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sur 1737 notes
C'est un livre formidable pour une athée comme moi. J'y ai trouvé des réponses aux questions que je me pose depuis toujours sur la foi. J'aime beaucoup Emmanuel Carrère et la façon dont il raconte ses histoires. J'aime son humilité et sa sincérité, et j'ai été servie avec cette "enquête" ! Après avoir décrit sa période de chrétien fervent, il fait preuve d'une pédagogie et d'un recul toniques pour décortiquer LES histoires du christianisme sur lesquelles s'est construite notre civilisation occidentale. Ce livre est un souffle d'air frais qui dépoussière les vieilles icônes, le fruit d'un travail intellectuel sans concessions, où l'auteur n'hésite pas à se remettre en question. Je trouve cela très courageux et admirable, et j'encourage les sceptiques et les curieux à le lire.
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Que dire de ce livre, si ce n'est qu'il est hors norme ?
C'est peu de dire que je l'ai adoré. Quand la littérature atteint un tel degré d'audace, de liberté, de sincérité, elle m'enchante ! Typiquement le genre de livre qui ne laisse pas indifférent, qui suscite tout sauf la tiédeur. Il y a ceux qui sont emportés, et ceux qui restent sur le bord du chemin. Carrère m'a d'emblée prise par la main et je l'ai suivi avec bonheur au bout de son incroyable voyage.

De quoi est-il question ? Carrère revient sur l'histoire de Jésus et de la naissance du christianisme, telle qu'on peut la découvrir à la lecture des Evangiles et telle que l'ont rapportée, commentée, interprétée différents exégètes au fil des siècles. Un commentaire de plus, alors ?
Non. Quelque chose de très différent au contraire, et de beaucoup plus émouvant. le récit d'une expérience terriblement intime, et même impudique, à en croire l'auteur qui affirme pouvoir très librement parler de sexe - ce qu'on ne saurait nier -, mais révèle difficilement la nature de sa foi; la tentative d'approcher au plus près de son être, de ce qui en est l'essence et qui, naturellement, interroge son rapport à l'écriture, son statut d'écrivain.
Car, selon moi, c'est bien Carrère, et non Jésus, Paul ou Luc, qui est au centre de cet écrit.

Le livre s'ouvre sur l'évocation d'un moment de crise dans la vie de l'auteur : il ne pouvait plus écrire. Il n'y arrivait plus. Tourments, difficultés personnelles, angoisse, et au final une question, LA question : quel est le sens de ma vie ? Dans ce moment de désarroi profond, la foi apparut comme la seule réponse, celle qui permettait de s'en remettre à une dimension qui dépasse l'individu et qui permet de se rattacher à une communauté, à une histoire, d'effectuer des gestes et de prononcer des paroles ancestraux qui donnèrent sens à la vie de tant d'autres individus auparavant...
Mais Carrère veut comprendre, retourner à la source. Il retrace alors le destin de Paul, l'un des premiers membres de cette religion naissante, et l'un des plus prosélytes aussi. En lisant cette première partie, j'avais la nette impression qu'en retraçant le cheminement de Paul, un Juif qui s'est détourné de la Loi pour rendre compte de la parole et des actes de Jésus, Carrère tentait par là de retracer le chemin qu'il avait lui-même emprunté, devenant presque confit en dévotion pour mieux se convaincre du bien-fondé de sa démarche spirituelle.

Mais cette foi l'a quitté et il n'en éprouve aucun regret. Reste l'interrogation sur ce moment de sa vie. C'est la troisième partie du livre : Carrère s'intéresse cette fois à Luc. Luc, le lettré qui a relaté les actes de Jésus tels qu'il les a entendus de la bouche de son compagnon Paul. Et je ne crois pas beaucoup extrapoler en identifiant Emmanuel Carrère à Luc : «Je suis un écrivain qui cherche à comprendre comment s'y est pris un autre écrivain», dit-il notamment (p.405). Dans cette partie, Carrère s'intéresse particulièrement à la manière dont Luc a pu écrire, s'interrogeant sur le matériau qui lui a permis de le faire. Il ne cesse d'évoquer sa vie en tant que scripteur. En outre, il parle beaucoup à la première personne et, lorsqu'il relate ses journées à Rome, leur déroulement n'est pas très loin de ce qu'il racontait de son propre rythme de vie au cours de la première partie !


En faisant le récit de cette expérience, Carrère referme la boucle. Par l'écriture, il retrouve sa voie, son aspiration profonde, son véritable sacerdoce. Et quelle écriture ! Elle ne se refuse rien, au risque parfois de choquer : sans doute ce que Carrère se permet en termes de comparaisons (avec le communisme, par exemple) ou sa façon de parler de Marie parfois, pourra-t-il heurter la sensibilité de certains croyants; son style très direct, proche parfois de la langue orale pour être au plus près de son lecteur et dialoguer avec lui chagrinera peut-être certains puristes de la littérature.
En ce qui me concerne, j'ai été charmée. J'avais l'impression d'être assise en face de lui et d'être sa confidente. Je l'écoutais me raconter une histoire dont j'avoue être totalement ignorante. Ses comparaisons parfois très osées (l'évocation de Paul couvert de goudron comme les méchants dans Lucky Luke, par exemple) non seulement me faisaient rire par leur incongruité, mais me permettaient de parfaitement percevoir ce qu'il voulait exprimer. En transposant des situations d'hier dans le monde que nous connaissons, il nous rend les choses immédiatement accessibles.
Et puis, surtout, j'ai eu le sentiment d'être invitée à découvrir une personnalité, d'être autorisée à entrer dans le plus profond de son intimité, ce qui me semble être un véritable privilège. Comme Carrère, j'aime savoir à qui j'ai à faire. J'aime ces livres où les auteurs racontent une expérience intime qui les a construits. C'est souvent l'occasion de s'interroger aussi sur soi-même ou, à travers l'expérience d'un individu, de comprendre certains aspects de la société.
En un mot comme en cent, je me suis régalée du début à la fin.

J'avais déjà aimé le précédent livre de Carrère, Limonov. Mais aujourd'hui, avec cet extraordinaire récit, je peux dire que je suis à présent totalement... convertie à cet auteur !


Lien : http://delphine-olympe.blogs..
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C'est étrange. C'est au sortir de la lecture du dernier Houellebecq que j'ai été comme aspirée vers "Le royaume", comme par un besoin de combler le vide sidérant (de valeurs, de sens? spirituel?) pointé par "Soumission".

Je n'étais pourtant pas plus attirée que ça par le thème du dernier Emmanuel Carrère dont je n'avais lu que "L'adversaire" qui m'avait littéralement fascinée, et encore moins par la perspective d'être confrontée à un écrivain qui se raconte, ayant l'autofiction en horreur.

Mais l'instinct a bien parlé car, si je suis bien sûr sortie du "Royaume" aussi agnostique que j'y étais entrée, cette lecture aura bien été une expérience propre à combler le creux.

J'en ai aimé l'érudition bouillonnante, la mise en perspective historique nourrie de questionnements personnels, cette composition très yin - yang entre objectivité et subjectivité, croyance et non croyance, narration historique traversée de "je" qui font de ce "Royaume" un objet littéraire tout à fait hors normes. Contre toute attente, c'est d'ailleurs la partie introductive dans laquelle l'auteur raconte son expérience de croyant qui m'a le plus emballée.

Comme quoi ça fait du bien de temps en temps de lire en dehors de ses bases!

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S'attaquer à la rédaction d'un avis sur « le royaume » n'est pas une mince affaire , tant l'oeuvre est riche et étoffée.
Vous l'aurez compris , le royaume , c'est Dieu , la naissance du christianisme. C'est le berceau de Carrère , qui dans les premiers chapitres nous parle de sa foi , de sa soif d'analyse et plus tard , du doute qui en fait un agnostique.
Peu importe dans toute cette traversée ce qui a poussé l'écrivain à revenir sur le chemin qui a été sa demeure , à relater avec brio le commencement d'une nouvelle civilisation , la nôtre , puisque ce roman est une antre de savoir et une introspection des plus intelligentes et
si Carrère se positionne un peu trop souvent au beau milieu de l'histoire , prenant parfois la place du Christ tant il est arrogant , j'ai décidé de lui pardonner en vue de sa réflexion brillante et pertinente.
Tout au long de cette lecture , on marche aux côtés de Paul alors que celui ci tente de convertir les romains. La grande Rome est évoquée , aussi, Tibère , Néron , Vespasien et Titus font partie du paysage , éléments majeurs dans la genèse de cette fondation .
Arrive Luc ,personnage vénéré de Carrère qui tout au long de ce livre , lui voue un culte en le considérant comme le premier écrivain , puis Jésus , que Carrère préfère traiter en homme plutôt que Messie ce qui le rend plus humain, plus proche de chacun tout en désacralisant le divin , ce qui, d'un sens, amène une objectivité que la foi anesthésie.
C'est le début d'une quête , d'une entreprise céleste qui sillonne un monde , qui se frotte aux peuples et se dresse afin de promouvoir une vision nouvelle.

J'ai décidé de ne pas traiter tous les questionnements de Carrère , les développements et faits historiques soutirés de la bible ou autre manuel religieux tout simplement parce qu'il me semble important de laisser le futur lecteur entre les mains de l'auteur qui excelle dans cet exercice initiatique.  
Plus qu'un roman , « le royaume » est un essai , un travail de documentation impressionnant ,une introspection intellectuelle saisissante tant la solidité des arguments est pesée et filtrée.
Si le céleste n'a jamais eu mes faveurs , ce fut un plaisir de plonger tout au long de ces 630 pages dans les cieux de la foi avec pour seul compagnon un épicurien qui signe un livre édifiant.
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Je ne suis pas fan d'autofiction, vraiment pas. Qu'un auteur parle de lui, qu'il se mette en scène dans son quotidien, qu'il raconte ses questionnements, ses doutes sans en passer par des personnages, une fiction, un filtre romanesque, ça a beau être réussi, en général ça ne m'emballe pas.
En me lançant dans la lecture de ce gros pavé d'Emmanuel Carrère, je savais donc que je sortais de ma zone de confort . Eh bien, même si j'y ai trouvé des longueurs fatigantes, des impudeurs inutiles (ahh la passion d'Emmanuel pour les vidéos de filles qui se masturbent...), un manque de modestie intellectuelle insupportable, j'ai pris plaisir à la lecture de ce « Royaume »!
Le point de départ de Carrère, c'est une crise de foi : il a été chrétien pendant trois années, il a trouvé refuge dans la religion, puis cette croyance a décru et s'est éteinte. Mais cette période a laissé des traces, la fréquentation des textes sacrés notamment. Ainsi, Carrère se lance pendant 7 années dans une quête spirituelle, dans l'étude des Evangiles, des textes historiques, il croise les sources, il mène l'enquête, approfondit sa réflexion pour nous livrer sa reconstitution des premières années du christianisme. Et ce qui l'intéresse, ce n'est pas tellement Jésus, ce sont ceux qui l'ont raconté, les évangélistes, et notamment Paul, et son compagnon de route, Luc. Il s'intéresse à la personnalité des auteurs, ceux qui ont élaboré le récit fondateur de cette secte juive qui « a dévoré de l'intérieur l'Empire Romain » et nous raconte, en bouchant les nombreux trous de l'histoire, ce qui s'est passé pendant ce Ier siècle qui a changé l'histoire de l'humanité.
Si j'ai éprouvé une difficulté constante à comprendre le projet global dans cette somme érudite et documentée que constitue « le Royaume », si j'ai rarement été aussi partagée entre fascination et exaspération pendant une lecture, je crois que je reviendrai vers Carrère, rien que pour retrouver la grâce qui se dégage de l'épilogue des laveurs de pied.
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J'ai beaucoup aimé le livre d'Emmanuel Carrère, en fait , il m'a passionnée. Son récit d'abord autocentré sur sa dépression et sa période mystique se relie majestueusement à une enquête d'ordre historique sur la trace des premiers chrétiens. Paul, Luc, Jean : les personnages principaux du début du christianisme, nous apprenons à les connaître, et les accompagnons dans leur grande aventure...que Carrère, méticuleux et documenté, tisse, invente, traque, comblant les passages lacunaires -et ils sont nombreux- de son interprétation, la piste qu'il a aimé suivre. Livre-pavé d'une grande érudition, entre le roman, l'autobiographie, le roman historique, et l'essai historique, genre mêlé que j'affectionne particulièrement, le Royaume nous amène des questions essentielles sur la religion, l'humanité, et notre rapport au sacré. Magnifique.
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Pendant quelques années, 3 exactement, Emmanuel Carrère a été chrétien. En est resté une profonde curiosité pour la naissance de cette religion et une volonté d'en décortiquer le processus de gestation. C'est en enquêteur qu'il présente le fruit de ses recherches, dans laquelle son propre cheminement s'emboîte tout au long de ses analyses.

C'est un fait : après des débuts difficiles, je suis de plus en plus fan des livres d'Emmanuel Carrère et Le Royaume me fait encore plus glisser sur cette pente.
Mon parcours en Histoire ne pouvait que susciter mon intérêt pour le sujet qu'il entreprend de traiter : comment, entre les années 30 à 80 après JC à peu près, se met en place les pierres fondatrices d'une secte devenue l'un des piliers majeurs des courants religieux encore actuels ? Pareillement, mon exploration des livres d'Emmanuel Carrère m'a permis de graduellement apprivoiser (prendre goût à?) son auto mise en scène quasi inévitable à chaque fois. Qui ne me dérange plus et que j'apprécie même parfois. Découvrir ici son propre parcours spirituel passant au fur et à mesure par les stades indifférent / croyant fervent / croyant doutant / agnostique-athée vient apporter un relief et une densité à la fois belle et touchante au thème.

Le livre en main, on sait qu'un énorme travail a été fait sur le sujet : l'auteur y aura passé 7 ans. Et au fil des 600 et quelques pages, on ne peut que s'incliner devant la somme colossale d'informations collectées et intelligemment regroupées. De plus, l'érudition ici jamais ne pèse ni ne pose. Emmanuel Carrère partage en toute simplicité ses réflexions et ses hypothèses. Car il est aussi dans ce récit question de spéculer sur les lacunes et les trous béants laissés par le Temps et qui n'ont pas été remplis, ou qui ont parfois été vidés, effacés, modifiés. Il est question de causer plausibilité sur des événements dont on ne saura jamais la vérité sur le long et ardu chemin du Nouveau Testament.
Se trouvent donc mêlés parcours de vie, de l'auteur, mais aussi et surtout des acteurs majeurs de cette époque pour notre sujet : Paul, Luc, Jean, Marc, Matthieu, un peu Marie, un peu Jésus. Un peu car c'est après sa mort que se développeront, par le biais de ces apôtres, des communautés primitives, des convertis et des Évangiles, le berceau d'une religion qui se structurera dans le temps.

Luc le Macédonien, seul goy de la bande des quatre, disciple de Paul, ainsi que ce dernier sont sur le devant de la scène dans ce livre et c'est sur eux et leurs vies que l'auteur s'attarde le plus. Paul qui de persécuteur des chrétiens deviendra messager après une vision du Christ. Paul qui se mettra à dos plusieurs communautés et leaders (pour autant qu'on puisse employer ce mot) tels que Jean. Luc qui rédigera et brodera beaucoup à partir des récits et témoignages recueillis.
Évidemment le contexte géopolitique de l'époque avec les empereurs romains, les persécutions, le sac et la destruction du Temple de Jérusalem, etc. est exploité et permet d'apporter des passerelles de compréhension non négligeables sans alourdir le propos néanmoins. Par ailleurs, sont distillés ça et là les visions philosophiques majeures, la vision chrétienne mettant révolutionnairement l'emphase sur la vie après la mort.

On se prend à suivre avec plaisir ses pérégrinations, ses errances, ses doutes, ses craintes, ses digressions autobiographiques, sincères et parfois provocantes, qui constituent des pauses dans le récit et permettent de rebondir sur un nouvel aspect ou d'avancer dans la chronologie. Tel un chercheur nous faisant part de ses découvertes, déployant vestiges, archives et fouilles à partir desquelles il peut échafauder une tentative de compréhension d'un phénomène bien trop grand et presque impalpable, il nous fait vivre ce moment charnier de l'histoire avec un grand art de la narration et une écriture élégante.
Narration car Emmanuel Carrère distingue bien et régulièrement le probable du possible, suivi du plausible, pas impossible puis de la spéculation, faisant montre d'une bonne foi et d'une honnêteté intellectuelle respectables et permettant au lecteur un voyage agrémenté de fantaisies qui ne le rendent que plus plaisant. Certes, il y a par moments des longueurs, des épisodes de vie pas absolument essentiels au récit, mais dans l'ensemble, ça se lit avec fluidité.

Le Royaume est une lecture qui m'a énormément intéressée. J'ai non seulement trouver la démarche et son exécution originales mais aussi appris beaucoup au fil des pages. Il répond à de nombreuses curiosités intellectuelles que l'on peut avoir sur cette période clé de notre Histoire.
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Emmanuel Carrère sait raconter des vies, la sienne mais aussi celle des autres. Son parcours spirituel dans le catholicisme, ses doutes, combats, adhésions et révoltes, sont typiques d'un intellectuel contemporain aux prises avec le surnaturel et avec une institution ancienne à laquelle il tente de s'intégrer. Cette partie-là du livre est vraiment bien venue, bien vue, bien écrite.

Cependant, peut-être dans le souci louable d'informer le lecteur de ce à quoi il a tenté d'adhérer, il se met en tête de raconter les Evangiles et d'écrire, parallèlement à son histoire, un roman historique antique dont le héros serait un apôtre Luc revu et corrigé par lui. On peut accepter le principe, le parti-pris subjectif de recréer un Luc façon Carrère, même une reconstitution personnelle de l'Antiquité méditerranéenne. Malheureusement, le bavardage règne en maître dans cette partie-là du livre, bavardage subjectif indirect (alors que s'il est directement autobiographique, il devient intéressant). Et la part congrue qu'il laisse à la spiritualité (fidélité au gourou, croyance naïve aux miracles, etc ...) montre qu'il ne comprend vraiment pas les hommes dont il parle.

C'est là qu'interviennent erreurs, approximations, vulgarités de langue et de pensée, venant sous la plume d'un bobo lâché dans un univers qu'il croit comprendre du haut de ses préjugés progressistes, même scientistes. Il pousse le soin d'expliquer aux crétins que nous sommes les réalités de l'époque par des comparaisons hasardeuses avec l'histoire contemporaine, ce qui est doublement sot : d'abord parce qu'il nous croit plus ignorants que nous ne le sommes; ensuite parce que l'histoire est le domaine du particulier, pas des analogies bancales avec les désinformations et préjugés contemporains.

Le bon autobiographe qu'il est, finit en Dan Brown. Cela dépare les merveilleuses scènes qu'il sait écrire (par exemple celle du lavement de pieds final) et laisse le lecteur partagé entre l'agacement et une forme d'attachement.
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"D'où parles-tu camarade" cite l'auteur. On a envie de lui retourner la question. Trop explicatif pour être un roman, trop hors de lui pour être une biographie, trop superficiel pour être un essai historique, trop léger pour être un essai. Quel intérêt de passer du temps à écrire ce qu'on pense personnellement et sans prétendre être exhaustif dans ses sources et au maximum de son introspection sur des événements sur lesquels on glose depuis deux mille ans ? Peut-être vouloir concurrencer les historiens (Renan ?) ou mieux, les évangélistes ? Se donner l'impression de réécrire la Bible, vouloir s'accaparer le monde ? tout en sachant qu'on reste un mauvais copiste ? Simuler l'échec de l'écrivain qui pense réinventer le monde à chaque roman et ne parvient jamais qu'à le pasticher médiocrement, la Vérité lui restant éternellement inaccessible ? Quel intérêt de lire ce résultat ? Ca m'échappe, je n'ai pu lire que très en diagonale.
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Voilà, j'ai terminé ce fameux livre d'Emmanuel Carrère « le Royaume ». Ouf je dirais… car c'est un vrai pavé ! Et ouille ouille ouille pour faire une critique sur un livre aussi foisonnant, différent et parfois tout de même un peu ardu.
Tout d'abord, il est évident que c'est un livre intéressant et on y apprend beaucoup de choses sur les débuts du christianisme et aussi sur cette période au niveau historique (l'empire romain, les Juifs, les Grecs etc.). Car Emmanuel Carrère a fait un sacré gros boulot d'historien, bravo à lui, et c'est une vraie somme de travail de titan et d'analyse. Une chose aussi qui me paraît importante à dire, c'est l'honnêteté totale d'Emmanuel Carrère. Que ce soit au niveau de sa propre expérience de 3 ans de chrétien, de ses états d'âme personnels (j'avoue que parfois, il va loin dans la confidence personnelle et intime) mais aussi au niveau du travail qu'il a fait et ce qu'il nous en dit. Quand ce qu'il dit est prouvé, il nous le dit, et donne ses sources. Quand on ne sait pas, aucune trace historique, et qu'il donne ses propres conclusions ou qu'il invente, il le dit aussi. Ainsi il alterne les faits historiques et une enquête rigoureuse, à des passages purement fictifs de son cru, qui tiennent du roman. Mais il revient toujours à la réalité historique.
J'ai eu une éducation religieuse, mais honnêtement je n'ai jamais lu au complet les Evangiles. J'en ai donc beaucoup appris avec ce livre et souvent j'ai été très étonnée. Emmanuel Carrère se base essentiellement sur les écrits de Paul et ceux de Luc. Tous deux n'ont pas connu Jésus, mais ont vécu à la même époque et se sont convertis. Paul était un Juif, pas Luc. Bien sûr le récit d'Emmanuel Carrère est « traversé » par tous les autres personnages des Evangiles, mais de manière moins appuyée. Dans son récit, Emmanuel Carrère alterne l'érudition, l'Histoire, l'humour… mais toujours avec respect pour le christianisme et les croyants. Il en a d'ailleurs fait partie, même si à priori il ne croit plus actuellement.
La première du livre est d'ailleurs centrée sur son expérience personnelle, son mal être incroyablement profond (Emmanuel Carrère je m'en étais déjà aperçu en lisant d'autres livres de lui –D'autres vies que la mienne, L'adversaire- est quelqu'un de très dépressif, incroyablement compliqué et peu sur de lui) et sa conversion au christianisme jusqu'au mysticisme (oui car il ne fait pas les choses à moitié, non seulement il se convertit, mais il va très loin dans sa démarche, au-delà d'un chrétien moyen) grâce, entre autres, à sa marraine. Comme je vous l'ai déjà dit, il est vraiment très sincère et honnête dans son récit.
Que dire de plus ? Si ce sujet vous intéresse, je pense qu'il faut le lire. On en apprend beaucoup, et malgré la longueur du livre et quelques passages un peu longs qui à mon goût auraient pu être un peu coupés, il est agréable et parfois passionnant à lire. Tentez l'aventure !
Par contre, ne comptez pas sur cette lecture pour vous convertir ou renforcer votre foi si vous l'avez. Je ne pense pas qu'il a été écrit pour cela. Et même si tel était le cas, le but ne serait pas atteint.
Bonne lecture donc !
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