AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,07

sur 1487 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ces fictions de l'argentin Jorge Luis Borges demandent une certaine gymnastique mentale pour en saisir toute l'essence tant le style est inédit et l'écriture intelligente.
Une fois correctement appréhendées, on saisit alors tout le génie de Borges, quel que que soit l'angle d'approche : le style, le format, les thèmes, tout y est brillant.
Même les plus difficiles d'accès (je ne suis toujours pas sûr d'avoir bien saisi certaines) sont d'un grand plaisir à lire, tant elle nous forcent à aborder la lecture différemment, à penser différemment. C'est un exercice jubilatoire, une sorte d'étirement intellectuel qui, après nous l'avoir bien malaxé, laisse notre cervelle détendue et satisfaite.
J'ai passé des heures à discuter de mes interprétations avec des amis, remettant en cause ma compréhension, ouvrant à chaque fois de nouvelles perspectives.
Au dos de l'édition Gallimard, Claude Mauriac dit : « Jorge Luis Borges est l'un des dix, peut-être des cinq auteurs modernes qu'il est essentiel d'avoir lus. Après l'avoir approché, nous ne sommes plus les mêmes. Notre vision des êtres et des choses a changé. Nous sommes plus intelligents. Sans doute même avons-nous plus de coeur. »
Je ne saurais quoi rajouter.
Commenter  J’apprécie          20
Ce recueil de nouvelles est la quintessence de l'oeuvre de Borges.
Le Jardin aux sentiers qui bifurquent ; Tlön, Uqbar, Orbis Tertius ; L'Approche d'Almotasim ; Pierre Ménard, auteur du Quichotte ; La Loterie à Babylone ; La Bibliothèque de Babel ; Thème du traître et du héros ; le Miracle secret ; le Sud ; ces neuf oeuvres sont des perles de la littérature. Le paradoxe que chacune illustre s'imprime dans la mémoire, archétype indélébile.
Commenter  J’apprécie          20
Suprenant Borges qui ne laisse pas entrer facilement dans ses récits. Fictions, livre le plus conseillé et le plus lu de l'auteur argentin, demande à son lecteur de s'adapter.

S'adapter d'abord parce qu'il faut de solides références littéraires pour capter toute l'intelligence des textes. S'adapter ensuite parce que le style de Borges déstabilise, de prime abord.

Imaginez un savant mélange d'une écriture réaliste à la Balzac, d'un fond fantastique à la Poe, et d'une atmosphère proche des contes persans. On classe Borges parmi les auteurs les plus talentueux du siècle sans doute pour ce style qu'on ne peut attribuer à aucun autre. Ca perturbe et ça étonne, cette signature dans l'écriture.
L'atmosphère, elle, dérange parce qu'elle n'est pas traditionnelle des écrits fantastiques. Trop mélangée avec celle du conte, l'écriture rend un univers qui n'est pas palpable et donc qui chamboule les sens, en pleine lecture.

Les rêves sont forcément agités si l'on s'endort avec Borges.

Si la forme est novatrice, ou unique, le fond l'est tout autant. Borges refuse les limites, interroge les sciences, met le monde sens dessus dessous.

Fictions n'est pas un recueil de nouvelles comme on le présente souvent. C'est un livre de textes courts, difficilement définissables en terme de genre. Des textes mixtes, qui nécessitent qu'on y reviennent. Avec Borges, la fonction de deuxième lecture prend tout son sens.
Fictions est découpé en deux parties. La première est composée de huit pièces. Celle qui, à mon sens, est la plus sublime s'intitule Examen de l'oeuvre d'Herbert Quain. La septième. Borges explique dans son prologue : « J'ai préféré écrire des notes sur des livres imaginaires ». Et c'est ce qu'il fait dans ce septième texte. L'auteur interroge la littérature (sa littérature ?) à partir de l'oeuvre fictive d'un auteur fictif.

« Flaubert et Henry James nous ont habitués à supposer que les oeuvres d'art sont rares et d'une réalisation laborieuse; le XVIe siècle ne partageait pas cette opinion désolante. (…) La bonne littérature est assez commune et c'est à peine si le dialogue de la rue ne la vaut pas ».

Que dirait Borges aujourd'hui, devant les milliers de livres édités chaque année ? Probablement pas que l'oeuvre d'art est si évidente que cela. C'est vrai, le dialogue de la rue c'est déjà de la littérature, Céline l'a prouvé douze ans avant lui ; mais de là à dire qu'il suffit de composer un livre pour entrer en littérature, il y a un fossé que je ne franchirais pas aussi vite que lui.

« Il se rendait compte avec une entière lucidité du caractère expérimental de ses livres : admirables peut-être par leur originalité et une certaine probité laconique, mais non par les vertus de la passion », écrit Borges dans ce même texte. Et le lecteur de se demander, au risque de faire s'étrangler les structuralistes, ce que Borges met de lui-même dans ses réflexions littéraires.

Dans ce texte, la critique du monde des livres n'est pas silencieuse non plus : « les soirées péripatéticiennes de conversation littéraire ». Dans le sens de prostituées ? Ou de promeneurs ?

Mais l'apothéose est amenée par son analyse mathématique d'une oeuvre de Quain. Qui décide d'écrire un livre à plusieurs possibilités, avec plusieurs fins. Un roman qui comprend neuf romans à lui tout seul. Borges nous en explique les tenants et les aboutissants à base de mathématiques et de schémas à équations.

Car, si les livres sont présents dans chaque texte, comme un objet sacré au-dessus du monde, ou qui l'expliquerait, les chiffres et la physique semblent porter l'oeuvre de l'auteur.

Le mélange de références à des auteurs réels et imaginaires, comme le mélange de réalisme et de fantastique dans l'écriture, vient lui aussi bouger les lignes, à tel point que le lecteur s'y perd et se demande si un tel ne serait pas éventuellement aussi réel qu'un Wilde ou un James auxquels il fait référence en permanence.

Sublime également ce court texte intitulé La bibliothèque de Babel, sorte de métaphore du monde, sorte de texte universel.

C'est vrai qu'on ne sort pas pareil d'une lecture de Borges. Il déplace les lignes. Et réalise des écrits fantastiques qui sont plus que ça, qu'il ne faudrait pas ranger si vite dans ce genre, qui sont l'exemple même et compliqué de ce que peut être un texte mixte. Un texte parfait.

Fictions, Jorge Luis Borges, Folio, 185 p.
Commenter  J’apprécie          20
Un livre difficile à lire, parfois dans le vocabulaire et la compréhension mais il reste le livre de mes 20ans qui a changé à jamais ma vision de la littérature. L'imagination de Borges est sans limite, et chacune des nouvelles dans ce livre nous fait marcher le long d'un précipice où notre esprit décide ou non de se laisser tomber. Borges nous transporte dans un univers de rêves enivrants et avec délectation pour nous faire perdre pied ! Dans tout les cas on s'en relève transformé, la réalité se prolongeant dans un songe et inversement !
Commenter  J’apprécie          20
Un de ces rares livres que je peux lire et relire sans me lasser, car chaque fois, je trouve un sens nouveau dans le labyrinthe de symboles que Borges y a tracé. Certes, les nouvelles sont de style variés et traitent de sujet bien différents. Je suggère de commencer par La Loterie a Babylone, la Bibliothèque de Babel, le Jardin aux Sentiers qui Bifurquent, La Mort et la Boussole. Les themes du hasard, du langage, du temps, de la vie et de la mort y sont traités avec virtuosité.
Commenter  J’apprécie          10
Génial! Très original. Magnifique écriture. Il a dû influencer Umberto Ecco. Ce recueil de nouvelles recèle quelques perles. Très "en dehors du temps et de l'espace". Pour s'évader en réfléchissant autrement.
Commenter  J’apprécie          10
Parfait!
Commenter  J’apprécie          10
Peut-être le livre le plus sensible et le plus intelligent que j'aie lu.
Il est dans ma liste des livres à emporter sur une île déserte.
Commenter  J’apprécie          10




Lecteurs (4451) Voir plus



Quiz Voir plus

Fictions

Comment s'appelle l'écrivain qui a réécrit Don Quichotte de Cervantès et de bien meilleure façon d'ailleurs ?

Pierre Ménès
Pierre Ménard
Pierre Mendès France
Piètre Mentart

10 questions
11 lecteurs ont répondu
Thème : Fictions de Jorge Luis BorgesCréer un quiz sur ce livre

{* *}