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Sur ce sujet, on a déjà beaucoup entendu mais cet essai à le mérite d'être très documenté/référencé et le ton pas trop dramatique/moralisant permet une lecture facile.
La partie sur les statistiques des temps passés sur écran et pour y faire quoi est révélateur.
Sans faire de moral, on peut dire que l'esprit humain est paraisseux (sexe/complots) et aime le conflit ce qu'exploite très bien les réseaux sociaux à coup de dopamine.
J'aurai aimé un peu de relativisme pour des projets modernes enthousiasmant, enrichissant et pationnant qu'on trouve sur Internet.
De même abstraction est faite sur les régimes autoritaires, dommage car c'est peut-être une piste quand on voit que la Chine limite le temps des ados devant tik-tok CQFD
Il faut tenter de sortir de ce maelstrom informationnel surtout pour nos enfants.
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La Pensée extrême (Denoël, 2009), du même auteur, laissa dans ma cervelle âgée, des traces importantes. Je découvrais alors, une pensée complexe, originale qui essayait de pister, avec une approche neuve, le chemin des fanatiques, J'essayais, à ce moment de mon existence, de comprendre comment on pouvait commander un einsatzgruppe, comment on pouvait le matin, se lever, prendre sa machette et aller tuer tranquillement son voisin Tutsis. Je n'y trouvais pas des réponses mais des idées au pouvoir explicatif indéniable avancées avec me semble-t-il une rigueur « scientifique ».

Avec Apocalypse cognitive, le ressenti est très différent car le propos de Gérald Bronner quitte le champ de la recherche, de la science pour un essai sur la « nature humaine » avec quelques saillies inappropriées pour régler des comptes ; saillies inappropriées comme celle, de plusieurs pages, sur les communautés anarchistes ardéchoises qui ne gênèrent personne. Comme Gérald Bronner croît à la science, au progrès technique à la domination de la Nature par l'Homme, « Dans sa négociation avec cette nature, l'humanité est très progressivement passée d'un rapport de soumission à un rapport de domination : de la supplication, les hommes entendaient faire table rase pour désormais contraindre le monde à produire les effets qui leur paraissaient désirables. » (page 39), il truffe son texte de chiffres parfois désolants [« Même dans certains domaines où le bon sens se plaît à croire que les temps passés étaient meilleurs, nous découvrons, pour peu que nous fassions l'effort d'évaluer les situations par des données objectives, qu'il n'en est rien. Ainsi, la qualité de l'air que nous respirons aujourd'hui s'est beaucoup améliorée par rapport aux dernières décennies. En France, tout du moins, la disparition des centrales à charbon et les normes pesant sur l'industrie ont conduit à une réduction radicale des émissions de CO2, responsables des pluies acides qui défrayèrent la chronique dans les années 1980. On pourrait en dire autant pour le plomb ou le cadmium. On remarquera que le nombre de dépassements des normes sanitaires pour les particules fines était de 33 en 2007 que de 3 en 2016 » (page 28) CO2 au lieu de SO2, erreur de clavier, mauvaise relecture ? ; la qualité de l'air qui s'améliore, avec au moins en Europe 400 000 morts prématurées par an et une condamnation de la France le 24/10/2019 pour non respect récurrent d'une directive de 2008 sur la qualité de l'air ? « airparif » note : « L'ensemble des Franciliens sont exposés à des niveaux de pollution en ozone et en particules fines PM2,5 qui dépassent les nouveaux seuils fixés par l'OMS en 2021. C'est également le cas de 9 habitants d'Île-de-France sur 10 pour le dioxyde d'azote et de 3 sur 4 pour les particules PM10. Ce fait illustre l'importance d'aller encore plus vite et plus loin dans l'amélioration de la qualité de l'air, malgré les progrès relevés depuis plus de 20 ans en Île-de-France. » En une du journal le Monde du 13 septembre 2023 « L'exposition au plomb à l'origine de 5,5 millions de morts par an. » Je rappelle gentiment à Gérald Bronner que l'espèce humaine est la seule espèce vivante à dégueulasser tous les lieux où elle passe même indirectement comme sur la planète Mars. Je me disais alors que Gérald Bronner était climato-sceptique, qu'il biaisait les données alors qu'une partie de son travail consiste à dénoncer ce type de biais, non Gérald Bronner n'est pas climato-sceptique, la suite du livre le montre, il est techno-solutionniste, c'est-à-dire un doux rêveur, un utopiste, un homme du passé, un fanatique de la raison. Je rappelle gentiment à Gérald Bronner, également, que certaines sciences ne sont pas figées, chaque jour y apportant de nouvelles données, de nouvelles interrogations.], de références issues des neurosciences qu'il maîtrise peu et donc interprète à sa façon, d'expériences de psychologies cognitives en apesanteur. [Stanislas Dehaene, auteur du remarquable Les neurones de la lecture, (Odile Jacob 2007) reçut une claque monumentale en essayant de transposer les acquis de laboratoire dans une classe]. Il faut attendre la page 347 à propos de l'expérience contestée du marshmallow pour qu'un brin de composante sociale arrive dans l'interprétation des comportements humains, vite relativisée à la page suivante car pour Gérald Bronner « Le chemin est encore long pour atteindre le moment où la recherche pourra nous éclairer parfaitement sur les relations complexes qui existent entre le fonctionnement de notre cerveau et son environnement social. Il n'est pas douteux, en revanche, que certains cadres sont moins propices que d'autres à lui permettre de donner le meilleur. Cette perte de chances n'est pas seulement dommageable pour les individus. Elle représente une dilapidation de notre capital commun. » (page 348), ce qui importe, n'est pas l'individu simple vecteur d'un cerveau mais l'espèce et sa survie ; il convoque d'ailleurs plusieurs fois Darwin ; je pensais la sociobiologie disparue (voir Pierre Thuillier Les biologistes vont-ils prendre le pouvoir ? La sociobiologie en question, Complexe, 1981), Gérald Bronner la réactive.
La notion de temps de cerveau libre, expression qui en elle même ne veut rien dire, libre de quoi ? [il est étonnant que Gérald Bronner qui semble avoir beaucoup lu sur les neurosciences, n'ai pas rapporté, ici, des expériences assez vertigineuses sur ce que l'on nomme le libre-arbitre] que l'auteur évalue à 5 heures quotidiennes par individu, mais immédiatement (page 64) il évoque le capital de temps de cerveau dont disposerait la France, entrant ainsi dans une logique économique de l'offre et de la demande, économie dans laquelle, bizarrement, l'argent ne semble pas être un acteur important à ses yeux. Gérald Bronner pense que l'externalisation de processus cognitifs augmentera encore ce temps de cerveau libre, et comme ce temps, selon l'auteur, mais cela reste à démontrer, génère le « progrès » en particulier, le Monde s'améliorerait et ainsi deviendrait un quasi paradis et sa devise adoptée par l'ONU sera cette phrase du prix Nobel Jean Perrin, que Gérald Bronner rapporte à plusieurs reprises « Les hommes libérés par la science vivront joyeux et sains, développés jusqu'aux limites de ce que peut donner leur cerveau. » ; Gérald Bronner s'interroge sur la deuxième partie de la phrase, moi je note la naïveté du prix Nobel « joyeux et sains ».
Deux moments très drôles :
- page 190 il nous dévoile qu'il utilise le mot apocalypse dans son sens premier quasi biblique « révélation de ce qui était caché », Gérald Bronner se rêve-t-il prophète en révélant ce que beaucoup de gens connaissent ?
- page 303 quand il évoque l'élection comme président de l'Ukraine d'un clown populiste, Volodymyr Zelensky ; Poutine qui a dû lire ce livre eut envie de se bouffer une tartine avec de la confiture de clown.
Je vais utiliser le peu de temps de cerveau libre qui me reste aujourd'hui (à quand l'application pour la gestion de ce temps de cerveau libre?) pour regarder en replay le premier épisode de la saison 12 des berrichons et berrichonnes à Pétaouchnok, je kiffe trop !
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Beaucoup de critiques, pas de solutions, énormément de d'anecdotes et d'études de sociologie qui n'ont pas de rapport entre elles et un fil assez décousu. Bronner est dans le reproche générationnel sans être capable de faire avancer plutôt que de se contenter de stagner dans un défaitisme fatigant.

Les anecdotes étaient intéressantes mais c'aurait été tout aussi bien dans un livre des 100 choses à savoir sur les biais cognitifs et le manque de réflexion humaine.
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Dans son essai Apocalypse cognitive, le sociologue Gérald Bronner analyse les effets de la révolution numérique sur notre rapport au savoir et à la vérité. Il montre comment l'abondance d'informations et le temps libre dont nous disposons nous exposent à des biais cognitifs, des conflits idéologiques et des manipulations mentales. Il alerte sur les risques d'une fragmentation sociale et d'une perte de confiance dans la science et la raison. Il propose des pistes pour renforcer notre esprit critique et notre vigilance épistémique face aux écrans qui envahissent notre quotidien.
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Je préviens illico: je n'aurais pas même plume que Gerald Bronner dans cette essai!

Il existe des livres qui, même quelques mois, après nous remontent au cerveau pour éclaircir un peu notre vision du monde. Ces livres sont rares et il faut les trouver.

En ce qui me concerne, ce livre m'a vraiment percuter. Je m'y suis un peu retrouver. L'ouvrage nous aide à éclore de notre vision de nous-même et de nos habitudes liées aux technologies, à prendre du recul. Quelque chose de marquant est la multitudes d'accroches aux débuts des chapitres : sex-chop, Booba, Emmanuel Valls et j'en passe montre que ce thèmes de l'attention nous touche tous. Cela montre que tous les domaines sont touchés.

Je me souviens d'une simple phrase de livre qui résume bien nos comportement :" tout est sociologique". Cette phrase me trotte encore dans la tête et permet d'être une modeste clef pour décrypter notre monde actuel.
Les études et expériences qui sont décrites y sont nombreuses. Elles appuient les propos de Gerald Bronner. Des références nombreuses certifient une certaines qualité du discours.

J'ai aussi découvert un monde que l'on pense spontané mais chargé d'algorythme, de métadonnées qui ne laisse rien au hasard, allant des marchés de la presse aux divertissement sur Internet, bien entendu et passant par le populisme. Toute notre société devient accro à ces nouvelles moeurs qui nous tirent vers le bas, hélas.

Pour conclure, c'est un livre génial au style simple. Pas besoin de HEC pour le lire. Il continue à me faire réfléchir et a ouvert d'autres portes.
Le texte nous mets devant le fait accompli. Nos cerveaux sont précieux et les usages que nous avons inventés ne nous permettent plus d'en profiter pour évoluer et faire face aux crises. Je ne le qualiferais pas de pré-Orwelsien, mais presque.
Cela dépendra des choix de chacun de nous.
A lire, à relire, à offrir.
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Un livre, au degré fort, à savourer, en verre et contre tout, à petites gorgées, pour éviter de "s'étouffer" ( il n'y aurait "plus rien à faire"), et en reprendre sans modération...
Une météo annonciatrice d'un temps apocalyptique, dont on peut craindre que le futur ne se conjuguerait plus au conditionnel.
Peu de choses à ajouter aux très bonnes critiques explicatives déjà faites .Nos civilisations sont mortelles ;l'Histoire nous le montre, les poètes( Paul Valéry) le chantent, qui ont toujours raison. Reste un triple questionnement:
-L'accélération démentielle de la technologie ( je me revois, à 14 ans, bricoler mon poste à galène) ne risque t'elle pas d'abattre ce plafond civilisationnel?
-Les solutions proposées me paraissent relever, au pire, d'un voeu pieux, au mieux, d'une hauteur sous (faux)plafond civilisationnel fonction du point sur la planète .Peut-être une forme de séisme salvatrice?
-A quoi bon? Puisque l'humanité est promise à la disparition .Là, il faut être ferme dans la réponse: combattre avec détermination cette réalité virtuelle, et bien d'autres réalités plus ou moins hypothétiques, voire mensongères, en nous extirpant de ces doutes engluant, qui suintent actuellement de toute part.
C'est comme dire: à quoi bon tenter de vivre, puisque nous devons de toute façon mourir.
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Un ouvrage d'une densité et d'un intérêt rares, extrêmement puissant, totalement documenté. Un ouvrage absolument NÉCESSAIRE. Je ne suis pas tenté de le classer comme un essai, car je n'y vois pas une thèse particulière. Il présente objectivement sur des données scientifiques des observations, des faits, des analyses, avec une optique pluridisciplinaire qui fait plaisir. On pourra en ce sens trouver l'ouvrage pessimiste : personnellement, optimiste de nature, je considère au contraire qu'il livre des clés qui sont aussi exploitables dans une optique constructive. La tâche est sans doute ardue, mais certainement pas impossible. de même que politiques, entreprises de la toile, complotistes et communiquants en tous genres exploitent ce qui paraît extrêmement démoralisant pour la nature humaine, de même je formule le voeu que génie humain saura aussi dénicher les talents aptes à de nouvelles stratégies humanistes.
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Il faut entendre ici Apocalypse dans son sens grec premier de révélation tout en assumant le risque engagé.
Révélation donc de certains des mécanismes fondamentaux de notre cerveau, son attirance pour le négatif, l'effet cocktail qui nous fait lever l'oreille quand on parle de nous dans un bruit ambiant et de ses biais cognitifs les plus flagrants.
Biais qui sont largement exploités par les grandes plateformes numériques et qui, combinés a la fluidité qu'apporte internet sur le marché de l'offre et de la demande d'information conduit a la prise en otage globale de la plus grande ressource de l'humanité : notre temps global collectif de cerveau attentif disponible.
L'intérêt du livre réside pour moi dans le fait qu'il réfute la tentation de rendre "le système" capitaliste ou néolibéraliste en particulier seul responsable de cette tentative de prise en otage pour mettre en lumière l'enjeu de dépassement de la "limite du plafond civilisationel" de l'humanité.
Cette perspective, si elle n'occulte rien des risques associés est en fait pleine de l'espoir d'un récit ouvreur de nouveaux horizons. Et nous sommes fondamentalement l'espèce fabulatrice pour reprendre le terme de Nancy Huston, l'espèce qui vit de ses récits qui peuvent être performateurs.
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Well well well… Voilà mon temps d'attention siphonné par les citations extraites de ce livre et les critiques des autres utilisateurs de cette application… Suis je en train de dilapider mon précieux capital ? le fait que je donne mon avis sur un livre sur ce site sans être critique professionnel met il en danger qui que ce soit ?
Toutes ces questions pourraient jaillir suite à la lecture de cet essai.
J'ai été très enthousiaste dans les deux premiers tiers du livre, apprenant par ci par là des anecdotes amusantes ou étonnantes. le fond de la question m'était connu, ayant déjà lu d'autres ouvrages et articles sur le sujet. J'ai ensuite eu un gros passage à vide jusque vers la fin de l'ouvrage. Je ne sais si ce n'est une moindre concentration ou une répétition du propos qui m'a un peu perdue.
Toujours est-il que l'écriture est claire, abordable et que l'auteur expose parfaitement sa thèse. Je me suis demandée à un moment de quel bord Bronner était exactement… étant assez fan de Chomsky, j'ai été un peu surprise qu'il s'en prenne plein les dents… idem pour les Pinson-Charlot (bien que là, je concède que les dernières années n'ont pas été les plus lucides)… mais en y repensant, sa position me semble relativement neutre : il dresse un constat, chacun en fera ce qu'il voudra.
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Au pays des aveugles, les borgnes sont rois ! C'est la pensée qui me traverse en refermant le dernier livre de Gérald Bronner Apocalypse cognitive (1). Son auteur décrit avec justesse un certain nombre de penchants humains qui se déroulent sous nos yeux (la surconsommation de temps passé devant des écrans génère une nouvelle forme d'addiction et d'abrutissement), mais l'analyse qu'il tire de cette observation utilise, selon moi, certains des biais cognitifs qui rendent le propos contre-productif. En instituant l'individu comme seul responsable de ses actes, Gérald Bronner fait l'impasse sur le rôle joué par les systèmes sociaux. En concevant l'histoire humaine selon le mythe évolutionniste (2), en interprétant les attitudes des humains au seul prisme des neurosciences, il conçoit les hommes tous pareils et fonctionnant à l'identique, comme de simples machines. C'est bien dommage car j'aurais aimé crier avec lui à plus de vigilance quant à la place prépondérante qu'occupent aujourd'hui les écrans dans nos vies (« Une enquête de 2016 révèle que nous consultons en moyenne plus de 221 fois notre smartphone chaque jour, soit une fois toutes les six minutes. ») et à la mauvaise utilisation que nous avons tendance à faire de notre « temps de cerveau disponible ».

Vous regardez trop la télé !
Pour étayer ma critique, je m'appuierai sur un domaine dans lequel Gérald Bronner a beaucoup travaillé. Il écrit que, depuis l'explosion de l'offre télévisuelle, les Français privilégient systématiquement la médiocrité sur l'exigence (3). Pour vérifier cette hypothèse, il met en place une méthodologie d'enquête répartissant en deux options les choix réalisés par les téléspectateurs à l'heure du prime time (la tranche horaire de début de soirée correspondant aux périodes les plus regardées) sur une période d'un mois (du 7 mars au 7 avril 2011). D'un côté, « la télévision grand public » ; de l'autre « la télévision exigeante ». Devinez qui emporte les suffrages des téléspectateurs ? La télévision grand public, bien entendu, qui recueille 86,36 % des faveurs du public. le lecteur s'étonnera de l'étonnement de Gérald Bronner, qui n'a ici fait que mettre en évidence la répartition de pratiques socio-culturelles existantes dans la population française. S'il reconnaît que « cette offre n'est évidemment pas quantitativement équilibrée puisqu'il y a beaucoup plus de propositions ''grand public'' que de propositions ''exigeantes'' » c'est pour mieux remettre en cause cet élément en argumentant que « l'offre découle directement de la demande » (un propos qu'il ne démontre pas). Ne pouvant recourir à la période de cette étude, j'ai modestement tenté une répartition (en m'appuyant sur l'avis de Télérama) des programmes proposés par les 21 chaînes de la TNT diffusés en première partie de soirée, dans la semaine du 26 mars au 1er avril 2022, soit en gros l'équivalent de 270 heures de télévision. le résultat est le suivant : seul 21 % des programmes proposés relève de propositions « exigeantes », ce qui, somme toute, n'a rien d'étonnant (le service public (France télévisions, Arte et LCP) assurant à lui seul 83 % de « programmation exigeante »).
Il est un aspect que Gérald Bronner n'a pas vu dans son étude, c'est que le cumul des publics installés devant leur télévision ne représente finalement que 35 % de la population française (4). Cela laisse hors champ près des 2/3 du public qui a (peut-être, cela resterait à prouver) trouvé des activités plus « exigeantes » que de s'installer devant le poste ! Manger (sans télé) en famille, passer un moment avec des ami(e)s, lire, bricoler, se reposer, méditer, donner du temps aux autres sont quelques activités plus conviviales et enrichissantes que de regarder la télé (5). Enfin, Gérald Bronner fait totalement l'impasse sur le contenu de la journée préalablement vécue par le téléspectateur. Qui n'a jamais allumé la télé pour se vider la tête en regardant, en connaissance de cause, n'importe quelle émission, après une journée travail débilitante et la vie stressante qu'il a vécu ? Selon une récente étude, le travail dégrade la santé mentale de deux actifs sur cinq et 54 % des actifs déclarent n'être pas heureux au travail (6).

Un monde atomisé
Tout cela, Gérald Bronner ne le voit pas car la sociologie sur laquelle il bâtit son analyse considère que seul l'individu est responsable de ses actes, laissant hors champ les contradictions inhérentes aux systèmes sociaux. Comme si le monde n'était qu'un condensé de relations inter-individuelles. Un monde atomisé où le social ne jouerait aucun rôle. Un monde qui, paradoxalement, ressemble au rêve des patrons de GAFAM, ces multinationales de l'information qui pillent sans scrupules nos données personnelles et nous rendent toujours plus dépendants de leurs outils techniques. Étrange paradoxe d'un chercheur devenu prisonnier du monde qu'il tente de décrypter !

Christian Lejosne

(1) PUF, novembre 2021
(2) Voir Une nouvelle histoire de l'humanité de David Graeber et David Wengrow
(3) Pages 242 à 246
(4) Résultat obtenu à partir du total des 719 millions de téléspectateurs divisés par les 32 jours de durée de l'étude, ce qui donne un peu plus de 22 millions de téléspectateurs par jour, soit 35 % de la population française à laquelle ont été retirés les enfants de moins de 5 ans que l'on espère couchés à cette heure tardive...
(5) Sur les dangers de la télévision, notamment chez l'enfant, je vous recommande le livre de Michel Desmurget, TV Lobotomie, Max Milo, 2011, paru chez J'ai lu en 2013
(6) Étude Travail et bien-être psychologique, réalisée par Thomas Coutrot, DARES, Mars 2018
Lien : https://christianlejosne.jim..
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