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3,66

sur 308 notes
J'avais beaucoup aimé Arrête avec tes mensonges de Phiippe Besson. C''etait le premier roman que je lisais de cet auteur et il m'avait donné envie de continuer à le lire.
Là je n'ai pas retrouvé le même plaisir.
Autant j'ai très bien perçu la tristesse et l'abattement de Laura et Samuel, autant leur désespoir m'a complètement échappé, le ton délibérément neutre et clinique de l'auteur m'a tenu à l'écart de leurs sentiments plus forts, et je ne suis pas rentrée dans le récit.
Si on ajoute à cela une fin trop courte et décevante, je dirais que je suis dépitée en fermant ce livre.
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j'ai adoré !!! On m'avait conseillé plusieurs fois Philippe Besson, et j'ai bien compris pourquoi. Une histoire forte en émotions mais sans pathos ni apitoiement, des personnages consistants sans être stéréotypés, une maîtrise du temps et de la progression du roman, même si certaines choses et quelques grandes lignes sont assez prévisibles. L'écriture est simple et fluide, très agréable. Les personnages sont humains, paradoxaux, ordinaires jusque dans leur tragédie intime. Vraiment, je me suis régalée de chaque chapitre, ce roman est une peinture formidable de l'âme humaine face au chagrin indicible, en même temps qu'une fable sur le fil ténu qui fait (ou pas) bifurquer les destins.
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En ce matin d'élection présidentielle, à Los Angeles,, Laura se réveille et s'apprête à vivre sa dernière journée, sa décision étant prise : "Mais cette fois, Laura Parker ne sera pas sauvée : elle a décidé qu'elle serait morte ce soir."
Au même moment, Samuel lui aussi se réveille et se remémore son enfance, encore à moitié dans les brumes du sommeil, et il repense alors à Paul : "Paul est son fils. Cet après-midi, à 14 heures, il doit l'enterrer."

Ce livre est découpé par tranche de deux chapitres, alternant à la fois Laura et Samuel jusqu'à une brève rencontre entre ces deux protagonistes vers la fin de l'histoire, et se déroule sur une seule journée mais qui sera riche en évènements.
L'auteur a choisi de placer son histoire le jour de l'élection de Barack Obama, et alors que pour tous les américains cette journée sera historique, Laura et Samuel restent complètement indifférents à l'effervescence générale, enfermés dans leur drame personnel.
Pour l'une, son suicide programmé pour la fin de la journée, parce qu'après avoir dévoué sa vie à son mari et à ses enfants elle se retrouve aujourd'hui abandonnée de tous, divorcée, et ne réussissant pas à combler le vide de sa vie avec une activité professionnelle.
Pour l'autre, l'enterrement de son fils qui a mis fin à ses jours, à 17 ans, en se pendant dans les toilettes de son lycée.

Au-delà de ce contexte, il ne m'a pas été difficile de m'attacher à ces deux personnages à la dérive, avec comme seul espoir qu'ils finissent par se rencontrer.
Laura est une femme qui a tout donné et tout sacrifié pour son mari et ses enfants, elle n'a jamais exercé une activité professionnelle mais a toujours exercé son métier de femme au foyer consciencieusement : "Elle ne cache pas qu'elle n'a jamais été vraiment autonome. Elle est de ces femmes qui ont laissé le pouvoir aux hommes et se sont trouvées fort dépourvues quand les hommes sont partis."
Aujourd'hui, elle est divorcée, a été mise à la porte par son mari, l'un de ses fils est parti vivre à New-York et l'autre vit de son côté, elle n'a qu'un grand vide dans sa vie et se sent complètement inutile : "Elle est la femme sans histoire, la définition même de la femme sans histoire. Son existence est absolument ordinaire, linéaire, sans aspérités, sans aventures. La destinée n'y a pas sa place."
Si j'en parle autant, c'est que ce personnage m'a marquée et touchée, c'est l'un des portraits féminins les plus forts qu'il m'ait été donné de lire depuis quelques temps.
Cette femme est complètement paumée et vit le drame de nombreuses femmes qui aujourd'hui, après avoir tout sacrifié pour leur famille, se retrouvent du jour au lendemain jetées comme des mal propres.
Elle a beau chercher Laura, se demander ce qu'elle a mal fait ou pas fait, elle n'arrive pas à trouver de réponse à sa question.
Alors pour la seule fois de sa vie, elle va prendre une décision : en finir. Mais même avec sa mort elle pensera encore aux autres, cherchant à leur éviter les soucis et les ennuis, vidant son frigidaire, laissant la maison propre et en ordre, avec comme seul mot d'adieu : "Je n'ai pas eu le choix, pardon."
Comme si, même au seuil de sa mort, elle devait encore se justifier et demander pardon aux autres.
Samuel, quant à lui, est un artiste hippie qui s'est toujours laissé porter par la vie et a surtout fui son Mississippi natal pour devenir une autre personne, maître de son destin.
Il s'est marié un peu parce qu'il le fallait, il a vite divorcé et a été père le week-end, mais sans jamais être mauvais ou incapable ou non présent.
C'est sa nature d'être ainsi, et aujourd'hui il se retrouve à aller enterrer son fils qui s'est suicidé par pendaison suite à une déception amoureuse.
A aucun moment il n'a senti le malaise de son fils, ni perçu sa fragilité, ni lui ni personne. Et aujourd'hui il se sent coupable, il ravive sa douleur en se remémorant des souvenirs, en allant dans la chambre de son fils, en regardant ses affaires.
Désormais, il va devoir continuer à vivre avec cette plaie qui jamais ne se refermera.

Alors oui, ces deux personnages se rencontrent, mais trop tard : "Elle préfère encore le silence, parce que, dans le silence, on peut communier encore, et se comprendre, et se pardonner. Elle préfère le regard, parce qu'avec le regard, elle est capable d'avouer. [...] Et Samuel accepte. Il n'a pas deviné ce qu'elle s'apprête à faire mais consent à la laisser partir, comme ça, sans motif. En revanche, il sait qu'il ne la reverra pas."
Et pourtant, pendant toute ma lecture, je n'ai pu m'empêcher d'espérer que Laura ne mettrait pas son geste à exécution, qu'elle finirait par croiser le chemin de Samuel et que ces deux êtres au fond du trou rebondiraient ensemble pour mieux revenir vers la vie.
Mais voilà, ce n'était pas qu'un roman que j'étais en train de lire, mais également une histoire de la vie de tous les jours, et c'est sans doute l'une des grandes forces de Philippe Besson de réussir à faire de son roman une page de la vie quotidienne de tout à chacun.

J'ai également beaucoup apprécié le décor de l'histoire : la ville de Los Angeles en Californie.
L'auteur en donne une version plus calme, plus lisse et sage que celle à laquelle on aurait pu s'attendre.
Finalement, la vie y est assez calme et routinière, le rêve n'y a pas sa place.
D'un autre côté, c'est une grande ville cosmopolite où tous les genres se rencontrent et s'entrechoquent sans vraiment faire attention aux autres qui les entourent et où personne ne trouve jamais sa place.

Non, ce livre de Philippe Besson n'est pas joyeux, c'est même au contraire un sentiment amer que j'ai ressenti à la fin de ma lecture et une dénonciation dans les règles de notre société actuelle où seul le "moi" compte et où tout le monde vit dans l'indifférence totale des autres.
Mais si je ne devais donner qu'une seule bonne raison de le lire, ce serait celle-ci : avec ce livre, Philippe Besson donne voix au chapitre à ceux qui d'ordinaire en sont privés.
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Une femme, un homme, une journée à Los Angeles.
Pas n'importe quelle journée, le 04 novembre 2008, celle de l'élection d'Obama aux Etats-Unis.
Bon nombre d'américains place bien des espoirs dans cette journée.
Pour Laura Parker, ce jour est bien particulier… Elle a décidée de se donner la mort. Quant à Samuel Jones, le moment est horrible, c'est le jour des obsèques de son fils… Cette femme et cet homme ne voteront pas !
Une suite de courts chapitres rend compte successivement de l'emploi du temps de l'une puis de l'autre. Ils ne se connaissent pas mais, ils vivent, ressentent de manière similaire ou proche divers moments, divers événements. Deux vies en parallèle qui se répondent, qui s'accordent dans la douleur.
Vont-ils à un moment se croiser ? se retrouver ? L'un sauvera-t-il l'autre ? Sans doute, sinon, quel intérêt aurait ce roman ! C'est ce qui m'a tenu tout au long de ma lecture. Besson va-t-il oser an happy end ? Pourquoi pas ? J'aimerais… mais j'en doute …
Quelle facilité dans son écriture à partager le mal-être, le doute, quelle fluidité dans l'enchaînement et l'articulation entre ces deux itinéraires chaotiques, ces lignes de vies brisées, quelle pudeur pour entrer dans l'intimité de Laura, de Samuel et dévoiler l'insaisissable pour faire apparaître les failles qui rendent l'un et l'autre si fragiles.
J'ai fait durer le dernier chapitre de ce récit. Je ne voulais pas savoir…
Je partage largement l'avis de François Busnel qui disait à propos de Philippe Besson : « Sans doute l'un des meilleurs romanciers français surgis au cours de ces dernières années ».
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On ne va pas se le cacher, ce roman est déprimant, profondément triste et mélancolique. En même temps, le titre est évocateur et le résumé ne laisse nulle place au doute…

Le suicide est donc le thème central de cet ouvrage. Avec la mort qui en découle, le deuil à faire, l'incompréhension face à un tel acte, le cheminement qui peut pousser quelqu'un à s'y résoudre… L'auteur se plonge dans la profondeur de la douleur, s'immisce dans les tourments qui submergent nos deux narrateurs, chacun devant faire face à ses propres démons.

Une journée de novembre, deux âmes esseulées. Un roman aux chapitres courts qui alternent les points de vus entre Laura, une femme de 45 ans, mère et divorcée, qui a décidé d'en finir avec sa vie qu'elle juge insipide et sans intérêt et Samuel, un quarantenaire, père et divorcé également, qui vient tragiquement de perdre son fils âgé de seulement 17 ans…

Tout le long de cette triste journée, on les suit en parallèle et tout le long, on espère que le soleil brillera après la pluie. On espère que la rencontre entre Samuel et Laura sera providentielle, sera bénie par la main du Destin… On espère que tout ne soit pas si morne, si terne, si fade, si salement triste et injuste. On espère qu'au delà d'y avoir une bonne raison de se tuer, il y aura une meilleure raison de (sur)vivre...

Tout au long de cette journée, nous sommes plongés dans leurs pensées, nous lisons leur douleur, leur mal-être, leur épuisement, le poids d'une vie, parfois trop lourde à porter, cette solitude qu'ils étreignent. Et comme l'écrit très justement Rupi Kaur dans the sun and her flowers : “l'ironie de la solitude / c'est que nous l'éprouvons tous / en même temps - ensemble”. Et c'est ce que j'ai ressenti tout le long de ma lecture…

J'ai une fois encore apprécié la plume de Philippe Besson, ce don de manier les mots, d'écrire les sentiments, le drame, avec une profondeur abyssale et de dépeindre pourtant cette infinie tristesse de mille couleurs…

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Très mitigée en ce qui concerne ce roman...
L'idée de départ me semblait intéressante et l'écriture de Besson que j'avais tant appréciée précédemment, augurait de bons moments de lecture.
Sauf que...
La plume de Besson n'est peut-être pas celle qui convient le mieux au sujet traité, même si, comme d'habitude, elle excelle à rythmer le texte.
Et elle rythme le texte sans être parvenue toutefois à sensibiliser la lectrice que je suis à l'histoire des personnages.
Laura et Samuel vivent quelque chose d'assez semblable si l'on s'en tient au sentiment de vide qu'ils ressentent l'un et l'autre dans leur vie.
Un vide dont l'origine est bien différente pour l'un et l'autre mais qui, bizarrement leur procure parfois les mëmes sensations.
Dès le départ, un parrallèle est établi qui fait que, de temps en temps, des gestes, des paroles, des sentiments se croisent.
Je n'ai pas été sensibilisée par l'histoire de Laura, même si je peux admettre qu'une femme qui ne s'est pas réalisée ait le sentiment d'ëtre passée à côté de sa vie...
Le drame de Samuel, par contre, a touché la corde sensible de la maman que je suis.
Mais, de nouveau, il y a ce petit truc de loupé dans l'adéquation du style qui m'a donné une sensation de superficiel tout au long du livre.
Et la fin...dommage, cette petite étincelle, qu'on sent bien présente entre les deux protagonnistes et qui manque son coup.
Je n'espérais pas une fin toute rose, ce qui aurait manqué de réalisme, mais leur brève rencontre aurait pu peser un peu plus sur leur destin...même sans le changer.

Pour résumer, j'adore la plume de Besson, mais, cette fois, elle n'a pas suffit a me toucher vraiment..
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La Feuille Volante n° 1135
Une bonne raison de se tuerPhilippe Besson – Juillard.

Novembre à Los Angeles est un peu frais et l'Amérique s'apprête à voter pour Obama. Laura Parker, 45 ans, divorcée, se réveille, solitaire et lointaine, dans cette ville étonnamment calme. Sa tête est vide, ses enfants sont loin et cette journée ne sera pas pour elle semblable aux autres. Samuel Jones, divorcé, est un peintre vaguement hippie, un homme un peu marginal. Il émerge lui aussi, mais son réveil plein de souvenirs ressemble à un retour de cuite, aujourd'hui il va enterrer son fils de 17 ans, Paul, qui s'est suicidé.  Il est un père désormais orphelin même s'il n'y a pas de mot pour exprimer cela. Laura et Samuel sont deux quidams qui, à ce moment du récit, ils ne valent pas mieux l'un que l'autre, lui à cause de son deuil et elle parce qu'elle a décidé de mettre fin à sa vie qui n'a été qu'un échec. L'auteur nous décrit leur dernière journée, presque banale, évoque leur histoire personnelle où la tristesse ordinaire domine et avec elle la certitude de ne pas être à sa place, la culpabilisation, les souvenirs, les questions et l'envie pour Laura de mettre un terme à ce qui est devenu avec le temps un poids insupportable.

L'histoire fictive de ces deux personnages ne me paraît pas si éloignée de la réalité et nous avons tous un avis que la question, forcément forgé en fonction de notre caractère, de notre personnalité ou des événements qui ont jalonné notre parcours. C'est un vaste sujet que celui de la vie que l'auteur choisit de traiter à travers ces deux personnes qui ont en commun un mal-être qu'ils combattent comme ils peuvent : Samuel qui n'a jamais eu de chance et qui vient de perdre son fils unique et Laura qui jette sur son itinéraire personnel un regard désabusé. Tous les deux survivent comme ils le peuvent dans une vie au quotidien, accrochés à leurs souvenirs et à leurs regrets. Tous les deux ont une bonne raison de se tuer, sûrement différente de celle qui a projeté Paul dans la mort. L'auteur évoque leur vie qui se déroule indépendamment l'une de l'autre, ils ne se connaissent pas, finiront par se croiser par hasard mais cette rencontre sera presque muette, impersonnelle et je sais gré à l'auteur d'avoir évité l'épilogue facile auquel peu ou prou le lecteur s'attend, surtout sur fond de liesse populaire électorale, pensez-donc, un noir à la « Maison Blanche », ça ne s'était jamais vu !

Philippe Besson choisit de nous parler de la vie en évitant de nous dire, comme une abondante littérature nous le rappelle à l'envi, qu'elle est belle et qu'elle vaut la peine d'être vécue. Cela, on l'entend tous les jours, comme si elle était un long fleuve tranquille, comme si elle ne nous réservait pas plus d'épreuves que de joies. C'est un poncif, mais face à elle, il y a différentes manières de réagir. Samuel entame sa résilience qui sera longue et douloureuse. Son art l'y aidera peut-être mais il y a fort à parier que ses tableaux en seront les témoins et que « cette belle lumière » qu'il est venu chercher sur la côte ouest prendra des teintes grises et sombres. Laura a une attitude inverse et tente, par le travail et un semblant de lutte quotidienne, d'exorciser ses souvenirs d'avant, quand elle était mariée et avait une famille. Tous les deux sont assaillis par la culpabilisation de n'avoir peut-être pas fait ce qu'il fallait au moment où il le fallait, par les remords , par la malchance qui s'attache à leurs pas depuis le début aussi, mais si la mort de son fils bouleverse Samuel, c'est la décision de Laura pour elle-même qui la perturbe parce qu'on la sent épuisée, entre hésitations et déterminations. Je note que l'auteur n'a pas résisté à s'insinuer dans son propre roman par un clin d'oeil malicieux. Est-ce pour lui la marque d'un solipsisme inévitable ou une manière de donner sa propre réponse à cette question ? Allez savoir !

Il m'a semblé que l'auteur nous invitait aussi à réfléchir sur l'amour, la famille, la vie qu'on donne (ou qu'on impose) aux enfants qui vont naître de l'union d'un homme et d'une femme. Cette vie va couronner ou conforter leur amour, assurer une descendance ou n'être qu'un accident. ; On peut toujours y aller de ses projets, de ses serments, mais les choses changent et parfois la trahison et d'adultère s'insinuent dans les couples et les font éclater. On a certes le droit de refaire sa vie avec quelqu'un d'autre au nom d'une erreur parce que notre liberté nous en fait les propriétaires, mais nous appartient-elle vraiment ? Ce sont les enfants qui paient ce genre de bouleversements, ils en sont durablement ébranlés et leur vie future reste marquée par cette épreuve pour laquelle ils ne sont pas préparés, au point parfois de la reproduire eux-mêmes. Paul a dû être à ce point ravagé par la séparation de ses parents qu'il a voulu briser sa solitude et qu'un échec sentimental lui a paru insurmontable. Samuel et Laura ont connu ce conflit conjugal et ne voient leurs enfants qu'au titre du « droit de visite », c'est à dire en pointillés et cet éclatement, cette vie entre deux foyers, contrairement à ce qu'on voudrait nous faire croire en parlant des « familles recomposées », n'est pas vraiment pour eux un facteur d'équilibre, pas plus d'ailleurs que pour leurs parents restés seuls parce qu'ils ont été abandonnés par leur conjoint. Est-ce là, une bonne raison de se tuer ? Qu'on ne compte pas sur moi pour répondre à cette question mais l'état de déréliction qui résulte de ces situations conduit parfois à l'autodestruction à petit feu par l'alcool ou la drogue, ou au suicide parce que la vie est soudain devenue insupportable, parce que c'est une délivrance et qu'on n'a plus la patience d'attendre, qu'on a le sentiment de ne plus servir à rien ni à personne, qu'on n'a plus le courage de résister...

Je l'ai déjà dit dans cette chronique, mais j'associe souvent Philippe Besson au peintre américain Edward Hopper, comme si aux mots de l'un répondaient les couleurs silencieuses de l'autre ; comme si les personnages qu'ils nous donnent à voir, chacun à leur manière, avaient en commun cette vacuité, cette solitude, cette attente désespérée d'on se sait trop quoi, cette interrogation silencieuse coincée entre un passé trop lourd et un avenir trop incertain, des hommes et des femmes accablés par le chagrin, la détresse ou la souffrance, l'incompréhension, les remords et qui ne parviennent pas à se convaincre que cette vie peut être belle, comme si leurs deux talents donnaient à voir des êtres perdus dans cette société humaine dont on nous dit qu'elle est caractérisée par la vitesse, la communication, l'entraide... Chacun dans leur style ils expriment, pour l'avoir sans doute vécu douloureusement eux-mêmes, ces drames intimes et anonymes du quotidien qui se déroulent dans l'indifférence générale, ces certitudes d'être inutiles pour soi-mêmes et pour les autres, de n'être rien qu'une vie qui ne vaut rien, qu'une somme de jours qu'on peut interrompre parce que cela passera inaperçus et que ce sera une délivrance.

La musique des mots de Besson est à la fois fluide et triste mais elle me parle et j'y suis sensible.  J'ai lu ce roman passionnant et fort bien écrit avec passion et ces courts chapitres montrent bien cette écume des jours et tressent cette ambiance familière d'un quotidien dérisoire et déprimant qui vous broie et vous détruit à petit feu, loin des clichés illusoires d'une vie idéale qui n'existe pas.

© Hervé GAUTIER – Mai 2017. [http://hervegautier.e-monsite.com]
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Avec un titre pareil, j'étais un peu refroidi en imaginant déjà ce que je pourrais y trouver. Sans parler de cette couverture que je trouve affreuse. Tout ça ne me donnait pas trop envie, mais bon, comme en général j'aime bien les romans de Philippe Besson...j'ai décidé de lire son dernier roman paru en janvier dernier...et rapidement mes réserves ont vite disparues...

Le roman se déroule sur une journée pour ces deux personnes au bord du gouffre. Deux solitudes qui vont finir par se rencontrer. Philippe Besson évite le côté larmoyant et pleurnichard, malgré quelques scènes clichées que l'on pardonnera facilement. Il ne cède pas non plus à une fin facile et attendue.

Si ses deux précédents romans m'avaient laissé un peu sur ma faim, Philippe Besson revient avec force. Cette fois-ci, il prend son temps avec ses personnages. Raconter le mal être, souligner les fêlures avec délicatesse et sensibilité, l'écrivain en a fait “sa marque de fabrique”. Ce fut un réel plaisir de retrouver cette écriture si fluide et évidente.

Philippe Besson a ce talent de mettre en mots nos pensées les plus intimes, les détails du quotidien à priori sans importance mais qui sont de véritables révélateurs de nos attitudes et de nos actes.

Au final un roman à ranger, selon moi, parmi les meilleurs de cet auteur (avec Son frère, Un instant d'abandon ou encore Un homme accidentel).
Lien : http://fromtheavenue.blogspo..
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Je n'ai pas éprouvé d'empathie pour une Laura pas vraiment dépressive mais décidée à se tuer, ni pour le Samuel qu'elle croisera finalement 10 pages avant la fin du livre.

Voilà, Besson n'est pas mon truc mais c'est propre, bien écrit!
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Le 4 novembre 2008 en Californie est une journée particulière : Obama va être élu, Samuel assiste à la crémation de son fils Paul 17 ans qui s'est suicidé et Laura, une quadragénaire divorcée décide de mettre fin à ses jours. L'abattement de Samuel croise la résignation de Laura, sur fond de liesse américaine. La journée s'étire, lentement, chaque geste du quotidien est décrit en détail pour laisser le temps aux questions de faire surface. Samuel se demande comment continuer à vivre, combler cette absence, où trouver la force, quelle est sa responsabilité, a-t-il été un bon père, comment a-t-il pu passer à côté de la souffrance de son fils ? Pour Laura, la question est plutôt celle de l'après. Que diront ses fils Arthur et Vincent, va-t-elle leur manquer, lui en voudront-ils ? Et ses amis Julia et Jake, comprendront-ils son geste ?

Samuel et Laura vont se croiser, reconnaître leur souffrance dans un regard. Cette rencontre va-t-elle changer le destin ? Encore une question que Samuel et Laura se posent.

Attention, ce n'est pas un roman écrit par Marc Levy, donc pas de rebondissement à la fin, pas de baiser langoureux et salvateur sous les cris de joie de la foule à l'annonce de l'élection du premier homme de couleur à la tête des Etats-Unis !

Un roman comme je les aime, bien écrit, bien construit, qui se lit avec grand plaisir.
Lien : http://www.levoyagedelola.com
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