Dans une série d’articles consacrés aux femmes criminelles, le magazine Détective accorde en 1931 une large place aux « prêtresses du poison ».
« Pour un empoisonneur, cent empoisonneuses » n’hésite pas à écrire le journaliste, confortant en cela l’image largement partagée de l’empoisonnement comme crime spécifiquement féminin. Pour appuyer son affirmation, il se lance dans une énumération des empoisonneuses célèbres, depuis l’Antiquité jusqu’à l’époque contemporaine, depuis Circé et Médée jusqu’à Marie Lafarge et Hélène Jegado. Une telle argumentation pèche bien entendu par son empirisme, mais elle illustre, entre autres, l’importance des « visages célèbres de chronique judiciaire », souvent de « belles empoisonneuses », dans la construction de cette figure criminelle au début du XXe siècle. Par la suite, Violette Nozière, Marie Besnard ou Simone Weber viendront mêler leurs noms à ce panthéon vénéneux – même en cas d’acquittement.