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sur 240 notes
N° 1517 – Décembre 2020

Le répondeurLuc Blanvillain – Quidam éditeur.

Baptiste est un jeune imitateur talentueux mais parfaitement inconnu qu'un célèbre écrivain, Jean Chozène, contacte pour une mission originale. L'homme de Lettres est l'objet, au téléphone de trop de sollicitations de la part de fâcheux et cela l'empêche d'écrire un livre difficile auquel il tient tout particulièrement. Il a donc besoin de calme et propose à Baptiste de répondre à sa place et avec sa voix à tous ses correspondants. L'occasion est trop belle et, à cause d'une situation des plus précaires, lui, le solitaire, accepte, mais pour cela il a besoin de s'approprier le personnage, de connaître son passé, ses passions, ses faiblesses. Ce faisant il passe du statut d'artiste à celui d'imposteur grassement payés, culpabilise légèrement mais s'amuse d'une situation où tout le monde tombe dans le panneau. Il a surtout, et pour la première fois, le sentiment de servir à quelque chose, d'être légitime après tant de mois de galère et de précarité.
Cette situation originale ne peut que porter en elle beaucoup de quiproquos, d'autant qu'il se met à s'intéresser à Elsa, la fille de son « employeur » qui, elle non plus au début, ne voit rien de la supercherie. En réalité l'intrusion de Baptiste dans la vie de l'écrivain, le fait d'être ainsi son porte-voix, a des conséquences inattendues. Prendre ainsi en permanence la place de quelqu'un suppose qu'on se mette soi-même un peu entre parenthèses, qu'on s'efface devant lui au point de gommer sa propre vie. Non seulement, d'avoir endossé le personnage de Chozène fait ressurgir des moments de l' histoire personnelle de Baptiste qu'il croyait enfouis, mais, à son corps défendant, il ravive des braises longtemps étouffées chez l'écrivain ce qui remet les choses à leur vraie place, transformant son rôle initial de truchement en celui d'un confident et même de complice des différents protagonistes, une fois l'ambiguïté levée. Mieux sans doute, il devient un catalyseur, un révélateur, celui qui, sans qu'il en ai conscience, va favoriser l'écriture difficile du roman de Chozène et être, à bien des titres, l'agent d'une véritable renaissance. S'il est un solitaire, sa présence dans l'univers familial et personnel de Chozène suscite des rapprochements, ravive des liens oubliés et tout dérape, y compris pour lui, au point d'avoir des doutes et des interrogations sur lui-même.
Au départ, j'ai débuté ma lecture en me disant que l'idée était originale et portait en elle pas mal de situations cocasses. Pour autant le livre que Chozène souhaite écrire m'a paru une démarche plus intéressante, entre l'angoisse de la page blanche et la difficulté de dire vraiment ce qu'on porte en soi. Pour lui il s'agissait d'évoquer un personnage qui avait marqué sa vie et ainsi faire obstacle à l'oubli, d'évoquer sans doute des faits réels et ainsi de pouvoir s'en débarrasser ou de laisser la place à un imaginaire compensatoire. Cette exploration du passé autant que de l'inconscient mettait en valeur l'effet cathartique de l'écriture.
Toute cette affaire commence par un canular comme il s'en est déjà produit dans le monde littéraire réel, ce qui n'est pas sans entraîner loufoqueries, mensonges et même règlements de compte, le téléphone étant ici un personnage secondaire mais indispensable. Baptiste qui était un solitaire, un artiste doué mais privé de notoriété, donc un homme de l'ombre qui, même s'il joue pendant un temps un rôle peu valorisant, entre de plain pied dans la lumière par le truchement d'Elsa et d'un portrait. Sa vie va en être complètement bouleversée mais cet épisode un peu mouvementé est peut-être sa chance ?.
Le style de Luc Blanvillain est fluide, agréable à lire, poétique parfois.

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Jubilatoire !
Jubilatoire et intelligent car il suscite de nombreuses réflexions.

L'histoire : Baptiste est un jeune imitateur, spécialisé dans la contrefaction des voix. Talentueux sans doute, mais quasiment inconnu.
Pierre Chozène est un écrivain de renom, qui aime sa tranquillité et déteste les mondanités et les opportuns.
Le romancier commence un nouveau livre, beaucoup plus intimiste et a besoin d'un calme total, et surtout ne plus être dérangé par son téléphone.
Il engage Baptiste pour répondre à sa place, 24 h sur 24 h, 7jours sur 7. Il lui a préparé des notes pour l'informer de tous les interlocuteurs susceptibles de l'appeler. Il lui laisse carte blanche et exige une paix totale pour se consacrer à l'écriture.

Chozène se défausse de sa vie sociale, familiale et même amoureuse et Baptiste endosse la personnalité de l'auteur….
L'alchimie fonctionne bien et personne ne s'aperçoit de la supercherie.
« Pendant un temps donné, quelqu'un vous déchargeait de votre vie, de vos relations, explorait vos habitudes et inventait des chemins. C'était risqué bien sûr, mais Chozène avait-il quelque chose à perdre ? (…).Baptiste lui permettait de relancer les dés, de redonner sa chance au hasard. Pour un homme ordinaire, c'est une aventure, pour un romancier, une manne. »

Baptiste, imitateur confidentiel, se sent avec cette confiance et cette responsabilité sur les épaules, soudain légitime, utile.
Il comprend mieux aussi son travail d'imitateur. «On ne conçoit l'imitation que comme une caricature. Des clowneries. Mais pourquoi, ne pas y voir une sorte de portrait sonore ? Un art véritable ? »

Attention à ne pas aller trop loin….. En se déchargeant complètement pour Chozène, qui veut la paix, le silence, et surtout pas de compte-rendu.
Et pour Baptiste, qui se prend au jeu, prend des initiatives, heureuses et malheureuses, en se prenant pour Chozène.
A quoi tient, la notion d'identité de chacun ?

Le milieu de l'écriture est bien décrit, par petites touches mordantes et ironiques. Chozène prête des romans à Baptiste et lui dit : « Ils sont très bien, je vous les prête. Déprimants bien sûr, mais très bien. On comprend mieux comment et pourquoi, on va disparaître. »
J'ai adoré les mots inconnus (pour moi) dont Luc Blanvillain parsème le récit, comme s'il nous disait : Lecteur, va donc chercher la signification. Je ne l'ai pas du tout perçu comme une sorte de pédantisme mais plutôt comme un clin d'oeil vers son lecteur.
« Transsuder, raboudinage, anamnèse, concaténation…. » Je vous laisse chercher comme je l'ai fait…. Des mots sonores…

L'écriture est précise, simple, parfaitement adaptée à chaque personnage. Les phrases sont courtes et accompagnent bien l'action.

Une vraie réussite. Et surtout, un sujet original, magistralement traité, qui change des tonalités actuelles.

Lien : https://commelaplume.blogspo..
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Mon premier du Prix du roman Cezam 2021... et une première bonne surprise ! Une belle plume pour une histoire bien ancrée dans notre monde sursaturé de communication. J'ai vraiment passé un très bon moment de lecture. Je reprocherais peut-être une petite perte de vitesse... d'efficacité vers la fin... mais il fallait bien que l'histoire se conclut.
Je conseille sans hésiter !
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Comment un homme qui aime se donner en spectacle arrive-t-il à souhaiter que son talent ne soit surtout pas découvert ?
Venir en aide à quelqu'un de célèbre et qu'il ne connait pas, pour entrer dans une intimité qui dépassera celle du principal intéressé, voilà qui relève de l'apprenti sorcier.
Le récit trempé dans les mots et l'esprit d'un monde urbain contemporain sonne bien, sonne juste et nous mène dans un art du rebondissement où l'on espère le mieux et où l'on craint le pire.
Le réel des relations côtoie le superficiel, l'artifice et les arts.
Dans ces jeux de rôle les sentiments sauront ne pas se tromper de voix.


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Cette histoire n'est pas crédible une seconde, les situations imaginées par l'auteur sont tellement invraisemblables que ce bouquin est juste chiant. Par surcroît l'auteur se croit obligé, sans doute pour afficher son savoir très supérieur au commun des mortels, à utiliser des mots pseudo-savants et surtout très abscons, dont certains se figurent même pas dans mes dictionnaires et d'autres de ces mots auraient aisément pu être remplacés par des mots usuels... Cet auteur semble n'avoir pour ambition que de ne pas emmener son lecteur dans son voyage imaginaire et de le laisser au bord de la route, confis dans sa suffisance. le contraire d'un bon bouquin et d'un bon écrivain.
A fuir.
Merci
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Baptiste galère dans le théâtre que tient tant bien que mal son ami Vincent, chaque soir il fait des imitations d'hommes politiques ou d'artistes que la plupart de ses spectateurs ne connaissent même pas ; mais c'est ainsi qu'il conçoit son métier d'imitateur, avec ces voix et ces textes qu'il a envie de partager. Pourtant le succès peine à venir.
Aussi lorsqu'un soir, à la fin de son spectacle, l'auteur qu'il admire lui demande de l'aider, Baptiste n'en croit pas ses oreilles.
Mais oui, alors qu'il est dans l'écriture de ce qu'il pense être son meilleur roman, le grand Chozéne a besoin de calme et n'en peut plus de devoir répondre aux dizaines d'appels qu'il reçoit chaque jour sur son mobile.
Le talent d'imitateur de Baptiste le rassure. Il va lui confier son téléphone et la gestion de son carnet d'adresse. Et avec ce carnet d'adresse, Baptiste va pouvoir se fier aux fiches que Chozéne a rédigées à propos de chacun de ses interlocuteurs, cela devrait au moins l'aider à répondre et à comprendre qui il a au bout du fil.
Mais confier sa vie à un autre n'est pas sans risque, et chacun des deux hommes va en faire l'expérience à sa façon. Chozéne, libéré du stress, des obligations et des contraintes liées à la réponse immédiate attendue à chaque coup de fil, au temps et surtout à l'énergie que cela lui fait gagner, va se consacrer à l'écriture de son roman, serein, apaisé, il peut enfin prendre son temps.
Baptiste quant à lui va se prendre au jeu, chercher à découvrir qui se cache derrière les voix qu'il va entendre au bout du fil, derrière ces fiches qui décrivent des interlocuteurs qu'il a envie de découvrir. Et peu à peu se prendre au jeu de remplacer cet autre qu'il n'est pas. Et entrer en contact avec les proches du grand auteur, cela n'est certainement pas sans risque, mais il est prêt à en faire l'expérience.

lire ma chronique complète sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2020/01/26/le-repondeur-luc-blanvillain/
Lien : https://domiclire.wordpress...
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Le répondeur est un roman original qui égratigne, au passage, certains milieux créatifs tels que l'écriture ou la peinture, mais aussi nous fait réfléchir sur la difficulté de bien communiquer de nos jours et ce, malgré cette surabondance de connexions.

L'histoire est drolatique : un écrivain de renom, Pierre Chozène, (qui pourrait être un anagramme de Echenoz?) nécessite le calme absolu pour écrire un livre sur son père. Mais comme il est sollicité toute la journée par des appels téléphoniques, il décide de payer un imitateur talentueux, Baptiste, qui imitera sa voix et gardera son portable tout le temps afin de le libérer; bien entendu, il sera grassement rémunéré.

C'est une aubaine pour Baptiste, au sens large. Mais au fil du temps cet imitateur va s'approprier la personnalité de son commanditaire et les gags ne tarderont pas à faire surface.

Ceci nous donne des scènes d'une cocasserie incroyable, des scènes bien enlevées avec des dialogues frôlant l'absurde irresistible.

Car ce Baptiste est un personnage faible et naïf qui se mettra dans la peau d'un puissant cynique ayant réussi dans la littérature malgré toutes les casseroles qu'il traîne : le manque de communication avec son père, sa fille, son ex femme, son éditeur, sa maitresse, et j'en passe. le niveau de communication des autres savoureux personnages est aussi laborieux et emprunté. D'où au lecteur de s'interroger à quoi cela sert d'avoir tant de moyens et si peu de réussites.

Un roman qui se lit bien, malgré un certain empâtement au tiers final de l'histoire, bien écrit, dans un langage moderne et cerise sur le gâteau, nous livrant quelques mots recherchés pour nous titiller les neurones.
Lien : https://pasiondelalectura.wo..
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Pierre Chozene, écrivain primé et reconnu écrit son prochain roman. Un livre différent sur son père, il a besoin de calme et surtout surtout, de ne pas être contrarié !

La solution : aguicher Baptiste, jeune imitateur encore méconnu pour lui confier son téléphone.
Moyennant un salaire confortable, Baptiste devra répondre au téléphone de Chozene, rappeler ceux qui ont laissé des messages vocaux, et broder.
Pour l'aider, l'auteur lui a rédiger un classeur avec des fiches pour chacun des interlocuteurs potientiels : son ex femme, sa fille, son éditeur, un réalisateur connu, un ministre … bref chacun a sa fiche avec une description brève. A Baptiste d'inventer la suite!

C'est assez drôle, plutôt théâtrale et évidemment très attendu : évidemment Baptiste va aller trop loin, évidemment il va faire des bourdes et s'emmêler les pinceaux, évidemment ça va leur retomber dessus !

Personnellement, j'aurai préféré un Baptiste moins culotté, un Chozene moins complaisant et plus de quiproquos. Cependant, l'idée est chouette et bien traitée, on s'amuse et on passe un bon moment !

Si vous cherchez à vous distraire avec un court roman, ou à adapter un roman en pièce de théâtre ne cherchez plus … ! 😋
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Tel est pris qui croyait prendre ! Dans ce roman, un imitateur perd pied entre celui qu'il est réellement, celui qu'il aimerait être et celui dont il doit doubler la voix. Pour notre plus grand plaisir, nous assistons à un subtile jeu de dupes où vérité et mensonge s'entremêlent. Surprenant, drôle mais aussi touchant, un roman qui ne laisse pas indifférent !
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Baptiste, imitateur n'ayant pas encore trouvé son public rencontre Jean Chozène, romancier célèbre qui ne supporte plus d'être importuné par son téléphone portable. Il accepte, contre rémunération et grâce à ses talents d'imitateur de prendre en charge le téléphone de Jean et de se substituer à lui pour tous les appels qu'il reçoit. Cette situation l'amuse et, à l'aide de « la bible », document dans lequel sont annotés les profils des contacts auxquels il aura à faire, il invente, il brode, il imagine en essayant d'appréhender au mieux la personnalité de Jean. Cela engendre des dialogues burlesques réjouissants. Roman très drôle et humour débridé à toutes les pages assurent un grand plaisir de lecture.
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