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sur 1737 notes
Livre somme, synthèse ébouriffante qui parvient à rendre presque clair le déroulé des événements depuis la prédication de Jésus jusqu'à l'écriture des premiers évangiles, associée à une réflexion maligne sur nos croyances et le sens que nous donnons à nos vies. le style, très travaillé-relâché, les comparaisons éclairantes font de ce livre une espèce de cours idéal, où Carrère animerait le cercle des exégètes disparus et donnerait enfin sens à des semi-savoirs poussiéreux. Et non seulement Carrère est un sacré passeur, mais surtout il est romancier, scénariste et a l'oeil aiguisé pour repérer emprunts, coutures et procédés de style. Et puis il y a tout le reste: les pseudo-digressions qui tentent de comprendre l'incompréhensible: pourquoi croyons-nous? Pas tout, pas tout le temps, mais suffisamment pour que 2000 ans plus tard le message du Christ soit encore aussi prégnant.
Carrère donne quelques réponses: on croit dans l'espoir d'aller mieux et de donner un sens à ses souffrances; on croit parce que les paroles de Jésus n'ont rien perdu de leur radicalité; on croit parce qu'on peut tout trouver dans les évangiles, et aussi son contraire. Et on cesse de croire, c'est ce qui lui est arrivé, quand on est heureux. Parce que si Dieu existe vraiment, alors les nantis de cette terre, ceux qui ont reçu plus que leur dû, sont d'ores et déjà damnés.
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Je crois que chaque lecteur connait ce sentiment étrange mêlé de culpabilité et d'impuissance lorsqu'un livre considéré par la plupart comme un ouvrage remarquable nous tombe des mains sans que l'on sache vraiment pourquoi.
Je referme « le royaume » d'Emmanuel Carrère que décidemment je n'arrive pas à lire.
Je l'ai acheté il y a plusieurs années. J'ai mis très longtemps avant de me décider à l'ouvrir, avant de le remettre sur l'étagère en me promettant d'y revenir un jour.
J'y ai mis de la bonne volonté, enfin je crois, mais rien à faire après de nombreuses tentatives, j'abandonne…
Je ne mets en cause ni le sujet, ni le style de l'auteur, je suis seule responsable de cet échec qui m'agace.
Si un jour j'arrive à faire baisser ma PAL, j'y reviendrai peut-être !
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Dans ce récit il y a à boire (le vin de messe) et à manger (le corps du Christ). Ce qui m'a intéressé dans ce livre, ce n'est pas la vie privée de Mr Carrère, ni son besoin de confesser ses goûts pornographiques. A priori, ce n'était pas non plus l'Histoire antique du Christianisme, mais cette partie là m'a beaucoup plu parce que c'est une enquête honnête, riche et cohérente, malgré beaucoup de sérieux, de bavardages et de longueurs. Non, ce qui m'intéressait c'est la Question de la Foi, qui est le Sujet du bouquin. Page 34, l'auteur défini la foi comme « Une certitude obscure », or moi je suis plutôt dans un doute lumineux, et les gens qui ont la foi me ... non, ils ne me fascinent plus, ... ils m'intriguent. J'ai eu, parfois, l'occasion de discuter avec des gens « qui ont la Foi » j'ai été étonné d'entendre des personnes, qui ne doutent pas, qui portent leur foi, leur certitude comme les escargots leur coquille ; Alors que le Doute est, selon moi, l'Essence de l'Humain, pas seulement le doute inhibant mais aussi celui qui cherche des réponses, qui les trouve parfois, qui fait avancer, comprendre, progresser ... Car quand même, entre l'Abbé Pierre et les Talibans, entre Le Dalaï Lama et les terroristes islamistes, il y a ça en commun : la Foi. Dans la Foi il y a, il me semble, quelque chose de la Volonté de Croire - Il y a même peut-être uniquement cela - Dans n'importe quelle religion, le croyant trouve ce qu'il Veut, le meilleur ou (et) le pire, il Veut La Vérité contre le réel. A-t-on déjà vu quelqu'un qui doute poser une bombe ? Revenu à la raison (car la foi n'est pas raisonnable) Emmanuel Carrère compare la croyance et l'Histoire chrétienne à de la Science-fiction, il ose des parallèles audacieux avec le communisme, plus pertinents avec le bouddhisme, il revient à la conscience, au réel, il se pose des questions (Luc n'était-il pas un romancier ?), il progresse, s'améliore, s'équilibre ; la (vrai) foi, elle, ne tolère pas le questionnement. La dernière phrase du livre est : « Je ne sais pas », et alors, est-on obligé de tout savoir ?
P.S. J'ai lu ce bouquin sur une liseuse numérique, je resterai un lecteur de papier, mais j'avais un a priori sur la liseuse et j'ai découvert un outil plutôt acceptable.
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J'aime toujours autant le style de l'auteur, qui m'a permis d'aller au bout du livre. J'aime qu'il mette toujours de lui dans ses romans, il s'implique toujours personnellement. On découvre un énorme travail de recherche derrière cet ouvrage très fouillé. Cela m'a permis de découvrir des éléments que je ne connaissais pas sur l'histoire du christianisme.
Néanmoins, je mentirais en disant que l'ouvrage m'a passionnée. J'ai dû souvent batailler pour continuer ma lecture, il faut dire que le roman est très long... L'auteur se débrouille pour rendre cela assez vivant, moderne mais cela reste 600 pages sur la naissance du christianisme ! Je salue cette initiative audacieuse mais je ne suis pas conquise.
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Les origines du christianisme, un thème austère qui ne m'attirait aucunement de prime abord; mais c'était sans compter le talent d'Emmanuel Carrère. La première partie de son essai porte sur son cheminement personnel dans la foi, très touchant et vibrant et dit par ses propres mots : « Je reconstituerai l'entrelacs de défaites, de haine de soi, de peur panique devant la vie qui m'a conduit à croire. » La suite, c'est l'apprivoisement minutieux des Écritures par les apôtres et ce que nous en livre Carrère en courts chapitres est souvent contradictoire, emmêlé dans les traductions, un compte-rendu qui s'est perdu dans la nuit des temps, raconté par ouï-dire, par l'un et par l'autre, repris par des scribes soucieux quelquefois d'en embellir le propos. Un travail colossal effectué par l'auteur qui a consulté des exégètes et compulsé un grand nombre d'oeuvres reconnues. C'est aussi un livre très personnel dans lequel Carrère se raconte sans pudeur, réfléchit sur son travail d'écrivain et s'interroge sur ce qu'est en définitive la vie d'un homme. Une lecture qui, si elle ne réconforte pas, incite au moins à une plus grande intériorité chez chacun.
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j'aime Emmanuel Carrere, aussi, quelque soit le sujet qu'il aborde (la russie, Limonov,l'affaire Romand, j'achète et je lis. Pas de déception pour ce dernier, Peut-être le plus abouti, le Royaume m'a permis de "dépoussiérer" mes notions de "catholique par éducation", par tradition familiale. J'ai eu également cette période mystique dont l'auteur parle, pour en revenir, comme lui également.
J'ai beaucoup appris, mieux compris la naissance de la religion chrétienne et appréhender les réactions des juifs de cette époque (1er siècle après Jésus Christ).
La fameuse compilation du Q m'a particulièrement marquée (peut-être correspond elle mieux à ma vision de Jésus..)
Enfin, comme à son habitude, Emmanuel Carrere parle aussi de lui, c'est sa marque, et il le fait très bien. L'alchimie fonctionne à merveille.(J'apprécie sa franchise, les termes qu'il utilise le concernant (on sent bien les psychanalyses qu'il a suivi et auxquelles il fait référence).
C'est juste parfois un peu long, même si Emmanuel Carrere sait nous "enlever" pour nous faire partager son savoir, son monde et ses fictions.
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Je viens de capituler au bout de plus de 200 pages du livre-somme d'Emmanuel Carrère qui s'intitule le royaume. Cette sorte de grande enquête fouille remarquablement les origines du christianisme et son livre fondateur, la Bible.

Lui-même a été un fervent catholique pendant quelques années ; il nous le raconte au début du livre.
Ses (nombreux) carnets de notes de l'époque sont ainsi venus nourrir sa réflexion et son écriture. Sa question de départ étant la suivante : « Comment un livre, qui ne pourrait être qu'une fiction peut-il devenir le socle d'une religion ? »

Nous accompagnons donc les auteurs des Évangiles et lisons les interrogations d'EC sur les contradictions flagrantes de ces textes auxquelles des millions de personnes croient.

Il est certain que croyants et agnostiques n'en feront pas la même lecture. Pour ma part, j'ai eu du mal avec les diversions toutes personnelles de son auteur sur sa vie et ses états d'âme, car évidemment, cela donne un texte un peu trop long en raison de cet auteur qui ne cesse de parler de lui en traitant son sujet et se permet des liens entre aujourd'hui et le début du christianisme parfois malvenus. de plus, j'ai trouvé les passages philosophico-historiques souvent bien lourds.

Pourquoi écrire simplement quand on peut le faire de manière alambiquée ?

J'ai capitulé, car je me suis perdue dans le labyrinthe des digressions d'Emmanuel Carrère
C'est peut-être un texte à reprendre. Mais plus tard.

Lien : http://justelire.fr/le-royau..
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Difficile de qualifier ce mélange des genres. Emmanuel Carrere a été chrétien. Il a eu la foi, il a pratiqué. Et ce pendant trois ans. Depuis lors il ne croit plus. Pour autant, comme le montre ce livre, ses interrogations personnelles croisent en permanence sa grande connaissance du Nouveau Testament.
Il a choisi dans cet ouvrage de commenter les textes des testaments et les actes des apôtres, comme le ferait un historien, un archiviste, s'attachant aux sources et aux textes. Mais il ne s'interdit pas de remplir les blancs, qui ne manquent pas dans les évangiles, par son interprétation, qui est celle d'un romancier et d'un scénariste habitué à conter et à rendre plus prenant une trame qui l'est déjà beaucoup.
Carrere détaille la diffusion du message chrétien et la création des évangiles. Au passage, il explique ce qui l'avait poussé dans la pratique religieuse dans une partie plus auto biographique et limite de l'analyse psychologique.
La suite est une masse d'informations sur les communautés chrétiennes des premiers temps, le rôle de Paul, maître dans la diffusion du message dans les communautés de Moyen Orient, celui de Luc, grec lettré et celui qui va transmettre l'écrit, celui de Marc et de Jean. le tout est ressitué dans cette période d'occupation de la Judée par Rome, de lutte entre factions juives, pharisiens et sadducéens, pour le monopole de la transmission divine, de révolte et de destruction du Temple. Un premier siècle de l'ère chrétienne bien rempli pendant lequel le développement du christianisme n'est que celui d'une secte avec ses différentes branches et interprétations.
Au final ce gros livre très ambitieux perd vite le lecteur en route par un mélange constant entre réflexions personnelles, exercices d'imagination et analyses des textes au regard des faits historiques. La partie de remise à plat des textes avec le contexte historique aurait méritée à elle seule un autre livre, plus humble et prêtant moins à controverses.
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Depuis quelques années, je lis systématiquement, à leur sortie, les livres d'Emmanuel Carrère. Sur n'importe quel thème, il réussit à m'embarquer. J'aime sa façon de créer une intimité avec le lecteur. Quand il parle des autres, il n'est jamais bien loin, intervenant pour donner son point de vue ou raconter une anecdote sur sa propre vie. "Le royaume" ne fait pas exception et si j'ai quelques réserves, elles n'ont pas gâché mon plaisir de lecture.
J'ai passé quinze jours sur ce pavé de plus de 600 pages. Je ne vous dirai pas que cela a été une lecture facile. le sujet est ardu. Parfois, il me fallait reposer l'ouvrage pour "digérer" ce que je venais de lire. Je n'ai pas une très grande culture religieuse et j'ai dû faire quelques recherches pour éclairer certains points qui me semblaient obscurs. Certains le restent encore. Pour bien faire, il faudrait que je le relise en entier, à la lumière que ce que j'ai appris depuis mais je ne m'en sens pas le courage. Si une version audio venait à sortir, en revanche, je me précipiterais pour l'écouter car je suis persuadée qu'une deuxième lecture m'apporterait autant que la première.
La première partie est totalement consacrée à un épisode qui a fortement marqué la vie d'Emmanuel Carrère : les trois années durant lesquelles il a été un fervent adepte du christianisme. Et quand je dis fervent, je n'exagère pas. Il allait tous les jours à la messe et consacrait au moins une heure par jour à commenter les évangiles. Il évoque l'importance, dans son cheminement, de sa marraine, très croyante, qui lui a fait rencontrer celui qui est devenu son meilleur ami et avec lequel il a pu échanger longuement sur sa foi. Il s'interroge aujourd'hui sur ce qui l'a amené à la croyance : la dépression, le besoin de trouver refuge ? Il s'interroge sur ce qui porte des personnes à l'esprit cartésien à croire à quelque chose d'aussi invraisemblable que la résurrection, par exemple.
Cette première partie est la plus facile à lire. On est dans le ton des précédents ouvrages de Carrère avec les petites touches d'humour et d'autodérision qui le caractérisent. Un exemple : "Tout peut arriver, y compris que l'égocentrique et moqueur Emmanuel Carrère se mette à parler de Jésus, avec cette bouche en cul-de-poule qu'on est obligé de faire pour émettre la seconde syllabe (essayez de dire zu autrement), et qui, même au temps de ma plus grande dévotion, m'a toujours rendu ce nom vaguement obscène à prononcer." Les passages où il illustre sa volonté de se conduire en chrétien, envers et contre tout, sont assez truculents. Je pense à l'épisode de la baby-sitter, pour ceux qui ont lu l'ouvrage.
Les trois autres parties sont consacrées aux débuts du christianisme. Je ne vais pas vous résumer les plus de six cent pages de l'ouvrage, c'est impossible et j'en serai bien incapable. Je vais tenter de vous livrer succinctement ce que j'en ai retenu. J'espère ne pas faire d'erreurs car je n'ai pas pris de notes durant ma lecture.
Dans la deuxième partie, Emmanuel Carrère évoque longuement la communauté créée par l'apôtre Paul de Tarse. Paul ne faisait pas partie des premiers compagnons de Jésus. Ce dernier lui est apparu après sa résurrection, sur le chemin de Damas. Paul avait la particularité de convertir les "gentils"(non juifs) alors que, jusqu'ici, les apôtres ne s'adressaient qu'aux juifs. Paul disait à ses convertis que la fin du monde était imminente, que Jésus Christ reviendrait sur terre pour le jugement dernier, que tous y assisteraient. Les gens ont commencé à mourir autour de lui sans le que Christ ne réapparaisse mais les gens n'ont pas perdu leur foi pour autant. L'histoire du christianisme était en marche...
Dans la troisième partie nous est contée la vie de Luc, compagnon de route de Paul et l'un des plus grands évangélistes du nouveau testament. On sent qu'Emmanuel Carrère a une certaine affection pour Luc, on pourrait même dire qu'il se montre assez complaisant vis-à-vis de lui, lui pardonnant ses petits arrangements avec l'histoire. Il le présente comme un romancier, plus que comme un croyant.
Dans la quatrième partie appelée l'enquête, Emmanuel Carrère compare les différents évangiles, tente de se faire une idée de la personnalité de Jésus et surtout de ses disciples. Il tente de démêler le vraisemblable et ce qui ne l'est pas. J'ai trouvé sa démarche passionnante même si de temps en temps, il m'a perdu en route.
Tout au long de son roman, Emmanuel Carrère réfléchit aux valeurs du Christianisme, à l'inversion des valeurs proposée par cette religion. Il cite notamment cette phrase : les premiers (sur terre) seront les derniers (devant dieu). Cette inversion des valeurs est parfois poussée à l'extrême. Il prend comme exemple la très injuste parabole du fils prodigue. L'écrivain réfléchit aussi à ce que serait un monde où l'on appliquerait à la lettre le message de Jésus. Il en conclut qu'un tel monde ne pourrait pas fonctionner mais il pense toutefois qu'il y a quelque chose à tirer de cette religion, un code de conduite toujours valable aujourd'hui. Sans être croyant, il adhère, d'une certaine façon à ce "royaume" évoqué par Jésus.
Ce qui m'a passionnée également, c'est le contexte historique, relaté par Emmanuel Carrère avec une pédagogie un peu farfelue, parfois. Je dois avouer que certaines comparaisons avec notre époque m'ont agacée. Emmanuel n'est pas à un anachronisme près dans ce livre. Je vous ai dit au début de mon billet que j'avais quelques bémols à émettre. Je viens de vous en citer un mais celui que je placerai en tout premier concerne l'épisode érotique glissé par Emmanuel son récit et dont il aurait franchement pu se passer. Mais bon, je lui pardonne cet égarement .
Désolée pour la longueur de ce billet mais il y a tant à dire sur "Le royaume".
Coup de coeur ou pas ? je ne n'en suis pas loin, assurément.
Lien : http://www.sylire.com/articl..
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On peut ne pas apprécier l'auteur , l'on ne peut que s'incliner devant cet opus qui part dans tout les sens pour finalement aboutir à une "somme" folle et géniale . Il avait déja fait trés fort , mais là Carrere touche au parfait et c'est un bonheur de lecture . Quel bijou d'intelligence avec une audace incroyable . Chef d'oeuvre tout simplement .
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