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Les Editions de Paris (01/08/1949)
4.25/5   2 notes
Résumé :
Second volume de ses souvenirs, Henri Béraud raconte avec humour et détachement ses débuts dans la vie active. Proche des milieux artistiques lyonnais, peintres, acteurs et poètes, il est déjà armé pour la polémique. Ce livre se termine la veille de la Grande Guerre. "C'est la guerre! Il y eut un très long silence, que rompit la voie sépulcrale de Godien: Ah! Dit-il nous étions si heureux!"
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Un livre que j'avais trouvé en brocante pour quelques centimes d'euros dans son édition originale des Editions de France . Certains babeliens , peut-être , vont trouver que j'aurais pu m'abstenir de l'acheter et surtout de le lire et d'en donner une "critique" sur le site. Il est avéré que Henri Béraud a été un collaborationniste notoire , antisémite, anglophobe, souhaitant la victoire de l'Allemagne. Il a été condamné en deux jours à la peine capitale, gracié, puis relégué en l'Ile de Ré. Bref c'est un maudit. Autant le docteur Destouches trouve grâce aux yeux des Torquemada en pantoufles pour son "génie" , mot javellisé qui lave plus blanc que blanc toutes les infamies proférées à l'encontre des Juifs, autant les petites mains de la littérature collaborationniste ( et il y en eu beaucoup..) doivent à jamais croupir dans le purgatoire des Lettres. Je ferai simplement remarquer que dans ce livre de souvenirs écrit en 1940 le mot "juif" n'est prononcé qu'une seule fois , et sans aucune connotation péjorative. J'ai lu il y a deux mois la Foire aux vanités de Thackeray où les piques contre les juifs abondent. Oui mais "il faut se replacer dans le contexte de l'époque"..... me diront les bonnes âmes. Eh bien c'est exactement ce que j'ai fait à propos de Béraud . Henri Béraud vient de la gauche, a travaillé au Canard, à l'Oeuvre, journaux classés à gauche. Ce n'était pas un "intellectuel" au sens commun, son père était boulanger, il a fait mille petits boulots avant d'intégrer Gringoire et de distiller son poison antisémite. le contexte, le contexte....
Mais peut-être serait-il temps de se recentrer sur ce beau livre de souvenirs que Béraud écrivit en 40 , au temps de la débâcle et des 40 millions de pétainistes. Que voulez-vous je déteste les amalgames et la non-connaissance de l'Histoire n'a pas comme conséquence de la faire se répéter mais de faire gober aux gogos des vessies pour des lanternes.
"Qu'as-tu fait de sa jeunesse" (beau titre ! ) est un livre mélancolique. En 1940 Béraud avait 55 ans et se sentait vieux. L'écroulement de la France le rendait malade. Il se penche sur "son passé" comme avait dit un autre écrivain de cette époque. Il faut se replacer dans le contexte (encore ! ). Né en 1885 son enfance et son adolescence se déroulent à Lyon dans cette époque fin de siècle ou les anarchistes tiennent le haut du pavé. La République est établie depuis 1875 mais les classes sociales perdurent. le fils Béraud ne veut pas reprendre la boulangerie du père . Alors s'ensuivent de multiples petits boulots . "Un homme se penche sur son passé". Avec nostalgie et mélancolie : - " Nos actes nous suivent, a-t-on dit. Ne serait-il pas aussi vrai de dire qu'ils nous précèdent ? Un souvenir nous demeurait commun : celui d'une amère et précoce expérience. Aucun de ces hommes, que l'on dit arrivés, ne pouvait oublier le départ de la course. Après quarante ans, mille aventures, les guerres, nos deuils, nos luttes, nos vanités, nos brouilles, nos déceptions- et pour finir, le trou creusé d'avance que déjà l'on aperçoit - après tout cela, repassant ensemble sur nos pas depuis longtemps effacés, nous retrouvions intactes les contraintes, les humiliations, les révoltes, et nous entendions les cris même de notre adolescence " .
"Qu'as-tu-fait de ta jeunesse" se clôt sur la déclaration de guerre en août 14. Béraud a 30 ans et il sera comme beaucoup d'autres, mobilisé pour la grande boucherie. Il ne faut jamais oublier cet épisode pour comprendre le "Plus jamais ça " des pacifistes inconditionnels (Giono ! ) à la veille de l'autre grand carnage.

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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Dans la ville de brumes où j'ai grandi, mes parents avaient pour voisin un bonhomme qu'on appelait le père Gidrol.
C'était un de ces petits vieux à bancs, qui finissent de vivre le menton sur une canne en remâchant leurs souvenirs. Le père Gidrol, venu au monde l'année de Wagram allait sur ses quatre-vingt-dix ans.
- Nonante moins trois, disait-il, en secouant des cheveux de père noble.
Assez fier de clopiner encore autour du pâté de maisons, il s'arrêtait de porte en porte et faisait la causette en s'écoutant parler. A l'entendre, il lui était arrivé des choses extraordinaires. Mais pareil à tous les vieux, il ne se rappelait bien que ses jeunes années.
Personne dans le quartier n'écoutait plus les histoires du vieux père Gidrol, excepté mon père, qui dans les veillées campagnardes de son enfance avait pris le goût des traditions orales, et qui payait la goutte à l'ancien pour le faire parler.
Souvent le soir, après souper, Gidrol entrait en voisin dans notre boulangerie. Tandis que le vieux remuait l'humble brocante de son passé, mon père versait à boire en fumant sa pipe. On entendait de loin en loin retomber le marteau d'une porte cochère. Les heures sonnaient. La voix confuse divaguait doucement. J'étais là, sur ma chaise et, plein de fatigue et d'ennui, j'entendais les confidences du père Gidrol, toujours les mêmes, qui dans ma tête d'enfant finissaient par se mêler aux vibrations de l'horloge et aux brouillards du premier sommeil.
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J'avais déniché l'emploi de tout repos : secrétaire de la rédaction d'un quotidien incolore, baptisé La Dépêche, et qui changea deux ou trois fois de nom avant de s'appeler Le Rhône, afin de se noyer dans son propre titre. J'étais, dis-je, secrétaire de la rédaction. Chez nous, cela consiste à ponctuer au crayon -encre les serpentins encore humides du fil spécial. Le sommet de l'art était de donner à ces dernières nouvelles des titres ronflants. Oserai-je dire que j'en fis de mémorables ? Celui-ci par exemple : " Tolstoï n'est pas mort, mais il n'en vaut guère mieux" , ou cet autre : " Les marronniers de la place Bellecour réclament à grands cris un peu d'eau sur leurs pieds pour étancher leur soif". Mais ce fut à l'occasion de Mr Henry Bordeaux que j'atteignis au pinacle. L'auteur des Roquevillard avait fait une conférence à Bordeaux.
Honnêtement, je présentai la nouvelle sous le titre : "Mr Henry Bordeaux chez les Bordelais."
- Trop long, ça n'entre pas, objecta le metteur en page.
-Bon, mettez : " Mr Henri Bordeaux dans la Gironde. "
-Pas clair, bougonna un correcteur.
Ah ! c'est comme ça ? Eh bien ! mettez : "Mr Henri Bordeaux chez lui ".
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