Un livre présentant l'entretien d'un Maître avec son disciple sur la façon dont une âme peut accéder à la vision et à l'écoute divines, sur ce qu'est son enfance dans la vie naturelle et surnaturelle, sur la façon dont, sortant de la nature, elle pénètre en Dieu et, sortant de Dieu, revient à la nature de son existence propre, et sur ce que sont sa béatitude et sa perte. Écrit en l'an 1622.
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Le disciple demanda au Maître : Comment puis-je accéder à la vie au-delà des sens, de sorte que je voie Dieu et L’entende parler ?
Et le Maître lui dit : Si tu peux un instant t’élancer en ce lieu que n’habite nulle créature, alors tu entends ce que Dieu dit.
Ce lieu est-il proche, demanda le disciple, est-il lointain ?
Il est en toi, dit le Maître. Et si tu peux une heure durant faire silence de tout ton vouloir et de toute ta pensée, alors tu entendras les paroles inexprimables de Dieu.
Comment puis-je entendre si je me tiens dans le repos du penser et du vouloir ?
Lorsque tu te tiens dans le repos du penser et du vouloir de ton existence propre, alors l’ouïe, la vue et la parole éternelles se manifestent en toi, et Dieu entend et voit par toi. Ta propre ouïe, ton propre vouloir, ta propre vue, voilà ce qui t’empêche de voir et d’entendre Dieu.
Par quel moyen me faut-il entendre et voir Dieu s’Il est au delà de la nature et de la créature ?
Lorsque tu te tais et reposes, alors tu es cela qu’était Dieu avant la nature et avant la créature, cela dont Il a fait ta nature et ta créature.
Alors tu L’entends et Le vois par cela même par quoi Dieu voyait et entendait en toi avant que ne commencent ton propre vouloir, ta propre vue et ta propre ouïe.
Lorsque la volonté s’abandonne à Dieu jusqu’en son fond, elle sort d’elle-même, hors de tout fond et de tout lieu, là où Dieu seul se manifeste, où il opère et veut. Elle se devient ainsi un néant quand à sa volonté propre. Dès lors c’est Dieu qui opère et veut en elle, c’est Dieu qui habite dans sa volonté abandonnée. Entrant dans le repos divin, l’âme s’en trouve sanctifiée.
Lorsque le corps se brise, alors l’âme est pénétrée de l’amour divin et illuminée de la lumière divine, comme le feu embrase le fer jusqu’à lui faire perdre son opacité. C’est la main du Christ, lorsque l’amour de Dieu habite entièrement l’âme de toutes parts et c’est en elle une lumière éclatante et une nouvelle vie.