Fouquet ressemble à Van Eyck, parce que tous deux ont suivi le même enseignement, l'un dans les Flandres par Jean de Bruges ou tout autre; le second par les artistes du duc de Berry, élevés à pareille école. L'un a plus de génie, l'autre plus d'esprit; ne se valent-ils point au fond? Et ce qui sortira d'eux, dans le Nord, La Pasture ou Memling, chez nous l'admirable et merveilleux peintre que nous nommons le maître de Moulins, Bourdichon ou Perréal, Clouet même encore, s'annonceront comme le prolongement d'un même rameau d'origine. Accordons aux amoureux d'Italie que ces hommes eussent regardé les Italiens; ce n'est pas d'eux qu'ils ont pris leur esprit, ni leur splendide naïveté; les Italiens n'ont rien de semblable,
ce sont des décorateurs païens.
La famille des Valois qui arrive au trône de France dans le milieu du siècle est, par atavisme, amoureuse de gloire, de luxe, de fêtes. Les hommes en sont braves à la guerre, mais épicuriens, égoïstes et prodigues. Sur leurs goûts dépensiers un art nouveau se forme, que leurs contemporains, moins exaltés, jugeaient peut-être avec autant de sévérité que, de notre temps, les tenants du classique à l'égard des partisans d'un nouveau jeu. Tout de même leurs fantaisies d'alors prévalurent; il fallut bien que les dissidents comptassent avec elles, et que les traditions anciennes cédassent le pas.
En art comme en toutes choses inventées et perfectionnées par l'homme, une cause sociale préside à la diffusion.