J'ai vu cette pièce au théâtre, à Paris, il y a quelques années. Elle m'avait assez plu pour que j'en trouve le texte aussitôt après. le plaisir, à la relecture, est toujours là.
L'idée d'imaginer ce qu'ont pu se dire
Churchill et
De Gaulle pendant les 48 heures qui ont précédé le débarquement du 6 juin, en ajoutant au contexte de l'époque, une prescience quasi divinatoire des deux grands hommes sur l'avenir de chacun de leurs pays, du monde, et sur le leur propre, est jubilatoire.
De Gaulle accuse
Churchill de mettre ses pas dans ceux des Américains qui tiennent les Français pour quantité négligeable et veulent les écarter des opérations du Débarquement ;
Churchill reproche à
De Gaulle sa raideur, son intransigeance et sa mégalomanie. Entre les deux, tentant d'arrondir les angles et de sauvegarder la relation, Anthony Eden, ministre des Affaires étrangères, et Pierre Viénot, ambassadeur de la France libre à Londres.
S'exaspérant mutuellement, encore plus qu'ils ne s'admirent,
Churchill et
De Gaulle ne peuvent avoir que des échanges vifs, parfois acerbes et emportés, à la couleur de chacun des personnages.
Churchill en kimono, cigare et verre de whisky en main,
De Gaulle coincé, austère, « grand dindon » comme le qualifie l'Anglais...
Sous les façades presque caricaturales que l'on connaît des deux grands hommes, l'auteur fait affleurer des pudeurs, des lucidités, des chagrins, d'autant plus émouvants qu'aucun des deux, et surtout pas
De Gaulle, ne souhaitent s'y attarder.
Face à face de deux personnages qui « incarnent à eux deux l'essence même du pouvoir » mais qui sans « la part de hasard qui a fait leur destin » seraient devenus l'un « bibliothécaire de province et l'autre peintre du dimanche », ainsi que le note l'auteur dans sa préface.