Hello, le soleil brille...
Vous avez tous en tête, l'air principal du film de 1957 (ne dites pas non, je vous ai entendus siffloter), et dans votre souvenir vous voyez l'explosion par laquelle ce magnifique pont s'écroule dans les eaux de la rivière Kwaï. Il est vrai que ce film de David Lean (qui allait signer plus tard
Lawrence d'Arabie et le Docteur Jivago, excusez du peu) est une réussite, tant par la réalisation que par l'interprétation. Mais il doit (presque) tout à un roman de
Pierre Boulle paru en 1952 et portant le même nom "
Le Pont de la rivière Kwaï". Je dis "presque" parce que, dans le livre, le pont ne saute pas. Il semblerait que
Pierre Boulle, en apprenant ce changement "spectaculaire" du scénario, aurait regretté de ne pas y avoir pensé lui-même, mais on ne prête qu'aux riches...
Même sans explosion à la fin, le livre vaut largement le détour.
Pierre Boulle y a incorporé plusieurs de ses souvenirs, ainsi que des témoignages de personnes qui ont participé à la construction du pont. Car le pont existe, et on peut même le visiter. S'il est vrai en partie qu'il a été construit par des prisonniers alliés sous la férule des Japonais, les détails racontés dans le roman n'ont en aucun cas valeur documentaire. Ce qui n'enlève rien à l'intérêt de ce dernier, à la fois roman d'aventure, roman de guerre, et passionnant roman de réflexion sur l'action, l'engagement, le sens de l'honneur...
Au cours de la Deuxième guerre mondiale, les Japonais envisagent la construction d'une ligne de chemin de fer pour relier la Thaïlande à la Birmanie. Des milliers de travailleurs y sont enrôlés de force dans des conditions déplorables, de nombreux ouvrages "d'art" sont nécessaires, dont ce pont sur la rivière Kwaï. Les Alliés se proposent de le faire sauter, mais c'est sans compter sans l'obstination d'un colonel britannique (le colonel Nicholson, commandant les travailleurs britanniques), qui, par entêtement et/ou en vertu d'un sens de l'honneur un peu désuet et révolu, veut garder le pont intact.
Pierre Boulle (1912-1994) est l'auteur d'une oeuvre abondante et diversifiée qui oscille entre deux pôles : action (guerre et espionnage) et science-fiction. "
William Conrad" (1950), "
Le sacrilège malais" (1951) "
Le Pont de la rivière Kwaï" (1952), "
Un métier de seigneur" (1960) illustrent ce premier pôle. le second comprend entre autres : "
La planète des singes" (1963), "
Le photographe" (1967) ou encore "
Contes de l'absurde" (1953) et "E = MC2" (1957), deux recueils de nouvelles où
Pierre Boulle s'inscrit dans la continuité de
Barjavel.
Un auteur attachant et sensible, qui mériterait d'être mieux connu...