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4,07

sur 1487 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
José-Luis Borges a été une de mes découvertes majeures et merveilleuse, dans les années 80.
Avec La Loterie de Babylone et La Bibliothèque de Babel- entre autres textes- Borges emmène le lecteur dans des imaginaires aussi puissants que séduisants.
Borgès est un des écrivains à qui je suis profondément reconnaissant.
Un auteur indispensable à tout amateur de livres, voire essentiel.
De ceux que je garde à portée de doigts.
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Je n'affectionne pas le genre "nouvelles" et il a bien fallu un voyage en Argentine, couplé des références et coups de coeur de mes auteurs préférés pour que je me lance dans cette oeuvre difficile. En effet, Javier Marías et Antonio Tabucchi s'en sont nourris, l'on retrouve les errements bien connus des protagonistes de Vila-Matas ou la fameuse bibliothèque de Babel chère à Umberto Ecco. Il faut se ressouvenir de l'hommage à l'auteur dans "Le nom de la rose" et du nom à peine déguisé du bibliothécaire, Jorge de Burgos, qui termine sa vie aveugle comme l'auteur argentin.

Cela ne facilite pas pour autant la lecture a priori fort érudite même si l'auteur annonce d'entrée qu'il s'agit plutôt d'une parodie. Et c'est là que j'ai apprécié le plus l'auteur, c'est dans ses traits d'humour permanents. Clairement, Jorge Luis Borges ne se prenait pas au sérieux et invite constamment le lecteur à faire de même.

Je ne lis pas l'espagnol. J'ai trouvé parfois la langue un peu âpre à lire, une absence de musicalité, qui est peut-être due à la traduction. Si je trouve le temps d'apprendre l'espagnol, certainement je reprendrai ce livre pour en apprécier davantage les envolées littéraires.
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"Fantastique", terme récupéré par des éditeurs et des libraires qui vendent du livre, est devenu trompeur. Il est désormais associé à un type d'auteurs et à une écriture qu'on sera déçu de ne pas retrouver chez Borges, qui évolue loin des modes et de la para-littérature. Borges est trop cultivé, trop ironique, trop savant, et les habitués du "fantastique" commercial se casseront les dents sur ses histoires. Ses contes sont relatés avec une certaine distance, ce qui arrive pourrait arriver ailleurs et autrement, la trame de la réalité est aussi incertaine que celle du monde que le récit invente. Toute identification, toute image trop concrète, toute illusion, sont tuées dans l'oeuf, car, pour l'auteur, le fantastique est un aspect de la métaphysique et de la théologie (qui sont elles-mêmes des manières très savantes de faire du fantastique avec Dieu ou les Idées). Cela donne à ses histoires un ton inimitable et décourageant. Le narrateur est bien trop malin (beaucoup trop malin) pour prendre la littérature au sérieux, et ne cesse de briser l'illusion du lecteur de toutes les manières possibles. Ce jeu littéraire est amusant et agaçant. C'est une fête de l'esprit et la garantie d'un profond ennui de (re)lecture. J'ajoute quand même (ayant relu ces contes en version bilingue) que la traduction française, marquée par le succès de Borges dans la France intellectuelle des années 60, dessèche encore le texte et lui enlève ce qui lui restait de sensualité.
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Que dire à propos des géniales "Fictions" de l'écrivain Jorge Luis Borges qui n'ait déjà été écrit par plus talentueux que moi ? Je ne trouve pas les mots tant les critiques élogieuses ont plu (de pleuvoir) sur ce recueil de nouvelles qui sont du phosphore pour l'esprit. On se sent plus intelligent après avoir lu ces écrits -même si l'on n'a pas tout compris, tout saisi, tant l'intelligence de Borges était impressionnante.
Borges était aveugle,, mais aussi un grand visionnaire. Ses "Fictions" ou son "Livre de sable" ou "L'Aleph" restent dans ma mémoire comme de très grands moments de lecture.
La tombe de Borges, que j' ai admirée au cimetière de Plainpalais, à Genève, est comme son oeuvre : originale et pleine de mystère.
https://www.letemps.ch/culture/geneve-sepulture-borges-enigme-tranquille
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Un personnage de mon entourage, à la fois ami, ancien colocataire et félidé de compagnie (ne rayer aucune mention) m'a offert pour mon anniversaire un de ses ouvrages préférés : Fictions, de Jorge Luis Borges. Enchanté par cette initiative, je m'y plongeai presque immédiatement mais je ne soupçonnai pas encore le piège tendu par ce faquin : en effet, ce dernier n'avait pas manqué d'exploiter au préalable ma tendance à donner mon avis en exigeant une critique de l'ouvrage une fois celui-ci terminé. Car c'est peu de dire que Fictions n'est pas n'importe quel recueil de nouvelles. Paradoxalement, j'ai l'impression d'en être sorti grandi mais je me sens tout petit dès qu'il s'agit d'en parler. Considérons que je relève le défi, mais avec beaucoup de prudence.

En fait, ce recueil m'a d'abord surpris, puis dérouté, intrigué, et enfin passionné. Fictions est divisé en deux parties : la première salve est peut-être plus ardue que la seconde (qui n'en est pas moins passionnante) : on y trouve davantage de réflexions sur lesquelles on pourrait disserter longtemps. Tirons-en un simple exemple, prenons La bibliothèque de Babel. Dans cette nouvelle, le monde est une bibliothèque. Est-elle finie ? Infinie ? La majorité des livres qu'elle contient n'a aucun sens, sauf quelques bribes, et certains sont devenus fous à rechercher celui qui résumerait tous les autres. Cette nouvelle ne fait que dix pages, et pourtant : quel contenu !

On peut difficilement classifier l'ensemble, mais je ne m'attendais certainement pas à y trouver des touches de fantastique, utilisées comme support à diverses réflexions pour mon plus grand bonheur, et il est nécessaire de s'habituer à voir se côtoyer références réelles et créées de toutes pièces. Fictions comprend d'ailleurs quelques critiques littéraires de romans inexistants. A ce titre, une nouvelle en particulier m'a beaucoup amusé, après m'avoir complètement dérouté : Pierre Ménard, auteur du Quichotte. L'exercice auquel s'y livre Borges est particulièrement bien pensé et m'a rappelé certains canulars (http://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_Sokal ).

Chaque nouvelle mériterait un petit mot, mais inutile d'en rajouter. Je me contenterai donc de le relire à l'occasion, sans oublier de remercier l'érudit félidé hispanophile de mon entourage pour avoir mis dans mes mains ce petit livre et avoir ainsi contribué à m'ouvrir des horizons.
Lien : http://nonivuniconnu.be/?p=1..
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Deuxième lecture pour ces nouvelles du grand Borges, présentées en deux parties intitulées respectivement le jardin aux sentiers qui bifurquent (du nom de l'éponyme dernière nouvelles) et Artifices. D'autres lectures suivront sans nul doute pour moi, tant il y a de richesse dans ces textes.

Tenter une savante analyse dont je ne serais d'ailleurs pas capable est inutile, je livrerai plutôt mon ressenti. Certaines phrases de cette critique sont tirées de conversations autour d'une lecture commune de l'ouvrage avec quelques babéliottes choisis, qu'ils soient ici remerciés de leur accueil.

J'ai souvent eu la sensation que Borges, qui indiquait écrire avant tout pour lui-même, s'amuse souvent et souvent se moque de sa propre érudition, mêlant à plaisir références ou sources réelles et imaginaires.

J'ai admiré l'économie de moyens avec laquelle, en trois phrases, il crée tout un décor, presque un univers, et, parfois d'un seul mot, convoque l'étrange, installe le malaise, le doute ou le vertige.

J'ai aimé certaines nouvelles plus que d'autres, pour des raisons diverses, que l'on peut je crois ramener à deux grandes catégories: certaines fois le plaisir d'avoir eu la sensation d'entrer un peu dans le texte, d'avoir cru repérer quelque clin d'oeil, une allusion réservée, la porte secrète qui mène à un autre niveau de lecture, et d'autres fois la joie simple de savourer une phrase pour sa beauté, les images qu'elle fait naître, d'un style à la fois si particulier et paradoxalement inimitable.

Faut-il envier ceux pour qui Borges reste à découvrir ?
Non pas, car nous en sommes, même après plusieurs lectures.

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Les nouvelles de Borgès sont avant tout de merveilleuses inventions littéraires qui irriguent l'imagination de tout écrivain, de tout créateur, de tout rêveur. C'est une réponse immédiate et forte – peut-être comme celle qu'Umberto Echo apportera de son côté – à ceux qui disent que tout a été déjà raconté, que tout écrivain arrive trop tard. Un peu à l'image de l'Oulipo (OUvroir de LIttérature POtentielle) de Queneau, Pérec ou Calvino, Borgès ouvre des pistes, explore le potentiel infini de l'écriture de la fiction. A la différence que l'écriture n'est pas déclenchée par une contrainte génératrice mais par une fantaisie première, une condition "Et si...?". le style d'écriture est souvent un peu dur, intellectuel (ou bien est-ce dû à la traduction ?). La structure de ces nouvelles est souvent similaire : la découverte de quelque chose d'extraordinaire, son exploitation maximale, puis l'emballement ou le piège final. Ainsi, en plus de la création littéraire, il y a un ton mordant, ironique qui semble se délecter de punir l'hybris humaine (la démesure) avant de le prendre en pitié.
Plusieurs récits, comme le premier au titre étrange qui imagine la création d'un peuple par de faux articles encyclopédiques, travaillent sur la puissance du faux créateur. On pourrait faire le lien avec les univers parallèles et paranoïaques qui se créent par les différentes théories du complot.
Dans le roman indien, Borgès choisit de ne pas raconter tout le roman (roman qui serait immense), mais de faire comme si ce roman existait et de le résumer, d'en parler comme s'il l'avait lu, de poser sur le papier cet état particulier de la communication lorsque l'on raconte à quelqu'un ce qu'on a lu.
Le nouvel auteur du Quichotte joue sur une certaine dose d'absurde. Avec les 4 siècles de distance, le Don Quichotte serait un ouvrage bien différent si on le lit sans le replacer dans son contexte. Cervantès n'est donc plus le même écrivain.
Dans la création d'un être par le rêve, on retrouve la même fantaisie que chez Raymond Queneau (cf. Les Fleurs bleues), est-ce Tchouang-Tseu qui rêve qu'il est un papillon ou le papillon qui rêve qu'il est Tchouang-Tseu ? A force de faire exister un rêve avec plus de consistance, ce rêve ne finit-il pas par acquérir une plus grande importance de réalité pour l'homme qui rêve que la réalité elle-même ?
Dans "la loterie de Babylone", Borgès transforme une pratique, un usage en mythe fondateur d'une règle de l'humanité : l'inégalité du sort. Avec ce mythe, il retrouve une grande circularité car l'humain crée encore des jeux de hasard.
"La bibliothèque de Babel" est un labyrinthe qui laisse imaginer l'immensité, l'infinité que serait l'ensemble des livres qui pourraient se créer dans toutes les langues possibles. "L'oeuvre d'Herbert Quain" permet d'imaginer également tout le potentiel que la littérature classique – un roman, une pièce de théâtre – peut encore imaginer.
Enfin, dans la nouvelle éponyme du recueil, on trouve un schéma de récit policier particulièrement goûté par Borgès, lui permettant de faire naître un secret, même vide, dans l'attente du lecteur.
Dans la seconde partie, Borgès continue d'explorer les possibilités du pouvoir créateur de la littérature, pouvoir qui échappe au réel, au réalisme. En témoigne ce possesseur d'une mémoire parfaite – hypothèse impossible mais tellement riche pour l'imaginaire mais aussi pour la démarche logique de la pensée.
de nombreux récits tournent ici sur la notion de crime, crime qui se renverse, se retourne ; le criminel devient la victime et inversement, de même que le bien et le mal, cause et conséquence. Ce renversement est permis par exemple par le récit mensonger du narrateur – un peu comme le Bavard de Des Forêts – de "la Forme de l'épée". Récit qui a juste substitué « il » avec « je », se raconte vu de l'extérieur, faisant voir l'étrangeté pour soi-même d'avoir accompli une lâcheté.
le jeu de substitution joue également grâce à l'incomplétude de récits comme ceux de vieilles légendes comme "Thème du traître et du héros" ou "Trois versions de Judas" ; la recherche, les hypothèses permettent différentes lectures et interprétations qui font douter des fondements de soi, de la société, du bien… Borgès illustre ici à merveille le travail du chercheur, immensité intellectuelle de ce qui se pourrait chercher, retournement des possibilités de lecture, isolement terrifiant face au sentiment d'une vérité possible et vertigineuse pour l'unité de la croyance humaine.
Entre le chercheur et l'inspecteur, dans "La mort et la boussole", il y a peu de différences, sinon pour le lecteur. de plus le danger pour un enquêteur peut être à la fois physique et moral là où le danger est seulement moral ou intellectuel pour le chercheur.
Dans "Le miracle secret" et dans "le Sud", Borgès reprend le thème de la force incroyable de l'imaginaire ou du rêve qu'il avait déjà illustrée dans "Les Ruines circulaires". Ici, le rêve maîtrisé, allié à la divagation, permet aux deux personnages d'achever leur vie d'une manière satisfaisante, de finir le travail qu'ils s'étaient donné. L'imaginaire a ceci de puissant qu'il peut corriger le réel.
Lien : https://leluronum.art.blog/2..
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On a tellement écrit sur Borges !

Borges, l'Argentin capital, on pourrait dire. Il faudrait le compter probablement au nombre des 10-15 auteurs du 20ème siècle qu'il est essentiel d'avoir lus !

Entrer dans l'univers borgésien c'est faire l'expérience d'un monde unique, fascinant, voire angoissant. Nous allons déambuler dans des labyrinthes au sens propre (bibliothèques monumentales) comme au sens figuré (spéculations philosophiques et métaphysiques). Nous allons visiter des bibliothèques qui sont à l'image de l'univers, reflétées par des miroirs à l'infini, nous y croiserons des tigres majestueux, le poignard ou l'épée constamment au dessus de nos têtes, notre perception du temps et de notre être se modifiera. Des univers étranges où l'on nous dévoilera les hérésies de certaines sociétés secrètes, et où les savants sinologues s'allient à des espions pour fomenter des pièges ésotériques.

Bref, un univers sidérant !

"Fictions", le livre le plus baroque de Borges n'est assurément pas la voie d'accès la plus simple à son oeuvre (les néophytes peuvent d'abord se pencher sur "l'Aleph", moins aride), mais c'est sans conteste le plus représentatif du maître argentin.
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Borges en rêvait, Google l'a fait.

Puisque la bibliothèque de Babel est infinie et que chacun de ses livres est différent, n'importe quel ouvrage peut y apparaitre.

La perception et la non perception d'un champ d'énergie alpha numérique jumelant tout au long d'un rayonnage sans fin ses hallucinations quantiques brodées dans leurs raisonnements.

Le Tao, un sens dans le non sens.

Des pages et des pages devenant exploitables tout en restant sous l'emprise de leurs perturbations.

Étrangetés et bizarreries immergées dans leurs lucidités ne faisant de la totalité qu'un ensemble ne fonctionnant que par ses antonymes.

Ce qui ne signifie rien transporte dans ses bagages la compréhension de tous ses manques.

Un organisme vivant contenant la théorie tant recherchée consistant à unir en se servant d'un même alphabet le désordre et l'ordre dans un même texte.

La particule et la gravitation universelle. La confusion et l'ordonnancement. le délire et la procédure.

La liberté d'assumer son décalage intégré dans l'obligation de fournir une prestation cohérente.

Être et ne pas être, divaguer tout en démontrant.

Une Matrice quantique interactive semblable au nombre Pi faisant circuler dans ses différents hexagones le liquide de Dieu constitué d'une majorité de lettres ou de décimales architecturées dans les physionomies les plus complexes.

L'intégralité de tous les possibles. L'histoire alternative de toute la matière.

L'absolu, tout ce qui se valide ou se conteste dans des hexagones sans début ni fin.

Ni fin ni début dans un labyrinthe rhizome rendant aliénés celui ou ceux le parcourant avidement en quête d'une révélation.

L'empire de l'incohérence parsemée de quelques parcelles de sens apparaissant subitement sur une ligne dans un texte incompréhensible.

O temps tes pyramides!

La révélation soudaine d'une combinaison révélant sans la comprendre la cohérence d'une phrase pour aussitôt s'assoupir dans une continuité insoluble.

Emmagasinant dans ses rayons contradictoires une consultation managée par ses incertitudes.

La progression de l'individu avec le doute comme seul compagnon de route.

L'assemblage de lettres et de décimales torturées à l'extrême fournissant de manière sauvage un sens formant des blocs de phrases pouvant aller jusqu'à la constitution d'un livre cohérent.

L'univers dans le discernement et la cécité.
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Rares sont les auteurs, dont l'imaginaire est assez puissant pour s'imposer à nous, malgré nous. Pourtant, l'imaginaire borgesien n'est pas un imaginaire évident à adopter : beaucoup d'éléments, à tonalité fantastique, qui frisent souvent l'absurde… Et moi, j'aime beaucoup ! Entre métaphores à thématiques philosophiques, talent d'écriture et pur amusement, ces Fictions sont un enchantement ! Parsemé par de nombreux questionnements, elles offrent toute une image de l'homme et de sa Quête, mais aussi un très grand plaisir de lecture.
Un livre original, un livre qui fait réfléchir et un livre qui me plaît.
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