AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,54

sur 164 notes
5
6 avis
4
7 avis
3
7 avis
2
4 avis
1
4 avis
A peu près au même moment, André Gide, homme de gauche, revenait d'URSS et nous livrait son témoignage puissant, "Retour d'URSS", d'une lucidité étonnante pour l'époque. de son côté, Georges Bernanos, homme de droite vivant aux Baléares, alors conquise par les nationalistes espagnols, nous livre un témoignage implacable de la terreur exercée par les franquistes. André Gide, Georges Bernanos, deux immenses écrivains, deux consciences.
Commenter  J’apprécie          40
Dans cet essai, Georges Bernanos revient sur la situation en Espagne et en Europe dans les années 1930 et les années de guerres. Il a une écriture magnifique avec un style à la fois élégant mais aussi proche des gens. J'ai beaucoup aimé la façon dont il s'interpelle lui-même par la voix de possibles opposants à sa pensée. Cette façon d'écrire donne l'impression de se détacher un peu du sujet abordé, dur, un peu comme si on parlait avec lui dans un contexte amical.
Par contre, il livre sa réflexion sur la société, la politique, la place de l'Église à une certaine époque et pour cela, il fait référence à de nombreuses personnes, lieux, faits, médias qui ne sont pas forcément restés dans la mémoire actuelle, ce qui rend ce texte très difficile à suivre pour quelqu'un qui n'aurait pas une extrême érudition sur ces périodes. C'est pourquoi je ne suis pas allée au bout de ce livre, mais je l'ai quand même poursuivis un bon moment (2/3 du livre lu) pour le plaisir de la langue et du style.
Commenter  J’apprécie          50
Curieux livre : à mi-chemin entre coup de gueule, dossier journalistique d'une revue spécialisée et confession de fin de vie.

Nous sommes en 1937. Mussolini, Hitler et Staline sont au pouvoir. C'est dire si nous sommes en bonne compagnie. Franco, lui, ne se démonte pas pour autant et décide de mener la terrible Guerre d'Espagne.

Tout dans ce livre nous ramène au Tragique de l'Histoire pour reprendre la notion aronienne. Bernanos a 39 lorsqu'il écrit et, comme tous les hommes de ce temps, il vit en polytraumatisé de la Grande guerre. Son souvenir brûlant, ses horreurs, ses mensonges, ses drames tout autant que ses tragédies, ses conséquences irréparables. Tout y est présent à chaque ligne.

Pour tout arranger, Bernanos et sa famille habitent sur l'île de Majorque en 1937, alors que les spadassins de Franco battent la campagne pour éliminer les Républicains qui pourraient s'y cacher. Il assiste aux massacres, aux horreurs d'une guerre civile, une guerre hispanique qui annonce celle qui se déchaînera deux petites années plus tard dans toute l'Europe.

Si nous pensons que nous vivons une époque difficile, il suffit de lire Bernanos

Et voilà que le clergé catholique espagnol prend fait et cause pour le parti franquiste et bénit les escadrons de la mort qui ne s'embarrasseront pas de formalités inutiles pour supprimer tout ce qui ressemble de près ou de loin à un Républicain.

Bernanos dénonce sans hésiter l'impardonnable. Grand croyant et fervent catholique, Bernanos ne sait alors plus que penser, qui croire, qu'espérer et même dire pour les générations à venir. Il assiste impuissant, pour la deuxième fois de sa vie, à un monde qui s'écroule. Sans rien pouvoir y faire.

Ce livre, difficile, courageux, assez confus, par trop ancré dans une époque forcément révolue, en devient difficile et par moments assez indigeste. C'est évidemment dommage.

Car la pensée de Bernanos est à l'évidence une pensée profonde.

Elle subit hélas le sort commun du temps qui passe.
Commenter  J’apprécie          90
Les "grands cimetières", ce sont aussi bien ceux de la guerre de 1914, oubliés par la nouvelle génération assoupie dans les habitudes, que ceux de la guerre d' Espagne. Celle-ci éclata en 1936: Bernanos, qui se trouvait à Majorque, lui fut d'abord favorable. Son fils même combattit quelques temps dans les rangs des nationalistes: les "Grands cimetières" est le premier des ouvrages de déception de Bernanos, il prélude à "Nous autres Français", à "Scandale de la vérité", où l'écrivain instaurera le procès "spirituel" de ses anciens amis politiques de l'école maurrassienne. Si les "tumultes" français ne cessent, au long de ces pages, de préoccuper Bernanos, c'est cependant la tragédie espagnole qui est le thème du livre.
Commenter  J’apprécie          20
"Les grands cimetières sous la lune" possède une ambiance pesante. Celui qui attaque Franco et les hommes de droite qui en France le soutiennent, est loin d'être démocrate. Cet anarchiste est, au fond, un homme d' ordre déçu -qui se rend compte que tout l' "ordre" dont rêvent les modernes n'est qu'un mot, qu'il est radicalement étranger à l' âme de l'ordre: l' amour surnaturel... Des solutions? On doit reconnaître que Bernanos n'en propose guère, si ce n'est un appel, à un "esprit d' enfance" à vrai dire assez mal défini, et qui peut recouvrir aussi bien la plus sincère humilité et la simplicité chrétienne du coeur, qu'une tentation trop humaine de démission de l' intelligence et des nécessaires servitudes de la politique.
Commenter  J’apprécie          00
L'ouvrage tout entier est confus à l'extrême et Bernanos ne semble guère parfois se soucier de la fatigue de ses lecteurs. Mais ce prophète plein de colère a aussi des oasis intimes: il se plaît alors à évoquer des scènes familières, à se rêver "assis à la table de vieux moines ou de jeunes officiers amoureux de leur métier"; ou bien encore il se raconte, avec ses enthousiasmes et ses dégoûts. A certains, ce Bernanos pourra paraître plus vrai, plus humain que le polémiste: mais si ce dernier, surtout dans "Les grands cimetières" paraît se contredire, c'est que seul l'homme concret l'occupe, que c'est lui, le signe de contradiction, qui peut écraser les systèmes et les politiques. C'est d'abord cette fidélité, que Bernanos exalte ici jusqu'à l'exhaustion.
Commenter  J’apprécie          00
C'est un livre à lire, selon moi en plusieurs fois car en une fois il peut se reveler un peu indigeste et lourd. Car tout n'est pas rose comme son titre l'indique et cette plongee dans l'Espagne Franquiste est dure et revele des passages qui peuvent eprouver le lecteur;ais le style classique de l'auteur sauve l'ensemble et nous offre un livre de temoignane, à relire pour se replonger dans une periode sombre de notre histoire.
Commenter  J’apprécie          40
Les gens qui portent ce livre et son auteur aux nues, et qui m'ont donc indirectement incité à le lire l'ont-ils vraiment parcouru avec l'attention qu'il faudrait? le discours constant sur cet ouvrage nous dépeint un Bernanos qui, confronté aux horreurs de la guerre civile espagnole, s'en prend courageusement à son propre camp, lui le royaliste, le catholique, le pamphlétaire d'extrême droite, et qui remet en cause ce à quoi il croyait jusque là, et avec quel talent littéraire et polémiste !
Ce qui est vrai, c'est le courage extraordinaire avec lequel il accepte de "voir ce qu'il voit", pour reprendre la célèbre formule de Péguy, et nous livre une description glaçante de la répression par les franquistes, et de leurs méthodes qui passent par l'élimination systématique d'un nombre considérables d'opposants au pronunciamento, voire de "types simplement suspects de peu d'enthousiasme pour le mouvement". C'est aussi la rage qui le prend au vu du silence impressionnant de la hiérarchie des évêques catholiques, "il est dur de regarder s'avilir sous ses yeux ce qu'on et né pour aimer", dit-il dans l'une de ces formules impressionnantes qui expriment si bien ce que nous avons, nous autres pauvres mortels tant de mal à dire.
Mais, pour autant, il ne remet nullement en cause ses attachements, et surtout ses haines et le mépris qu'il distribue si largement : les juifs, bien sûr, puisque c'est Drumont, à qui il voue une admiration sans borne, qui lui a ouvert les yeux alors qu'il était adolescent, les banquiers, mais c'est la même chose, la classe moyenne, les boutiquiers, les instituteurs de Jules Ferry, les notaires, Poincaré, les maures puants, les nègres (qu'il défend tout de même contre le sort qui leur est fait, on n'est pas à une contradiction près), les communistes, les capitalistes (c'est la même chose, car "le capitalisme est une forme de marxisme" !! comprenne qui pourra) et toutes les sortes d'imbéciles ; la définition constamment reprise de cette catégorie finit d'ailleurs par inclure tant de monde, qu'aucun lecteur conscient de ce qu'il parcourt de ses yeux, comme de ses propres insuffisances, ne peut éviter de se compter dans ce groupe ….
Alors, que remet-il vraiment en cause ? Certes, il s'élève contre les exactions des tentatives de conquêtes coloniales de Mussolini, contre des maux occasionnés par "Monsieur Hitler", (mais, de ce personnage, "on ne peut mépriser la grandeur, qui n'est pas barbare…"), mais sans aucunement, contrairement à ce qu'on entend un peu partout, remettre en question une vision du monde qui, précisément a rendu tout cela possible.
Quant'au talent littéraire d'un auteur qui méprise explicitement celui d'un Anatole France, si l'on consent à ne pas s'arrêter à quelques formules magnifiques d'expressivité, et si l'on met à part sa capacité à vous glacer le sang dans des descriptions pourtant sans pathos des exactions franquistes, il faut bien se résoudre à admettre que l'essentiel de ce livre est constituée par une logorrhée confuse, dont on a du mal à tirer une vision précise de ce que devraient être les institutions de nos démocraties, ce mot qu'il utilise si souvent sans qu'on ne puisse percevoir clairement ce qu'il entend par là.
Bref, qui a vraiment lu "les grands cimetières sous la lune" ?
Commenter  J’apprécie          71
Livre tout a fait accessible malgré un style un peu lourd, répétitif et bourré de références d'époque
Tout d'abord violente diatribe contre les imbéciles contre la petite bourgeoise les intellectuels pontifiants sur tout, la politique le peuple etc. , contre le commerce d'intermédiaires, la politique, l'ordre et l'argent , violente diatribe donc tellement actuelle qu'elle semble parfaitement adaptée à notre époque soit 80 ans plus tard
D'une actualité telle qu'il faut se dépêcher de la lire pendant cette période électorale pour comprendre pour qui on va voter et surtout pourquoi (Tout y est : socialement, politiquement, économiquement, financièrement parlant ( hormis la guerre picrocholine au virus omicron et consorts de notre bon Jupiter et ses compte-rendus quotidiens voire non-stop sur l'ennemi viral )
Ensuite violent pamphlet contre la guerre d'Espagne surtout sur les phalanges fascistes qui commettent des exactions gratuites sur les républicains, sur les incorporations forcées des révolutionnaires fascistes par les curés et les incitations à la tuerie et prêches pour la violence des évêques. La corruption des armées des militaires capables de se vendre au plus offrant et de se retourner contre leurs amis et l'incurie en fait de Franco.
Enfin règlement de compte avec ses détracteurs

Bernanos un homme bien seul, attitude courageuse, pour dénoncer les méthodes expéditives des troupes franquistes C'est bien difficile de renier ce qu'on a adoré et ce sur le moment même c'est à dire en plein conflit et se voir mis à l'index par ses amis
et plébiscité par ses ennemis
On lui sera gré d'être entré dans les détails qui sont précis, factuels et sincères et avoir fait un travail de grand reporter de guerre… civile , d'avoir été, sinon partie prenante, il aurait pu mais à ses risques et périls, le témoin de ce honteux massacre.
Excellent analyse , sans fard, de l'âme humaine de la méthodologie des politiques et cléricaux envers les pauvres les classes du lumpenprolétariat
Bien qu'il affirme haut et fort sa chrétienté et fasse du prosélytisme très conséquent et parfois un peu indigeste il ne ménage pas le clergé, pape compris ni les grenouilles de bénitier
Toutefois Bernanos est partisan de la guerre en bon chrétien et c'est un paradoxe 
Il croit la guerre sainte inévitable car guerre des derniers hommes libres, la guerre des hommes de bonne volonté ce qui relativise grandement ses cris d' orfraie sur les massacres illégitimes dans sa petite île de Palma
Bien qu'il brocarde le « Finissons-en une fois pour toutes ! » dans le fond il y est partisan mais le petit doigt en l'air et pour la « bonne guerre » L'armée pour l'ordre , l'Église pour la morale et le roi pour tous ah la belle argumentation casuistique de l' hypocrisie chrétienne !
Il sait fort bien en outre attaquer ses adversaires temporels en les ciblant du mieux possible tout en niant avoir des griefs contre la Sainte Église l'Institution de Dieu et la Royauté le tout au sens large Les problèmes étant ponctuels et locaux ainsi que le fait de quelques-uns En fait il parle pour lui-même minimisant ainsi sa diatribe et s'en excusant même hypocritement mais c'est un procédé littéraire bien pratique !

Parfois lecture ardue en fonction des faits d'époque relatés ainsi que de personnages plus ou moins célèbres ou pas connus ou il est préférable de se renseigner plutôt que de manquer la compréhension d'un passage cela casse un peu le rythme de la narration mais cela vaut le coup de s'y replonger

Peut-on en conclure que Bernanos fait l'apologie de la paix et la critique de l'ordre et la religion Non non... pas vraiment... il est seulement contre les excès qui nuisent grandement à la réputation de Dieu et il le dit fermement mais dans le fond sans grands risques pour sa santé et celle des siens Il est donc gagnant de tous coté même s'il perd ses amis qui ne le reconnaissent plus : une perte si minime alors qu'il affirme la Vraie Foi Un chrétien royaliste bon teint et moralisateur bien dans ses bottes qui manie avec aisance obséquieuse l'opprobre et pas trop regardant sur le fond… à cause de ses propres oeillères. L' Épisode Palma me semble-t-il, est un méchant prétexte pour régler ses comptes. Opportunisme ? Dommage !
Commenter  J’apprécie          20
« Les grands cimetières sous la lune » a été pour moi une énorme déception. Je m'y attendais à une analyse de la guerre civile de l'Espagne par un des plus grands auteurs français du 20e siècle. J'y ai trouvé une diatribe contre les intellectuels français qui appuyaient Franco de la main d'un écrivain totalement incapable de contrôler sa colère. le fait que Bernanos avait raison sur toute la ligne n'était pas suffisamment pour moi pour lui pardonner l'état lamentable de son texte. Malgré tout ce livre mal organisé et incohérent m'a appris des choses.
Bernanos était très fier d'être connu comme un ultra-catholique et un royaliste qui détestait la démocratie. Ce qui ne pouvait accepter ce que les autres intellectuels de la droite française appuyaient Franco parce qu'il véhiculait les mêmes causes qu'eux. À l'avis de Bernanos les intellectuels auraient dû condamner Franco pour des atrocités de guerre (telles que Bernanos a vu de ses propres yeux pendant 18 mois à Majorque).
Les trois principales cibles de Bernanos étaient : Charles Maurras, Paul Claudel et Léon Daudet. Maurras était un des dirigeants de « L'Action Française » un journal qui parmi bien autres choses étaient anti-Dreyfusard, anti-communiste et pour le régime de Pétain. Paul Claudel écrivait des poèmes à la gloire de Franco. Quant à Léon Daudet (le fils du célèbre Alphonse), il qualifié le mouvement Nazi de « La Seconde Reforme Allemande ». Il faut reconnaitre Bernanos avait des très bonnes raisons pour critiquer ce trio.
Bernanos était conscient du fait que son opposition au fascisme menait éventuellement à une alliance avec les communistes. « Je crois assurément peu désirable une collaboration des catholiques et des communistes » (p. 146). Néanmoins, il a persisté.
La suite des choses après la publication du « Les grands cimetières sous la lune » a été assez prévisible. Maurras, Claudel et Daudet ont tous pour un plus ou moins long temps appuyé le régime Vichyssois. Pour sa part, Bernanos s'est exilé après la chute de la France. Ses deux fils se sont enrôlés dans les Forces françaises libres.
« Les grands cimetières sous la lune » offre la preuve que Georges Bernanos était un homme de principe. Malheureuse il n'ajoute rien à sa gloire littéraire.
Commenter  J’apprécie          10




Lecteurs (636) Voir plus



Quiz Voir plus

Le journal d'un curé de campagne de Georges Bernanos

En quelle année ce roman a-t-il été publié ?

1930
1933
1934
1936

12 questions
18 lecteurs ont répondu
Thème : Georges BernanosCréer un quiz sur ce livre

{* *}