Je le confesse, je n'avais jamais entendu parler de l'expédition de Jussieu, La Condamine, Godin et Bouguer. Cette BD, oeuvre de Briac, un auteur autodidacte au style inimitable que j'apprécie tout particulièrement, était donc l'occasion rêvée pour réparer cela.
Qu'est-ce donc que cette expédition, alors ?
Visitons Wiki :
"En avril 1735, il est chargé par l'Académie des sciences de conduire une expédition au nord du Pérou afin de mesurer la longueur d'un arc de
méridien d'un degré à proximité de l'équateur. Séduit par la perspective de voir progresser la cartographie indispensable à la navigation, Philippe V a accordé son soutien à l'expédition en août 1734. C'est la première fois qu'un roi d'Espagne autorise des étrangers à voyager dans ce qui est alors la Vice-Royauté de Nouvelle-Grenade et c'est la première expédition scientifique au Nouveau Monde.
Il s'agissait de vérifier la figure de la Terre et l'hypothèse d'
Isaac Newton, selon laquelle le globe terrestre n'est pas une sphère parfaite, mais est enflé près de l'équateur et aplati aux pôles (en forme de « mandarine »). Cette idée de Newton avait soulevé une énorme controverse chez les scientifiques français entre un clan « cartésien » adepte des théories scientifiques de
Descartes et un clan « newtonien », auquel appartenait La Condamine. Les Cartésiens soutenaient au contraire que la Terre était aplatie à l'équateur et enflée aux pôles (en forme de « citron »)."
Ouf.
Quand on n'est pas géographe, pas facile de se figurer en quoi consistaient les calculs de ces brillants scientifiques. L'ouvrage ne nous éclairera d'ailleurs pas beaucoup là-dessus, préférant se consacrer aux (très nombreux) aléas d'un tel voyage, si dangereux à l'époque qu'on se demande même comment la plupart d'entre eux ont pu en revenir vivants.
Le groupe, qui a bien du mal à s'entendre, va d'ailleurs vite éclater et se transformer en aventures solitaires, ce qui peut parfois donner à ce pavé de 140 pages une narration un peu décousue.
Pour autant, l'ensemble constitue un bien bel ouvrage et Briac gagne globalement à s'exprimer sous la houlette d'un scénariste.
Le Gouëfflec s'en sort d'ailleurs très bien, avec de belles trouvailles (comme les oiseaux qui parlent), mais aussi des répliques intelligentes, érudites, poétiques... Reste à souhaiter à cet album le succès qu'il mérite, surtout quand on connaît un peu les coulisses, le temps que les auteurs y ont passé et les misères qu'ils ont eu à le faire publier.