Destroy, tome 5 : Chroniques de la grande liquéfaction

La jungle artificielle s’épanouissait dans une moiteur de sauna.
L’eau des plantations hydroponiques s’évaporait si vite qu’un voile de brume stagnait en permanence à hauteur d’homme. Sous le dôme, la chaleur frisait les 45 °C, et la plupart des travailleurs ne portaient guère que les sous-vêtements imposés par le règlement carcéral.
Peggy Meetchum allait et venait entre les racines, de l’eau jusqu’au nombril, les pieds foulant la vase du fond. Là résidait le danger, dans ces poches de glaise mouvante, indétectables, capables d’aspirer un homme en trente secondes. Si l’on avait le malheur de s’aventurer sur ces zones instables, une succion formidable vous attirait aussitôt dans les profondeurs du bayou.
On avait beau s’agripper aux branches environnantes, aux racines, à s’en arracher les ongles ; rien n’y faisait, et il fallait se résoudre à lâcher prise, à couler…
Avec un peu de chance, on se noyait avant d’être avalé par la vase, cela vous épargnait l’horrible impression d’être mangé par une grande bouche molle et édentée.