Le récit passionnant d'une anatomiste chevronnée, cette anthropologue médico-légale reconnue au niveau mondial livre ici ses expériences agrémentées de quelques anecdotes croustillantes et de faits morbides savoureux. Elle emmène le lecteur à l'estomac bien accroché - ce qui n'était pas toujours mon cas - à la découverte du squelette humain. Dans cette exploration méthodique un chapitre est consacré à chaque partie du corps : la tête, le corps, les membres. L'autrice nous explique comment les os se forment avant la naissance, mais aussi et surtout comment ils se déforment, cassent (car les squelettes pour lesquels elle est sollicitée sont rarement indemnes ou intacts) et finissent par témoigner de la vie et de la mort de leur possesseur. Car les souvenirs ne sont pas l'apanage du cerveau, certains se gravent dans notre chairs et nos os. Les avancées technologiques permettent ainsi parfois de résoudre des affaires criminelles vieilles de plusieurs centaines d'années. Celle qui sait "faire parler les os" et qui semble murmurer à l'oreille des cadavres nous offre un témoignage qui séduira profanes comme spécialistes du sujet.
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Les deux premières vertèbres cervicales, situées tout en haut de la colonne, sont aussi intéressantes qu'anatomiquement différentes des autres. La première, C1, consiste quasiment en un cercle. Son nom, "atlas", renvoie au Titan condamné par Zeus à porter la sphère céleste sur ses épaules pour l'éternité. [...]
Un des noms les plus évocateurs jamais donné à une fracture concerne la deuxième vertèbre : il s'agit de la fracture dite "du pendu", dont l'étymologie ne fait aucun doute. (p. 98)
C'est la raison pour laquelle, dans la sentence, il était précisé que le prisonnier condamné serait "pendu par le cou jusqu'à ce que la mort s'ensuive". En effet, la chute du corps n'était pas toujours létale, le scénario le plus courant impliquant suffocation et vasoconstriction jusqu'à l'hypoxie. D'où ma fameuse "danse du pendu", pendant laquelle le condamné se débattait comme un beau diable avant de rendre l'âme au bout de plusieurs minutes. (p. 99)
Dans notre corps, presque tout, qu'il s'agisse des parties molles ou des tissus durs, garde une trace de nos expériences, de nos habitudes, de nos activités. Il suffit d'être capable de mettre la main sur ces preuves et de savoir comment les déchiffrer et les interpréter. (p. 11)