J'ai déniché ce roman sous la forme numérique dans les oeuvres du domaine public. La version française a été publiée en 1908, les noms d'auteur, de traducteur ne sont pas mentionnés, sinon celui de Buffalo Bill lui-même qui n'a évidemment pas écrit ce livre. Ned Buntline a écrit les premières aventures de Buffalo Bill, et Prentiss Ingraham prit la suite. L'auteur de cette aventure est sans doute ce second, mais rien ne permet de l'affirmer. C'est cette série qui posa les bases du western du cinéma hollywoodien, la réalité est sans doute assez éloignée, et les clichés font déjà leur apparition, les indiens sont justes des sauvages sanguinaires qui n'ont pas peur de mourir au combat, le héros tire bien, est magnanime et généreux, les méchants sont sans foi ni loi… Et surtout, il y a un aspect très kitsch, c'est une dime novels, c'est à dire du roman populaire de l'époque, sans autre prétention que de distraire et de faire rêver, d'aventure, de grands espaces et d'actes héroïques. Tous les personnages ont des noms qui claquent, de bons gros noms de western, qui sentent bon les grands espaces, la poussière, les cavalcades, les bastons, les fusillades et la virilité macho : “Les autres scouts qui composaient la bande hardie étaient : Texas Jack, un ancien éclaireur des Confédérés, Pony Bob, un petit homme plein d'énergie, qui, avec Buffalo Bill, avait fait partie plusieurs années auparavant, des courriers à cheval ou Poney Riders, ce qui lui avait valu son surnom, puis Nebraska Ned, Hank Hutchins, Kansas Kit et Buck Nelson.” Peut-être que Serpent Sam dénote un peu, le traducteur aurait dû laisser le nom anglais, Snake Sam ça en jette une peu plus quand même. Le style est assez lapidaire, beaucoup de dialogues ou d'expositions des faits, avec de temps en temps quelques petit moments de lyrisme poétique, avec une écriture plus travaillée, un vocabulaire plus riche, mais qui tombent souvent dans le ridicule virilisant et théâtral.
Buffalo Bill enquête sur des resquilleurs et chercheurs d'or qui s'aventurent dans les territoires indiens, interdits à cause du risque de provoquer une guerre, il va donc partir dans cette zone à la recherche de ces quelques resquilleurs plus ou moins dangereux. Et tout ça va se conclure par un happy end, forcément.
Psychologie des personnages, ficelles de l'intrigue, c'est du basique, sans la moindre subtilité, par contre pour ce qui est du mythe du western, on nage en plein dedans, l'histoire n'est pas du tout crédible, mais quelle aventure !
À noter que ce court roman a été écrit du vivant de Buffalo Bill, c'était écrit conjointement à la diffusion de son spectacle, sur la couverture figure la mention “Seule édition originale autorisée par le Col. W. F. Cody dit Buffalo Bill”. C'était un moyen de se faire mousser et d'apporter une dimension mythique au personnage, En fait, c'est conçu comme de la publicité pour son spectacle, et ça va servir plus tard le cinéma hollywoodien.
J'avoue, je l'ai lu avec une certaine condescendance, j'ai parfois ri, par moquerie surtout, mais c'est aussi ce qui fait le charme et l'intérêt de cette littérature désuète mais chargée de nostalgie, j'ai revu passer dans ma tête les images en noir et blanc de John Wayne, Henry Fonda, Gary Cooper, Randolph Scott, Alan Ladd... Au final, j'ai passé un bon moment.
Commenter  J’apprécie         230
— Eh bien ! Serpent Sam, vous aurez à combattre, dit Buffalo Bill d’un ton résolu.
Buffalo Bill (1908) - William F. Cody on Horseback - Wild West Show Tour