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sur 1813 notes
D'un côté et de l'autre du miroir
se voient
ceux qui se ressemblent.
C.à.d. nous tous.

J'ai eu beaucoup de mal à saisir la notion d'absurde. Je ne suis pas certain de l'avoir bien fait, tant la notion m'est étrange et étrangère.

Camus se montre, s'explique, comme un homme qui veut, non, qui exige une justification immanente et parfaite à l'existence. N'en trouvant pas, il prend cette absence comme point de départ d'une approche de la vie, qu'il refuse d'appeler éthique ou métaphysique. Peut-être aurait-il développé un tel système
s'il en avait eu le temps ? Non seulement il refuse les consolations de la philosophie, et toutes les autres, mais il souhaite n'avoir à faire qu'à cette absence, à ce vide hurlant. Et devant lui, la révolte lui parait la seule réponse digne. La seule qui puisse justifier de continuer à vivre. Vivre de façon boulimique, comme un enragé de la vie. La vie même, la vie nue, comme protestation envers cet état de choses. Rien de plus, rien de moins. Et Camus d'élaborer les conséquences de ce choix dans diverses dimensions de la vie humaine: l'amour, l'action ou la création.

J'ai été indigné, d'abord, par l'exigence totale qu'exprime Camus. Tout, tout de suite ! Allons, la vie ne va pas ainsi, me suis-je dit. Puis je me suis étonné de cette faim, non, de cette famine hurlante qu'il semble éprouver sur le plan existentiel. Cette indignation, ce sentiment d'un scandale de l'existence. Je me suis rendu compte que là où il semble éprouver un vide je ressens une plénitude. L'expérience d'être vu, connu et accepté. Une paix intérieure, un repos. Oh, je ne suis pas immunisé contre la souffrance, et un jour je mourrai. Dans quinze à vingt ans, selon les statistiques, ce qui n'est pas énorme. Mais il s'agit là de vents, de tempêtes qui agitent les eaux de surface. En ses profondeurs, le coeur sait la partie déjà gagnée : il suffit de la vivre.

Deux réponses très différentes à une situation qui est sans doute la même. En regardant dans un miroir, peut-on voir son opposé ? Sans doute. Mais, monsieur Camus, vous êtes un homme intègre, un homme bon. Permettez-moi de croire que la bonté n'est jamais en vain.




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Si la vie n'a pas de sens, elle est donc absurde. Comment assumer cette absurdité ? Camus pose la question de manière abrupte dès les premières lignes « Il n'y a qu'un problème philosophique vraiment sérieux : c'est le suicide. Juger que la vie vaut ou ne vaut pas la peine d'être vécue, c'est répondre à la question fondamentale de la philosophie. »

Ce départ tonitruant interpelle et donne vraiment envie de connaître la suite du texte. le titre de l'ouvrage est aussi excellent. On connaît tous Sisyphe, ce personnage mythologique condamné à pousser éternellement une pierre au sommet d'une montagne, d'où elle retombe immédiatement. Cette métaphore nous parle parce qu'elle illustre parfaitement les efforts inutiles de l'homme pour accomplir une tâche qui n'a aucun sens. Métro, boulot, dodo et après ?

Comment Camus va-t-il répondre à la question du suicide ? Il faudrait d'abord expliquer en quoi la vie est absurde. Au regard de cette thématique, Camus commente la position de plusieurs philosophes : Heidegger, Kierkegaard, Chestov, Jaspers, Shopenhauer, Husserl. Cette partie de l'ouvrage n'est pas la plus limpide. Ensuite il illustre son propos en développement deux exemples, le premier autour de la notion de « l'homme absurde » regroupant le don juanisme, le comédien et le conquérant. Ces trois archétypes ont en commun le fait de « ne rien faire pour l'éternel ». Don Juan multiplie les conquêtes sans rien obtenir de satisfaisant et se retrouve dans la position de Sisyphe. le comédien passe à côté du réel et le conquérant se sacrifie pour une cause qui n'apporte pas de réponse au sens de la vie. le deuxième exemple est celui de la création artistique, encore une fois celle-ci n'est pas explicative du monde elle est un reflet de la vie librement façonné par un artiste pour divertir le public. En réalité il est difficile de résumer ce livre qui n'est pas facile à lire et je serais bien incapable d'en faire une analyse précise.

Réfléchir sur le sens de la vie et son éventuelle absurdité est évidemment essentiel. Mais si absurdité il y a, celle-ci me semble cantonnée à des faits, des situations, des comportements. Il serait dangereux et surtout inexact de généraliser. Quant au suicide, c'est justement cet acte qui me semble absurde puisqu'il nous prive définitivement de trouver un sens à la vie. Camus semble parvenir à ce type de conclusion puisqu'il préconise de se révolter plutôt que de se suicider. Il faut s'insurger contre l'injustice et l'absurdité de la condition humaine. La liberté et la dignité de l'homme sont dans cet esprit de révolte. Même si la vie est sans signification elle vaut toujours la peine d'être vécue, c'est aux hommes eux-mêmes de donner sens à la vie. Camus conclut son ouvrage par ces mots : « La lutte elle-même vers les sommets suffit à remplir un coeur d'homme. Il faut imaginer Sisyphe heureux ».

Ce livre est très célèbre et fait partie du cycle de l'absurde avec « L'étranger » et la pièce « Caligula ». J'ai apprécié "L'étranger" et j'aime beaucoup les idées et le parcours de Camus, j'avais donc très envie de lire cet essai, mais j'avoue avoir été un peu déçu. L'auteur qui est issue d'un milieu modeste et qui a vécu dans la simplicité ne semble pas s'adresser ici au plus large public. Il donne l'impression de vouloir parler aux intellectuels et de justifier son propos à grand renfort de considération philosophique complexe qui aurait pu sans doute être exprimée de manière plus abordable. D'ailleurs la plupart des synthèses et analyses que j'ai pu lire à propos de cet ouvrage se contentent au final de souligner les premières et les dernières lignes du texte et de rappeler la signification du mythe de Sisyphe. La métaphore est bien trouvée et le mérite de ce livre est surtout de nous inciter à la réflexion sur ce thème ce qui n'est pas rien.

Au moins dans la forme, Camus est sans doute meilleur romancier que philosophe, il a d'ailleurs toujours affirmé qu'il n'était pas philosophe. Dans ses carnets on trouve cette suggestion : « On ne pense que par images. Si tu veux être philosophe, écris des romans. »

— « Le mythe de Sisyphe », Albert Camus, Folio essais (2018), 187 pages.
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J'ai bien sûr rencontré le mythe de Sisyphe a l'école et durant ma relecture actuelle, quelques années plus tard, je ne peux que me demander si elle était à l'époque bien adaptée ?
En effet quelle étrange situation que de proposer cette oeuvre dans le cursus scolaire à des ado en construction.
Se retrouver face à l'absurdité de la vie a cet âge, ce n est pas chose aisée et pour peu que les ados s arrêtent en cours de lecture a tout hasard, au premier chapitre ils n auront eu que l apologie du suicide.

Au-delà de cette remarque, avez vous vraiment besoin que je critique la plume de Camus ?

Elle est merveilleuse !
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La thèse principale sur l'absurde de la vie et sa confrontation entre l'homme, sa pensée et le monde qui l'entoure est bien formulée par moment, mais l'oeuvre tourne en rond au-delà entre deux fulgurances. C'est intéressant d'avoir une explicitation de ce qui sous-tend les romans de Camus, et qui est évident pertinente, mais je pense qu'il n'y avait pas matière à en faire toute une oeuvre.
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Publié la même année que « L'étranger », « Le mythe de Sisyphe » est un traité sur l'absurdité de l'existence humaine. Dans celui-ci, Albert Camus s'attarde à trouver le sens ou l'absence de sens à donner à nos vies. Pointer du doigt l'absurdité de la religion, du travail, de l'art ou encore de la mort.

Cet essai est globalement intéressant bien que j'en conserverai peu de chose par rapport à son nombre de pages. En tant que profane en philosophie, j'ai souvent été perdu par les réflexions et le style de Camus. Parfois accessibles mais le plus souvent trop complexes pour moi ; une impression qui différait selon les chapitres. Les idées et pistes de réflexions sont pourtant là mais malheureusement peu abordables pour moi.

A lire pour un(e) lecteur/lectrice averti(e).
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Court essai à la très très TRÈS longue préface qui fut pour moi une lecture obligatoire en terminale, pour la philosophie. Comment dire... C'est un bon concept philosophique existentialiste pour un texte très peu accessible pour un lectorat de néophyte...
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Un essai avec beaucoup de caractère et qui donne du relief à d'autres textes de Camus tels que L'étranger. Cette oeuvre philosophique s'inscrit très clairement dans la lignée de Dostoïevski sur la perte du sens de la vie et de l'absurdité de l'existence. Un thème toujours vif après plusieurs siècles de bifurcation philosophique au sein du monde occidental.
Néanmoins, il n'y a qu'un problème vraiment sérieux avec ce livre : c'est son inutile complexité. J'aurais préféré un style mieux structuré et moins obscur, pour ne pas avoir l'impression de passer à côté de certains passages. Je n'aurais pas le culot de dire que l'on se trouve ici en face de "l'effet gourou" tel qu'énoncé par Dan Sperber, mais davantage de clarté n'aurait pas dénaturé le propos (bien au contraire).
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Malgré le titre, le livre est une succession d'analyses de textes d'anthologie, dont le mythe de Sisyphe.

On peine à comprendre ou à suivre une thèse diluée dans d'inutiles circonvolutions.

Peut-être que le l'oeuvre cherche à répondre à la question de l'absurde à sa manière.
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Que dire de cet ouvrage ? Même avant de l'avoir terminé, je me suis rejeté à l'assaut de ses premières pages. Tel un guerrier dont l'orgueil déchiré l'oblige à retourner à un combat perdu d'avance, je n'ai pu m'empêcher de recommencer cet ouvrage. Troublé par ces mots, je ne pouvais demeurer vivant sans en comprendre davantage le sens. Et encore aujourd'hui, le sens profond du livre m'échappe. J'ai le sentiment de ne pas en avoir finit avec ce livre. Cette sensation m'est familière avec certaines oeuvre d'art, devant lesquelles il m'est impossible d'être rassasié, devant lesquelles je ne peux dire: "j'ai saisi", ou "j'en ai assez". Chaque fois que je regarde ces oeuvre, je sens que quelque chose m'échappe. Je les quittes quelques minutes, puis, obsédé, je reviens les contempler. Ce livre est du même ordre : il est inépuisable. Sous ces mots, je vais uniquement vous donner un aperçu bref de l'absurde Camusien car un approfondissement se traduirait en un échec tant il est profond. Puis, je vous parlerai de mon ressenti personnel au contact des phrases de ce chef-d'oeuvre.

Camus aborde en effet la tragédie de l'homme, qui consiste en l'incapacité de sa raison à cohabiter avec le monde. le monde n'obéit pas à la rationalité humaine. C'est ici que nait l'absurde. Car "l'absurde naît de la confrontation de l'appel humain avec le silence déraisonnable du monde." Très concrètement, il est absurde pour un homme de vivre tout en sachant qu'il mourra. La raison ne convient pas au monde car "comprendre le monde pour un homme, c'est le réduire à l'humain, le marquer de son sceau."

Confronté à cette alarmante situation, l'homme envisage des solutions. L'une d'entre elle est le suicide. En effet, si l'absurde provient de la confrontation entre la raison humaine et le monde, supprimer un des comparé revient à supprimer le comparant, donc le problème. Si la raison n'est plus, l'absurde n'est plus car il n'y a plus de confrontation entre la raison et le monde. Cependant, selon Camus, le suicide ne serait en aucun cas une suite logique à cette équation car il reviendrait à annuler sa résolution, et non à la résoudre. Si j'essaye de trouver la somme de 1 et de 1, et que je supprime un des deux chiffres, je ne peux prétendre avoir trouvé la solution. Aussi, accepter le suicide revient à accepter l'absurde en se précipitant vers lui. Si je suis confronté à l'absurde car, atteint d'une maladie mortelle, ma raison peine à trouver un sens à ma vie; alors, me suicider revient à me précipiter vers l'absurde.

La solution s'exprime donc dans la révolte lucide de l'homme. La suite logique à l'absurde que l'homme doit emprunter est une révolte consciente contre ce mal. Car, "pour un homme sans oeillères, il n'est pas de plus beau spectacle que celui de l'intelligence aux prises avec une réalité qui le dépasse." En continuant à vivre, mais avec une certaine distance vis à vis du monde, l'homme ne se résigne pas à l'absurde : il s'adapte. Certes, ce n'est pas une solution qui apporte un bonheur aussi important que si l'absurde n'existait pas, mais c'est la meilleure possible. Camus "transforme en règle de vie ce qui était invitation à la mort" car il peut "se sentir désormais assez étranger à sa propre vie pour l'accroitre et la parcourir sans la myopie de l'amant". La révolte Camusienne est même meilleure que l'ignorance à l'absurde. Tel l'habitus de Pierre Bourdieu, l'âme consciente de l'absurde saura plus heureuse et plus libre que l'ignorante. Connaître ses limites, c'est mieux vivre avec. Connaître la structure structurée dans laquelle je vis, c'est pouvoir mieux la rendre structurante. Une révolte consciente face à l'absurde est donc synonyme de liberté.

Vous l'aurez compris, la partie concernant la révolte est plus floue, certes, mais elle est vraiment intéressante. Pour les personnes familières à la philosophie, Camus utilise la dialectique Hegelienne. J'expose, je m'oppose, je dépasse. J'expose, ma raison ne correspond pas au monde, je choisis de m'opposer (suicide), je dépasse l'opposition et je me révolte...

Si je discutais avec mes amis, j'aurais dis de ce livre que c'est un "banger". J'ai rarement ressenti de telles sensation avec un livre. Il est d'une richesse inouïe et a un champ d'action passionnément large. Camus ne pond pas juste un essai sur l'absurde, il illustre ses dires chez des auteurs, avec des exemples concrets, notamment le fameux Mythe de Sisyphe. Cependant, lors de quelques passages, la pensée de Camus m'échappe totalement. Je n'arrive pas à saisir ce qu'il veut dire et je demeure dans le flou. Je pense que cela provient d'une incompatibilité de références culturelles. La pensée de Camus est très riche et ses phrases sont très précises et intelligente. Dans quasiment chaque chapitre, il est possible de trouver des citations à poster sur instagram incrustées sur une photo de coucher de soleil... Ca fait réfléchir... Sé profond...
Je vous conseille profondément cet ouvrage, ce classique, qui n'est pas aussi abrupte que ça pour ce qu'il contient (Kant, je te vois).

Luc
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Il est difficile de critiquer quand il s'agit de Camus. Livre de la série de l'absurde. L'apologie, voire même, la propagande du suicide est amenée de façon raffinée, presque normale, à tel point que l'on peut (JE ?) se demander si le faire serait une erreur ou un héroïsme. Merci pour cet essai !
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