C’est une vérité qu’il ne faut pas se lasser de répéter, que l’homme est un être contradictoire et en conflit avec lui-même. L’homme recherche la liberté, il y aspire sans cesse et de toutes ses forces, et il arrive cependant que non seulement il tombe facilement en esclavage, mais qu’il aime l’esclavage.
En commençant à écrire ce livre, j’ai jeté un coup d’œil en arrière et éprouvé le besoin d’expliquer à moi-même et à d’autres mon itinéraire intellectuel et spirituel, en même temps que de comprendre et de faire comprendre les apparentes contradictions de ma pensée dans le temps. Ce livre parle de l’esclavage et de l’affranchissement de l’homme ; il se rattache en beaucoup de ses parties à la philosophie sociale, mais il contient toute ma conception philosophique, et a pour base la philosophie personnaliste. Il est le fruit d’une longue recherche de la vérité, d’une longue lutte pour la révélation de toutes les valeurs.
L'existence de la personne a pour condition la liberté. C'est la personne qui fait la dignité de l'homme.
Je voudrais, en ce qui me concerne, définir les thèmes fondamentaux, la base essentielle des valeurs qui ont inspiré toute ma vie et toute ma pensée. Ainsi seulement pourrai-je faire ressortir la cohérence interne de ma pensée, ma fidélité à l’invariable dans ce qui varie. La principale contradiction de ma pensée relative à la vie sociale consiste dans la coexistence de deux éléments à l’intérieur de cette pensée : de la conception aristocratique de la personne, de la liberté et de l’activité créatrice d’une part, de l’affirmation de la dignité humaine, du droit à la vie de tous les hommes, jusqu'au dernier, de l’autre. Il s’agit d’un conflit de deux sentiments : attachement à un monde supérieur, aspiration à la hauteur, et pitié pour un monde inférieur, pour un monde qui souffre.
Le caractère, c’est la maîtrise de soi, il résulte de la victoire sur l’asservissement à soi-même, victoire sans laquelle il est impossible de se libérer de l’esclavage dans lequel nous tient le monde ambiant. Le caractère se manifeste avant tout dans l’attitude à l’égard du milieu environnant.
« Il y a plusieurs demeures dans la maison de mon Père », déclare le Christ dans l'évangile de Jean. Si les différentes Églises chrétiennes ont fondé des traditions dissemblables, leur dessein est cependant de s'unir en Dieu.
Retraçant l'aventure oecuménique à travers ses grandes figures, dates et étapes, Antoine Arjakovsky montre comment, par-delà la réunion des baptisés, elle permet d'envisager et d'appréhender la nécessaire convergence entre les croyants du monde entier. Prenant appui sur Nicolas Berdiaev, John Milbank, mais aussi Emmanuel Levinas ou Abdennour Bidar, reprenant l'esprit de rapprochement entre les Églises chrétiennes initié en Europe au XXe siècle et de la rencontre interconfessionnelle d'Assise en 1986, il dessine une voie de conciliation entre chrétiens, juifs, musulmans mais aussi hindouistes et bouddhistes, afin de dégager une conception de l'oecuménisme plus juste, plus vraie, plus paisible et plus respectueuse de l'environnement à l'échelle planétaire. Il y parvient en proposant une science nouvelle fondée sur une métaphysique résolument oecuménique.
Une profession de foi en l'espérance.
Fondateur en 2004 à Lviv, en Ukraine, du premier Institut d'études oecuméniques en ex-URSS, directeur de recherche au Collège des Bernardins, enseignant de science oecuménique à l'Institut chrétiens d'Orient et président de l'Association des philosophes chrétiens, Antoine Arjakovsky est l'auteur, entre autres, de Qu'est-ce que l'orthodoxie ?
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