La peinture bouddhiste tibétaine

Un peintre tibétain venu visiter mon atelier me posa cette question surprenante : "Où est ton miroir ?" Il aurait été bon, me dit-il, que je demande à la divinité représentée et incarnée dans la peinture de résider dans le miroir le temps de mon intervention. Je l'assurai qu'à ma manière occidentale, en prenant des photos de la divinité avant restauration, en les conservant dans un dossier afin de constater que mon travail lui rendrait son intégrité, je lui avais exprimé mon respect. La notion de patrimoine, si chère aux occidentaux, ne se rapporte pas pour un tibétain aux thangkas, qui sont pour lui des images sacrées ne pouvant être en aucun cas lacunaires ou endommagées. Nous leur attribuons une valeur artistique et leur appliquons les canons de la conservation en occident. Les deux points de vue peuvent-ils être conciliables ?