AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,2

sur 3010 notes
Superbe, le plus beau livre russe écrit au 20e siècle d'après moi.
Trois histoires entremêlées, celle du diable qui débarque avec sa bande dans le Moscou des années 30 et crée un joyeux bazar, une histoire d'amour entre Marguerite et le maître, et enfin le roman du maître que nous lisons au fil du livre et qui raconte l'histoire de Jésus. Magistral !





Commenter  J’apprécie          75
Difficile de résumer le contenu d'un tel livre, foisonnant de situations burlesques, graves, facétieuses ou fantaisistes. de nombreux personnages perdent la raison ou la vie de façon mystérieuse. D'autres profitent de ces états de fait, s'enfuient en souhaitant s'enrichir.
Sans doute, l'objectif premier de l'auteur était de présenter une photographie du pouvoir absolu, démoniaque, tyrannique et destructeur de Staline.
L'imagination fertile, Boulgakov nous entraine dans une fresque rocambolesque où Satan en personne côtoie les moscovites, les dupe, se joue de leur crédulité et de leur lâcheté. Ainsi vont les oeuvres de Staline.
En parallèle, le « Maître » a écrit un manuscrit sur Ponce Pilate, dont sa confrontation avec l'illuminé Yeshoua à Jérusalem, sa décision de le condamner à mort par crucifixion avec deux autres prévenus sur le Golgotha. le Maître considère ce registre comme l'oeuvre de sa vie, mais voit son document refusé par les autorités (ce qui est arrivé à Boulgakov pour de nombreuses pièces de théatre). Alors il brûle ses copies, devient fou et sera interné en hôpital psychiatrique. Marguerite sa maitresse, grâce à Satan sous les traits de Woland, spécialiste de magie noire, rendra raison à son amant. Elle récupérera des cendres le document du Maître et ensemble, à l'aide de Woland, s'engageront vers « une autre vie ».

Lien : https://www.babelio.com/conf..
Commenter  J’apprécie          124
C'est plus fou le journal du même nom de Gogol, c'est plus démoniaque que dans les Possédés de Dostoïevski, c'est plus incroyable qu'Azimov ou Zamiatine. C'est aussi plus grave que Guerre et paix, puisqu'il est question du bien et du mal.
Le Maître et Marguerite, comme tout bon roman russe qui se respecte, fait intervenir une multitude de personnages. Mais ils se dissimulent dans le labyrinthe d'un récit complexe (et parfois même compliqué), une successions de scènes qui peuvent faire perdre l'orientation dans la visite du chef-d'oeuvre ; si l'on n'y prend pas garde, on peut donc perdre son fil et se demander comment « diable » on est en train de lire ce qui est sous nos yeux.

Mais la prose d'abord si drôle de Boulgakov et, on le sait, on le sent presque olfactivement, on le débusque derrière les situations, les allégories, les images : l'enjeu de ce roman de résistance fait que l'on s'attache à ne jamais lâcher le fil de la lecture.

C'est sans doute un roman qui mérite, plus que bien d'autres, d'être lu plusieurs fois : une première pour se laisser surprendre et éblouir. Une seconde pour savourer et confirmer ou infirmer le souvenir de ce qu'on y comprit. Une troisième ? Certains diront que oui : et pourquoi « diable » s'en priverait-on ?
Commenter  J’apprécie          198
Quarante ans après ma première lecture, je retrouve avec bonheur le Moscou fantasmagorique de Boulgakov, une ville échevelée et burlesque, dont le roman transfigure la réalité dans tout ce qu'elle a d'absurde et de cruel. D'une force terrible, par l'ironie, la poésie, l'imagination, le Maître et Marguerite est l'oeuvre de toute une vie. Boulgakov en commence l'écriture en 1928, il rédige et corrige sans cesse jusqu'à sa mort en 1940. Écrivain marginalisé par la doxa du régime, en proie à la censure, aux critiques, son récit est une oeuvre de résistance, pour la liberté d'écrire qu'il proclame bien haut, au nom de la création littéraire universelle, de Goethe à Pouchkine, jusqu'aux poètes maudits par le régime comme Mandelstam arrêté en 1930. Roman à tiroirs, tout entier en allusions et références littéraires, maniées avec un humour féroce, il nous plonge dans un univers où la fiction sans cesse est en miroir avec une réalité vivante et grinçante. Fourmillant de détails croqués sur le vif de la vie moscovite Boulgakov se garde toutefois d'une description trop fidèle des lieux, il s'amuse à brouiller les pistes et ses évocations sont rapides, incisives, elles brossent le décor sans appuyer le trait, il en ressort un paysage familier et fidèle. Celui des rues, des immeubles et des appartements communautaires de Moscou est certainement le plus présent ; la promiscuité des cuisines où chacun apporte son réchaud à pétrole (primus), la gourmandise des prétendants à s'installer dans tel appartement devenu vide, les harengs et la vodka, le paysage des rues avec leurs jardins, leurs statues, leurs lieux mythiques, la bureaucratie partout jusque dans le milieu du théâtre, les rivalités du monde des écrivains de Griboïedov à Peredelkino, la vivacité des dialogues lancés avec fougue… le roman réussit à camper le quotidien dans sa vérité, sur la toile de fond d'une fable incroyable qui prend forme au 302 rue Sadovaïa dans l'appartement 50. Car Wolan le diable, est de la fête, dès le premier chapitre, et il sera partout, accompagné par une clique improbable et facétieuse, dans un réel défi au pragmatisme scientifique et raisonnable de l'idéologie dominante qui tentera toujours de ne pas voir, pour interpréter les faits de la façon qui l'arrange. Je n'avais pas gardé en mémoire, pendant ces dizaines d'années, le détail des faits et gestes de la troupe satanique et les déboires de tous ceux qui croisent sa route. J'avais toutefois clairement le souvenir du premier chapitre ,au bord de l'étang du patriarche : tout le roman déjà s'y inscrit : le rapport ambigu entre le doute et les certitudes, l'absurde de la mort annoncée de Berlioz, la folie en germe d'Ivan, l'arrivée mystérieuse de Wolan sur le banc, la mise en place du roman dans le roman, avec la présentation de Ponce Pilate dans cette Jérusalem qu'il hait si bien…C'est le diable qui introduit Ponce Pilate dans le récit, ce diable omniscient qui a réussi à s'introduire au travers des lignes écrites par le Maître sur l'arrestation et la mort de Jésus, ce Maître un peu tombé du ciel, qui fera son apparition sur un balcon, la nuit, dans une clinique psychiatrique. Écrivain désenchanté, il brûle son manuscrit et l'amour de Marguerite ne le sauvera pas. Boulgakov lui-même, dans ses tourments et son aspiration au repos., se cache à peine derrière ce Maître. le diable lui, tire les ficelles, il a mené le bal, au sens propre comme au sens figuré, peut-il en être autrement dans un monde de tromperie et de terreur ?
Livre culte, le Maitre et Marguerite est une oeuvre majeure, la traduction d'André Markowicz est un bijou de précision qui permet de redécouvrir le texte et de l'éclairer. Malgré tous mes efforts je n'ai pu faire figurer sur le site, la couverture de ce livre publié aux éditions INCULTE, je renvoie les lecteurs à cette édition récente.
Commenter  J’apprécie          232
Quel drôle de bouquin !
Je l'avoue, j'ai plusieurs fois été tenté d'en laisser tomber la lecture, me disant que cela versait un peu trop dans la dinguerie pour moi.
Mais non, les passages antiques notamment, que je trouvais bien tournés, m'ont aidé à tenir.
C'est là que je vois que, malgré un agnosticisme revendiqué, je maîtrise mieux les références à l'histoire biblique que celles à l'histoire russe.
Malgré l'aide des notes de bas de page, je n'ai probablement pas suffisamment saisi le mordant de l'humour de Boulgakov quant au régime et à la société de son époque.
Le Diable se cache pourtant ici souvent dans les détails... bien qu'il occupe la vedette de l'histoire, bien plus que le Maître et Marguerite, dont l'amour n'est à mon sens ici qu'un accessoire.
Ici Satan s'occupe un peu plus que de messes noires et de heavy metal... lui et ses acolytes règlent leur compte aux médiocres, mesquins, jaloux et escrocs de petit acabit.
La morale de l'histoire est ici du côté du "mal" mais elle fait pourtant du bien !
Commenter  J’apprécie          70
Le principal ressort du livre est le contraste entre une nomenklatura et une bureaucratie soviétiques ankylosées, normées, figées, et des interactions surnaturelles, d'essence diabolique, dans le Moscou des années 1930.

En parallèle prennent place un récit sur une journée de Ponce Pilate, au moment de la crucifixion de « Iéchoua » qu'on assimile sans peine à Jésus ; et la passion inexpliquée, et pour tout dire peu vraisemblable, d'une femme, Marguerite, pour l'écrivain pâlot auteur de ce récit para-biblique.

Le livre est alerte et plaisant dans l'accumulation de désordres liés à un paranormal bien déjanté : la magie noire est comme un chien dans un jeu de quilles. A force, cependant, cette accumulation devient assez répétitive, et peut finir par lasser.

La scène de music-hall est très bien venue, en ce qu'elle révèle sous le vernis social, la cupidité, l'individualisme et même la sauvagerie qui ne demandent qu'à jaillir. A l'inverse, tout ce qui va de l'envol de Marguerite jusqu'à la fin du bal chez Satan m'a paru d'une surcharge et d'un ennui pesants ; trop, c'est trop.

Le livre comporte d'assez nombreux passages entre crochets. le traducteur (édition Folio) indique qu'il s'agit de passages « censurés » lors de la première publication, dans une revue. A y regarder de près, ces passages semblent pourtant bien anodins, et on ne voit pas ce qui aurait pu justifier une censure ; à mon très humble avis, ils n'apportent strictement rien et encombrent plutôt le texte, à tel point que je me demande s'il ne s'agit pas plutôt de l'intervention finalement assez pertinente d'un éditeur de revue soucieux de « dynamiser » certains passages.
Commenter  J’apprécie          20
Un livre onirique auquel on ne s'attend pas. Qui est le héro? Marguerite? Woland? le Maître? Ivan? Tous? Ou ceux qui viennent d'un autre temps, d'une autre vie? Une référence religieuse surprenante pour un auteur russe. Un récit tout à la fois simple et pourtant si raffiné et poétique. Un délice!
Commenter  J’apprécie          30
La notion de classique -voire de chef d'oeuvre-, en littérature, est souvent associée à l'idée d'une accessibilité difficile. On imagine les grands textes ardus, souvent longs, et surtout, extrêmement sérieux.

J'ai moi-même longtemps été victime de cet a priori. Puis j'ai découvert, entre autres, Céline, et j'ai compris qu'une oeuvre peut être complexe sans être compliquée, intelligente sans être élitiste, mais surtout, j'ai découvert qu'écrire un chef-d'oeuvre peut se faire avec humour et fantaisie, même si le propos en est tragique et sérieux.

La lecture de ce roman considéré comme un classique de la littérature russe qu'est "Le Maître et Marguerite" n'a fait que renforcer cette conviction.

Tout commence avec une tête malencontreusement coupée par un tramway...
Cette tête, c'est celle de Berlioz, président de l'association littéraire de Moscou (MASSOLIT). Cet étêtage ne serait pas si extraordinaire s'il n'avait été prédit quelques instants auparavant par un étrange personnage qui avait abordé Berlioz et son camarade Yvan lors de leur promenade. Non moins étrange, l'assertion du même personnage selon laquelle il aurait connu Ponce Pilate, avec lequel il aurait entretenu de longues conversations !
Et cet abracadabrantesque épisode n'est que le début d'une longue série d'événements étranges, voire complètement loufoques, et néanmoins inquiétants...
Il s'avère en effet que le curieux protagoniste rencontré avant sa mort par le directeur du MASSOLIT ne se contente pas de ses dons extralucides. Woland -puisque tel est son patronyme- semble en effet doté de tout un arsenal de pouvoirs surnaturels, et les malheureux qui croisent sa route et celle de ses acolytes -parmi lesquels un énorme chat qui se conduit comme un humain, et un grand échalas arborant pantalon à carreaux et monocle brisé- font les frais de ses tours diaboliquement malicieux.

On peut ainsi se contenter de suivre les tribulations de cette bande infernale, rire des mésaventures de leurs victimes (souvent autant dues à la cupidité et autres vices de ces dernières, qu'à l'intervention de Woland et de ses compagnons), s'attendrir à l'évocation des amours improbables du Maître et de Marguerite. Ce sera la certitude de passer un moment fort réjouissant, porté par le rythme endiablé -c'est le cas de le dire- que Mikhaïl Boulgakov insuffle à son récit.

On peut aussi deviner, entre les lignes, la critique, par l'ironie et le burlesque, d'un système dont l'auteur fut une des victimes.
L'omniprésence de la milice, les nombreuses allusions aux passe-droits dont bénéficient les artistes officiellement "reconnus", la corruption qui règnent au sein des institutions, la médiocrité de concitoyens délateurs et vénaux, la négation, enfin, de l'art et de sa liberté d'expression, au profit d'oeuvres politiquement correctes... sont autant d'éléments qui traduisent la volonté de l'auteur de fustiger un régime dont il eut à subir la censure tout au long de sa carrière.

Mais après tout, peu importent les motivations qui nous poussent à aimer, à admirer une oeuvre telle que "Le Maître et Marguerite".
L'essentiel, c'est le plaisir qu'elle nous procure.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
Commenter  J’apprécie          100
J'ai terminé cette lecture par tranches d'une page à la fois parce que je ne voulais vraiment pas arriver au bout : il entre immédiatement dans la liste restreinte de mes livres préférés, avant même relecture.
Je n'avais pas la moindre idée de ce que racontait ce livre, je ne m'attendais à rien en particulier, mais je suis certaine que je ne m'attendais quand même pas à ça, d'autant moins en ne connaissant de Boulgakov que ses récits médicaux d'une réalité crue. Pour ce qui est de la réalité, dans le Maître et Marguerite, elle est planquée entre les lignes, la censure en URSS forçant à l'imagination et au style.
Rares sont les livres qui contiennent tout : belle langue, poésie, fantastique, épopée, humour (noir, l'humour), cynisme, mise en abyme, psychologie, qualité des dialogues, des méchants qu'on aime détester, tout, tout ce qu'on peut espérer trouver dans une oeuvre est dans celle-ci. Alors même que dans l'absolu, c'est une oeuvre inachevée, Boulgakov n'a jamais terminé les relectures.
Et en plus, c'est super-facile à lire, un ado y serait très à l'aise.
Si vous ne devez lire qu'une seule oeuvre russe - ce qui serait tout de même à la limite du crime - au moins, choisissez le Maître et Marguerite.
Commenter  J’apprécie          131
Voilà un livre qui divise. Je l'avais commencé il y a quelques années et il m'avait glissé des mains. J'ai senti dernièrement que c'était le bon moment pour le rouvrir et j'ai recommencé depuis le début, cette fois en allant au bout. Au final, je suis globalement contente d'avoir lu ce roman dont j'ai perçu la profondeur mais je sais que je n'en ai pas saisi toutes les subtilités, ce qui est frustrant. Il est remarquablement construit, avec trois histoires en une et un personnage - Satan, rien que ça - qui les lie.
La première partie du livre, satire du système soviétique dans le contexte duquel le roman a été écrit, m'a semblée trop carnavalesque pour que j'accroche. Ce n'est pas dénué d'intérêt, c'est même brillant dans le genre et quelques cocasseries m'ont fait sourire, mais ça ne correspond pas à mon goût et cette lecture s'est révélée un peu fastidieuse (c'est là que j'avais décroché lors du premier essai). D'autant que les personnages sont nombreux et qu'il est difficile de suivre qui est qui au milieu de tous ces patronymes russes !
La seconde partie m'a davantage parlé (et j'étais contente d'y être arrivée !). Elle est plus posée, moins burlesque.C'est là que “l'une des histoires d'amour les plus émouvantes jamais écrites” (mouais) s'étoffe un peu. le roman du Maître m'a davantage touchée et j'ai aimé la plume de l'auteur dans ce style-là. D'ailleurs on peut saluer cette mise en abîme savamment orchestrée.
C'est un roman foisonnant et magistral mais qui, certainement, ne plaira pas à tout le monde. Il gagne à être lu, pour peu qu'on ne se laisse pas décourager par les premiers chapitres. Et pour en percevoir toute la saveur, il me semble indispensable d'aller chercher des éléments contextuels et d'analyse concernant cette oeuvre.
Commenter  J’apprécie          40




Lecteurs (8662) Voir plus



Quiz Voir plus

La littérature russe

Lequel de ses écrivains est mort lors d'un duel ?

Tolstoï
Pouchkine
Dostoïevski

10 questions
441 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature russeCréer un quiz sur ce livre

{* *}