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sur 575 notes
Etienne est enfin de retour après avoir été captif pendant plusieurs mois. Comment se reconstruire après ce manque de liberté, cette peur qui vous étreint car vous ne savez pas ce que vous allez devenir, enfermé dans une pièce étroite, sans contact. Comment ne pas devenir fou et s'en sortir indemne.

Etienne rentre enfin chez lui. Il y retrouvera Enzo, son meilleur ami d'enfance qui travaille le bois et aime se ressourcer dans les airs, féru de parapente, c'est sa façon à lui de voyager. Sa mère qui ne cesse d'attendre, d'abord son mari qui décèdera en mer et son fils qui part photographier des pays en guerre. Jofranka, qui reçoit les témoignages des femmes maltraitées pendant la guerre et essaient de les convaincre à témoigner devant la Cour internationale de justice à la Haye.

Ils ont grandi et passé leur enfance ensemble. Arriveront-ils à se retrouver ? Irène se fera-t-elle à l'idée que son fils puisse repartir un jour ? Chacun d'entre-eux joue d'un instrument de musique et aime à se retrouver pour jouer ensemble. Cette musique accompagnera leur histoire, histoires intimes. Elle vient rythmer les silences, les secrets, les peines.

Et il y a aussi Emma, qui a quitté Etienne, car elle n'en pouvait plus de l'attendre et le voir repartir pour attendre encore.

Avec beaucoup de pudeur, Jeanne BENAMEUR nous entraîne dans l'âme des personnages, qui se retrouve autour d'Etienne pour se ressourcer dans leur village natal, entourés de forêts.

Bois, forêt, musique… Une très belle écriture et un très beau texte que je ne peux que vous recommander. Il m'accompagnera longtemps.
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Etienne a été otage dans un pays en guerre.
Etienne va être libéré après des mois de captivité. Il rentre, il vole vers un tarmac noir de monde, captif déjà à demi libre, dans ce temps incertain ou le doute et l'espoir se mêlent. Pétrifié.

On est absorbé de suite, dans l'effroi de l'événement, dans la frayeur et l'espérance de l'homme, dans l'attente de ceux qui piétinent en guettant l'avion: une mère, une ancienne compagne et, plus lointains, des amis intimes.

Je me suis donc immergée, portée par ce début prometteur, vivant en procuration la face cachée d'images télévisuelles médiatisées. Montrer la part intime du drame derrière les sourires de façade est une belle idée. Avec Jeanne Benameur, on sait que les ressentis vont être décortiqués, analysés, transcendés et si on aime, on en a pour son compte.
On attend donc la reconstruction, la résilience, une vie qui redémarre, identique ET différente.

Et pourtant...J'ai eu comme un coup de mou en cours de lecture, saturée par tant de bons sentiments et par la prose symphonique de l'auteur. C'est une écriture travaillée, poétique, mais qui sent l'artifice et qui m'a tuée l'émotion par excès. Certaines phrases me sont restées incompréhensibles, trop littéraires. Beaucoup trop de généralités, de clichés appuyés. Si je devais en rajouter, j'ai même eu du mal avec les personnages, plutôt septique face à un ébéniste musicien homme des bois et une avocate de tribunaux internationaux à l'enfance fracturée. Bon casting qui colle au sujet!
Il reste des moments de grâce que j'ai plutôt trouvés dans le décor ( village et forêt de l'enfance), ou dans le contexte de la guerre ( piano dans les ruines ).

Décidément, je ne retrouve pas le plaisir de lecture des Demeurées dans les derniers livres de Jeanne Benameur. Son écriture, très personnelle, s'affirme de plus en plus dans le détail, perdant en sobriété et concision. J'ai un peu de mal...
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Le poids des mots.

Captif. Étienne l'est. L'était. le sera ? Il revient doucement à la vie après une longue période, emprisonné, confiné entre quatre murs par qui exactement, il ne le sait pas. Son métier, photographe de guerre. Captive, sa mère aussi dont les désirs sont enfouis au fond d'elle même et qu'elle a tus pour lui, pour les autres. Les autres comme Jofranka, captive de son passé, petite fille recueillie qui ne sait d'où elle vient, mais qui est au service des femmes martyrisées. Captif aussi, Enzo dont la mère est partie, le laissant seul avec le père, n'osant quitté le village et les repères de son enfance.

Et puis, il y a aussi Emma et tous les autres personnages de ce roman intime dans lequel on entre comme dans l'âme de chacun d'eux. Jeanne Benameur sait choisir les mots. Son écriture sensible nous dit toute la douleur d'Etienne. Son écriture lyrique nous parle de noirceurs et de beautés. C'est beau et fragile à la fois. On lit ce roman comme un murmure. On sent à chaque instant que toute construction peut s'effondrer. Il y a tant de douleur partout. Mais aussi tant de beautés dans le jardin de la mère, dans la nature si proche, dans le bois sculpté par Enzo, dans la musique. Tant de bonheur dans l'amitié et dans l'amour. Alors, oui, peut-être que chacun y puisera ce qu'il cherche et brisera ses propres chaînes.

C'est ma première découverte de Jeanne Benameur et je dois avouer que j'ai été touchée, profondément, par son écriture. Et c'est à vous, Babélionautes, que je dois ce partage. Par vos critiques si souvent élogieuses vous m'avez donné l'envie de plonger dans l'univers de cette auteure. Je vous en remercie. Maintenant j'ai du retard à rattraper, mais quel bonheur de savoir que de belles rencontres sont à venir...
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"Il a de la chance. Il est vivant. Il rentre.
Deux mots qui battent dans ses veines Je rentre !
Depuis qu'il a compris qu'on le libérait, vraiment, il s'est enfoui dans ses deux mots."

Etienne, correspondant de guerre, reporter photographe, a fait le choix d'aller au plus près des conflits et des dangers pour informer en montrant des images fortes. Dans un pays a feu et à sang il a été arrêté brutalement, pris en otage et emprisonné des semaines, des mois, peut-être même plusieurs années. Il a perdu toute notion du temps. Il vient d'apprendre qu'il va être enfin libre, échangé comme une vulgaire marchandise ou somme d'argent. le récit commence par cette libération providentielle, puis par l'arrivée d'Etienne à l'aéroport et les retrouvailles sobres mais chargées d'émotion avec Irène sa mère.

Comment se reconstruire et réapprendre à vivre après tout ce vécu dramatique ? Etienne a choisi de retourner dans le village de son enfance dans la maison maternelle et petit à petit redécouvrir des sensations et des plaisirs tout simples (boire un café, écouter le chant des oiseaux ou le bruissement du ruisseau...) Il va essayer de reprendre ses marques et faire revivre le passé et l'harmonie qu'il formait auprès de ses deux amis de toujours, Enzo "le fils de l'italien" et Jofranka, la petite fille "qui venait de loin". Tous trois se réunissaient pour jouer de la musique ensemble, surtout ce fameux trio de Weber. D'ailleurs c'est cette oeuvre qu'Etienne reconstituait dans sa tête pendant sa captivité et qui lui a permis de ne pas sombrer complètement. Mais Etienne a d'abord besoin de silence et de solitude pour réapprendre à exister et à se réapproprier le monde, même si ce ne sera plus jamais comme avant.

Dans un entretien, Jeanne Benameur explique qu'elle est partie du mot Otage pour écrire ce roman et tenter de répondre à une question qui la taraude depuis longtemps. "Qu'est-ce qui de nous est pris en otage, qu'elle est la part de nous qui ne nous appartient pas et qui a été prise en otage par exemple pendant notre enfance à un moment où l'on n'avait pas les mots pour s'exprimer, où l'on ne pouvait pas encore s'approprier les choses ? Et comment parvenir à la reconquérir ?"

Ici elle met en résonnance le ressenti d'Etienne qui a véritablement connu une terrible prise d'otage et les sentiments et réactions de ses proches, qui, eux, ne l'ont pas vécue directement mais qui a modifié leur vie.

J'ai vraiment beaucoup aimé ce roman de Jeanne Benameur (le premier que je lis). Il est grave, fort, intense. Je l'ai lu lentement pour mieux m'en imprégner. le ton est toujours, juste, les chapitres plutôt courts, l'écriture ciselée, fluide et sobre, sans fioritures. Quant aux mots ils sont précis, puissants, choisis avec détermination. Bref c'est un livre magnifique, dont je recommande vivement la lecture.


#Challenge Riquiqui 2023
#Challenge Solidaire 2023


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« Quand franchit-on le seuil de l'inhumain ? Ceux qui ont tué violé massacré, par quoi leur pensée d'homme était-elle prise en otage? »


Après « Les demeurées », je mourais d'envie de lire le nouveau roman de Jeanne BENAMEUR : « Otages intimes », dont le thème m'intéresse beaucoup.


Il s'agit d'Etienne, reporter de guerre qui a été capturé, retenu en otage puis libéré après négociation entre Etats. le roman commence à sa libération et nous assistons à son retour dans son village auprès de sa mère et de ses deux amis d'enfance. Seules des bribes de souvenirs de sa capture nous éclairent sur ce qui s'est produit là-bas, mais il est clair que ce fut traumatisant. le retour d'Etienne est donc difficile, autant pour lui, qui doit surmonter son traumatisme et décider de continuer son métier ou pas, que pour ses proches qui ne savent comment l'aider ni comment gérer leurs propres angoisses.


« Maintenant il a vécu ce qu'était : ne compter pour rien. Devenir juste une monnaie d'échange entre deux mondes, pendant des mois cela a été sa seule utilité. Il a compris dans sa chair. C'est cela pour des peuples entiers. Il ne pourra jamais oublier. »


Les « Otages intimes », ce sont ces gens, ces faits ou ces idées qui nous retiennent prisonniers sans que l'on s'en rende toujours compte, les parts de captivité en chacun de nous. C'est être prisonnier de soi-même ou de nos proches. Certains ne s'en rendent pas compte ou l'acceptent, d'autres le fuient et cherchent leur liberté dans l'ailleurs, la vie, l'action.


« Combien de vols en parapente pour se sentir libéré ? La peau la cambrure l'élan fou de Jofranka quand elle faisait l'amour, cette force qui émanait d'elle, cet abandon total à la jouissance, toute cette part d'elle, secrète, l'a tenu en otage longtemps et le peut encore. »


Les voyages et le danger sont le quotidien d'Etienne, il veut montrer ce que tout le monde ne voit pas. Pour lui rien n'est trop dur à regarder ; avec son appareil photo pour seule arme, il demeure hors des conflits, montre ce qu'il voit en essayant de ne pas se faire tuer. le recul que lui donne l'écran de son appareil le lui permet. Jusqu'au jour de sa capture, où une scène annihile ses réflexes. D'abord otage de ses bourreaux, il restera longtemps prisonnier des images, des souvenirs gravés dans sa tête et qui le garderont, à leur manière, en otage.


« Voir, c'était son métier. le regard à l'affut et le monde qui s'inscrit sur la rétine. (...) Cette nuit finalement, il pense que l'appareil photo l'a toujours soulagé de la vue. Ce qui était cadré n'était pas vu par son regard nu d'être humain, ne serait plus jamais rappelé à la mémoire de la même façon. Cette femme et les enfants, eux, y ont échappé. Ils sont restés dans son regard. Cette nuit, son regard peut pénétrer sa mémoire. »


Jeanne BENAMEUR raconte, dans ce superbe roman, la difficulté de réadaptation pour lui et pour ses proches et, surtout, les questions et prises de conscience que cette réadaptation réveille en chacun d'eux sur le sens de leurs vies respectives : Pourquoi certaines personnes se sentent obligées de partir malgré le danger quand d'autres ne peuvent le concevoir ? le père d'Etienne était marin, sa mère Irène a donc bien connu la situation de celle qui reste et attend. Etienne a été celui sur qui elle projetait son attention, puis il a fui. Il a été otage, puis à présent de nouveau libre. Pourtant, il se sent toujours plus ou moins prisonnier à l'intérieur. de quoi, de qui ? Asservi un jour, asservi toujours ? Est-ce la peur, la haine, ou quelque chose de plus profond qui l'empêche à présent de reprendre le cours de sa vie?


« Se remettre… non, il ne se remettra pas. On ne peut pas se remettre de ça. Les atrocités vues dans lemonde vous prennent une part de vous. Pour toujours. Alors non, on ne se remet pas. Pour vivre, il faut inventer une nouvelle façon. On ne peut pas juste reprendre sa vie d'avant. Il a connu la peur dans tout son être, la barbarie possible en chacun. Il faut inventer la douceur quand même, la paix quand même, la beauté quand même. Il faut inventer le visage neuf des jours neufs. »


Les « Otages intimes », ce sont donc aussi les questions enfouies au plus profond de nous, dont nous sommes prisonniers parfois sans nous en rendre compte, et qui ressurgissent face à un événement important, pour nous comme pour nos proches.


« Il y a des moments où on comprend soudain toute son histoire, son histoire brinquebalante. Se révèle d'un coup la trame de ce qui nous a faits. Aucune transcendance ne vient nous élever. On mesure qu'on est juste tout entier contenu dans son histoire. Et c'est tout. On n'est pas forcément prêt à cette clarté-là. Mais elle advient, portée par les jours obscurs. Par la réflexion humble à laquelle nous nous sommes soumis au fil des ans. »


Ici Etienne doit trouver comment réapprendre à vivre libre après cette expérience : Surmonter ses peurs mais surtout son dégoût de l'être humain devant les horreurs dont l'humanité, à laquelle il appartient, est capable. Pourra-t-il repartir sur le terrain ?


« Et lui, est-ce qu'il fait encore partie des hommes, pleinement ? C'est ça aussi qu'il n'arrive à retrouver. le désir. Regarder la cime des arbres, oublier ce qui l'a mis plus bas que terre.

Croire. Croire encore. En l'homme. En quelque chose de bon dans cette humanité. Il fait partie. Il fait partie et il a appris, par le corps et par l'esprit qu'il faisait complètement partie. Oui le monde peut être cette tuerie sans nom. Oui les hommes peuvent être des barbares. Tous. Chacun. Lui aussi. C'est ça être humain ? Comment faire partie de tout son être ? le désir il est là, tombé dans le gouffre face à l'horreur. Perdu. »


Sa résilience fait comprendre à Etienne qu'il est de ceux qui vivent leur vie dans le mouvement ; Il ne comprend pas les gens qui attendent son retour pour recommencer à respirer et vivre, comme sa femme et sa mère.


« On ne peut pas rester les mains propres devant le monde. Si on oeuvre, où qu'on soit, on se salit les mains. C'est comme ça. Il a accepté. Etre vivant au monde c'est ça. Les contemplatifs peuvent rester, loin, ailleurs, dans un monde que le chaos n'atteint pas. Lui il ne peut pas. C'est au coeur des choses vivantes, dans le désarroi, la colère, les bouffées de joie ou d'impuissance qu'il trouve le carburant qui le fait vivre. C'est comme ça. »


Parallèlement, on découvre la vision de la vie qu'ont ses proches à travers leurs passés respectifs, et leurs réflexions. Leurs échanges les amèneront à mieux se comprendre eux-mêmes et mutuellement, ce qui les libèrera un peu plus de leurs incertitudes.


« L'un des deux demande Tu crois au bonheur, toi ? L'autre répond Je crois en ce qui rend vivant... le reste, le bonheur et tout ça... je ne sais pas... Puis l'un des deux encore Il n'y a que la vie. »


*****

De sa plume si particulière mais si naturelle, Jeanne BENAMEUR nous plonge encore une fois au coeur des personnages. Encore une fois, je suis admirative du pouvoir des mots choisis par cette auteure, de sa maîtrise des phrases et des réflexions nous amenant si justement à comprendre et ressentir, ou en tout cas toucher du doigt, les sentiments vécus de l'intérieur par ses personnages.


Cela pose la question du pouvoir et du talent de l'auteur en général : Celui de se transposer dans une situation qu'il imagine, son pouvoir d'empathie, sa maîtrise des mots, tout cela pour parvenir à imaginer et à dépeindre, au plus juste ou du moins à ce qu'on imagine être au plus juste, des sentiments qu'il n'a probablement fait qu'approcher et non vécu. Nous faire ressentir cela, c'est tout l'apport de la littérature et c'est ce pour quoi nous aimons lire.


Il y a probablement beaucoup d'écoute, d'observation et de recherche, mais le tout ressort naturellement sous la plume de BENAMEUR, et c'est ce que j'admire et apprécie autant.


Ce roman est très bien structuré car l'introspection de chaque personnage, que provoque le retour d'Etienne et leur envie de l'aider, va tous les libérer à leur manière. Ensemble, ils découvriront que ce qui fait vivre et avancer, c'est l'espoir. de vivre, de jours meilleurs. de contribuer à améliorer ce monde. de vouloir vivre pleinement chaque instant.


« Irène se dit que si l'homme qui l'attendait dans les collines était là aujourd'hui, elle lui dirait oui. le deuil, elle n'en veut plus depuis longtemps. Et s'il est trop tard pour lui dire, il n'est pas trop tard pour qu'elle se le dise, à elle. »


J'ai beaucoup aimé ce roman dont je vous recommande la lecture si vous n'êtes pas allergique à ces plumes à fleur de mots !
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Comment sortir indemne d'un roman de cette force? je ne sais quoi dire ! j'ai été prise en "otage "par la plume de Jeanne Benameur.Je n'ai pas de mots suffisamment forts pour traduire l'émotion que ce roman m'a inspiré.
Etienne, photographe de guerre, a été pris en otage alors qu'il couvrait avec son Leica un conflit armé .Où, pourquoi, comment a t 'il été libéré, moyennant quoi?Peu importe il ressort de cet enfermement libre dans son corps mais il va lui falloir apprendre à se reconstruire. Pour cela il retrouve les rues de son village, sa mère Irène, ses amis Enzo l'ébéniste resté au village et Jofranka la gamine "recueillie à l'âge de 3ans "qui elle est partie au devant de ces femmes victimes dans leurs chairs des violences de tous les conflits.
Mais comment se reconstruire? Chacun n' a t' il pas au fond de lui un territoire caché, enfoui qui ne lui appartient plus. Il faut alors qu'une crise survienne pour "mettre " le doigt sur ce territoire qui a toujours été pris en otage par quelqu'un, quelque chose, un amour, une péripétie de la vie. La survie dépend alors de la libération de nos otages intimes....
Madame Benameur merci
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De retour.

Étienne est de retour après avoir été pris en otage. Dans son village d'enfance, il reprend peu à peu contact avec la réalité.

C'est une magnifique découverte. Je ne connaissais pas cette autrice. Cette lacune est désormais comblée. Outre Étienne, nous suivons d'autres personnages qui lui sont liés. Son retour bouleverse leurs vies à différents degrés.

Le style de l'autrice est très beau. Il n'y a aucun dialogue dans la narration. Nous sommes totalement immergés dans le récit. Les images sont éclatantes, les sensations multiples. Ce roman est un concentré de vie.

Toutefois les thèmes abordés sont très durs. La guerre est le fil conducteur de ce roman. Que ce soit les journalistes otages ou de retour, les femmes premières victimes ou ceux qui tentent de leur rendre justice, le chaos semble à la limite d'éradiquer toute volonté de vivre. Néanmoins, la douceur, la sérénité et l'harmonie reprennent progressivement leur place.

Bref, ce roman est une belle découverte. Je me pencherais sur les autres romans de Jeanne Benameur.
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Prendre un livre de Jeanne Benameur c'est entrer dans l'intimité des êtres, au plus profond de leur corps, dans leur chair.

Cette fois, il s'agit d'un photographe de guerre, qui a été pris en otage, et qui vient d'être libéré. Comment vit-il son retour à la vie normale ?

Petite citation, extraite de la page 187 :

« C'est un livre aux phrases courtes, simples. Et Enzo se disait que cet homme travaillait les mots comme lui, le bois. Il devait les sentir d'abord, savoir bien d'où ils venaient, suivre leur trajet à l'intérieur de lui-même avant de les écrire sur le papier. »

Je pense que Jeanne Benameur fait exactement cela pour écrire. Chaque mot est pesé, chaque mot est à sa place, et les courtes phrases nous enveloppent comme si elles faisaient des kilomètres. de grandes couvertures chaudes, épaisses qui nous apportent chaleur et émotion. Phrases brèves mais qui font écho à tant de choses profondément enfouies qu'elles résonnent longtemps.

On lit trois lignes et les images surgissent immédiatement. La petite musique se fait entendre. On sait qu'on lit du Jeanne Benameur. On reconnaît la respiration de ses mots. Quelques lettres sur le papier et des grosses bouffées de vie.

Que dire de ce roman-là ? Qu'il est dans la veine de tous les autres, qu'il va loin, que ses mots nous pénètrent sans effort, que nos yeux sont souvent humides.

Jeanne Benameur c'est l'art de la suggestion et de l'introspection. Pas facile de suggérer l'intime ! Et pourtant, quelle réussite !
Lien : https://krolfranca.wordpress..
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Étienne, photographe de guerre, a été kidnappé pour servir d'objet d'échange. L'auteur aborde dans ce livre les traumatismes de la guerre, les dégâts de la violence et de l'enfermement avec lesquels on doit vivre, après. L'évocation du confinement, par des phrases courtes, ciselées est telle que j'ai dû suspendre ma lecture plusieurs fois pour sortir de l'angoisse et de l'étouffement. Étienne choisit de renouer avec son enfance pour revenir au monde, à la vie. Il ne sait pas que par sa quête il va, comme par miroir, faire émerger chez sa mère et ses amis leur part à eux, d'otage. Chacun va y faire face, va dénouer le fil pour se réapproprier cette part et devenir enfin entier et libre.
Chaque lecteur est interpelé par cette question « quelle est la part d'otage en chacun de nous ? » et le processus de libération va s'étendre loin au-delà des seuls personnages de ce livre. Il en est d'ailleurs question aussi dans ce livre dans le récit de ces vies croisées. C'est un beau cadeau que nous fait Jeanne BENAMEUR, car il conduit à la vie pleinement vécue si nous acceptons de faire le chemin.
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Être otage, c'est être une monnaie d'échange.
Être otage, c'est être privé de liberté pour la valeur que l'on représente.
Être otage, c'est aussi être prisonnier de ses émotions, de ses valeurs.
Étienne est photo reporter de guerre. Il a vu le sang et les larmes, il a côtoyé la mort, il a été témoin des mille souffrances des civils victimes de la barbarie.
Avec beaucoup de pudeur et de poésie, Jeanne Benameur nous raconte le retour à la liberté d'Étienne, otage détenu pendant plusieurs mois. S'il retrouve sa liberté d'aller et venir, il ne ressent pas la liberté d'être.
C'est dans son village natal, près de sa mère et de ses amis d'enfance, qu'il va franchir la barrière mentale qui l'a toujours empêché d'être lui-même, otage de ses sentiments, de son respect des conventions.
Par petites touches, dans une profondeur émotionnelle qui submerge le lecteur, l'autrice écrit dans le respect de ses personnages, leur porte une tendresse infinie. Elle les mène vers l'éblouissement de la vie lorsque l'on a rompu ses chaînes.
C'est de toute beauté.
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