L'intérêt d'un livre n'est pas toujours là où on l'imaginait au départ.
Conséquences positives d'une lecture moyennasse, ma curiosité aidant et intrigué par son pseudonyme à consonnance franchouillarde, j'ai voulu en savoir plus sur
Alan Caillou, ce fut riche de surprises.
Un peu comme
Kessel, il semble avoir vécu plusieurs vies. Pour faire court, après avoir combattu au Moyen-Orient et dans les Balkans durant la seconde guerre mondiale il a bourlingué et chassé en Afrique avant d'entamer une carrière de scénariste et d'acteur à la télévision et au cinéma en Amérique du Nord.
Caillou était le nom de code d'Alan Samuel Lyle-Smythe dans l'armée britannique. Curieusement les moins cinéphiles d'entre nous le connaissent sans le savoir tant il a multiplié les seconds rôles à l'écran. Il est également à l'origine de Daktari la série fétiche de ma jeunesse.
Passionnant tout ça Rotsen mais le livre alors, ça donne quoi?
Avant ces intéressantes investigations j'avais déjà classé "
Les murs de Jolo" dans la catégorie roman d'aventures hors sol.
Caillou connaissait-il les Philippines? rien n'est moins sûr et c'est sans importance. Il reprend là tous les clichés du scénario Hollywoodien de l'après-guerre. Un héros Américain pur et droit dans ses bottes surmonte épreuves et avanies seul contre tous.
Fait prisonnier par les rebelles, au premier regard il séduit la fille adoptive du chef qui s'avère être Espagnole. Apparemment Caillou aurait jugé la romance immorale avec une femme autochtone. Il renforce encore cette impression lorsqu'il évoque l'opportune pâleur du teint de la jeune fille malgré ses origines hispaniques. Ses origines européennes la différencient certes des hordes indigènes mais sans pour autant l'exclure de la caste des rastaquouères.
Stratégie commerciale ou racisme plus ou moins conscient, le texte de Caillou est ambigu, il l'est encore lorsqu'il fait douter ses personnages quant à la légitimité de leur pays à vouloir imposer la démocratie occidentale par la force.
Plus de 4 siècles de colonisation espagnole suivis d'une sibylline libération/occupation par les Etats Unis qui s'est prolongée plus ou moins ouvertement jusqu'à nos jours ont, pour le meilleur et pour le pire, radicalement différencié l'archipel Philippin des pays voisins.
Des Espagnols ne restent que quelques églises, la religion catholique, des Diego Garcia et des Maria-Conception Fernandez prenant le frais au centre commercial.
L'influence culturelle américaine est massive, comme ailleurs en Asie, mais elle est ici profondément enracinée, l'anglais est majoritairement maitrisé et souvent utilisé au quotidien.
Considération un rien nombriliste, l'héritage le plus délétère est, selon moi, à chercher dans son assiette. Qui connait la variété et la succulence des cuisines asiatiques restera ébaubi devant ce qu'ingurgitent les Philippins, principalement dans les villes.
Mais ces considérations m'éloignent du livre qui n'offre que peu d'intérêt.