Un fait divers disséqué au scalpel !!
15 novembre 1959, Holcomb, Kansas, États-unis, un bled paumé en plein milieu de l'amérique profonde, traversé par une ligne de chemin de fer et une rue sinistre bardée de bâtiments décatis ayant vécu.
Comme un air de désolation.
On y survit plus qu'on y vit.
Ça sent la poussière ou la boue, en fonction de la saison.
Dans ce trou sinistré, une ferme, plutôt prospère grâce à l'acharnement de son éminent propriétaire, M Clutter. Il y vit avec son fils,
Kenyon, solitaire, une de ses filles, Nancy, solaire, (les deux autres on déjà quitté le nid) et sa femme éternelle dépressive. Deux employés permanents complètent l'équipage qui permet un bon rendement de la terre.
Ailleurs, une espèce de Bonnie and Clyde, mais les deux au masculin, deux tatoués, marginalisés qui fomentent un coup qui ne laisserait aucun témoin avant de se mettre au vert quelque part au Mexique. Ils n'ont rien en commun si ce n'est une prison (quand même), d'avoir été cabossés par la vie, au propre (ils tiennent aussi à leur hygiène) comme au figuré et surtout l'échafaudage de cette équipée sauvage dans laquelle ils se sont engagés et qui va les broyer.
Le tableau est si bien dépeint qu'on sent poindre le drame, sournoisement comme serpenterait un reptile venimeux.
Truman Capote, tel le petit poucet, sème des petits cailloux blancs pour bien baliser le chemin criminel sur lequel il nous entraîne dans le sillage de ses personnages.
On devinent les mâchoires métalliques du piège assassin qui se referme sur ses protagonistes. Ajoutez la voix de
Pierre Bellemarre ou de
Christophe Hondelatte et vous êtes dans le climax.
Le décor est planté, les personnages présentés, le rideau peut s'ouvrir et la tragédie se dérouler.
Scènes de crimes sanguinolentes, amis tétanisés de désarroi, enquêteurs locaux dépassés par l'ampleur du drame, spécialistes fédéraux du FBI dépêchés sur place et criminels dénués de toute humanité, avancez tous sous les projecteurs incandescents et témoignez !
Témoignez tous et permettez à Capote de nous envoûter avec ce récit vérité qui empoigne par le colbac et laisse groggy en quête d'une respiration salvatrice.
Il fouille et trifouille dans les tréfonds troubles de ces humains sans âme (ou alors elle est damnée) pour essayer de donner un sens au sanglant fait divers qui a glacé l'amérique.
Il décortique et détricote les enfances désespérées ou ont germé ces graines de violence qui n'ont donné vie qu'a un arbre mort ou pendre le gibier de potence, drôle de fruits comme le chante ce vieux classique du blues.
Un Uppercut qui nous file une hyper cuite suivie d'une gueule de bois qui n'a pas fini de nous laisser une migraine chronique, chronique comme celle de cette amérique qui n'aménage aucun interstice pour son fameux rêve américain et qui réduit ses mythiques bottes du cowboy ‘grand cru' à des traces photographiques qui deviennent les pièces à conviction qui mèneront droit à la corde de chanvre et au noeud coulant.
Incontournable !!!
Un must dans son genre, un récit implacable, romancé certes, avec quelques longueurs aussi, mais renseigné avec une telle précision chirurgicale qu'il nous précipite au coeur d'une sinistre affaire bien trop réelle…
Excellent moment de lecture !!