ces articles on suit l'histoire de Jim Mute, sa préparation, son voyage sans retour et la disparition dans le silence absolu. le nom de l'astronaute est d'ailleurs une indication : Mute veut dire muet en anglais. En quelques pages, Bello nous donne à réfléchir sur plein de thèmes : le progrès justifie t-il le sacrifice d'un homme? Que sait-on de la solitude et du silence?Très beau texte.
Antoine Bello montre tout son art de l'écriture pour rédiger un article, un interview, un rapport administratif, des extraits de revue... bref des changements incessants de styles, des éclairages qui varient permettant de raconter et découvrir des hommes et leur quête.
Très bon recueil de nouvelles qui donne une très bonne introduction au monde de Antoine Bello et de ses deux livres à lire : Eloge de la pièce manquante, et les Falsificateurs, même si pour ce dernier la suite du roman (Les Eclaireurs) est nettement moins bon.
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Des nouvelle assez inégales. certaines sont palpitantes et les personnages vraiment prenants, et d'autres au contraire n'ont pas su m'intéresser plus que cela. Dans l'ensemble c'est tout de même une lecture agréable et fluide qui permet de s'évader un peu .
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5 nouvelles, comme autant de brouillons pour les premiers romans de Antoine Bello.
5 destins marqués par la recherche de la perfection, de l'absolu dans ce qu'elle peut avoir de plus pur (la recherche obsessionnelle de l'épure de Zu) au plus absurde (la recherche d'un message subversif caché dans les écrits d'un champion de quille)
Bello y expérimente sa manière de distordre la chronologie, multipliant les allers-retours, les points de vue, les documents fictifs... Bello aime les puzzles, jusqu'à le prendre comme prétexte de son premier roman (éloge de la pièce manquante), mais il ne faut pas oublier qu'un puzzle est aussi une énigme. Il s'en cache toujours une dans ses textes.
Ces nouvelles apparaissent comme des brouillons, mais elles sont déjà très abouties, et représentent une bonne introduction à son oeuvre (et son excellent diptyque éclaireurs/falsificateurs)
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On l'oublie trop souvent, Bello a commencé par un recueil de nouvelles. Et quelles nouvelles ! Les cinq héros préfigurent Mateo, le footballeur à la recherche d'une perfection inaccessible. Formidable !
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Ce petit ouvrage est un recuel de courtes nouvelles. Autant j'apprécie beaucoup le dynamisme de l'écriture d'Antoine Bello autant j'ai été très déçu par cette succession de nouvelles relativement creuses. Seule "Soltino" qui se rapproche quelque peu de l'univers fabuleux du "Mr Vertigo" de Paul Auster vaut le détour. Les histoires ne sont pas abouties et jamais finies. C'est probablement un choix mais entre la rédaction courte (ce sont des nouvelles) et une absence de fin ... cet ouvrage présente assez peu d'intérêt.
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