Yvonne vit seule, les années ont mis du gris dans ses cheveux mais pas rempli l'espace intérieur où naissent les émotions, les joies, les douleurs, les larmes. le temps a passé et laissé ses empreintes : la solitude, l'absence d'un sourire, son corps sec et ses mains qui rangent et gardent l'espace propre. Yvonne traverse les espaces et rêve, seule avec les dépliants des agences de voyage, images pleines... vides.
Une autre vie croise la sienne, une autre vie solitaire, nomade, sans attaches. Deux solitudes, deux silences et un livre. Yvonne ne lit pas mais lit pour le jeune homme, le temps s'ouvre, le vide se remplit, il devient léger, et ses mains portent le livre d'où sortent les mots en offrande. Ses mains deviennent sens, ses mains tiennent, pour offrir, pour s'ouvrir. Geste fragile, geste fort, un fil est né celui qui tisse et garde ensemble chaleur, sourire, silence celui qui dit sans dire, qui offre les mains vides, très pleines et libres.
La plume exquise de
Jeanne Benameur raconte dans un roman-poème de moins de 200 pages, le geste simple, inaperçu, d'une rare charge émotionnelle, sobre et pudique, délicate, le geste invisible, très
présent, celui qui donne et reçoit l'essentiel.
Merci à Magali pour m'avoir fait découvrir cette plume d'une grande poésie et musicalité, d'une sensibilité à fleur de peau.