Gillian BROUSSE.
Spleen Cities. «
Noir d'Absinthe. Collection Futuria ». 346 pages. 4,5 étoiles.
Le premier roman de cet auteur qui a contribué à plusieurs recueils de nouvelles.
Voici ma critique : les points positifs et négatifs.
Le genre : Un « mix » entre orange mécanique et Banlieue 13 à la sauce S.F. pour débuter, puis on est happé par le récit lorsqu'il glisse vers le cyberpunk.
En surface : Novart (rien que le nom apparaît désopilant au fil de la lecture) la ville peuplée de Citoyens (les bons à tout faire).
Et entourée d'un mur infranchissable qui empêche l'intrusion des Lumineux dont on découvre progressivement la nature et les conditions de vie « spéciales » 😊.
Au début, j'aurais parié pour des loups (les yeux qui brillent dans le noir) …je me trompais !
La ville. le centre habitable, commercial, …et à sa périphérie : l'Anneau. Là où commence l'histoire. L'antre des bandes organisées. On n'y fait pas long feu.
Loin sous la surface : La ville de la race dominante : Veilam. (armée, milice, justice, information, hôpitaux, technologie de pointe,…) inaccessible aux Citoyens sauf pour y travailler. Personnellement je trouve qu'ils ont tout des oligarques et de leurs serviles séides et rien d'extra-terrestre…
Le décor est posé. A vous de découvrir les héros et surtout les héroïnes de cette superbe histoire violente à l'humour noir désinvolte.
Les personnages sont attachants. Durs au mal. Un conseil : attachez-vous-…bien 😊. Vous goûterez d'autant plus intensément les émotions qui se succéderont.
Petit lexique du slang Novart (cela peut aider à rester dans le coup au début) :
Brat : frère. Vate. Vas t'en. Fat : super. Popser : assassiner. Blayat : blaireau, quiconque. Compad : compère. Dak : oui. Trombold : vieux. Boîte à merci (marrant) : sorte de « parcmètre » étendu à d'autres types de prestations (à découvrir et pourquoi ce nom).
…
Le personnage principal masculin, c'est Shelby. Un minable…Mais peu à peu se dégage le soleil de ce roman : Zoé.
Les noms de certains chapitres se réfèrent à des concepts musicaux (fugues, coda, rubato,…). Ce n'est pas un hasard quoiqu'on voie difficilement, de prime abord, où cela nous mène.
Quelques observations en suivant le fil de lecture… :
p. 69 à 73. Très bon passage. D'anthologie. Profond et grave. La voie de l'acception.
p. 82. Très beau passage poétique dans ce monde de m…
Zoé se révèle doucement. A partir de là, j'ai été subjugué. Et le récit va monter en intensité.
Il faut tenir jusque-là. La violence…On finit par s'y habituer. Il suffit déjà de se rendre compte qu'elle est devenue incroyablement présente et commune ici et maintenant : à l'hypermarché, au moment d'essayer d'obtenir un prêt, à l'hôpital, à l'école, dans les médias, avec les petites gens,…
p. 144. « Les butineuses »…Des balles de fusil spéciales. Nul doute que cela va donner des idées à ces c…d'industriels de l'armement.
p. 216 : Très fort.
p. 224. Infos sur les lumineux. L'humanité emportée par un cataclysme.
Le récit s'articule sur l'arrivée de nouveaux personnages. L'auteur dévoile les éléments essentiels du récit comme on peindrait un tableau, par touches successives. Comme si le lecteur était mis dans la confidence et participait à la création de l'oeuvre. J'ai aimé ce sentiment. Exemple :
p. 94. Des infos sur l'organisation, les installations veilamites.
p. 269. Nouvelles infos Sur les Veilamites.
Chaque chapitre débute par quelques phrases recueillies des pensées ou des propos que les monarques veilamites successifs ont pu exprimer et qui pour la plupart portent sur le maintien du statu quo entre Novart et Veilam. Arguments veilamites à l'appui (qui en douterait 😊).. On croirait entendre la plupart des oligarques cyniques d'aujourd'hui…
…p. 263. Chap. 28. Excellent.
Shelby évolue…La fin est inattendue.
Points NEGATIFS
p. 12. Violent et sanglant. Un peu trop…
Petite incohérence au départ. Pun se poste les fesses sur la baignoire et « se décale » afin de ne pas mouiller ses bottes.
A mourir de rire car, en réalité, vu ce qui s'y passe tout ce qui se trouve à proximité de la baignoire serait trempé…vous ne croyez pas ?
En conclusion, pour toutes les raisons que je viens d'évoquer : la qualité du scénario, les personnages attachants, le récit par touches successives – ni trop ni trop peu (or c'est un exercice difficile), la musique, le final,…, le premier roman de
Gillian Brousse dont j'ai été lire la biographie (inhabituelle)…j'ai beaucoup aimé.
Beaucoup d'auteurs anglo-saxons (régulièrement mal) traduits et soutenus par le marketing effréné de maisons d'édition françaises connues et spécialisées dans la S.F. – Fantasy n'arrivent pas à la cheville de ce jeune auteur francophone. Lire mes critiques…
A noter la maison d'édition
Noir d'Absinthe. A soutenir. Je me renseignerai sur les auteurs qu'elle a édité. Je me procurerai les nouvelles que
Gillian Brousse nous propose avec d'autres (jeunes) éditeurs.