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EAN : 9782304042047
158 pages
Manuscrit (20/05/2013)
5/5   1 notes
Résumé :
Enfant cachée, elle a survécu par hasard, étonnée que sa vie soit si longue.La meurtrissure du 16 juillet 1942 sur son corps d’enfant de 8 ans ne l’a jamais quitté. Des onguents de bonheur ont essayé en vain de calmer sa douleur. Elle a enfoui une partie de sa vie, faîte de larmes, de cendre et de fumée. Au crépuscule de son existence, elle s’est retournée pour ne pas se perdre de vue.
Elle se souvient du Vent Printanier, de la ligne de démarcation, de l’Imma... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
On croit avoir vu toutes les images. On croit avoir tout lu. On a été bouleversé par nos lectures de Primo Levi, Imre Kertész, Patrick Modiano, Paul Celan… on a vu encore, tout récemment, Hélène Berr, une jeune fille dans Paris occupé, film de Jérôme Prieur dont on est ressorti abasourdi et triste; malgré cela, on est effondré à la lecture du livre d'Agnès Buisson, Dessine-moi un wagon.
Lui non plus, le père d'Agnès, l'émigré polonais, n'a pas voulu s'enfuir, pourquoi ?...

L'Histoire ne répond pas. On aura beau connaître l'océan de fond en comble, dans toutes ses dimensions, son pourquoi reste entier - l'infamie de la concierge, l'effroyable et sinistre abjection de la police... on bute incessamment sur cette sombre vérité. L'ignominie de l'État nous garantirait-elle l'entière responsabilité de ces atrocités, ils ont livré des hommes aux camps et à la mort, EUX, la concierge, la police… L'exception, le courage, et il faut ajouter, la chance, fort heureusement, sauvèrent quand même des vies.
Des décennies plus tard, tombent encore les témoignages. Agnès Buisson témoigne quant à elle du récit bouleversant de la déportation à laquelle elle échappe, tandis qu'elle voit son père, englouti dans la Grande Rafle du 16 juillet 1942. L'homme est pris tragiquement dans la file des déportés, tandis qu'elle et sa mère, in extremis, se sauvent. Le père d'Agnès décède aux environs, pense-t-elle, du 20 août 42. C'est cette date par défaut qui flotte dans la mémoire de la petite Agnès pendant près de soixante-dix ans.
Aujourd'hui, Agnès sait. Grâce aux recherches récentes de sa fille, nous dit-elle, elle apprend que le nom de son père est gravé parmi les 76 000 victimes inscrites sur le Mur des Noms au Mémorial de la Shoah. C'est alors que le livre nous restitue la date et toute la lourdeur de la tombe : 15 septembre 1942, 18h30.
C'est autour de cette tombe, insituable et muette pendant des décennies, dans cette brume suffocante et avec Agnès qui chemine, que le livre progresse et refait le chemin inouï de la petite. Agnès. Enfant cachée. Arrachée de justesse à l'enfer des adultes. Un long, très long chemin de douleur et de connaissance pour celle qui nous confie sa colère et sa peur. Nous qui suivons ce chemin sur la page tristement, voudrions consoler cette petite fille qui pleure. Elle nous dit "tu", Agnès, et ce "tu" familier fait de nous des lecteurs ô combien désarmés : de tout petits lecteurs qui avançons gravement derrière un défilé ininterrompu de cercueils.
Pourquoi lui ? Pourquoi pas moi ? C'est cette croyance confuse d'illégitimité et cette éternelle colère torturante qui l'obsèdent.
Qu'aurions-nous à lui dire si nous pouvions nous-mêmes nous sentir légitimes d'énoncer quelques mots, nous qui sommes nés après et qui ne sommes pas juifs, mais qui voudrions croire, désespérément, douloureusement, à l'humanité et aux hommes ? Dessine-nous un wagon, oui, dessine-le, chère Agnès, avec en haut, à droite, cette minuscule lucarne autour d'un ciel tout bleu. Ajoute un peu de vent. N'oublie pas les barreaux. Dessine encore pour nous qui pourrions oublier qu'une seule lucarne pour tous ce n'est pas assez, ce n'est pas assez…
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