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Paru en 1946, soit huit ans après que son auteure eût obtenu le prix Nobel de Littérature, Pavillon de femmes dépeint la haute société à ce moment charnière de l'histoire politique et sociale de la Chine (années 30) .

De ces bouleversements, nous n'en aurons, nous lecteurs, que quelques lointains échos, à l'instar de Madame Wu, bien à l'abri entre les murs de son immense domaine dont elle ne sort qu'à de rares occasions et qu'elle régente d'une main de fer dans un gant de velours.
Nous la rencontrons le jour de son quarantième anniversaire alors qu'elle met à exécution une décision mûrie de longue date : mettre fin à l'obligation de remplir son devoir conjugal afin de pouvoir se retirer et d'être libre, enfin, de toute contrainte charnelle envers son époux. Cependant, Monsieur Wu étant dans la fleur de l'âge et capable d'encore engendrer des fils (pour une femme, avoir des enfants après 40 ans est un déshonneur), elle décide de lui offrir une concubine qu'elle choisira elle-même afin, surtout, de conserver sa première place d'épouse au sein de la famille. Une décision qui ne sera pas sans conséquences…

A travers les yeux et les pensées de son héroïne, Pearl Buck, tout en nous instruisant des traditions ancestrales de la Chine ancienne, nous fait prendre conscience des changements, de l'ouverture et de la modernisation de la société à cette époque précise de son histoire. Aux côtés de Madame Wu gravite toute une galerie de personnages : mari, fils, belles-filles, beaux-parents, concubines, cousins, amis, serviteurs, esclaves, paysans, étrangers occidentaux, orphelines… qui engendrent chez elle autant de prises de conscience et de changements dans sa manière de voir le monde et de se percevoir elle-même.
C'est un roman foisonnant par la diversité des thématiques abordées (rapports hommes-femmes et rôle de chacun dans la société; tradition, passé, ancêtres versus modernité, futur, jeunes générations ; esprit versus corps, mariage versus amour, contrainte sociale versus liberté individuelle, féminisme, …) et en même temps très sobre par son style, fluide, sans lourdeur malgré une certaine lenteur, un côté contemplatif.
Et puis, surtout, ce qui ressort de ma lecture, c'est cet amour et cette compréhension de Pearl Buck envers sa seconde patrie et ses habitants. Elle m'a véritablement donné l'envie d'aller voir plus loin pour découvrir ce fascinant pays.
Par ailleurs, je vous invite à aller jeter un coup d'oeil à la biographie de cette grande dame, ça vaut le détour.
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Il en est parfois de ces auteurs dont on aime la première oeuvre qu'on lit d'eux et auquel on ne revient pas forcément très vite. Tant de livres à lire, si peu de temps, tout Babeliote qui se respecte connait bien le problème. Pearl Buck faisait partie pour moi de ces auteurs à relire pour confirmer une bonne première impression.
Et c'est bien le cas ici avec ce livre centré sur une Madame Wu, véritable matriarche d'une famille chinoise qui va prendre une décision qui va bouleverser le microcosme domestique à l'aube de ses quarante ans. L'auteure éprouve un malin plaisir à prendre son temps pour nous dévoiler dans un premier temps les motivations de son personnage puis toutes les conséquences de cette décision. Comme dans son ouvrage plus connu « Vent d'Est, vent d'Ouest », la confrontation tradition-modernisme, Orient-Occident est au coeur de l'ouvrage. La manière de faire de l'écrivaine est tout en retenue, comme si elle se transformait parfois en auteur asiatique, se refusant à de grandes envolées lyriques mais parvenant pourtant à transmettre toute la profondeur des bouleversements qui s'annoncent. L'évolution de la vie de chaque membre de cette famille lui permet d'aborder différentes thématiques (religion, guerre sino-japonaise, amitié, amour) tout en faisant tout graviter autour de cette Madame Wu que l'on découvre par touches successives.
Le féminisme de Pearl Buck est un féminisme doux, où les femmes découvrent leur aspiration au changement et à plus de liberté dans une lente progression qui ne suppose pas une lutte mais une évolution naturelle d'un être qui découvre petit à petit ce qu'elle désire réellement. Aucune revendication n'est annoncée, tout se lit en filigrane, dans la subtilité.
Le seul petit bémol est peut-être la trop grande similarité entre les deux oeuvres que j'ai lu de Pearl Buck. Les deux livres me laissent la même impression positive d'une auteure qui sait décrire à merveille la Chine de son époque et ses rapports avec un Occident qui la pousse à questionner ses traditions sans désirer pour autant les abandonner. J'essaierais sans doute la prochaine fois de découvrir si ce thème privilégié est le seul développé par celle que le Nobel a récompensé en 1938.
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Pavillon de femmes fait partie de mes lectures adolescentes et j'aurais pu l'inscrire dans la liste Babelio des six livres à emporter sur une île déserte. Ce roman fut pour moi une découverte totale sur la Chine, cet immense pays aux traditions ancestrales, fort éloigné encore, à l'époque où Pearl Buck écrivit ce livre magistral, des conceptions démocratiques, même si imparfaites, des populations occidentales.
J'aime tout dans ce livre : les descriptions minutieuses et vivantes de la maison familiale et le portrait des femmes.

Madame Wu bien sûr, cette femme qui doit vivre "ici et maintenant" dans la Chine corsetée des années 1930, où la place des femmes est contrainte sur le plan moral et physique. Petite fille, Ailien, future Madame Wu, a échappé à la torture des pieds bandés grâce à son père, grand voyageur d'esprit ouvert. (Y eu-t'il beaucoup de pères de cette trempe ?)

Mais aussi Ch'iuming, la jeune orpheline que Madame Wu achète pour son mari - sans concevoir à ce moment l'horreur de l'esclavage - car elle atteint 40 ans et il serait déshonorant qu'elle ait d'autres enfants tout en étant tenue d'obéir aux désirs de son époux. Et toutes les autres, les belles-filles ; Jasmin, la prostituée au coeur tendre dont Monsieur Wu tombe amoureux ; Madame Kang, l'amie d'enfance sauvée de la mort par Madame Wu lors d'un enfantement tardif, qui lui gardera rancune de ce qu'elle a vécu comme une humiliation.

Madame Wu est donc bien seule et son intelligence avide à besoin d'aliments. Frère André, prêtre missionnaire la met sur le chemin de l'auto-analyse, de la connaissance des êtres et de l'amour inconditionnel. Personnage hors-normes, il lui fera prendre conscience de ses actes et de sa valeur de femme.

Récit d'une civilisation, témoignage d'une époque, grand roman d'amour platonique entre deux êtres que tout réunit et sépare dans leur temporalité, Pavillon de femmes possède grâce et amertume mêlées.


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Challenge Nobel 2013/2014
7/15

Entre elle et moi, cela a faillit très mal commencer. le début, qui rappelle sans cesse combien Mme Wu est belle, gracieuse, mince... me faisait penser à un roman à l'eau de rose. Vraiment. Mais la suite fut à la hauteur de mes attentes : Mme Wu est une femme intelligente, ouverte et lucide, capable de comprendre ses erreurs et de s'amender. Et ça pour ce pays et cette époque (les années 1930), c'est exceptionnel (même si le texte n'échappe pas à des envolé"es de bons sentiments et à des situations peut-être un peu tirées par les cheveux.)
Au final, un beau portrait de femme dans une Chine au début sa mutation vers la modernité (et le communisme...) Une femme entre traditions et modernité, qui sait capter le meilleur des deux pour établir l'harmonie sous son (immense) toit. Un instantané de la vieille Chine, avant le grand Chamboulement.
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A l'occasion de son quarantième anniversaire, Madame Wu décide de procurer une concubine à son mari pour vivre enfin selon ses besoins et ses envies.

Ce roman, comme souvent avec l'autrice, décrit la condition des femmes en Chine, ici au nord du pays, alors que la guerre avec le Japon se profile. Nous sommes dans la maison d'une grande famille de riches seigneurs, qui héberge non seulement quatre générations, mais aussi des parents et cousins et une armée de serviteurs (...)
Lien : https://bienvenueducotedeche..
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Pearl Buck fait partie des rares femmes ayant reçu le prix Nobel de littérature, elle en fut la récipiendaire en 1938. Selon certains spécialistes, le prix aurait dû récompenser Virginia Woolf et non une lauréate jugée aujourd'hui assez médiocre. J'ai une immense admiration pour l'oeuvre de Woolf et sa mort prématurée n'a sans doute pas permis de lui décerner cette récompense, cependant je ne taxerai pas de médiocrité la romancière américaine. Ses livres sont d'une facture classique, mais d'une grande sensibilité qui a participé à son énorme popularité dans les années soixante.
Pavillon de femmes a été publié en 1946 et sa relecture m'a procuré beaucoup de plaisir. En découvrant ce livre à l'adolescence, j'avais été touchée par son exotisme : il montre la vie d'un riche clan chinois, les Wu, à la fin des années 20, dans l'univers clos de la vaste résidence familiale. J'étais fascinée par les coutumes qui régissaient l'existence de cette famille traditionnelle, le poids des mentalités qui étouffait toute velléité d'indépendance de la jeune génération et la splendeur d'un mode de vie aristocratique. Aujourd'hui, j'ai découvert l'universalisme qui imprègne les pages de cette chronique familiale qui n'a rien perdu de sa finesse psychologique et d'une certaine rutilance du style.
Mme Wu règne sur la demeure qui abrite plusieurs générations, une nombreuse parentèle et une armée de domestiques et d'esclaves. Toute la maisonnée est en effervescence, car Mme Wu va fêter son quarantième anniversaire et elle n'a jamais été aussi belle, aussi écoutée et son autorité s'exerce de multiples façons sur les uns et les autres. Ce statut enviable, elle l'a obtenu à force de patience, de détermination, mais aussi de rouerie. Elle incarne la puissance féminine par excellence, seulement elle est lasse de supporter les caprices de ses brus, la mauvaise humeur de sa belle-mère et les désirs de son mari. Elle a décidé de passer la main.
Je me garderai d'en raconter davantage pour ne pas éventer l'intrigue du roman. le portrait de femme que dessine Pearl Buck m'a époustouflée. Tout est dit des rapports de force entre deux époux mariés depuis longtemps, de la lassitude qui les guette, des petites concessions et des grandes trahisons. Buck explore également la difficulté d'abandonner le pouvoir quand on a éprouvé la satisfaction de l'exercer avec la reconnaissance de ceux qui s'y sont soumis. Dans une Chine confrontée à la modernité, engagée dans la Reconstruction Nationale et dotée d'une constitution, les élites se fracturent et la famille Wu en ressent les premières secousses derrière les hauts murs de la vieille demeure. Paradoxalement, ces femmes enfermées ressentent presque plus nettement les changements à l'oeuvre, car ils leur permettent de prendre conscience de leur condition et de leur sujétion à une domination séculaire.
Pour moi, il y a trois romans qui ont parfaitement exploré les désillusions de la femme au seuil d'un douloureux renoncement : Précoce automne de Louis Bromfield, le temps de l'innocence d'Edith Wharton et Pavillon de femmes de Pearl Buck.
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Encore un très bon ouvrage, dans celui ci le personnage principal Ai-len, femme de bonne condition se sent étouffée par le poids des traditions et utilise ces dernières pour se libérer du joug de son mari. Elle fait la rencontre du percepteur étranger de son fils qui à travers de sa vision de la vie, va la révéler à elle même. Dans ce livre, on sent plus que jamais la condition féminine en Chine. On suit le personnage principal qui s'épanoui à travers un amour platonique et qui donne un sens nouveau à sa vie tout en respectant ses obligations envers sa famille. Beau portrait de femme, tellement humain.
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Pavillons de femmes décrit la vie d'une grande famille dans la Chine aux environ de 1930 (le livre est paru en 1946). Madame Wu est une femme de devoir, respectueuse de la culture et des traditions de ses ancêtres. Elle est la mère de quatre fils et gère la maisonnée composée des pavillons dédiés à chaque membre de la famille, domestiques et personnes rattachées au domaine d'une manière ou d'une autre.
Après avoir rempli son devoir d'épouse (mariée selon la coutume, de façon arrangée), puis de mère, belle-mère et grand-mère, elle va tenter de conquérir sa liberté intellectuelle.
Une réorganisation se substituera à une autre qui lui permettra d'acquérir du temps en propre et une nouvelle vision du monde.
Ce roman se situe à un tournant de l'histoire, au cours duquel les relations sociales se modernisent, l'instruction se généralise, les relations entre les générations et les sexes se libèrent (un peu), au sein d'une société en pleine mutation.
Lire plus sur http://anne.vacquant.free.fr/av/index.php/2021/12/29/pearl-buck-pavillon-de-femmes/
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Pavillon de femmes est un roman écrit en 1946, par Pearl Buck prix Nobel de littérature 1938.

Très agréable roman de Pearl Buck, bien écrit, aucune vulgarité, tout en douceur et délicatesse. Certains pourraient lui reprocher une écriture "convenue", mais je la trouve harmonieuse, avec un juste équilibre entre dialogues, descriptions et états intérieurs des personnages.

C'est l'histoire de Mme Wu et de sa famille dans la Chine ancienne. A 40 ans, Mme Wu décide de se retirer dans une des cour de sa grande demeure pour y trouver la paix et de trouver une seconde épouse pour son mari. Ces deux décisions vont chambouler l'équilibre de la maisonnée et révéler le caractère de chacun. Les trois fils de Mme Wu auront des destins différents. L'aîné sera marié selon les traditions et sera heureux en mariage, les deux plus jeunes se marieront pour d'autres raisons, rêveront tous les deux de partir à l'étranger et rencontreront quelques difficultés dans leurs mariages respectifs.

Mme Wu a une grande soif de connaissance et de spiritualité. Au début, elle pense que lire en solitaire lui suffira, mais les problèmes de sa maisonnée la rattrapent à chaque fois. Plus tard, la rencontre d'un prêtre étranger plein de sagesse, vivant pauvrement et s'occupant des petits orphelins de la ville, va changer sa façon de voir sa vie. Elle réalisera ses erreurs dans la gestion de sa maisonnée, s'ouvrira à l'amour des autres et deviendra elle-même d'une grande bonté et d'une grande sagesse.

J'ai aimé ce huis-clos intimiste dans cette grande demeure de la Chine d'autrefois. Toute la maisonnée habite sous le même toit, mais chaque couple dans une "cour" différente. Les états d'âmes et les questionnements de chacun sont très bien décrits.

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Pavillon de Femmes, de la romancière américaine spécialiste de la chine Pearl Buck ; paru pour la première fois en 1946 , l'histoire se situe une dizaine d'années avant . Les événements extérieurs : l'entrée des Japonais en terre chinoise nous indique que cela se passe entre 1937 et 1945… dans ce roman nous sommes immergés dans la culture et les traditions ancestrales de la chine ; mais aussi L'auteure nous montre, l'évolution des mentalités ; à travers trois générations … La famille Wu est une des plus grandes familles de la région, et la maison compte environ soixante personnes. le personnage central de l'histoire Ailien désignée par Madame Wu a fait un mariage traditionnel; C'est un mariage arrangé entre bonnes familles pour avoir des héritiers (ou perpétuer l'espèce). Les futurs époux se connaissent à peine ou pas du tout et n'ont pas le choix: c'est la famille qui décide. Cela reste une cérémonie où la femme n'a aucun pouvoir de décision. Elle doit subir ce que lui impose la famille, Ou le ‘devoir' et bien sûr la question des sentiments n'entre pas du tout en compte. Il est rare, y compris en littérature, que le mariage aboutisse sur une relation d'amour… Après vint quatre ans de bon et loyaux services auprès de son mari à qui elle a donné quatre garçon ;et de sa belle famille à qui elle a toujours été obéissante ; Elle décide le jour de son quarantième anniversaire; de se retirer du couple, et à la surprise générale ; elle annonce sa décision de trouver une autre femme pour son mari. Inquiets ou irrités, brus et fils protestent ; rien n'y fait : Ch'iuming sera la Seconde Epouse. Plus tard elle expliquera que c'est Afin d'échapper à l'emprise sexuelle et possessive, d'un mari avec qui elle a dû vivre contre son gré.
Pour acquérir la liberté à laquelle elle a toujours aspiré ; Elle utilise ces traditions même qui l'ont étouffée des années durant.
Madame Wu, dans le roman de Pearl Buck, n'a d'autre travail que de régenter la maison.
Elle reste dans les limites des bâtiments, et n'est en contact qu'avec ceux qui y vivent, jusqu'à
l'arrivée de frère André un prêtre étranger, qui est introduit dans la maison, avec pour mission d'enseigner l'anglais à Fengmo, le troisième fils. La relation basée sur l'intellect, entre Madame Wu et cet homme ira au-delà… il va lui ouvrir les yeux sur la vie et l'amour. Il sera le précepteur de son fils et lui fera découvrir une autre vision de la vie, où chacun doit trouver sa propre liberté. Madame Wu va se redécouvrir et connaître l'amour véritable qui se concrétisera dans l'esprit.
le roman leur donne une liaison posthume, mais l'adaptation cinématographique qu'en a faite Yim Ho les pousse dans les bras l'un de l'autre.
C'est un roman agréable à lire et très subtil dans sa description de l'être humain. Il nous révèle la société asiatique de l'époque ce qui peut être déconcertant pour le lecteur occidental.

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