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EAN : 9782748161205
419 pages
Manuscrit (28/10/2005)
2/5   1 notes
Résumé :
Bernard Camboulives, enseignant dans le secondaire et passionné par la Roumanie, propose un panorama général de la littérature roumaine publiée en France Son intention première était, en fait, de rendre compte par ses lectures de tous les auteurs roumains édités en France. Travail colossal qu'il n'a pas à ce jour mené encore à son terme et qui nécessite bien évidemment une suite. Parlons donc d'un tome 1 pour cette Roumanie littéraire où il est question des écrits r... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Je vais être très remontée (même si ce livre a quelques mérites) car il s'agit en réalité d'un ancêtre de Sur les pas des écrivains roumains. En effet, les deux premières parties sont reprises quasi à l'identique dans le livre de 2012, qui comporte néanmoins quelques mises à jour. J'aurais peut-être dû m'en douter : à l'instar de cette photo prise par l'auteur d'un intérieur d'une bibliothèque de Bucarest reprise elle aussi sur les deux couvertures. Seul réel intérêt pour moi : la troisième partie (p. 301 à 395) intitulée « Auteurs roumains vus par... » d'autres auteurs roumains (sic !) et où j'ai quand même découvert la librairie roumaine de Paris, avec l'évocation de Georges Piscoci-Danesco, traducteur de l'oeuvre philosophique de Lucian Blaga.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
La censure sous Ceaușescu, vue par Vasile Andru (p. 327-328) :

Il y avait une dizaine de procédés. Ma génération les a tous pratiqués, appliqués surtout d'une façon empirique selon l'inspiration du moment. Ces procédés commencent par un palier lexical-sémantique, continue avec l'observation de stratégies de construction et d'expression, l'écriture entre les lignes, le syntagme énigmatique, l'utilisation de procédés ésopiques tels que l'allégorie et la parabole ou les déguisements spatio-temporelles et, enfin, divers procédés expérimentaux. Tout cela était associé aux stratégies de négociation. En voici quelques exemples :
Les mots défendus : l'affût de la censure commencée dès le mot… Il existait des listes de mots prohibés. Lorsque le livre avait reçu le visa de la censure (donc sans les mots refusés), je travaillais à nouveau le texte avant son impression. Je remettais à leur place certains mots défendus… Le rédacteur du livre (l'éditeur) devait être un allié sinon tout tombé à l'eau…
Les codes allusifs : ils ont conduit à une littérature ésopique. En Roumanie tout le monde a appris ces codes allusifs de sorte qu'ils fonctionnaient au niveau de la société. Ainsi, l'expression ésopique n'a-t-elle pas isolé l'écrivain, quoiqu'elle ait peut-être isolé notre littérature du monde entier.
Le récit allégorique : je crois que les années soixante-dix ont propulsé en général l'allégorie pour deux raisons : la première, c'était l'angoisse existentielle (poussée parfois jusqu'à la névrose) et la seconde, c'était l'ambition universaliste. La tendance à l'occultation était associée à créer des visions vastes. Cette démarche cachait tout autant un geste cognitif que contestataire.
Le déguisement romantique : le genre historique nous a permis à nous les écrivains, des renvois au présent. En parlant de la manière dont Trajan a puni les délateurs de Rome, il était clair à quels délateurs je faisais allusion.
L'expérimentation littéraire : avec les proses des années 1980 j'ai introduit des procédés plus élaborés - le montage cinétique, le « relanceur textuel » coupé du contexte. En cela, il ne s'agissait pas seulement de contrecarrer la vigilance de la censure, mais de repenser l'efficience du langage, il s'agissait d'une « revigoration » moderniste. Quoiqu'il en soit, je n'ai jamais misé sur la naïveté de la censure ou sur sa bêtise. Les censeurs n'étaient pas bêtes, on ne pouvait pas les duper. Ils étaient diplômés, c'était nos anciens camarades de faculté.
Malgré les procédés utilisés il arrivait qu'un livre soit refusé. Il fallait alors changer la maison d'édition et il pouvait arriver que la publication soit accordée à l'une de ces maisons plutôt qu'à l'autre. Entraient en alors en jeu le zèle ou l'excès de prudence avec lesquels ces dernières agissaient.
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Que signifient pour nous tous la poésie, la littérature et la pensée politique de [Mihai] Eminescu que nous connaissons. Il serait inutile de nous en rappeler encore une fois. Toute la création qui a suivi, de Nicolae Iorga et Tudor Arghezi, à Vasile Pârvan, Nae Ionescu et Lucian Blaga porte l'empreinte du génie, de son esprit, tout au moins de la langue éminescienne. Rarement un peuple entier s'est retrouvé en un poète avec autant de spontanéité et autant de ferveur que celles avec lesquelles s'est retrouvé le peuple roumain dans l'œuvre de Eminescu. Nous aimons tous [Ion] Creangă nous admirons [Bogdan Petriceicu] Hașdeu nous apprenons écrire avec [Alexandru] Odobescu nous respectons Titu Maiorescu et nous pouvons difficilement laisser passer beaucoup de temps sans relire [Ion Luca] Caragiale. Mais, pour chacun d'entre nous, Eminescu est tout autre. Il nous a révélé d'autres visions et nous a fait connaître d'autres larmes. Lui, et lui seulement, nous a aidé à connaître la bataille du cœur. Il nous a permis de comprendre et de savourer la malchance d'être roumain. Pour nous, Eminescu n'est pas seulement notre plus grand poète et le plus brillant génie qu'aient engendré la terre, les eaux et le ciel roumains. Il est, en quelque sorte, la personnification même de ce ciel et de cette terre, avec toutes les douleurs, les beautés et les espoirs qui y ont poussé.

(Mircea Eliade, 1950, p. 305-306)
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Mais à quoi est donc dû ce manque de dynamisme dans l'édition de la littérature roumaine en France ? Une mauvaise image de la Roumanie dans la presse ? Le mépris d'une culture majeure à l'égard d'une culture mineure (pour reprendre les termes du philosophe roumain d'avant-guerre Lucian Blaga) ? Un enracinement trop grand de cette littérature dans la ruralité ? Ce serait, sur ce dernier point, vite oublier que les fresques rurales de [Liviu] Rebreanu sont somptueuses et encore riches d'enseignement sur la réalité sociale roumaine d'aujourd'hui. Ce serait aussi vite oublier que la littérature roumaine a produit des courants modernistes de tout premier plan à l'instar de son surréalisme des années 40. L'anticommunisme et l'antisémitisme de quelques auteurs longtemps trop connus en France (Virgil Gheorghiu par exemple) ont-ils pu ternir une littérature qui possède, certes, des scories mais qui ne mérite assurément pas l'opprobre générale…
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