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Critiques filtrées sur 5 étoiles  


Borgo Vecchio, c'est un quartier pauvre de Palerme, et les pages de ce court roman, c'est la chronique des joies et des peines de la population. Les destins de trois enfants différents sont racontés, il y a Cristofaro qui chaque soir sait qu'il va recevoir les coups de son père plein de bière avant que celle-ci lui coupe les jambes. le quartier le sait mais personne n'intervient. Ensuite Mimmo qui reçoit un jour un cheval, Nana, que son père fait courir sur l'hippodrome clandestin en lui plantant avant la course un objet dans l'anus. Quant à Céleste, sa mère est la très belle prostituée du quartier.
Il y a aussi Toto, voleur que sa vélocité protège des flics et sa bande de petits trafiquants. Chacun se débrouille comme il peut pour survivre, s'arrangeant avec la Sainte Vierge et le Bon Dieu.
On passe du sourire aux larmes au gré de ce récit qui comprend la description d'un ouragan de légende.
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Tout au long de ma lecture, je me disais qu'une fois encore on avait survalorisé un texte, qui ne me semblait qu'un pâle dérivé à l'ancienne d'histoire d'une humanité affligeante où les courageux sont si rares et où l'écrasante bêtise écrase les bêtes et ceux qui espèrent et oeuvrent... avec de nombreuses allusions évangéliques-christiques.
Je m'imaginais relativiser ma déception en écrivant que le passage sur l'odeur du pain était assez remarquable. Puis plus loin, ajouter que le parcours de la balle était lui aussi assez exceptionnel. Pour enfin ajouter que la dernière course du cheval était tellement touchante que les larmes me piquaient.
Et, la trahison, la vengeance, les histoires que l'on (se ra-)conte, la mort, la bêtise, encore, et puis l'écriture qui est, décidément, toute belle pour décrire ces monstruosités, aussi l'espérance, de renouveaux printaniers, de départ.
Finalement ce texte et ces pages sont riches, très riches et sont une esthétisation et sensualisation réussies et poignantes de cette pauvre saleté d'humanité qui ne mérite pas sa magnifique planète et sa magnifique nature et ses magnifiques animaux.
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"Borgo Vecchio" est une invitation au voyage, au coeur de ce quartier populaire du centre de Palerme adossé au port, célèbre pour son marché animé et sa population haute en couleur. L'écriture sensible de Calaciura donne à voir, à sentir, à toucher, à aimer les personnages qui peuplent ces ruelles dans la succession des jours. On se délecte du choix des mots, précis et poétiques, qui nous emportent dans leur défilé, sensible et intense, et nous saisissent aux tripes et au coeur. L'écrivain italien maîtrise à la perfection l'art de la métaphore qui étreint, du détail qui émeut, et des personnages terriblement attachants.
Les enfants d'abord, Mimmo et Cristofaro, copains inséparables et véritables hérauts de la douceur, qui se démènent pour grandir indemnes dans cette ville qui ne leur épargne rien. Toto le voleur, Carmela la prostituée, Nanà le cheval, ou Celeste l'amoureuse, ...toutes ces figures d'exclus deviennent les protagonistes d'un conte doux-amer. Et que d'émotions !
En une centaine de pages à peine, le style singulier de Calaciura fait pulser la vie du Borgo Vecchio dans l'odeur entêtante du pain ou les cris d'un enfant malheureux. Et c'est tout bonnement merveilleux !

A découvrir absolument !
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Mimmo/ Domenico, celui «  qui appartient au seigneur » - Christofaro, celui qui porte le Christ – Celeste.., les enfants, tous les enfants..Nanà, le cheval, l'animal, tous les animaux, Carmela, la prostituée, la recluse, la dévote, la mère, la presque sainte, la vigne de Dieu..le sang des hommes et le silence des dieux. Borgo Vechio, un labyrinthe, un quartier, une misère, un peuple, sur une île, à la frontière du monde. Traduit de l'italien par Lise Chapuis, ce roman de Giosuè Calaciura est un très beau et grand roman. Il contient l'humanité toute entière. Ses contes, sa fable, ses mythes, ses grandeurs, ses lâchetés, ses éclairs, ses déluges, sa violence , son espoir, ses sacrifices, ses révoltes , son désespoir et sa force. Il y a des auteurs qui font camper des personnages en plein milieu d'un décor , et il y a des écrivains qui font naître des âmes qui appartiennent à la demeure des hommes. Giosuè Calaciura est un grand écrivain.
Astrid Shriqui Garain
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Le quartier du Borgo Vecchio à Palerme c'est l'odeur du pain frais qui s'infiltre le long des ruelles, les jardins d'agrumes qui promettent leurs fruits, les étales colorés des marchés, les trajets en calèche mais c'est surtout la violence subie par les enfants abandonnés à leur sort : Cristofaro brisant le silence du soir par ses cris sous les coups son père, Toto le voleur, orphelin depuis le jour où son père a été abattu par la police, Céleste attendant des heures sur un balcon que sa mère termine ses passes, Nicola qui n'a qu'un mouton pour seule compagnie et Mimmo, le fils du boucher, meilleur ami de Critofaro et amoureux de Céleste qui veut sauver ses amis de la cruauté et de la lâcheté des adultes que même la Sainte Patronne a abandonnés.

Borgo Vecchio est un court roman intense et touchant à la plume extrêmement poétique qui, presque à la manière d'un conte, trace le portrait d'un quartier où la misère fait se confronter la cruauté des adultes à l'innocence des enfants.

« Et lorsque que le cocher, inquiet de ce silence, se retourna pour le rompre et leur demander où ils voulaient descendre, il les vit comme leur mère elle-même ne les avait pas vus, tellement abandonnés, tellement nouveau-nés malgré les signes de l'adolescence inexorables comme l'automne, il les vit tellement seuls au monde, il les reconnut dans le caprice de Dieu et dans la violence sans remède de la nature, dans leur profil dénué de douceur, prisonniers du rêve sans mystère des enfants du Borgo Vecchio. »
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Magnifique court roman (à peine 140 petites pages) que ce Borgo Vecchio qui met en scène quelques habitants du centre médiéval d'une ville italienne au bord de la mer. Il y a Cristofaro que son père bat comme plâtre tous les soirs, Mimmo, son ami, qui rêve de trucider le père de Cristofaro, Toto, le prince des pickpockets, qui court plus vite que tous les policiers lancés à ses trousses, Nanà, le cheval doué de parole de Mimmo, Carmela, la prostituée du quartier, qui place son commerce sous le regard et la protection de la Vierge, Celeste, sa fille, dont Mimmo est amoureux et qui passe le plus clair de son temps sur le balcon pendant que sa mère travaille. Evidemment, l'intrigue va voir presque tous les personnages courir au sens propre comme au sens figuré vers leur fin tragique puisque ces lieux de misère faits de ruelles enchevêtrées et sans issue ne leur réservent aucun avenir.
Comme il est dit sur la 4ème de couverture, on est à l'opéra avec ses personnages archétypaux, sa dramaturgie inexorable, les passions exacerbées, la traitrise, la jalousie et la violence. Et surtout la musique et la poésie parfois quasi onirique de la langue de Calaciura nous bercent et nous emportent tant elle est évocatrice et imagée mais sans aucune pesanteur : j'ai couru avec Toto, souffert avec Cristofaro, rêvé avec Celeste.
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C'est un récit halluciné, une fable poétique et crue, une fresque baroque des habitants d'un quartier miséreux de Palerme, le Borgo Vecchio, situé face au port.

La vie des habitants de ce quartier est racontée de façon chorale, où se mêlent la beauté et l'horreur, la confiance et la trahison.
Une histoire d'amours (celles de Toto et Carmela, de Mimmo et Céleste), une histoire imprégnée de religion catholique, avec ses transfigurations et son Dieu vengeur digne de l'Ancien Testament.
Une histoire merveilleuse qui possède des traits du conte de fées : Toto qui court si vite qu'il paraît doué d'ubiquité, Nana le cheval qui parle, le chien et le perroquet qui préviennent les habitants de l'arrivée de la police, la balle qui poursuit sa cible,...

On y rencontre Mimmo, fils d'un charcutier escroc, Cristofaro, son meilleur ami, enfant martyr, roué de coups tous les soirs par son père alcoolique, et Céleste, fille de la belle prostituée Carmela.
On y fait également la connaissance de Toto le voleur, dont la place est particulière : Mimmo aimerait l'avoir pour père, Cristofaro voudrait lui commanditer le meurtre de son père et Céleste devrait l'avoir comme père effectif, après son mariage avec Carmela sa mère.

Le style est à la fois réaliste et délicat, truffé d'images saisissantes et poétiques :
"Au Borgo Vecchio, tout le monde savait que Cristofaro pleurait tous les soirs la bière de son père."
"La fillette venait à peine de fermer les yeux et Carmela essayait de deviner son rêve de l'autre côté de la barrière des cils."
"...il l'imaginait, petite fille en train de pleurer à cause d'une blessure, et aurait voulu être assez adulte pour parvenir à la consoler de baisers enfantins."
"...la tiédeur de la gorge parfumée de lait où le sang gargouillait.", puissante image où les cinq sens sont convoqués !

Un roman magnifique en dehors du temps !
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C'est avec la revue Page que je fais en général mes premiers repérages de la rentrée littéraire. Cette année, peu de romans m'ont attirée au premier abord. Mais parmi eux, celui-ci, le premier sur ma liste de repérages ! En lisant le résumé, je m'étais imaginé un roman à mi-chemin entre la saga L'amie prodigieuse d'Elena Ferrante et les romans e Luca di Fulvio. Impossible dès lors de passer à côté. Mais ce roman m'a réservé quelques surprises.
Je n'avais pas fait attention au nombre de pages et je pensais avoir affaire à un petit pavé. Première surprise donc quand je l'ai eu en mains à la bibliothèque, c'est un tout petit roman, 160 pages à peine.
Deuxième surprise, le roman lui-même bien différent de ce que j'imaginais, car si l'univers de l'histoire (un quartier populaire de Palerme, des gamins confrontés à la misère et à la cruauté du monde) peut rappeler Luca di Fulvio et Elena Ferrante, la construction du récit et le style de l'auteur l'en éloignent totalement. Il y a ici des airs de fable, de tragédie antique modernisée même, le tout empreint d'un réalisme magique que l'on trouve plus souvent sous la plume des auteurs sud-américains. Fabuleux, magique et tragique, les trois termes décrivent assez bien pour moi ce roman. Si cela n'a pas convaincu certains lecteurs, ça a totalement fonctionné avec moi. Je me suis plongée dans cette histoire, auprès de ces personnages si attachants, dans ce quartier misérable et magnifique à la fois. Et l'écriture ! J'ai tellement aimé cette écriture poétique, entre réalisme et fantastique, lors même que l'auteur nous décrit des scènes terribles.
Assurément ce roman fait partie de ceux que je n'oublierai pas de sitôt, tout comme ses personnages Mimmo le gentil garçon qui rêve de sauver ses amis, Cristofaro qui pleure chaque jour sous les poings de son père tandis que la quartier attend le silence, Celeste plongée dans ses livres pendant que sa mère travaille dans la chambre, Carmela la prostituée qui aime comme elle prie, Toto le voleur qui cache un coeur d'or et bien sûr le cheval Nana une autre victime de la bêtise des hommes. Une histoire singulière et magnifique.
Lien : https://tantquilyauradeslivr..
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Dans le quartier de Borgo Vecchio à Palerme, se côtoient Mimmo et Cristofaro, des amis inséparables, Totò, le voleur au grand coeur, Carmela, la prostituée qui élève seule sa petite fille prénommée Céleste, Nanà, le cheval de course acheté par le père de Mimmo. Tout un microcosme, une société qui ne peut s'échapper des ruelles étroites, des places sales et des appartements décrépis. Un quartier où la misère est la norme et où le destin promet toujours d'être sombre.

« Borgo Vecchio » a l'intensité du soleil de Palerme en plein été, c'est une tragédie antique où la fin brutale est inévitable. En 155 pages, Giosuè Calaciura décrit tout ce qui est au coeur de notre humanité : le lumineux (l'amitié indéfectible, l'amour maternel, la joie) et le vil (violence, trahison, jalousie, arnaques). Comme dans « le tram de Noël », l'auteur s'intéresse à ceux qui souffrent, à ceux qui tutoient la misère, la pauvreté et la brutalité du monde jour après jour. Ses personnages sont infiniment touchants et attachants, on aimerait que l'espoir éclaire enfin leurs vies.

La plume de Giosuè Calaciura est une splendeur. Elle réussit à allier le trivial, le truculent, le grotesque et le dramatique avec une grande force d'évocation. Certains passages sont d'une poésie, d'une intensité extraordinaire. La scène du parfum du pain qui s'infiltre dans tout le quartier est de celle que l'on ne peut oublier ; de même que celle de l'enchaînement de cris d'animaux qui alerte les habitants de l'arrivée de la police. Cette écriture inventive, puissante est un véritable enchantement auquel je vous invite à succomber à votre tour.

« Borgo Vecchio » est un roman éblouissant, un bijou d'humanisme aussi sublime que douloureux. Mais qu'attendez-vous pour courir en librairie pour vous le procurer ?
Lien : https://plaisirsacultiver.com/
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Mimmo et Cristofaro entretiennent ce que l'on peut trouver de plus pur en l'amitié. Ils sont nés au Borgo Vecchio, quartier populaire de Palerme aux mille histoires où la vie mène son cours avec son lot de petits bonheurs et d'incertitudes. le soir, lorsque Cristofaro souffre sous les coups de son père, Mimmo cherche à séduire Céleste pendant que sa mère reçoit des hommes à leur appartement. Les trois enfants rêvent en réalité d'une chose : avoir un père, figure qu'ils tentent de retrouver en Totò, bandit de quartier au grand coeur. C'est seul à posséder une arme à feu pour tuer le père de Cristofaro.

Ce roman est grandiose par son dramatique, sa densité et son intensité. Extrêmement poétique, Giosuè Calaciura laisse entrevoir à son lecteur toute la nostalgie et l'innocence de l'enfance, mais aussi la symbolique immuable de l'amitié. Tout au long du roman, l'auteur casse les codes pour mettre en valeur un enfant sans père, une prostituée ou un voleur, personnages plus souvent décriés qu'héroïques dans une société. On s'éprend de ces âmes, on les admire, et on les comprend. Pour le lecteur, leur condition n'existe plus et ils sont réduits à l'essentiel, de simples humains en quête ultime de bonheur.

On y retrouve également toute la chaleur de la Sicile, et plus généralement de l'Italie. La vie qui grouille dans le quartier, les habitants qui se démènent à leur tache, et la proximité familiale de toute chose. C'est intense et beau à la fois. Et dans ce tohu-bohu, ces deux enfants, Mimmo et Cristofaro, liés par l'amitié indéfectible que construisent ceux qui souffrent, l'épaule qui soutient la vie de l'autre, le souffle qui maintient l'espoir. On semble penser que rien ne peut les atteindre dans ce quartier que dirige Dieu, omniprésent dans le texte et metteur en scène comme un Deus ex machina de ce théâtre vivant qui grouille d'acteurs.

Borgo Vecchio est un roman comme on en fait peu dans la maîtrise parfaite du mouvement, de la vie insufflée par l'espoir d'un lendemain meilleur, et du dramatique contemporain. le beau de l'écriture à l'état pur.
Lien : https://troublebibliomane.fr..
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