Livre témoignage puissant et laissant place à une réalité souvent dur à accepter.
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Sans me prendre pour un savant, avec la simplicité de ma foi, je ne me reconnais pas du tout dans la lecture que certains font de l’islam et de son livre sacré, le Coran. Ils parlent de guerre, et j’y vois la paix, la compassion. Ils parlent de colère, de rage, et j’y vois la douceur.
L’injustice, en tout cas, l’excès de la punition ont eu ce curieux effet sur moi : je me rends encore mieux compte que le monde est plus compliqué que ce que j’aurais pu croire.
Moi qui n’étais pas violent, qui n’avais jamais volé ni blessé qui que ce soit, j’ai été confronté à un univers d’une violence extrême : celui du camp, où, sans connaître les projets précis qui se tramaient, j’ai ressenti la folie d’un petit groupe d’hommes prêts à tuer au nom de l’islam ; celui de Kandahar, puis de Guantánamo, univers hors la loi, organisé pour détruire mentalement ceux qui sont tombés, coupables et innocents mélangés, sans possibilité de recours. Cette violence aurait pu me rendre violent à mon tour ; c’est tout le contraire qui s’est produit. Elle m’a mis l’esprit de paix au cœur. Elle m’a fait comprendre, très profondément, au-delà de l’instinct, que ce n’était pas mon chemin.
Il y a des jours où j’aimerais penser que c’est ça, ma vie. Une vie normale, banale, ressemblant à des millions d’autres, avec son lot de petits ennuis et de petits bonheurs.
Mais le soir, quand je vais me coucher, après la prière, je ne peux pas m’empêcher de regarder en arrière. Ça me revient par éclairs, des images comme dans un film, comme dans dix films, et c’est moi le « héros », même si je ne me sens pas très héroïque : plutôt le type qui a fait une erreur et qui a déclenché un engrenage invraisemblable.
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