Alid prêche la non-vie
Extrait 2
Disparue l’onde souterraine, l’homme
n’engendra plus de petit. Parmi les cendres
du Phénix, Alid se trancha la gorge,
et tout autour de lui le monde fut
désert sans ombres. Pendant que la lune,
en ascension, se ridait,
la mort sans jaunissime fleur d’hypericum
fut engloutie par l’infini stellaire.
Oh chevrier Giovanpietro le triste
toi – seul – jouant du chalumeau
tu penses aux roches parcourues de tonnerre,
et à l’âne Rondello dans les champs de la
lune ! De passereaux plus de cris, plus
ne vient avec les cigales le vent méridien ! Pulsant
par positrons et quarks, dans la voie Lactée
pleure – en sa mante – un Dieu noir.
Alid prêche la non-vie
Extrait 1
À l’herbe bleue Alid demandait :
« Pourquoi meurt-on ? » L’herbe
s’attrista, s’enferma dans sa feuille. Venu du mont,
le vent marchait dans l’air doux.
Alid demande, demandait au caillou,
à l’épervier, Alid ne trouvait pas la paix.
Aussi prêcha-t-il la non-vie
de par ravines et collines.
(De l’âme le chemin lui était inconnu.)
L’eau cessa de courir,
le ruisseau se fit d’améthyste.
L’églantine mourut en ses cinq
boutons, point ne renaquit le cyprès
ni la baie. L’insecte charançon
dans les grains d’orge ne fut plus
qu’ailes et carapace et gisait mot.
…
Le vent
L’herbe blanche tremblait au vent,
chaque chose était en épouvante.
Dans l’eucalyptus se penchait le nid,
et le chardon dépérissait.
Seule la vieille veillait ; a sonné
la sombre cloche
en un gouffre lointain.
Languissants affleuraient les morts
traversant diamants et labyrinthes
Heurtées par le vent les étoiles
tombaient en brillantes flammèches.
L’univers en densité
fut infini,
criblé de trous noirs et de puits.