Les histoires sont-elles des mensonges ?
Parce que c'est ce que signifie ce titre,
arrête avec tes mensonges, arrête avec tes histoires, cesse d'imaginer, de fabuler !
2007, Bordeaux, un écrivain renommé, un hall d'hôtel, une silhouette, une histoire qui ressurgit, un mensonge ?
Flashback, 1984, 17 ans, un ado studieux par devoir, un lycée standard, une ruralité ordinaire, une banale banalité si ce n'est un niveau scolaire au au-dessus du commun et une fascination pour un … garçon !
Ce garçon c'est Thomas, un prénom peu commun à l'époque, un garçon taciturne, secret, inabordable et qui laisse libre court à une imagination débordante, à des mensonges ?
Seulement cette attirance semble à sens unique tant ce Thomas ne le remarque pas cet ado studieux, pas attiré par les garçons sûrement.
Ce sont alors des regards à la dérobade vers l'objet du désir, de cet amour inaccessible…stérile ?
Et si la vie était faite aussi de surprises ?
A travers cette première attirance amoureuse,
Philippe Besson se livre dans une autobiographie sincère qui balaiera bien plus que cette seule étape initiatique, il y dresse un tableau sans concession d'une époque (révolue ?), d'un milieu, d'une France rurale où l'on ne parlait pas d'homosexualité et encore moins l'assumait (cela a-t-il tant changé ?)
Des flashbacks imbriqués lui permettent des digressions où sa vision de la ruralité d'alors explose dans toute son authenticité.
Il y parle surtout d'amour mais d'un amour interrompu, brutalement et du manque que cette interruption brutale provoque.
On est dans le souvenir, c'était hier..
Mais ces souvenirs pourraient refaire surface au hasard de la fortuite rencontre avec la silhouette de 2007.
Il y a tentation, envie, crainte.
Les souvenirs resteront au rayon souvenirs.
Puis 2016 surgit comme avait surgi cette silhouette dans le hall de l'hôtel devant l'écrivain célèbre en 2007, c'est une lettre qui en est l'étincelle, une lettre, non, une invitation ou plutôt une convocation.
Une convocation de la réalité, la réalité de cet amour qui s'était brutalement interrompu en 1984 parce que les gens continuent à avoir des histoires même quand on ne les voit plus.
Mais sont-ce des histoires ou des mensonges ?
Mais si ces histoires sont des mensonges, qui ment et à qui ment-on ?
Le dernier chapitre de cette autobiographie confession m'a laissé exsangue. L'enchaînement des révélations finales de ce récit en font une tragédie moderne digne des opéras qui font trembler les murs de la Scala.
Et si ce livre raconte une histoire démarrée sous le sceaux de la promesse d'un secret absolu, son édition, qui pourrait sembler être une trahison inacceptable, permet en fait que prenne fin le plus dramatique des mensonges, celui que l'on se raconte à soi même et qui mène à sa propre perte.
Magistral !
Deux coups de coeur en deux jours et du même auteur, beau mois de lecture.