Dans
le mythe de Sisyphe, les messages de Camus sont d'une grande profondeur : il faut imaginer Sisyphe heureux ! La première façon de prendre cette phrase, c'est de dire que même dans les difficultés et la répétition des problèmes, il faut reprendre chaque jour le collier et tirer la charrue. Est-ce le bonheur dans la résignation ?
Car il y a d'autres réponses possibles, par exemple : dans les difficultés et la répétition des problèmes, cherchez des solutions, faites des tentatives, bricolez des solutions, recherchez des appuis, collaborez avec les autres, faites preuves de débrouille. On trouve de ces attitudes créatives, et sur le fond optimistes même dans la vie des immigrés, et les récits de survivants en donnent même des traces dans les camps de concentration. La réponse à ces situations de répétitions sans fin de problèmes, c'est aussi le
Indignez-vous de
Stéphane Hessel, ou
L'homme révolté d'
Albert Camus bien sûr.
Le second message de Camus, c'est qu'il faut continuer à vivre même si la vie humaine est absurde dans un monde absurde. Là aussi il y a d'autres réponses possibles, par exemple : varier les activités jusqu'à en trouver qui donnent du sens à la vie. C'est ce qu'on fait dans l'éducation en amenant les enfants à essayer divers loisirs et diverses activités scolaires en se disant qu'il y en a qui deviendront des centres d'intérêts ou des passions. Souvent ça réussit, pas toujours : il serait intéressant que les chercheurs en psychologie trouvent quelles proportions de quelles parties de la population vivent sans passion, considérant que la vie n'a aucun sens et aucun intérêt. J'espère qu'il n'en trouveront pas trop.
Camus fait partie de ces auteurs qui ont une grande profondeur dans une grands simplicité : on a intérêt à méditer ce qu'il nous livre, à y trouver des vérités et des enseignements qui nous enrichissent. Mais le lire nous donne aussi l'occasion de chercher d'autres solutions, pas pour critiquer les siennes, mais pour déterminer les autres en ouvrant le champ des possibles.