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Un essai stimulant, richement étayé, et illustré par des exemples attrayants. Une conclusion qui s'en tient à un niveau assez élevé de généralité : on aimerait être guidé un peu plus… de quoi s'agit-il ?

On constate un temps de cerveau libéré inédit dans l'histoire de l'humanité. C'est un fait et un trésor politiques. Or notre attention est cambriolée, dans le sens où elle s'appuie moins sur la qualité des informations circulant sur le marché cognitif que sur la satisfaction mentale qu'elles apportent.

Le marché cognitif est dérégulé. Il s'appuie sur une éditorialisation libre du monde (chacun édite son monde, ses mondes…). Mais cette hypermodernité du marché cognitif va de pair avec un fonctionnement ancestral de notre cerveau dans lequel ce dernier s'abandonne à des boucles addictives. Or qu'est-ce qui retient notre attention ? Les invariants de notre espèce : la peur, le sexe, la colère, la conflictualité, la surprise (le possible incertain). Comment ? En utilisant l'incomplétude cognitive (« Vous voulez découvrir à quoi – telle personnalité – ressemble aujourd'hui ? Vous le saurez si… ») provoquée par la frustration, et les informations égocentrées (« Faites-vous partie des signes astrologiques concernés par le vieillissement? »).

Ce marché cognitif dérégulé révèle (c'est le sens d' « apocalypse ») ces invariants de notre espèce : il montre une image anthropologique réaliste – non naïve – de l'homme. Cette image s'oppose aux modèles de sociétés utopiques qui supprimeraient toutes les incertitudes de nos vies. Cette anthropologie réaliste s'oppose aussi aux théories pleines d'espoir, mais aveugles, d'un homme qui serait dénaturé : théories qui font de toute chose l'effet d'une construction sociale (« c'est la faute du contexte ») servant les intérêts d'un capitalisme hypermoderne.

Comment ne pas sombrer dans notre médiocrité collective ? En prenant conscience que le marché cognitif fait revenir au premier plan l'homme préhistorique. En organisant « les conditions pour chacun de sa déclaration d'indépendance mentale » (p.350). En travaillant la capacité à différer des plaisirs immédiats. En domestiquant « l'empire immense de nos intuitions erronées » (p. 350).
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Un roman très riche en informations, chiffres et graphiques.
J'ai lu des chapitres un peu tous les jours pour ne pas être submergée.
C'est extrêmement intéressant (et quelque peu effrayant..). Je conseille d'écouter l'auteur dans les interviews qu'il a fait à la radio, car il est passionnant.
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Un suite décousue d'exemples statistiques souvent hors contexte. Non seulement les biais de l'auteur paraissent mais les exemples cités font souvent état de raccourcis intellectuels.

Un example frappant est lorsqu'il parle de la peur qui pousse vers l'irrationnel. Il mentionne que les gens font beaucoup trop de dons pour la cause de la sclérose latérale amyotrophique en comparaison au cancer, ce dernier étant beaucoup plus mortel, donc pour lui c'est une preuve que les gens ont une peur irrationnelle de la SLA. Ça a du sens quand on oubli de parler du fait que leur campagne du "ice bucket challenge" a connu un succès viral monstre, d'où la provenance des dons en masse.

J'ai abandonné mi lecture car l'autre problème est qu'on voit difficilement où l'auteur veut en venir avec tout ça. Non seulement il ne révèle pas vraiment de coupables mais ne semble pas vraiment vouloir apporter de solutions non plus. On dirait plus un vieil homme qui semble vouloir s'entendre crier aux nuages.

À un certain moment il se plaint que les jeunes passent beaucoup trop de temps sur leur téléphones et mentionne que ~40% de ce temps est passé à écouter la télévision! Diantre! On sait tous que trop de temps de télévision est mauvais et que ça a toujours été un problème mais en quoi exactement c'est pire sur un téléphone qu'en face d'un téléviseur? On s'en fou, vite, passons à la prochaine statistique tappe à l'oeil
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Quelle lecture éclairante et enrichissante! C'est un livre que je vais offrir et inciter le plus de personnes de mon entourage à le découvrir. Une pensée fluide et rigoureuse, une analyse brillante de nos mécanismes mentaux et des enjeux civilisationnels auxquels nous sommes confrontés.
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Résumer un bouquin n'est jamais chose facile, mais résumer un livre d'une telle densité est mission impossible.
Gérald Bronner postule de l'augmentation tendancielle de notre temps de cerveau disponible du fait notamment de la mécanisation de tâches quotidiennes, de la diminution du temps de travail, de l'apport du numérique, etc … Nous avons plus de temps que nous pourrions mettre à profit pour penser et pour dépasser ce qu'il appelle le « plafond civilisationnel ». Toutes les sociétés (Rome, Grèce…) ont atteint ce plafond sans parvenir à le dépasser car elles n'ont pas su s'adapter à de nouveaux défis et n'ont pas pu puiser dans les ressources de la collectivité les moyens de s'en affranchir. Or, il théorise que nous avons ces moyens mais nous les dilapidons à tout autre chose qu'à ce dépassement.
Une grande partie du livre est consacrée à tordre le cou à la théorie de l'homme « dénaturé par la modernité ». Pour de nombreux auteurs, la technique détournerait l'homme de sa nature coopérative, sociale ; l'homme serait dénaturé par la volonté de certains de l'asservir par la télévision, internet, la publicité.
Le point plus intéressant (enfin tout le livre l'est) est sa longue théorie sur la peur. J'en ai déjà parlé, la peur est consubstantielle de l'homme, car elle lui a permis de survivre à travers le temps. Sauf que désormais elle est un moyen de tenir en haleine les citoyens. A cela s'ajoute, l'idée d'une éditorialisation du monde, c'est à dire le fait de focaliser son attention sur tel élément du réel plutôt que tel autre. Mais il développe le fait que d'une éditorialisation par des professionnels (journalistes, spécialistes, politiques) on est passé au même processus mais par n'importe-qui, au travers notamment des réseaux sociaux. Avec les effets pervers que l'on connait, sachant de surcroit que plus nous rencontrons la même idée, le même argument, plus nous finissons par croire qu'il est vrai, d'autant plus s'il s'extrait de la pensée « dominante » qui veut dire la pensée issue de la réflexion. Et plus la pensée est iconoclaste plus elle nous parait crédible parce que justement elle nous donne la sensation de surprise, de découverte et donc elle nous attire. On comprend mieux les ressorts du complotisme. A cela s'ajoute qu'il faut plus d'énergie pour démonter une théorie fausse que pour en développer une sensée.
Ce livre n'est pas désespéré mais il invite à se regarder autrement face à tous ses outils et surtout il nous invite à cesser de nous penser comme des victimes de puissances supposées supérieures qui nous manipuleraient. Nous sommes manipulées si nous y consentons. Nous sommes encore des êtres doués de raison et nous avons tendanciellement plus de temps pour penser le monde autrement. Utilisons-le !
Lien : https://www.delitt.fr
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« Que faisons nous de notre temps libre ? Vers quoi tournons-nous notre regard ? »
Gérald Bronner s'inquiète à une tendance de fond, celle de la dérégulation massive du marché cognitif depuis le début du 21e siècle. Il apporte dans son ouvrage une forme analytique et d'espoir face à notre situation actuelle si l'on veut bien tourner notre regard vers plus d'humanité. Il parle ici d'un temps de disponibilité mentale qui ne cesse d'augmenter, un temps qui peut nous servir à élargir notre domaine de connaissance, penser le monde, un temps qu'il nomme : « le trésor le plus précieux de l'humanité ». Car il y a en effet dans ce temps de cerveau disponible, toute l'histoire de l'humanité qui est possible : le pire comme le meilleur.
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Les critiques du livre sur Babelio sont toutes de bonne tenue et les arguments en faveur du discours de l'auteur sur la notion de « temps de cerveau disponible » et son accaparement par les écrans cathodiques en lien avec nos ressorts profonds d'humain (connaitre tout, tout de suite, par exemple le moindre pet de la personne connue, s'émouvoir de la chasse à la baleine, haïr les chinois).
Le commentaire de la personne « Subtropiko » est celui qui s'approche le plus de mes impressions de lecture.
Cet essai est remarquable par le ton employé, le langage accessible à tous, par la construction des phrases qui n'ennuient jamais son lecteur, et aussi par la construction des chapitres et sa conclusion.
Si bien que j'ai décidé de l'adresser à mes 3 enfants pour qu'il s'interroge sur leurs pratiques et le devenir de nos civilisations.
Le façonnage de notre cerveau en cours est bien réel, le contenu des plus grandes chaines d'information (y compris les réseaux sociaux qui en sont les caisses de résonnance) y contribue de manière certaine et ne fait que confirmer la citation de Steinbeck que j'aime employer pour caractériser l'évolution de notre civilisation.

« Lorsque notre nourriture, nos vêtements, nos toits ne seront plus que le fruit exclusif de la production standardisée, ce sera le tour de notre pensée. Toute idée non conforme au gabarit devra être éliminée. »

L'auteur conclut son essai en exaltant la capacité de l'esprit humain à trouver en lui-même les ressources pour éviter de tomber dans ce tourbillon de l'éditorialisation du monde cognitif, en cultivant son jardin artistique et poétique. Seulement cela me semble insuffisant comme perspective et l'histoire de l'instruction de notre population, mis en place tardivement par les Républiques (100 ans après 89) bien que bâtie sur l'esprit des Lumières, montre que si au début de la mise en place de l'école obligatoire, les progrès de notre civilisation ont été indéniables et ont contribué à créer ce fameux marché de la connaissance(en un siècle) auquel il est fait référence dans le livre, il marque le pas aujourd'hui et devient même problématique devant l'ignorance ou l'absence d'intelligence qui caractérise la jeune génération.
Je trouve qu'il manque ainsi dans la conclusion de l'ouvrage la référence à l'action concrète et non plus seulement intellectuelle pour combattre cet enlisement dans la médiocrité due aux informations surabondantes ; une action forte aux niveaux des groupes d'intellectuels qui à l'image des Sartre, des Fanon, ont su lier l'avancée de la connaissance à l'action de terrain.
La lutte pour conserver une capacité individuelle à la réflexion s'annonce difficile et cet essai tombe à point pour comprendre les enjeux et amorcer une nouvelle voie, ce que rappelle à juste titre Edgar Morin dans son livre « La voie » dans lequel il énonce des principes qui ne peuvent se mettre en place que collectivement : sens de la responsabilité de son groupe d'appartenance, respect de l'autre. L'action collective me semble plus appropriée pour endiguer l'enlisement de nos cerveaux dans les eaux nauséabondes de l'extrême droite, xénophobe (blanche) et raciste, ces eaux tumultueuses emmenés par le défilé continuel de petites informations, à petites doses sans douleur anesthésiant nos capacités propres à nous forger une opinion sur le sens de la vie sur terre, en harmonie avec la Nature et ses autres habitants. Marchons, marchons dit notre hymne national, mais maintenant allongeons nous et écoutons avec nos oreilles le bruit de la terre, regardons le ciel et son immensité pour sentir notre faiblesse et petitesse….face à l'univers……
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Difficile d'ajouter quelque chose d'intelligent à toutes ces critiques brillantes.
Je ne m'y risquerai donc pas.
Livre passionnant, très accessible même s'il demande un brin de concentration.
Il nous oblige à nous secouer les méninges quand on se surprend à scroller en pilotage automatique.
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