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Ce matin, j'ai laissé "réparer les vivants" sur ma table de chevet. Je venais juste de le terminer. J'avais le coeur serré, comme un vide à combler.
Un petit livre était là, dans ma chambre. Il m' attend depuis longtemps, patiemment, coincé entre les autres. Fluet, discret, humble...
Aujourd'hui, il m'a tendu les bras. Il savait que c'était le bon moment.
Je l'ai lu tranquillement, savouré chaque passage.
"La plus que vive" est une réponse à ce vide que la mort creuse souvent.
Un hymne à l'amour, à la vie, au rire.
Lorsque Christian Bobin a perdu sa compagne Ghislaine, il a d'abord pensé qu'il n'écrirait plus, comme un enfant qui boude et qui en veut au monde entier parce qu'on lui a enlevé ce qu'il aime.
Puis, il a écrit ce livre parce que c'est dans l'ordre des choses.
Parce que l'écriture, c'est un baume, une nécessité, une délivrance.
Les mots étaient là...vivants et magnifiques !
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À travers ce très court texte, Christian Bobin rend hommage à Ghislaine, la femme qu'il a aimée, décédée à l'âge de quarante-quatre ans. La perte qu'évoque l'auteur est de celles qu'on s'interdit de pleurer, car pleurer reviendrait à prendre conscience de la rupture irrévocable d'un lien qu'on voulait éternel, et il est des souffrances qu'un coeur d'Homme ne peut soutenir... L'écriture est tendre, mais au regard des critiques que j'ai lues, je m'attendais à un roman plus empreint de poésie. Je regrette également de n'avoir pas mieux connu cette jeune femme, car ce qu'en dit l'auteur, à savoir qu'elle était aimante, libre et rayonnante, ne m'a pas permis de me la figurer, si bien qu'à regret, je suis restée un peu à distance de ce récit.
Je suppose ceci dit que là était le choix de Christian Bobin, qui a opté pour une approche plus philosophique de cette "chose" qu'est la mort, et qui par instants, est la cause de souffrances tellement indicibles. l'auteur aborde différents thèmes tels que la vie, la mort, l'éternité, la place que tient une mère auprès de son enfant, et celle que tient également un père, sur ce dernier point je n'adhère pas, mais tout point de vue a le mérite d'exister. J'ajouterai que l'analyse qu'il a faite de la jalousie me parait très juste, il expose avec une telle clarté le pathétique de ce sentiment, que je m'en trouverais guérie comme par enchantement si je l'étais de manière déraisonnable.
Monsieur Bobin est un auteur que je relirai, et même si je n'ai pas réussi à prendre la mesure du chagrin dont cet ouvrage est l'objet, et ce pour des raisons déjà évoquées, cet auteur, qui s'interdit de verser des larmes, est de ces Hommes qui, à l'instar de Henri Calet, pourrait confesser, "Ne me secouez pas, mon corps est plein de larmes"...
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Un livre qui se dévore, et qui nous dévore...
Un coeur se met à nu pour nous parler de la splendeur de l'amour, un amour passé, et toujours présent, Vivant, malgré la mort. Une mort qui n'est pas séparation mais absolu. L'absolue pureté de l'amour nous est ici relatée avec des mots qui, par-delà la description, nous empoignent profondément.
La plus que vive est véritablement un livre bouleversant qui insiste sur la nécessité du rire.
Ici, le manque rejoint la joie insufflée de et par l'être aimée toujours là... Alors, l'amour nous est dévoilé... Nous touchons ici à ce qu'est la noblesse de l'amour......
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Très beau texte de Christian Bobin qui livre à ses lecteurs ses pensées, souvenirs, inquiétudes et espérances à la suite du décès de sa compagne survenu très brutalement à l'âge de 44 ans.

Même dans la douleur s'apaisant, c'est toujours par sa très belle écriture que Christian Bobin rend hommage à celle qu'il aimait, sans emphase, simplement, avec les mots du coeur, ceux qu'il sait prononcer et écrire à la perfection. Il relate ainsi des tranches de vie, des sensations vécues à deux, de courtes promenades de cinq minutes qui contiennent deux vies, leurs partages, leur amour et respect mutuel.

Il communique aussi sur son questionnement à propos de la mort et de ses conséquences, d'abord ce sentiment de "fini", de "plus jamais" que nous ressentons chacun lors des séparations d'êtres chers. Il s'interroge sur l'au-delà, ce mystère total pour nous les vivants qui sommes en attente de le découvrir ou non.

Christian Bobin sait employer tous les mots qui vont parfaitement traduire ses ressentis et interpeller nos perceptions sur la mort, n'hésitant pas à révéler la vison des "cercueils pourris" à côté desquels va gésir sa compagne. Son réalisme devant la mort est saisissant, il nous renvoie vers des images de la nature, de la neige, ce linceul blanc qui peut tout engloutir avant la renaissance printanière.

Même pour l'évocation douloureuse de cette séparation, le style de Bobin porte bien au-delà des mots et chacun peut donc le ressentir plus ou moins intensément selon sa sensibilité personnelle.
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Christian Bobin s'adresse à sa femme, au présent. Au gré des pages l'imparfait la lui vole. Il se reprend vite, dès qu'il s'en rend compte.
Il refuse le présent sans elle. Il refuse d'être avec elle à l'imparfait.
Sa femme est morte.
La plus que vive est un ouvrage qui nous apprend la "brume sur la terre vidée de son rire". Il nous apprend l'amour avec des mots de tous les jours.
Le bonheur c'est toujours à l'imparfait.
Ce n'est pas apitoyant.
C'est bouleversant.
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Ce n'est pas un livre, c'est un chant, un chant d'amour où la mort est tour à tour absence et présence mais toujours accompagnée par l'Amour. L'auteur nous livre son sentiment d'éternité et de continuité de l'amour, en enfouissant la douleur dans des mots d'une infinie tendresse. sans jamais s'appesantir sur sa douleur, il pose un regard plein de tact de délicatesse, à l'image de cette rose rouge, attendant la fin de l'hiver pour revenir...Merci à Cioran de m'avoir une nouvelle fois conseillée un excellent livre
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La poésie est comme un refuge pour nos incertitudes, un baume sur nos douleurs, elle dit si bien ce que nous ressentons au fond de nous.
Depuis peu, j'ai toujours un recueil de poèmes près de moi. Il m'accompagne, quelques jours, parfois un peu plus longtemps. Je l'ouvre lorsque j'ai peu de temps devant moi, je lis quelques pages puis je le repose, laissant les mots infuser et faire leur chemin dans mon esprit.

Je ne connaissais pas les ouvrages de Christian Bobin et j'ai choisi « La plus que vive » pour son titre mystérieux et poétique.
En lisant le résumé, je pensais que ce livre serait difficile, qu'il ne manquerait pas de me renvoyer à mes propres souvenirs, à mes propres émotions. Il a été une lecture émouvante, salutaire, mais loin d'être douloureuse et éprouvante. Ce livre a parlé à mon âme, à mon chagrin, au vide que je ressens en moi.

*
Ce livre, d'une petite centaine de page, est une oeuvre intime, une déclaration d'amour que Christian Bobin adresse à sa femme, Ghislaine, décédée brutalement à l'âge de 44 ans.

« … je me demande ce matin de quoi j'ai besoin, du silence peut-être, de ce silence comme du sable où viennent battre toutes paroles, toutes musiques, j'écris pour gagner ce silence, au lendemain de ta mort j'ai pensé que je n'écrirais plus, la mort nous rend souvent ainsi, la mort nous mène à des enfantillages, il y a quelque chose de puéril dans la mélancolie, on veut punir la vie parce qu'on estime qu'elle nous a punis, on est comme ces enfants qui boudent et bientôt ne savent plus sortir de leur bouderie, et puis très vite j'ai su qu'il me restait au moins un livre, au moins celui-là … »

*
La plus que vive,
Des mots pour dire cette douleur qui étreint le coeur, emprisonne l'esprit.
Des mots pour dire cette absence qui paralyse, ce manque que comble la douleur.
Des mots pour dire cette solitude envahissante, ce vide intense et vertigineux.

« L'événement de ta mort a tout pulvérisé en moi.
Tout sauf le coeur.
Le coeur que tu m'as fait et que tu continues de me faire, de pétrir avec tes mains de disparue, d'apaiser avec ta voix de disparue, d'éclairer avec ton rire de disparue. »

La plus que vive,
Des mots pour dire cette vie qui palpite, vibre et se poursuit malgré tout.
Des mots pour continuer à vivre, pour donner envie de vivre.

« … je me dis que tu es là à deux mètres sous mes pieds, deux mètres ou trois, je ne sais plus, et je ne crois pas ce que je pense, et ça vient d'un seul coup, ça vient lorsque je me retourne, c'est là que je te vois, dans l'amplitude et l'ouvert du paysage, dans la beauté sans partage de la terre et du grand ciel, toi partout à l'horizon, c'est en tournant le dos à ta tombe que je te vois. »

La plus que vive,
Des mots pour se souvenir et repousser les ombres.
Des mots comme un requiem pour s'emplir de douceur et de beauté.
Des mots pour dire encore et encore, je t'aime.

« … j'écoute cette musique douce comme de l'eau, un requiem et pourtant la mort n'y parle que de la vie, à croire qu'il n'y a pas de mort, qu'il n'y a que la vie dans ses ondulations et ses robes changeantes… »

*
La vie est comme un fleuve : elle suit son cours, inexorablement, inlassablement, avec ses éclats de rire ou de colère, ses moments de bonheur et de douceur, de tendresse ou de tristesse, de stupeur et de pleurs.
La vie a son rythme, parfois lent et apaisant, parfois rapide et démonté. Avec ses deux faces, elle façonne notre paysage intérieur.
Que serait la vie sans la mort ?

Christian Bobin choisit la vie, avec ses joies et ses douleurs. Il est comme un oiseau prenant son envol après s'être libéré de sa cage que sont le deuil et la mort.
Son écriture est cathartique, dévêtue des faux-semblants.
En écrivant, c'est aussi lui qu'il cherche.

« La grâce se paie toujours au prix fort. Une joie infinie ne va pas sans un courage également infini. Dans tes rires c'est ton courage que j'entendais – un amour de la vie si puissant que même la vie ne pouvait plus l'assombrir. »

*
J'ai ressenti une sincérité et une justesse dans les remous de sa poésie, l'exigence de trouver le mot et l'émotion les plus justes.

« … j'ai compris qu'il fallait éviter comme la peste tout ce qu'on croit savoir à ce sujet, tous les mots convenus sur la douleur et la nécessité de revenir à une vie distraite, j'ai compris que, comme pour la vie, il ne fallait écouter absolument personne et ne parler d'une mort que comme on parle d'un amour, avec une voix douce, avec une voix folle, en ne choisissant que des mots faibles accordés à la singularité de cette mort-là, à la douceur de cet amour-là. »

L'image qui s'impose à moi pour définir ce livre est celle d'un mascaret, une vague montante qui se forme à la suite de l'affrontement de forces contraires. Dans l'opposition entre la vie et la mort, le visible et l'invisible, l'ombre et la lumière, l'auteur porte une attention particulière à la vie et à celle qui, inoubliable, continue à l'accompagner dans ses pensées.
Inaccessible, absente mais toujours là, dans les mots et les souvenirs. Sur les bords des chemins, dans les premiers flocons de neige ou le coeur des roses rouges.

« … tu ne verras plus jamais de neige, tu ne verras plus jamais de lilas, tu ne verras plus jamais de soleil, tu es devenue neige, lilas, soleil, j'étais triste et heureux de te retrouver là, dansante comme toujours entre ciel et terre, éparpillée en lumière blanche, si fraîche, si jeune, trois petits tours, quarante-quatre ans, deux airs de danse, neige, lilas, soleil et encre, je te retrouve partout toi qui n'es plus nulle part… »

J'ai aimé la sensibilité et la lucidité de Christian Bobin, cette faculté de révéler, dans un flux d'émotions qui vont et viennent, l'amour dans le chagrin, la présence dans l'absence, la parole dans le silence, le plein dans le vide. Toute son écriture est une recherche de sens et la structure narrative fragmentaire du texte contribue à cet élan.
Ce que j'ai perçu dans ces mots refuges, dans cette écriture cicatrisante, ce sont ces ondes positives pour dire l'amour et le bonheur, le deuil mais aussi l'espoir. Ces lignes insufflent le courage d'aller vers l'avant.

En tournant la dernière page du livre, alors que je n'avais pas vraiment conscience d'être à un croisement de ma vie, j'ai eu le sentiment que l'auteur me montrait le chemin, son regard tourné vers l'horizon, tant sa poésie met des mots sur les maux les plus profonds, de la lumière sur les ombres de la vie.

*
Le texte est empreint de délicatesse et sensibilité, de mélancolie et de nostalgie, de réflexions sur la fragilité de l'existence, sur la vie et la mort, le bonheur dans les petites choses et la liberté, le temps qui s'écoule et la mémoire.
Dans sa recherche de sens, il explore la beauté de la nature, la relation amoureuse. Il offre une vision touchante et intime de l'amour et de la perte. A travers des souvenirs et des anecdotes, il évoque sa rencontre avec Ghislaine, leur complicité, leur vie à deux, leur bonheur partagé.

*
Pour conclure, j'ai aimé ces quelques jours passés en compagnie de Christian Bobin.
« La plus que vive » est une oeuvre contemplative, généreuse et porteuse de sens. Les mots sont comme une vague qui enfle, grossit, s'adoucit et s'apaise sur le rivage de la vie qui continue.

« Tu as cassé les vitres et depuis l'air s'y engouffre, le glacé, le brûlant, et toutes sortes de clartés. Tu étais celle-là, Ghislaine, tu l'es encore aujourd'hui, celle par qui le manque, la faille, la déchirure entrent en moi pour ma plus grande joie. C'est le trésor que tu me laisses : manque, faille, déchirure et joie. Un tel trésor est inépuisable. Il devrait me suffire pour aller de « maintenant » en « maintenant » jusqu'à l'heure de ma mort. »

*** ***
Merci Bernard pour m'avoir invitée à cette rencontre avec Christian Bobin par ton beau billet.
*** ***
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J'ai eu envie de terminer 2023 en lisant des mots d'amour.

Comme personne ne m'a envoyé de lettre enflammée dernièrement, j'ai extrait de mes piles de bouquins à lire ce petit livre de Christian Bobin, dont j'entends dire le plus grand bien depuis longtemps (de l'auteur en général et de ce texte en particulier).

Et donc, la « plus que vive », c'est Ghislaine, grand amour de l'auteur, foudroyée à 44 ans par une rupture d'anévrisme. Une femme dont on comprend qu'elle était lumineuse, aimante, rieuse, terriblement libre et vivante, un peu femme-enfant.

Parce qu'il refuse son absence et le manque insondable, Christian Bobin parle d'elle au présent, il s'adresse à elle comme si elle était encore là. Et pour lui, elle l'est certainement, encore et toujours.

Des mots d'amour, donc. Il n'y a pas lieu de douter de leur sincérité ni de leur éternité. Mais ils m'ont à peine touchée.

Trouvez-moi insensible si vous voulez, pensez que je ne connais ou ne comprends rien à l'amour si ça vous chante, mais j'ai beau essayer, ces mots je les trouve doux et jolis, poétiques ou philosophiques, apaisés et apaisants, mais trop lisses et trop sages. Et dans mon esprit, je n'arrive pas à concilier sagesse et amour fou (celui que l'auteur dit éprouver pour Ghislaine), ce serait comme marier l'eau et le feu : le feu s'éteint dans un nuage de vapeur, il ne reste que de l'eau tiède.

Et donc cet amour de l'auteur pour Ghislaine, je ne l'ai pas ressenti, je ne me suis pas sentie concernée, même plutôt exclue de cette histoire, et ces mots ne m'ont pas donné envie d'être aimée de cette façon.

Je n'ai pas envie de me justifier et d'argumenter davantage, déçue par cette lecture dont j'attendais sans doute trop (comme souvent).

Mais cela ne m'empêche pas de vous envoyer mes meilleurs voeux pour l'année 2024, que je vous souhaite remplie de chaleur humaine, de petites et grandes joies et de belles découvertes, littéraires et autres.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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La plus que vive est un tournant dans l'oeuvre de Christian Bobin.
L'auteur se retourne vers la mort pour voir celle-ci qui emporte l'amie, l'être aimée. Mais à la différence d'Orphée, celle qui est partie ne s'éloigne jamais, se rapproche encore plus près de celui qui tend la main, ne veut pas la perdre, l'aime plus que jamais, continue de vivre avec elle.
« L'événement de ta mort a tout pulvérisé en moi
Tout sauf le coeur ».
C'est tout d'abord une mort qui foudroie. Lorsque la mort vient, souvent elle frappe par deux fois. Ici l'homme qui parle, l'homme aimant, qui aime celle qui est morte, est foudroyé, mais il parle, donc il vit encore. Il survit peut-être. Il nous parle, nous écrit.
Le chagrin apaise, guérit, apprend à vivre. Je ne sais pas ce qui m'a fait connaître Christian Bobin. Je crois parfois que ce sont les livres qui nous choisissent.
Lorsqu'un jour j'ai fini par ouvrir ma fenêtre, ce livre est entré et s'est posé près de moi comme un oiseau.
Il m'a tout d'abord parlé du manque, de l'absence.
Puis des vivants et des morts.
Et aussi de ceux qui croient et de ceux qui ne croient pas.
Le chagrin n'est pas la tristesse. Au contraire, peut-être…
A l'inverse d'Orphée, Christian Bobin peut-être ne s'est jamais retourné vers la mort.
Il a accompagné l'être aimée là où sa mort devait l'amener, déjà dans ce livre. Là… Puis ailleurs, là où à chaque instant quelque chose nous rappelle un souvenir, où il faut revenir, aller, dans la lumière plus que vive du jour, dans le chant des oiseaux et l'odeur des fleurs…
L'auteur dit la mort, par-delà la mort. Il dit la vie. Croyants ou non-croyants, peu importe car tous se posent la même question face à la mort, lorsqu'elle arrive chez un être cher. Pourquoi ? Ce sont les réponses qui diffèrent. Quoique…
Les réponses de Christian Bobin ne se situent pas dans ce clivage souvent irréconciliable.
Il propose d'autres réponses par-delà les chemins trop bien appris.
Il dit d'autres mots. Il le dit avec ses mots, avec le chant des cigales et du rossignol. Il le dit dans la joie.
Plus tard, nous sommes apaisés. Si nous n'avons pas obtenu de réponses à nos questions, ce n'est pas grave. Ce texte nous a apaisé, bien que nous sentions encore dans le frémissement des pages la douleur de celui qui les a écrites.
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Christian Bobin s'adresse à Ghislaine, la femme qu'il a aimée, la femme qu'il aime au delà de sa mort soudaine et prématurée.

Tout le monde peut parler à une personne disparue, tout le monde peut nous parler d'elle ; moins nombreux sont ceux qui pourront écrire à cette personne.
Encore moins nombreux sont ceux que nous souhaiterions lire, que nous supporterions de lire.

Christian Bobin a ce talent. Ces mots sont simples, à priori quelconques…et pourtant ils travaillent en nous.
Même si jamais nous ne pourront connaître Ghislaine – et le propos de l'auteur n'est d'ailleurs pas là – nous sommes témoins du dialogue des âmes de ces deux là.
A travers les éclairs de sentiment, de lucidité, que l'auteur provoque en nous, nous entrevoyons comment nous grandissons au contact des autres, comment, au-delà de la mort, ceux que nous avons aimés et, pourquoi pas haïs, vivent en nous, comment nous vivons chargés de leurs traces indélébiles, immortelles.

Je peux concevoir que Christian Bobin puisse dérouter certains lecteurs, mais son écriture est d'une humanité vibrante. Même lorsqu'il nous parle de la mort il nous parle de la vie.
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